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par Kakita Inigin » 20 oct. 2014, 18:55
Aikune encaissa la charge avec la tête surprise du perdreau tombé du nid et qui se rend compte que l'herbe, dans l'Outremonde, ça mord. Puis il blêmit avant de pouffer aux récriminations de Retsu et aux messes basses gênées des deux amants.
- Non mais dîtes-donc, jeunes gens... Vous vous prenez pour qui ? tout doucement d'abord, puis hurlant par instants à faire trembler les murs.
VOUS VOUS PRENEZ POUR QUI ? Ces souterrains, la moitié des ronin de la ville aurait pu vous en parler. Comme la moitié des officiels. certains comme d'une vague rumeur, comme d'un mythe, voire d'une diversion dans certains cas ; ou bien avec de informations précises. Mais vous étiez plus occupée à bichonner votre tetsubo d'apparat qu'à interroger le réseau de contact que vous avez constitué au fil des années - ou alors c'est que vous étiez trop occupée à servir de pétroleuse pour la moitié de la garde pour vous constituer un réseau utile.
VOUS ME PRENEZ POUR QUI ? Vous vous imaginez, peut-être, que vos supérieurs n'ont que ça à faire que de vous révéler tout ce qu'ils savent ? Au lieu de vous mâcher la travail, on vous a laissé faire, c'est vrai. Nous sommes partis du principe que vous connaissiez votre boulot - comme j'essaie de vous l'apprendre depuis dix ans que vous surveillez le port sous mes ordres - et qu'on n'avait pas à vous tenir par la main. Et nous sommes aussi partis du principe que si vous aviez besoin d'une information, si vous piétiniez, si quelque chose vous semblait suspect, vous seriez venus demander des informations.
VOUS ME PRENEZ POUR QUI ? Si nous ne voulions pas, moi ou le Conseil, que cette enquête aboutisse, nous n'aurions pas mis dessus une équipe parrainée par Taka-dono, auréolée de la protectionde son épouse quand vos condisciples, leurs sensei et les gardes dépêchés en renfort, se sont faits massacrer. Nous n'aurions pas jumelé les gardes en vous donnant accès à toutes les casernes, à tous les officiers, au Conseil même. Vous croyez peut-être que c'est un honneur dérisoire, un honneur misérable, un honneur déprisable, que d'être reçu en entretien particulier par Toroboshi-sama ?
VOUS ME PRENEZ POUR QUI ? Si j'avais voulu faire capoter l'enquête, j'aurais placé mon fils à sa tête. Au lieu de ça, malgré les morts qui, justement, s'accumulent, À SE DEMANDER CE QUE VOUS FOUTEZ, on vous maintient à la tête des opérations parce que, précisément, nous ne sommes pas des ânes et qu'il nous a traversé l'esprit qu'on pouvait chercher à vous nuire. Les dirigeants de cette ville ne sont pas parvenus à leur fonction par excès de naïveté.
COMMENT OSEZ-VOUS ME PARLER DE PROTECTION ET DE JUSTICE ! Le Clan de la Grue entier veut votre tête pour prix de votre incompétence, le gouverneur reçoit tous les jours des sabres en bois à vos noms, les Doji ont exigé trois fois d'envoyer leurs propres enquêteurs, et nous avons dû repousser à la frontière deux ambassades extraordinaires montées par les cousins desmorts qui sont persuadés que leurs chers parents ont été proprement massacrés par leurs gardes... Et nous, nous vous soutenons mordicus !
DES MAGISTRATS D'EMERAUDE ! Vous les voyez où, les magistrats d'émeraude ? Il y a un hôpital militaire dans la Magistrature d'Emeraude, sur ordre du Champion de Clan en personne ! Et qu'est-ce que vous me racontez, depuis quand c'est leur mandat aux magistrats d'émeraude, d'enquêter sur les meurtres ? Appreneez, jeune coq, dressé sur vos ergots comme si vous aviez un ennemi dans cette pièce, que le mandat de magistrats, c'est la Souillure et les crimes impériaux, point. Pour tout le reste, il n'y a que nous. Que nous, sur le Mur ou ici.
Nous avons un ennemi retors et décidé à nous détruire, alors arrêtez vos simagrées et remettez-vous au travail - et quand vous aurez écrasés ces saligauds vous pourrez vous lever et me parler de justice et de sens du devoir. pas avant.
Aikune avait un teint cireux, les lèvres sèches, ses mains tremblaient sous la fureur qui le secouait, mais son regard était plein de morgue - le commandement brillait sur son visage, comme l'étoile au firmament de l'honneur.