Kakita Inigin a écrit :
la sélection sur les résultats scolaires/univeristaire est la meilleure sélection possible
non, c'est la moins pire et on a pas trouvé mieux, ce qui n'est pas tout à fait pareil
par ailleurs, d'une manière générale à mon sens le problème de la sélection n'est pas tant de juger l'étudiant à un moment donné de son parcours (une session d'examen, un concours d'admission dans une filière etc...) mais ce parcours lui-même. Ce qui est assez éloigné du principe qui consiste après des années de formation à devoir faire ses preuves en condensant tout ça afin de pouvoir répondre à n'importe quoi durant les 30 minutes d'un entretien ou les 4h d'un écrit et 20 minutes d'oral d'un concours.
Ca s'appelle le contrôle continu et quand on essaye d'appliquer ça, on constate plusieurs choses.
D'abord, qu'il n'y a pas deux campus, deux filières ou deux écoles qui l'appliquent de la même manière.
Ensuite que dans les faits il n'a souvent rien de "continu" mais est modulé sous la forme de deux sessions de partiels plus quelques notes annexes, ce qui n'est pas la même chose. Si les mémoires à rendre ou les dossiers collectifs demandent un suivi plus régulier le long de l'année scolaire/universitaire, ils ne sont pas généralisés partout loin s'en faut.
bref, y a encore à faire pour l'évaluation du parcours de l'étudiant et pas l'évaluation de sa capacité à le condenser à un moment X de son existence.
Enfin, une chose à prendre en considération sur le principe du cumul emploi/études. On peut prendre tous les cas particuliers qu'on veut, et il est méritoire de réussir honorablement ses études alors qu'on travaille à côté, il n'en reste pas moins que :
- nous n'avons pas tous les mêmes potentialités intellectuelles et que le principe de l'entonnoir partiels/examen final/concours favorise certains types de comportements et d'intelligence. Comme le système tourne avec pas trop mal, on considère que c'est une bonne chose mais c'est une validation par défaut et ça veut aussi dire qu'on est toujours pas capable d'envisager dans son ensemble la flexibilité de l'intelligence individuelle... ce qui signifie que de toute manière, on est encore dans un système qui fait du déchet. Indépendamment de toute intention politique ou idéologique, le fait est qu'un système d'évaluation de l'individu à travers des résultats spécifiques n'a qu'une validité réduite. Manque de bol, on a rien de mieux sous la main donc on fait avec et tant pis pour tous ces gens intelligents qui sortent avec juste le bac en poche, ils n'avaient qu'à avoir une tournure d'esprit "convenable" après tout... la société tourne, mais elle tourne pour qui au juste ? Et non, c'est pas un délire néo-baba...
- statistiquement, psychologiquement et biologiquement, le cumul de travail qu'il soit intellectuel ou physique ou les deux peut avoir un effet émulateur mais les "seuils" de cumul sont très bas et dés qu'on les dépasse, on obtient l'effet inverse. C'est bête et con et c'est comme ça. Comme on est tous d'accord sur le fait qu'à tout prendre, ça serait pas plus mal que plus d'étudiants puissent tenter leur chance sans avoir à bosser à côté pour subsister, pas la peine d'épiloguer là dessus
par ailleurs, je ne sais pas comment c'est dans toutes les filières mais au niveau universitaire, la tendance idéologique sous-jacente au système n'a
rien à voir avec la formation de futurs chercheurs d'emplois
elle a à voir avec la gestion d'un grand flux d'étudiants en première année et le souci des enseignants-chercheurs de sortir du lot une minorité qui pourra les rejoindre au final. C'est la fonction essentielle du système universitaire. Si certaines filières permettent des débouchés vers l'enseignement ou offrent des niveaux de qual reconnus à partir de bac+5, quand on se lance dans la psycho par exemple, c'est tout droit jusqu'à la fin ou alors bricolage intégral ensuite parce que la formation n'a aucune valeur reconnue dans les faits (et en dépit de certains textes) si elle n'atteint pas le niveau +5
ou alors, c'est pour devenir instituteur... un choix que toutes filières confondues bcp d'étudiants en université font lorsqu'ils comprennent que de toute manière le système ne souhaite pas tous les amener au bout mais juste écrémer pour pouvoir se perpétuer
quand à la "professionalisation" des filières universitaires, il se trouve que j'étais élu étudiant quand on en a sérieusement parlé sous Mitterand II (Jospin éduc nat, Allègre enseignement sup) et ça n'était aux yeux des enseignants qu'un passage obligé pour se trouver d'autres sources de financement locales dans le cadre d'une évolution ou l'état annonçait à demi-mot son désengagement progressif de l'enseignement supérieur, notamment financier
le principe était alors de pouvoir "vendre" ses étudiants dans l'idée que tôt ou tard on en arriverait à un système ou il faudrait pouvoir se financer en partie gràce à eux à travers les entreprises et les collectivités locales
ben on est à peu près de l'autre côté de la barrière, les financements "extérieurs" se sont multipliés sous forme d'appoints divers (ou de financement intégral d'un diplome universitaire non national entres autres mais seule formation locale dispensée. Et j'ai vu plusieurs cas du genre) et devinez quoi, ben c'est pas les étudiants qui y ont gagné
il y a quand même un truc à revoir sur le rôle d'un système éducatif : il est là pour donner à un maximum de gens l'opportunité de pouvoir faire vraiment leurs preuves ? (le principe du "et que le meilleur gagne") ou il est là pour perpétuer certaines habitudes parce que ceux qui sont en place trouvent qu'elles donnent de bons résultats, vu qu'ils en ont bénéficié eux-mêmes ?