Actualité politique et sociale - Saison 2009 - Episode 2

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Kõjiro
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Message par Kõjiro » 10 juil. 2009, 10:58

Je ne connais pas bien le cas de l'IGPN mais à l'IGS on peut y aller déposer plainte en tant que citoyen lambda. En tout cas je l'ai fait. Après la manière dont ça se passe c'est un autre problème.

Perso, il m'a fallu les conseils d'un avocat une lettre recommandée au directeur de l'IGS pour que ma demande de plainte soit considérée comme une plainte et non une main courante. Le capitaine qui nous avait reçu m'ayant affirmé le contraire à plusieurs reprises alors que je lui demandait pourquoi ma plainte s'était transformée en main courante sans qu'on nous en avertisse d'ailleurs. Sachant que selon l'avocat ça nous portait préjudice dans nos démarches ce classement. Bon après on s'est fait de toutes manières broyer mais c'est une autre histoire.
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"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.

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Pénombre
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Message par Pénombre » 10 juil. 2009, 11:02

(ma culture policière est faible, mais n'est-ce pas le niveau lieutenant de police qui se balade en civil ?)
Pas vraiment :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Gardien_de ... ite_note-0

Par ailleurs, le contenu du témoignage m'interpelle, parce que ça sent l'embuscade en effet, embuscade d'autant plus étonnante que les policiers ont donc pu voir que la personne qu'ils ont interpellé n'était pas responsable de la dégradation du vélo... ce qui veut dire qu'a priori, n'importe quel quidam qui aurait posé la main sur le vélo aurait été lui aussi abordé à fins de "faire du bâton"... et là, on parle de faire du chiffre en sachant pertinemment qu'on s'en prend à des innocents au hasard...

On avait déjà les "insultes" plus ou moins avérées (et d'autant plus stupides sur le plan judiciaire que pour un type sans passif judiciaire qui est trainé devant le tribunal parce qu'il a ouvert sa bouche dans une rue passante, on a des dizaines de policiers qui chaque jour se font insulter ou caillasser dans certaines banlieues par des gens dont leur hiérarchie sait très bien qui ils sont, où ils habitent et de quoi ils vivent... mais le chiffre et le respect de la fonction du policier, ça fait deux, même au sien de leur hiérarchie apparemment). On va plus loin dans l'arbitraire qui au final ne fait que couper davantage les policiers de la population. Certains le subissent, d'autres y participent. J'aimerais que ces derniers réalisent quelles conneries magistrales ils sont en train de faire, qui les desservira autant que leurs collègues et la paix civile d'une manière plus générale... (oui, paix civile, pas sécurité...) mais je me fais pas trop d'illusions.

Cependant, la phrase "et en plus ils s'habillent en civil" mise en exergue comme un argument à charge n'en est pas un et relève de la provocation gratuite.

Les policiers qui tendent une embuscade en uniforme, ils ont peu de chances d'y parvenir et quand ils sont en civil, c'est pas parce qu'ils ont décidé ce jour-là d'enquiquiner le populo en se déguisant autour d'un vélo mais parce que ça relève de leurs missions et de leur affectation au quotidien. Ils auraient aussi été en civil sur une autre mission, si leur service travaille en civil (la BAC par exemple...).

Encore un raccourci qui en jargon judiciaire s'apparente à interpréter des faits concomitants d'un acte comme des preuves à charge à part entière. Les policiers ne se sont certainement pas comportés comme leur éthique, ou le simple bon sens, l'auraient voulu, mais ça n'est pas une raison d'employer le même genre de procédé pour nous en convaincre...

Pour illustrer cette histoire de faits concomitants, si je roule sur quelqu'un avec ma voiture et que des témoins disent "ah, il avait un gros 4x4 et il avait le coffre plein, c'est qu'il voulait forcément s'assurer que l'autre ne s'en sortirait pas", n'importe quel juriste leur rira au nez en disant que ça n'a rien à voir. Cela aurait pu avoir un rapport si j'avais acheté le 4x4 et m'en étais servi au lieu de mon véhicule ordinaire, et si j'avais rempli le coffre de parpaings alors que je ne fais aucun travaux en requérant. Quand on ne peut pas démontrer qu'il y a un rapport direct entre l'acte et le moyen, alors même s'il en a l'apparence, le moyen n'en est pas un, c'est juste un fait concomitant.

Clair ?

Alors, dans le même registre, le point que tu mets en exergue, Inigin, c'est typique de ce genre de glissement.

Ca n'enlève rien à la gravité des faits que tu signales, mais ça n'apporte rien non plus et tes provocations que tu peux encore passer une demi-journée et vingt posts à tenter de justifier devant l'habituel scepticisme général qui au final ne donnera rien... comme d'habitude... je pense qu'on peut les mettres de coté et passer à autre chose, si tu veux bien.

merci :)

Et sois sympa, fais en sorte que lorsque je te répond, je puisse comme nous tous m'enrichir de tes arguments sans systématiquement être obligé de te faire la leçon. Je ne viens pas pour ça, et j'espère que tu ne viens pas pour ça non plus.

Aucun de nous ne vient pour ça, il me semble.

Si quelqu'un a d'autres infos pertinentes sur ce témoignage, moi, ça m'intéresse, du moment que ça ne sert pas de prétexte à régler certains contentieux qui relèvent du niveau du bac à sable... avec les billes.

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Message par Kakita Inigin » 10 juil. 2009, 11:31

Clair ?
Clair.
edit : snip.
redéut : pas snip.
pénombre, tu te fous de moi.
J'avais écrit ça :
Par contre, dans ce témoignage, le fait qu'ils soient en civil a un certain impact (au hasard, sur la réaction de l'interpelé).
Des gars en uniformes, ok, ce sont des policiers. Ils me demandent de les suivre dans une ruelle, je les suis dans la ruelle.
Des gars en civil qui me demandent de les suivre dans une ruelle, je suis désolé de le dire, je leur redemande leur carte de police.
Phénomène aggravant, en somme.
Pour reprendre ta métaphore, un gars qui renverse quelqu'un avec sa voiture en ville, c'est une chose.
Un gars qui en renverse un autre en ville au volant d'un 4x4 avec un pare-buffles, c'est sacrément autre chose. Pour mémoire, les voitures sont désignées pour avoir un avant de plus en plus vertical et répartir le choc sur toute la hauteur. Avec un pare-buffles, nada. Deux cylindres montés sur quatre roues motrices, dans les jambes, bonjour la casse ...
Que le port de pare-buffles soit prémédité, on s'en fout : ce qui compte, c'est que le gars ait les jambes en morceaux.

Plus largement, se focaliser sur le texte que je donne (j'associe civil à haut grade, je me trompe, ok, ce sont des policiers lambda et pas des officiers, point final) plutôt que sur le fond, c'est de la diversion. De la part de n'importe qui d'autre, j'aurais pensé "ouais, il digresse, c'est pas grave". Me dis pas que toi, tu n'as pas vu que c'était prendre les choses par le petit bout de la lorgnette.
"Et en plus, ils s'habillent en civil", une provocation ? C'set accioder plus d'importance à une phrase introductive que je n'en accorde moi-même.

Bravo, Pénombre-sama. Tu as réussi à me faire la morale. Sur une anecdote insignifiante. Grand bien te fasse. Je retourne écrire des scénars. :zzz:
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Message par Pénombre » 10 juil. 2009, 12:15

La réaction de l'interpellé est sans rapport avec l'interpellation pour le soit-disant "recel".

Si tu relis le témoignage, dés les premiers échanges, les policiers veulent embarquer notre témoin. D'après ses propres termes. Et avant même qu'il tente de leur résister physiquement ou appelle à l'aide.

Lorsqu'il est dans la voiture, on lui fait la scène du "vous l'avez cherché" et "et puis vous nous avez menacé". Là, eux aussi, les policiers se retranchent derrière un argument spécieux, puisqu'ils présentent au témoin sa résistance comme ayant motivé son arrestation, ce qui n'est pas le cas, c'est juste un prétexte pour accélérer les choses face à un récalcitrant.

Ensuite, on arrive au psychodrame "vous avez perdu tous vos droits", ce qui est - si elle a bien été prononcée - une phrase digne de la part d'un représentant de la loi d'une commission disciplinaire. Mais bon, c'est un autre sujet.

Au final, et ce sont les mots du témoin lui-même, il n'a pas pu les reconnaitre non pas parce qu'ils étaient en civil mais parce qu'il n'a pas réussi à savoir si la carte qu'on lui montrait était authentique. Tu dis d'ailleurs toi-même dans un précédent post que ce point précis de carte sans photo, on ne doit pas forcément le prendre pour agent comptant.

Evidemment, on pourrait penser que non content de faire du chiffre et de l'arbitraire, les policiers auraient également délibéré rendu leur identification confuse voire impossible, pour se donner le maximum de chances d'interpeller le suspect et de le charger en circonstances aggravantes, aussi.

Et ça n'est pas impossible. Mais ça n'est pas non plus avéré. Nous n'avons que le témoignage du principal intéressé et il a l'honnèteté de montrer qu'il y a des faits pouvant être interprétés de plusieurs manières. Tu dis que dans la même situation, tu aurais demandé à voir la carte une deuxième fois.

Lui, il ne l'a pas fait. Ca ne le rend pas plus coupable, mais est ce que ça rend les policiers coupables, eux, de ne pas lui avoir montré deux fois la même carte ?

Non.

Et ca ne rend pas ton 'et en plus ils étaient en civil" plus valable.

Je le redis une deuxième fois : les faits sont grâves, et il ne s'agit pas de trouver des circonstances atténuantes aux policiers. Mais il ne s'agit pas non plus de faire des raccourcis partisans comme celui que tu as fait.

Là, tu as fait exactement ce que tu reproches au système : trouver un coupable de quelque chose (le fait A), le charger de "circonstances aggravantes" (le fait B) pour le plomber et ensuite dire "ah mais il est coupable du fait A, surtout" en argumentant essentiellement sur le B.

Alors, bon, tu n'es ni magistrat, ni policier, tu n'es pas soumis à leur déontologie. Donc, tu n'es pas obligé de faire comme ils sont censés, eux, procéder.

Ca ne rend pas pour autant tes propos plus justes, ou plus pertinents.
Pour reprendre ta métaphore, un gars qui renverse quelqu'un avec sa voiture en ville, c'est une chose.
Un gars qui en renverse un autre en ville au volant d'un 4x4 avec un pare-buffles, c'est sacrément autre chose. Pour mémoire, les voitures sont désignées pour avoir un avant de plus en plus vertical et répartir le choc sur toute la hauteur. Avec un pare-buffles, nada. Deux cylindres montés sur quatre roues motrices, dans les jambes, bonjour la casse ...

pardon ?
ah, le pare-buffle.

Ben tu l'as inventé tout seul, il n'apparaissait pas dans ma métaphore....alors si tu changes les termes d'une équation parce que ceux d'origine mènent à une solution qui ne te conviens pas, et que tu prétend ce faisant respecter l'énoncé d'origine, c'est même pas la peine de continuer à discuter.

Argument non valide.

EDIT : le petit bout de la lorgnette, c'est ton post dont le seul contenu est "en plus ils s'habillent en civil" sous forme de lien. C'est à dire le seul énoncé sur lequel tu bases ton jugement initial.

cet énoncé n'a pas plu à tout le monde, et l'essentiel de tes propos depuis à consisté à dire qu'il était fondé alors qu'il ne l'est aucunement.

Et c'est sur ce point précis, sur ce propos que tu tiens à défendre - et aucunement sur la gravité des faits que ton lien indique - que je m'exprime.

Alors ne change pas le sujet pour aller sur un terrain qui te convient mieux parce que tu n'as pas l'avantage.

Tu le fais à chaque fois et tu es sans doute le seul à ne pas t'en rendre compte.

alors, arrête maintenant, tu ne gagneras rien à continuer à cela. Tu n'y as jamais rien gagné par le passé, si ce n'est de recevoir des claques dans la gueule. Elles ne t'ont jamais fait de bien et tu continues à en redemander.

Tu espère quoi ? que je t'en remette une devant tout le monde pour que tu ailles bouder dans ton coin, ce qui te permettrais de ne pas avoir à reconnaitre que tu t'es planté ?

c'est ça que tu attend de moi ? C'est comme ça que tu espère gagner un respect accru ici ?

Laisse tomber, il est encore temps.

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Message par Kakita Inigin » 10 juil. 2009, 13:57

Bon, je me suis planté. Ou je me suis exprimé suffisamment mal ou suffisament peu pour que ce soit incompréhensible, donc je me suis planté quand même, d'une façon ou d'une autre.
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Message par Pénombre » 10 juil. 2009, 14:06

:jap:
:x

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Message par Banshee » 10 juil. 2009, 14:25

penombre... tu sais que je t'aime quand meme? :)
"le fait de ne rien faire n'est pas forcement antinomique avec le travail"

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Message par Pénombre » 10 juil. 2009, 14:50

Tu me connaitras mieux et ça te passera ;)

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Message par Kakita Inigin » 10 juil. 2009, 14:54

Ou pas. :france:
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Message par Kõjiro » 10 juil. 2009, 14:58

Y'a la section adulte pour les câlins, épargnez ça aux autres ;)

Deux articles assez intéressants alors qu'il est (encore) question du travail le dimanche :

Trois salariés licenciés pour avoir refusé de travailler le dimanche
Motif avancé : insubordination et non respect des horaires planifiés.
Ces salariés avaient refusé de travailler le dimanche à deux reprises, invoquant des raisons familiales. Le magasin avance, lui, la convention collective, qui autorise les magasins d'alimentation à ouvrir un dimanche sur trois. Et rappelle que les salariés travaillant le dimanche sont payés 20% de plus.
Interrogée par Libération, Etelvina Fernandes, l'une des employées de caisse licenciées, parle d'une prime de 5,03 euros. " Je leur ai dit que je ne pouvais pas. Ma vie de famille pour 5 euros ?", déclare-t-elle au quotidien.
Ca c'est pour la liberté de choisir si chère à notre gouvernement qui répète le mantra "sur la base du volontariat" à longueur de temps.

Travail le dimanche : la CFDT assigne les supermarchés Match
La CFDT a fait constater par huissier au mois de juin, dans 12 magasins de Lille et de son agglomération, le non-respect d'un arrêté préfectoral du 28 juin 2004 en vertu duquel les supermarchés sont autorisés à ouvrir le dimanche, moyennant leur fermeture un jour dans la semaine, a précisé Me Dominique Bianchi.
"La CFDT s'invite dans le débat sur le travail dominical", a-t-il expliqué.
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Message par Kõjiro » 10 juil. 2009, 19:55

Sur la travail le dimanche, j'ai retrouvé un post que j'avais fait avec pas mal d'éléments d'information (et d'opinion) :

Quelles vont être les conséquences de l'ouverture du dimanche ?

L'accroissement de recettes pour les commerçants sera négligeable car la principale conséquence sera un redéploiement des dépenses des ménages. Leur budget n'étant pas extensible (euphémisme en ce moment) ils vont dépenser le dimanche ce qu'il n'auront pas dépensé les autres jours. Au mieux il y a aura un léger accroissement si on considère que pour certain il était difficile de faire leurs achats hors dimanche. Ce qui paraît quand même assez improbable, d'autant plus qu'il existe déjà pas mal de possibilités d'ouverture le dimanche tout au long de l'année. Bref cela revient à postuler un accroissement de la part des revenus consommés sur le long terme avec ce genre de mesure et j'ai franchement du mal à y croire, le taux d'épargne dépendant de tellement d'autres facteurs.

A coté de cela coté dépenses, les boutiques ouvertes le dimanche verront leurs coûts augmenter sensiblement, car ouvrir son magasin ça coûte de l'argent que ce soit en salaires ou en autres charges. Et ça c'est une certitude par contre.

Donc gains peu probables mais coûts certains.

Alors qui a intérêt côté commerçants à cette ouverture le dimanche ? Les "gros", notamment grande surfaces et autres hyper, qui pourront supporter le coût de cette ouverture le dimanche plus facilement et ainsi gagner en parts de marché. Eux ont bien compris que ce n'est pas un accroissement des recettes générales qui est intéressant mais de capter une plus grosse part du gâteau existant. Et de laminer ainsi la concurrence.

Maintenant coté salariés : ça créé un bonus en termes de salaire qui peut être intéressant, ce n'est pas négligeable. Mais le prix est lourd, travailler le dimanche ce n'est pas sans impact sur la vie de famille. Mais passons encore sur ce point, question de "choix" on dira (j'ai du mal avec le terme choix dans un système aussi contraint mais passons aussi). Le truc, selon moi (mais j'ai mauvais esprit), c'est que sur le long terme la généralisation du travail le dimanche fera sauter le caractère exceptionnel de celui-ci (ça fait un peu tautologie dit comme ça vous trouvez pas...). En tout cas ça donnera progressivement des arguments pour réduire puis sucrer ces "sur-salaires". Cela me paraît en tout cas plus que possible. Sans compter les autres effets comme l'impact sur les négociations salariales un peu à l'image du renforcement du poids des heures sup' : bin vous comprenez, vu la conjoncture, on peut pas vous augmenter mais faites donc des heures sup' ou venez travailler le dimanche. Avoir ses jour de repos en pleine semaine c'est pas terrible ? Bin oui mais bon comme ça vous pourrez acheter un beau jouet à votre gosse pour vous faire pardonner de ne jamais être là pour ses anniversaires... (oui j'en rajoute m'enfin c'est pas si éloigné que ça de la réalité en fait).

Après reste le "con-sommateur". Bin lui il est content parce que plus (de jours ouverts) c'est mieux que moins (de jours ouverts). Parce que quand on réfléchi en "con-sommateur" on oubli qu'on est pas juste un "con-sommateur".

Désolé pour le "con-sommateur" qui était d'"époque" et ne vise donc personne en particulier (en fait c'est les sondages "tous les français sont pour le travail le dimanche" de l'époque qui m'énervaient).

Quelques ajouts :

- L'éventail des possibles pour faire ses emplettes hors des horaires "habituels" n'a jamais été aussi développé (qu'il s'agisse d'utiliser sa rtt, de passer par le net, de faire ses courses à un moment et de se faire livrer plus tard etc...). Edit : j'oubliais la deuxième moitié de mon raisonnement sur ce coup : donc possibilités qui n'ont jamais été aussi diversifiée et pour autant on n'a jamais mis autant la pression pour adopter au plus vite une loi qui vise à éliminer le plus de freins possibles à une généralisation du travail le dimanche... un peu paradoxal non ? Ca urge d'autant plus qu'on en a de moins en moins besoin... Bizarre... ça ne cacherait pas quelque chose ça ? Comme du travail de lobby de certains "commerçants" genre Michel Edouard ? Ou bien du Medef en général parce que ça offre une opportunité de plus de pallier à l'absence d'accroissement des salaires "nominaux" grâce à une part variable en extension (heure sup', travail dominical) ?

- Il existe déjà pas mal de dérogations qui autorisent une réelle souplesse avec des ouvertures le dimanche. Cette souplesse non généralisée étant pour le coup plutôt favorable aux commerces de proximité vu qu'ils peuvent s'adapter aux fluctuations sans avoir "obligation" d'ouvrir les mauvais jours pour résister à la concurrence des gros qui eux peuvent étaler plus facilement les coûts.

- La question de ceux que l'ouverture le dimanche arrangerait bien en tant que salariés est un cas particulier tout à fait important. Mais deux choses. D'abord il ne faut pas prendre le problème à l'envers : la question première est le revenu de ces individus et l'ouverture le dimanche ne doit être qu'une solution parmi d'autres et non présentée comme l'unique recours (ce serait malhonnête de faire croire que la seule solution à ce problème se trouve dans l'ouverture dominicale). Dès lors qu'il y a multiplicité des solutions il faut arbitrer (or là c'est plus un prétexte qu'une réflexion sur la question vu qu'on n'évoque aucune alternative). Il s'agit d'une fraction significative mais néanmoins très minoritaire des salariés. Or il me semble plutôt sain de ne pas légiférer globalement pour régler des cas particuliers. On ne va pas remettre en cause le repos dominical (avec ses exceptions déjà existantes et les conditions qui l'accompagnent) de l'ensemble des salariés au prétexte que ça arrange une petite partie d'entre eux. Ce n'est pas logique.

- Sur les caissières je vous conseille de voir l'émission en caméra cachée de France 2 (présentée par Pujadas) qui avait essayé de dévoiler la face cachée du travail précaire en France et notamment des caissières. Entre autres insanités et entorses grave au droit (ce reportage était vraiment édifiant), à la loi, la nana en "sous marin" du reportage se fait flinguer lorsqu'elle demande seulement s'il y a un représentant du personnel dans le magasin. Visiblement dans la grande distribution le droit du travail est un léger mirage donc si déjà se faire payer les heures sup' imposées par les cadences intenables est quais impossible je n'imagine pas d'obtenir "facilement" (c'est à dire normalement, dans les termes prévus par la loi) un congé de formation. Il y a la loi et il y a la pratique comme toujours. Or plus les salariés sont précaires plus la loi peine à être appliquée (simple question de rapport de pouvoir).

Précisions : d'un point de vue économique, la concentration du secteur dont je parle est à terme néfaste pour l'emploi. La captation d'une plus grande part du "gâteau" par les hyper aura donc un impact négatif sur l'emploi, donc la croissance, donc les revenus des individus. C'est une mesure plutôt risquée d'un point de vue économique. Sur cette question de l'ouverture le dimanche, je vous conseille la lecture de la synthèse (les 4-5 premières pages) de ce cahier de recherche réalisé par d'anciens collègues : http://www.credoc.fr/publications/abstract.php?ref=C246. Plutôt intéressant à la fois sur la question de l'analyse des opinions (ou comment montrer qu'une enquête n'est pas un sondage même si le recueil est finalement similaire, tout est question de construction de l'interrogation et d'analyse des réponses...) et sur la question des effets macro-économiques éventuels de l'ouverture dominicale.
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Message par Kõjiro » 10 juil. 2009, 20:32

Autre sujet. Ces derniers temps on assiste quand même à ce qu'on peut qualifier de reprise en main, de pression sur les corps de fonctionnaires. Il y a eu les magistrats avec différents exemples. Là ce sont les enseignants et le monde éducatif avec plusieurs news récentes :

Des professeurs stagiaires punis pour leurs critiques
La titularisation d'une trentaine de professeurs des écoles de Toulouse, qui viennent de finir une année de stage, serait compromise. La raison : ces stagiaires ont écrit un document critiquant la réforme Darcos sur la formation des maîtres.
Un enseignant "désobéisseur" convoqué en conseil de discipline
Alain Refalo, enseignant dans la commune de Colomiers (Haute-Garonne), a été convoqué en conseil de discipline jeudi 9 juillet, pour sa désobéissance aux réformes gouvernementales. Il est l'initiateur du mouvement de résistance pédagogique, notamment contre le dispositif d'aide personnalisée, et a déjà été sanctionné de 19 jours de retraits de salaire depuis le mois de janvier. Par ailleurs, il a reçu un refus de promotion "pour avoir mis en place un atelier théâtre sur le temps de l'aide personnalisée avec l'accord des parents d'élèves", selon son comité de soutien.
Manifestation de soutien au "lycéen bloqueur"
Quelques centaines de personnes se sont rassemblées devant le rectorat de Paris pour dénoncer les pressions exercées par un proviseur sur un lycéen dont l'inscription en terminale est conditionnée à un engagement écrit de ne plus bloquer le lycée.
A rapprocher de cette info qui date d'il y a déjà quelques temps :

Education : 220 000 euros par an pour surveiller l'opinion.
Ce document, qui relève d'un appel d'offre, émane de la délégation à la Communication du ministère de l'Education nationale et date du 15 octobre, soit il y a trois semaines :

« Article 1 : Les présents marchés portent sur la veille de l'opinion dans les domaines de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche. (…)

Article 4 : Chaque marché est conclu du 1er janvier 2009 jusqu'au 31 décembre 2009. »

C'est un peu plus loin que la volonté des ministères concernés apparait le plus explicitement (« description des prestations ») :

« Le dispositif de veille vise, en particulier sur Internet, à :

* identifier les thèmes stratégiques (pérennes, prévisibles, émergents)
* identifier et analyser les sources stratégiques ou structurant l'opinion
* repérer les leaders d'opinion, les lanceurs d'alerte, et analyser leur potentiel d'influence et leur capacité à se constituer en réseau
* décrypter les sources des débats et leur mode de propagation
* anticiper les risques de contagion et de crise.

En clair : le ministère de l'Education nationale va débourser 100 000 euros par an, et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, 120 000 euros, pour surveiller l'opinion dans la Toile.
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Message par Kakita Inigin » 11 juil. 2009, 09:00

Merci pour ce post qui répond à mon interrogation sur les enseignants désobéisseurs. Les sanctions ne relèvent pas de l'application de la loi mais de la chasse aux sorcières et de l'atteinte aux libertés.

(Punir des stagiaires parce qu'ils écrivent ce que tous les titulaires pensent ...)

edit :
Ce n'est pas pour le film, c'est pour la critique du film.
Marrant comme certaines opinions sont devenues évidentes et transpirent un peu partout ... :france:
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Message par Kõjiro » 11 juil. 2009, 11:44

Petite anecdote qui m'est arrivé hier. Je prend mon p'tit dèj' à la cafèt' de mon taf et en attendant mon café je discute comme tous les jours avec le responsable de la cafèt'. On parle de l'augmentation des prix EDF. Ca fait un peu cafèt' du commerce mais le gars a l'air bien au courant, il connaît les montants (de l'emprunt et m'apprend même que l'objectif a été dépassé, de la hausse, la chronologie des faits). Mais sa première cible, pour expliquer pourquoi EDF est obligé d'augmenter ses tarifs c'est... le CE d'EDF. Pour lui il semble que c'est à cause de ce CE et des avantages "faramineux" qu'il procure aux agents d'EDF que cette dernière doit augmenter ses tarifs. Mon café étant prêt j'en suis resté là.

Bon j'avoue que j'y connais pas grand chose au CE d'EDF. J'ai juste en mémoire l'idée "commune" selon laquelle ce CE est particulièrement bien doté et avantageux pour ses employés relativement aux autres CE de grandes entreprises. Mais même en admettant ce point j'ai du mal à croire que ce soit ça qui explique la hausse de 20% des tarifs d'EDF. Je ne connais pas le poids de la seule consommation d'électricité dans les revenus d'EDF mais j'ai du mal à croire que cela représente l'équivalent du surplus d'argent du CE par rapport à ce qui est prévu dans la loi (1% de la masse salariale non ?).

Et finalement ça m'a encore interpelé dans ce sens où un citoyen érige en bouc émissaire de ses "problèmes" les "avantages" que possèdent d'autres citoyens. Ou comment continuer de considérer son voisin en "ennemi".

Bon ça c'est un point. Après sur la question de la hausse des tarifs elle même. Je ne sais pas dans quelle mesure elle est justifiée ou pas. Je trouve le timing emprunt "populaire" / hausse des tarifs assez insoutenable. Mais par contre j'avoue que la question de la hausse du prix de l'énergie me semble malheureusement un "mal nécessaire". On consomme trop d'énergie aujourd'hui, beaucoup trop. La sensibilité au prix est malheureusement un passage quasi obligé pour agir sur les comportements et baisser la consommation. Le vrai problème est dans le fait que cela n'impacte pas tout le monde de la même manière. Pour certains, généralement les plus gros consommateurs en plus, l'impact est assez faible. Réel mais faible. Et donc la sensibilité au prix (l'élasticité pour les économistes) est peu importante. Pour d'autres c'est très fort comme impact, cela grève très sensiblement leur budget. C'est donc encore un facteur d'accroissement des inégalités. D'autant plus que pour ces derniers les réductions les plus "faciles" ont déjà souvent été faites et que par conséquent réduire leur consommation devient de plus en plus problématique vu qu'il sont souvent déjà pas loin de ce qu'on appelle la consommation incompressible.

Bon l'électricité je connais mal. Mais sur la question de l'essence je connais un peu mieux. Aujourd'hui un ménage consacre environ 5% de son budget en moyenne à la bagnole (me souviens plus si c'est tous ménages confondus ou seulement parmi les ménages équipés par contre). Contre 3% il y a quelques années. Donc accroissement fort en relatif (de 3 à 5) mais coefficient budgétaire qui reste raisonnable. Seulement pour certains ménages bien spécifiques, genre les péri-urbain modestes, ce coefficient monte déjà aujourd'hui à 15% (3 fois plus que la moyenne). Qui plus est ces individus sont totalement dépendants de la voiture pour leurs déplacements. Il n'y a pas ou trop peu de transports collectifs là où ils sont et ils y sont parce qu'ils ne pouvaient guère se loger ailleurs. Ce sont des "captifs" de la voiture. Or on sait que le prix de l'essence va repartir la hausse à un moment ou un autre (la baisse actuelle est conjoncturelle due à la crise qui fait baisser la demande). On a calculé (on = des chercheurs) que si le prix revient à ce qu'il était avant la crise (150 $ le baril) et poursuit son trend de croissance vers des niveau probables de 250 $ le baril, ces ménages seront alors à 30% de leurs revenus engloutis par la voiture. C'est totalement intenable comme situation, surtout que ces même ménages sont souvent aussi ceux qui consacrent jusqu'à 50% de leurs revenus au logement.

Là aussi la hausse du prix est un facteur engendrant une baisse nécessaire de la consommation. Mais on voit bien que l'impact est totalement inégalitaire. On voit bien là, à nouveau, toute l'articulation entre crise écologique et inégalités économiques (cf ce que je disais en parlant du bouquin de Kempf il y a quelques temps).

Et malheureusement il n'y a guère de solution, en tout cas sur du court terme. L'idée de différencier le prix de l'essence selon les ressources (sachant que la majeure partie de ce prix est de l'impôt) est séduisante mais techniquement très difficile à mettre en place. Au mieux ce seraient des subventions comme celles que le gouverement avait mises en place à un moment (quand le prix de l'essence avaient gravement grimpé).

La "vraie" solution à long terme, ama, elle est plutôt dans l'aménagement du territoire avec un arrêt de la périurbanisation et une densification réduisant le "besoin de voiture" (même aux us ils y réfléchissent actuellement dans les agences d'urbanisme). Et dans un développement massif des transports collectifs ce qui coute des milliards et nécessite du temps.

Entre temps on en revient toujours à cette question des inégalités. Du moins à mon avis.

Après je ne sais pas ce que vous en pensez, comment vous voyez la chose vous dans vos propres pratiques de déplacement et de consommation d'énergie ?
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"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.

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Pénombre
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Message par Pénombre » 11 juil. 2009, 12:22

La "vraie" solution à long terme, ama, elle est plutôt dans l'aménagement du territoire avec un arrêt de la périurbanisation et une densification réduisant le "besoin de voiture" (même aux us ils y réfléchissent actuellement dans les agences d'urbanisme). Et dans un développement massif des transports collectifs ce qui coute des milliards et nécessite du temps.
ca impliquerait déjà de cesser de mettre en opposition le mythe du pavillon de banlieue et les blocs résidentiels faits n'importe comment au niveau surface, insonorisation, ensoleillement et isolation. En fait, ça impliquerait de faire éclater ce principe que la ville est quelque chose que l'on subit mais qu'en dehors d'une petite frange de bobos/intellos qui se la jouent New Yorkais, la majorité des gens préférent s'endetter s'ils en ont la possibilité pour aller vivre à l'extérieur.

on a des pistes en matière de quartiers écologiques qui souvent tentent aussi d'instaurer une certaine convivialité de voisinage, dans la thématique "le quartier est comme un village au sein d'autres villages" et ou la superficie au sol est davantage dédiée à des équipements collectifs de voisinage qu'à des voies de circulation, des parkings ou des espaces publics à visée exclusivement commerciale qui ne peuvent subsister sans une clientèle majoritairement extérieure au voisinage.

trois manières différentes/complémentaires d'envisager les choses :
- si on fait des efforts sur le voisinage, (bruits, isolation, vis-àvis-, ensoleillement), on peut envisager des immeubles avec une densité de gens plus élevée qu'à l'heure actuelle mais dans un cadre plus convivial et moins pesant. Je pense à ce qu'avait fait le Corbusier à Marseille avec la Cité Radieuse, qui à mon sens ne doit certainement pas être bêtement repris tel quel mais qui avait au moins le mérite de poser la question de l'habitat moderne et humain à la fois.

- si on s'oriente en banlieue vers une politique de petits immeubles (genre quatre à six appartements familiaux) avec un équipement collectif convivial d'extérieur (y compris peut-être une piscine collective ? ou des parcelles de jardin partagées par les habitants) on peut freiner ce fantasme de la villa avec son jardin privatif et sa piscine individuelle, qui malgré tous les efforts de certains proprios reste un véritable gouffre dans le ratio surface occupée/consommation d'énergie par rapport au nombre d'habitants au mètre carré. Sans renoncer d'entrée de jeu à certains symboles de succès socio-économique, "mutualiser" certaines choses peut permettre de diminuer leur impact alors qu'on a plutôt tendance à encourager ce mythe, jusqu'au plus haut niveau politique ("la france des propriétaires" de notre président actuel n'en étant que le dernier avatar).

- si on s'efforce surtout de démolir et restaurer le plus pathétique en matière de logement. L'exemple vient d'en haut et d'en bas à la fois : les gens rêvent de parcs privés ou d'appartements comme on en voit qu'à la télé, et la plupart savent que dans leur cercle proche ou pro, certains vivent dans des conditions de salubrité et de confort pitoyable. Plus le décalage est visible, plus la peur de la cité et le syndrome de la fuite vers l'ilot résidentiel (qu'il s'agisse d'un pavillon ou d'un appart au dernier étage d'un immeuble chicos) se fait sentir sur les classes moyennes. Et malgré ce qu'elles se sont pris dans les dents ces dernières décennies, en terme de masse, ce sont elles qui sont les plus porteuses en matière d'acquisition immobilière.

En fait, tout ça demanderait déjà de repenser une façon de gérer le parc existant, entre les besoins collectifs et la propriété individuelle. Il faudrait dans la foulée encourager les initiatives de type coopérative ou les gens qui tentent de se constituer en syndicat pour maitriser de A à Z la construction et l'acquisition de leurs logements. Il faudrait aussi désamorcer certains modèles sociaux, ou l'individualisme est renforcé par les facteurs nuisances sonores/présence du voisinage intrusive/perspectives closes et environnement non-convivial.

L'explosion de la communication par internet et téléphonie montre que nous avons toujours besoin d'un contact permanent avec les autres, mais sélectif et ménageant un espace intime individuel. En ce sens, on est arrivé au bout de la logique de l'individu/unité statistique du système qui ne nous perçoit (qu'il s'agisse des gouvernants ou des entrepreneurs) que par ces biais et les rapports qui en découlent. L'unité/individu dépense tant, voyage tant, coute tant... or, l'essor de multiples formes de communautés (et communautarismes malheureusement...), la multiplication de structures associatives reposant sur des fêtes de quartier ou des activités de détente montre bien que si les pouvoirs publics n'aident pas les citoyens à reconquérir ce besoin de partager ensemble, d'autres le feront mais que ça ne répondra pas non plus à la fragmentation des rapports dans le voisinage de son logement. C'est l"équilibre entre le besoin de convivialité et de valorisation avec le besoin d'espace privé et d'intimité que nous n'arrivons pas encore à gérer. C'est cette dissonance qui nous ramène je pense à cette dichotomie caricaturale du tout urbain déshumanisant vs mon petit paradis derrière ma cloture. Dans le même temps, l'essor des communautarisme, même s'il me déplait, montre bien dans les quartiers populaires que pas mal de gens se trouvent les réponses qu'ils peuvent là où ils vivent, vu qu'ils ne peuvent pas aller vivre ailleurs...

c'est le rapport à l'autre et le fait de partager des structures collectives qui demeure à mon sens le coeur du problème. Toute évolution dans ce sens ne peut que favoriser une autre conception de l'espace résidentiel, en débloquant certaines problématiques et en ouvrant la possibilité de choix intermédiaires entre des polarités mutuellement exclusives.

Verrouillé