Message
par Kakita Inigin » 10 sept. 2014, 18:20
Toroboshi n'avait pas cillé. Il avait juste ordonné à Retsu de remettre ses armes à son yojimbo, avec un haussement d'épaules signifiant "Vous êtes bien gentil mais vous ne servez à rien mon garçon" et il avait fait entrer le Daidoji.
- Qui êtes-vous ? Je crois vous connaître...
- Mon seigneur, je m'appelle Daidoji Shigenaga. Je sers ma Famille en protégeant ses marchands dans votre riante cité, et je tiens à dire que ma tâche est facile, la ville étant l'une de plus sûres de l'Empire tout entier. Cet après-midi, j'ai vu passer une troupe de gardes amenant Yasuki Bayuri à l'une de ses résidences. J'ai ouï dire que vous demandiez de ses nouvelles, et je suis venu vous apporter mon maigre concours, en remerciement de votre générosité et de la bienveillance avec laquelle vous traitez les représentants de la noble Famille Daidoji.
Toroboshi réfléchit un instant, puis laissa tomber :
- Restez un instant avec nous, Shigenaga-san, et parlons des beautés des cités du Clan de la Grue. Mon épouse était membre de ce clan, saviez-vous ?
*
Kei ne s'arrêta même pas, marcha sur lui à grandes enjambées et lui mit le sabre sous la gorge.
- Je suis là pour vous escorter jusqu'au palais, comme prévu, pour votre informelle réunion du Conseil, dit-elle la voix grave. Daidoji-hime vient avec nous également et nous devrions partir sur l'instant pour ne pas être plus en retard.
- Mais calmez-vous, calmez-vous, il n’y a pas lieu de vous énerver comme ça. Et puis à qui croyez-vous parler de la sorte, je suis membre du conseil.
Mais sa voix était murmurante, comme si toute spontanéité était éteinte, et en ne la voyant pas fléchir, il rassembla ses affaires et sa dignité outragée et appela :
- Yoshiko-chan, vous pouvez sortir, ce n’est que Hida Kei qui nous a retrouvés.
- Justement, tous les autres vous attendent depuis longtemps. Il est vraiment temps d'y aller maintenant... Bayuri-sama, répondit la jeune femme, la voix toujours étrangement grave.
Elle garda le sabre au clair, et s'essuya le visage dans un des draps froissés sur le lit.
- Et bien, nous partons, nous partons.
Elle se plaça derrière lui, toujours le katana dans la main "Vous avez été attaqué c'est ça, ça ne vous gêne pas si je reste armée je pense." Ce n'était pas une question.
Elle repensa à Retsu et à l'urgence de la situation, elle s'avança dans son dos, le pressant ainsi de se remuer.
- D'avance merci de vos futures explications à Toroboshi-sama.
Elle s'arrêta de parler, rageuse, avant de dire n'importe quoi. Tu menaceras de le tuer avant d'avoir atteint le palais, tu le sais non ? Tu as déjà signé ton arrêt de mort, tu souhaites vraiment en paraphé chaque page ?
Yoshiko sortit de l'annexe, ses vêtements presque en ordre, le rouge de la honte sur les joues, et accompagna Bayuri. ils jetèrent à peine un germa au yojimbo massacré et montèrent dans le palanquin.
*
Elle avait escorté le palanquin, son kimono plein de sang et le visage à peine plus propre, ça avait fait sensation dans une ville en émoi, toute entière occupée à les rechercher. Elle avait bien pris garde à se mettre du côté de la porte de Bayuri. La colère brûlante qu'elle ressentait s'était muée en rage froide pendant le trajet. Elle était persuadée que Retsu avait tout dit... Il ne pouvait en être autrement. Quand ils arrivèrent au palais, elle avisa un garde "Aidez Daidoji-hime!" puis elle se pencha pour ouvrir à Bayuri. Elle riva son regard fou dans le sien et lui déclara entre ses dents serrées :
- Je vous jure Bayuri, sur toutes les Fortunes et notre foutu panthéon, je vous jure, si vous oeuvrez pour qu'il meurt ou si vous n'oeuvrez pas pour qu'il vive... Je vous tranche en deux. Je vous tranche en deux devant tout le Conseil s'il le faut mais je vous tuerai aussi sûr que deux et deux font quatre.
Elle se positionna derrière lui, très proche, et se prépara à ne pas le lâcher d'une semelle. Elle lui souffla presque sur la nuque :
- Alors vous allez trouver quelque chose à raconter. Et nous serons quittes.
*
Leur entrée dans la salle du Conseil déclencha évidemment une sacrée pagaille, tout le monde parlant en même temps. Ishiotoshi avait ramené Daidoji Hideoshi, son fils Heihachiro et Hida Yashin. Et depuis tout à l'heure ils examinaient les dires de Matsudeira et de Shigenaga, Ishiotoshi en pestant contre la jeunesse insouciante et Hideoshi en hochant tristement la tête.
Yasuki s'avança seul, simplement, au centre de la pièce, tandis que Hideoshi et sa fille retrouvée se consolaient l'un l'autre.
- Mes seigneurs, haute dame Shiranai-sama, l'heure est grave.
Ayant ainsi capté une attention qui lui était toute acquise, il poursuivit par le récit de sa journée :
(la suite dans un instant)