[4.7] Un monde qui s'éteint, une nouvelle aube

[Kakita Inigin]

- Oui... mais... je ne sais pas si je ne vais pas vous ennuyer... on s'était un peu éloignés depuis la bataille. J'ai des commandes par-dessus la tête en ce moment, et je ne suis pas souvent à la maison. En plus, j'ai ce projet... c'est idiot, je sais, mais je me suis mis en tête de créer une langue artificielle. J'ai lu un livre sur les origines du rokugani, et je me suis lancé là-dedans... et je ne suis pas sûr qu'elle n'aurait pas préféré que je fasse autre chose de mes rares loisirs. Entretenir le jardin, par exemple.

[Hida Koan]

- Euh... Et ça vous a pris comme ça? C'est un projet que vous avez avec un ami? Vous avez un jeu de... Un jeu d'équivalence d'alphabet?

Kei se voyait déjà avec un pauvre type tombé par hasard sur une langue magique... Mais elle avait l'imagination fertile.

- Enfin du coup elle se sentait un peu seule? Demanda-t-elle en se rendant compte de ce qu'elle soulevait comme problème.

[Kakita Inigin]

- C'est moins un jeu qu'une étude linguistique sérieuse dotée d'un cas pratique. Cela étant, c'était un peu puéril, tout ça. Et maintenant qu'elle est morte... Elle se sentait seule, oui. Ces derniers temps, elle venait même participer à mes recherches, mais... ça la dépassait complètement. C'était surtout pour être avec moi, vous voyez.

[Hida Koan]

- Tout vos travaux sont chez le magistrat c'est ça? Et c'était une étude de cas... Mais où avez vous eu ce "cas"?

Kei fut pris d'un doute.

- Euh... Vous savez ce que cuisinait votre femme au moment où elle a été tuée? Et est-ce qu'elle était douée pour les études, les lettres ? On dirait que ça n'a rien à voir mais bon, je veux bien que vous répondiez.

[Kakita Inigin]

- Je veux dire que je mettais en pratique ce que j'avais appris sur la linguistique rokugani. Personne ne m'a donné de "cas". Quant à ce qu'elle cuisinait... du riz et des fèves. Elle n'a jamais fait d'études très poussées - sauf en cuisine. Oh sa cuisine...

Il soupira.

- Excusez-moi. Chacune de vos questions me rappelle à quel point j'avais de la chance.

[Hida Koan]

- Et du coup vous avez écrit quoi dans cette vieille langue?

Le cerveau de Kei oscillait entre l'extrême compassion, les amours d'enfance elle connaissait, la perte, elle connaissait aussi... Mais si n'importe quel homme ou femme se mettait à pouvoir convoquer des créatures étranges en bidouillant du charabia sur des papiers... Ou c'était peut-être juste un malheureux hasard.

[Kakita Inigin]

- Oh, j'en suis aux balbutiements... la grammaire est à peine posée, le vocabulaire moins encore. J'ai commencé à traduire un manuel de pêche - vocabulaire technique de navigation. L'idée est en fait de recréer le langage "possible" des habitants de la baie avant l'arrivée des Kami. Donc termes d'amarrage et de navigation, énoncés simples et directs, couleurs, goûts et odeurs basés sur le monde maritime... en toute logique je pnsais obtenir quelque chose de satisfaisant les besoins courants avec un vocabulaire dix fois moins varié que notre langue.

Mais je ne suis pas sûr de continuer, maintenant.

[Hida Koan]

- Je suis sûre que vous pourrez continuer. On pourrait peut-être même y trouver une utilité "officielle" dit-elle gentiment.

Avant la chute des Kami songea-t-elle, et bien, quel projet!

- Vous permettez que je vienne vous revoir? Ou que le magistrat vous convoque ? Vous pouvez me donner les liste que je vous ai demandé? Et si possible aussi les amis de votre femme...

[Kakita Inigin]

- Ce sera rapide, ma dame. Je les apporterai à la magistrature demain.

[Hida Koan]

- Je repasserai sûrement donc... Je peux quand même vous poser une dernière question ? Vos cicatrices d'où viennent-elles?

On dirait Retsu quasiment, il a du passer dans un hachoir.

[Kakita Inigin]

- Oh ca ? C'est le bois karo-sama, les projections des chutes. Mais il vaut mieux sur mes bras que dans mes yeux pas vrai ?

[Hida Koan]

- D'accord... À bientôt alors.

Avant de partir Kei regarda un peu partout, poliment, essaya d'estimer la qualité du travail de l'artisan et avisa une arrière boutique, enfin plutôt un arrière atelier.

- Je vais juste jeter un oeil, ne vous dérangez pas hein.

Elle se rendit dans la pièce et fouilla un peu rapidement*

* Si y'a rien, y'a rien hein mais bon je veux pas avoir raté un truc, au cas où. Une fois que c'est fait je voudrais aller voir les voisins (de la boutique et de chez eux)

[Kakita Inigin]

Kei trouva des piles de plans, des croquis plutôt minutieux, et quelques pages couvertes d'une écriture illisible.

[Hida Koan]

Elle enfourna le papier dans sa manche. Ça n'allait sûrement pas lui manque tour de suite. Elle lui rendrait avec les autres.

Elle jeta un coup d'œil aux plans juste histoire de s'assurer que ce n'était que des meubles ou des habitations puis ressortit.

Elle salua le charpentier, lui présenta une nouvelle fois ses condoléances et une fois dans la rue se dirigea vers le plus proche voisin : une quincaillerie. Assez logique finalement à côté d'un artisan.

Elle fut surprise de n'y trouver au premier abord qu'une femme. Une femme d'âge moyen, habillée de manière convenable mais très pratique, sûrement qu'elle s'occupait elle-même du magasin et même des livraisons.

- Bonjour, dit-elle polie.

La femme se retourna, arrangea ses cheveux sous son fichu et se releva du baquet plein de clous dans lequel elle avait les mains plongées.

Un jeune homme de 17, 18 ans déboula, tour de gris vêtu, et se plantant très souriant, juste à côté d'elle. Il était très bien fait de sa personne, sorti de l'adolescence il y a peu sûrement.

Mais déjà un homme, ajouta, celle qu'elle avait baptisée Rouge, il y a quelques semaines. Regarde ces épaules, larges mais graciles et son maintien, tu as vu comme il se dépla...

Elle enchaîna pour ne pas laisser son esprit errer de ci de là, là où son corps, lui, ne vagabondait pas pour deux sous, sachant exactement où il voulait aller. Finalement tout rentrait dans l'ordre constata-t-elle un peu déçue.

- Je suis là nouvelle karo, vous permettez qu'on discute ?

Ou plus !

[Kakita Inigin]

Le jeune homme lui fit le plus charmant des sourires :
- Bien sûr karo-sama, ma mère et moi sommes à votre entière disposition.