Actualité politique et sociale - Saison 2009 - Episode 1

Forum dédié aux hors sujets.

Modérateurs : Magistrats de Jade, Historiens de la Shinri

Avatar de l’utilisateur
Kõjiro
Gouverneur de province
Messages : 10092
Inscription : 12 mai 2002, 23:00
Localisation : District Hojize
Contact :

Message par Kõjiro » 10 févr. 2009, 11:33

Histoire de... Quelques unes des dernières contre-vérités de Sarkozy décryptées :

D'abord, sur la nomination du président de France Télévision : Audiovisuel public : le gros mensonge de Sarkozy.
Jeudi soir, devant 15 millions de Français, quand David Pujadas interroge Nicolas Sarkozy sur le fait qu’il va désormais nommer les présidents de l’audiovisuel public, l’insolent se fait tancer : "C'est factuellement faux, c’est un mensonge", "une plaisanterie", "c'est tellement facile de dire des choses exactes".

Le président explique : "Le Conseil des ministres propose un nom qui est envoyé au CSA. Si le CSA dit non, le Conseil des ministres doit redébattre et reproposer un nom. Si le CSA dit oui […], ce nom proposé part aux commissions des affaires culturelles de l’Assemblée et du Sénat, où, tenez-vous bien, il doit être accepté à la majorité des trois-cinquièmes. C ’est-à-dire, et j'y ai tenu, que l’opposition doit être d’accord avec la majorité pour accepter le nom.»

Et de conclure : «Vous voyez qu’on est bien loin de la caricature d’un président de la République seul dans son bureau qui va nommer le président de France Télévisions.»

Magistrale démonstration, sauf que Sarkozy a tout faux : c’est pour s’opposer au nom proposé que les commissions des affaires culturelles doivent avoir la majorité des trois-cinquièmes... non pour l'accepter.

C'est plus qu'une nuance : une bonne partie de l’UMP devrait se joindre au PS pour faire capoter l’opération.

Aucun des journalistes présents n’a relevé la contre-vérité.
Ensuite sur l'aide aux banques, avec un premier article et un billet sur le blog du journaliste.

On peut passer à la question de Gandrange : Comment Sarkozy réécrit l'histoire de Gandrange. On a aussi ses déclarations sur le Bac ES et la filière STAPS : Nicolas Sarkozy, piètre conseiller d'orientation. Ou encore l'histoire de la taxe pro. évaluée à 8 milliards par Sarkozy lors de ce dernier one man show.

Bon je vais m'arrêter là mais il y aurait également les déclarations foireuses d'Hortefeux sur les jours de grève à la SNCF (ici et ici) ou sur les chiffres de l'immigration. Ou encore le bilan "sécuritaire" de Sarko-MAM. Ou encore les circonvolutions de Châtel sur la question des dividendes des banques aidées (ici) ou sur les chiffres de la manif' du 29/01 (ici). Reste à y ajouter (sans pour autant être exhaustif, loin de là) les déclarations de Devedjian qui, pour donner dans l'argumentaire façon "j'ai la plus grosse", mélange un peu tout et n'importe quoi dans cette histoire de plan de relance.

Je sais que c'est de tradition de dire des conneries quand on est un politique au pouvoir ou en quête de celui ci, m'enfin là on a battu tous les records encore une fois.

En même temps c'est logique, dans le dernier Marianne ils reviennent sur le décompte des passages de notre bon roi à la télévision. En moins de deux ans il a fait plus que le cumul des deux mandats de Chirac et du dernier de Mitterrand. Alors certes l'époque n'est pas la même et l'offre audiovisuelle a évolué mais bon malgré cela difficile de ne pas y voir une vraie évolution. Plutôt pathétique d'ailleurs.

Cet étalage narcissique hors de proportions, cumulé à son goût pour le spectacle façon blagues pourries de fin de soirée rend encore plus difficilement supportable une présidence qui s'avère globalement inefficace jusque dans sa volonté de "réformer le pays" (quand on voit le décalage entre les notes d'intention et la réalité des "réformes"). Et je ne parle même pas de la face sombre de cette politique (qui brise sans vergogne voire avec fierté chaque année des centaines de vies - ne serait ce qu'en considérant les centaines d'enfants, y compris très jeunes, enfermés dans des "prisons" déplorables - au nom d'une politique qui en plus d'être sans intérêt autre qu'électoraliste se révèle contre-productive vis à vis de ses propres objectifs). Quand à l'incompétence crasse on ajoute le cynisme meurtrier et qu'on enveloppe le tout de la morgue la plus vulgaire on arrive vraiment dans les poubelles de l'histoire. Le seul problème c'est qu'il nous y entraine avec lui.
Image
"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.

Avatar de l’utilisateur
Kakita Inigin
Bureau
Bureau
Messages : 19644
Inscription : 30 sept. 2004, 15:09
Localisation : Entre rivière et mine
Contact :

Message par Kakita Inigin » 10 févr. 2009, 11:46

cynisme meurtrier
Tu as des exemples ?
ImageImageImageImageImageImage

Avatar de l’utilisateur
Kõjiro
Gouverneur de province
Messages : 10092
Inscription : 12 mai 2002, 23:00
Localisation : District Hojize
Contact :

Message par Kõjiro » 10 févr. 2009, 12:03

Kakita Inigin a écrit :
cynisme meurtrier
Tu as des exemples ?
Baba Traoré ("tombé" d'un pont à Joinville - décédé).
Ivan (jeune garçon de 12 ans qui a sauté de son balcon - il n'est pas décédé mais gardera des graves séquelles de sa chute).
Chunlan Liu ("tombé" de sa fenêtre - décédée).
...

Sur les volumes d'expulsés annuels une proportion non négligeable d'entre eux sont renvoyés dans des pays où ils risquent très gros. Genre des kurdes turques "déserteurs" renvoyés en Turquie (et ce type de situation se retrouve avec des variantes nationales), mais surtout femmes et des enfants renvoyés dans des zones de guerre où ils n'ont plus la moindre attache. Combien sont décédés : sans doute une très faible partie mais ça reste déjà trop. Là, malheureusement, je n'ai pas de noms. Une fois expulsés il n'existent plus.

On peut aussi parler des suicides en centre de rétention (contrairement aux suicides en prisons pour lesquels la politique récente ne fait qu'accentuer - dramatiquement - un phénomène prééxistant ces derniers sont très directement liés aux choix politiques récents en matière de politique d'immigration). Et globalement, mais là c'est rhétorique je le reconnais, je considère comme criminelle l'ensemble de la politique de gestion des enfants sans papiers (chaque année, je le répète encore, ils sont des centaines, y compris des bébés, à être enfermés dans des Enfers sur Terre). A défaut de les tuer physiquement elle détruit leur enfance et hypothèque souvent définitivement leur avenir (et que la résilience aille se faire f...).
Image
"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.

Avatar de l’utilisateur
Kakita Inigin
Bureau
Bureau
Messages : 19644
Inscription : 30 sept. 2004, 15:09
Localisation : Entre rivière et mine
Contact :

Message par Kakita Inigin » 10 févr. 2009, 12:14

merci :jap:
ImageImageImageImageImageImage

Avatar de l’utilisateur
Kõjiro
Gouverneur de province
Messages : 10092
Inscription : 12 mai 2002, 23:00
Localisation : District Hojize
Contact :

Message par Kõjiro » 10 févr. 2009, 12:17

Image
"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.

Avatar de l’utilisateur
Kõjiro
Gouverneur de province
Messages : 10092
Inscription : 12 mai 2002, 23:00
Localisation : District Hojize
Contact :

Message par Kõjiro » 10 févr. 2009, 15:15

Pour détendre l'atmosphère j'avoue que la dernière "ségolenade" m'a bien fait rire : Sarkozy vendrait "des frigidaires à des esquimaux".

Et pour rester dans l'humour : Le maire de Waziers écrit à l'Inspecteur d'Académie à propos du SMA (pour voir le pdf original, je recopie le texte ci-dessous)
Monsieur l’inspecteur

J’ai bien reçu votre courriel du 27 courant à 8h30 au sujet du droit d’accueil concernant le mouvement de grève du jeudi 29 janvier 2009.

J’ai pris bonne note que dans 4 groupes scolaires les grévistes dépassaient les 25 %. Les services municipaux étant touchés également par le mouvement de grève, n’ayant qu’une seule dame de service à l’école Gambetta qui n’est pas gréviste et au total 90 % du personnel communal absent à cette date, nous sommes donc dans l’incapacité d’assurer quelque service d’accueil que ce soit.

Par ailleurs, vous connaissez ma position sur cette loi qui demande aux voisins de régler ses propres conflits de couple ne m’agréé nullement.

Mais dans la même optique je vous saurai gré de bien vouloir m’adresser par retour, une liste d’enseignants, de personnel de l’Education Nationale non grévistes le 29 janvier 2009 et qui pourraient assurer la continuité du service public en venant tenir les guichets de la mairie, fabriquer les repas à la cuisine centrale, mettre les couverts, servir les enfants, faire la vaisselle et le nettoyage.

Je pense bien évidemment que vous n’aurez aucun mal à trouver ce personnel compétent pour que je puisse assurer la continuité du service public.

Dans le cadre du droit d’accueil si j’avais un début de liste à faire et à vous soumettre, je mettrai :

Ø Monsieur l’Inspecteur de l’Education Nationale Douai-Waziers,
Ø Le personnel de l’Inspection de l’Education Nationale Douai-Waziers,
Ø Le personnel du RASED,
Ø Monsieur le Sous-Préfet de Douai,

Et pourquoi pas Monsieur le Préfet de Région !...

Et pour changer les couches Monsieur Darcos, Ministre de l’Education Nationale.

Je pense que l’ensemble de ces personnes sont parfaitement qualifiées pour exercer le droit d’accueil dans les écoles de Waziers.

Jacques Michon

Maire de Waziers

Conseiller Général du Nord
:france:

Au passage ce courrier n'est pas "que" drôle, il montre aussi le caractère assez crétin de ce système. Quand on renverse le truc on voit l'absurdité qu'il y a à demander à des personnels non compétents dans ce domaine de garder des enfants. Mais bon à force de dénigrer et rabaisser tout le monde on a fini par oublier que ce sont des métiers.
Image
"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.

Avatar de l’utilisateur
Kakita Inigin
Bureau
Bureau
Messages : 19644
Inscription : 30 sept. 2004, 15:09
Localisation : Entre rivière et mine
Contact :

Message par Kakita Inigin » 10 févr. 2009, 15:22

Notons que si Madame Royal en avait fait autant, les militants PS seraient capables de nous expliquer que "si si, les frifgidaires c'est très utile". :fesse:
ImageImageImageImageImageImage

Avatar de l’utilisateur
Kõjiro
Gouverneur de province
Messages : 10092
Inscription : 12 mai 2002, 23:00
Localisation : District Hojize
Contact :

Message par Kõjiro » 10 févr. 2009, 17:36

Un "cri" que je trouve intéressant (et symptomatique de ce que peuvent finalement ressentir pas mal de professions ou plus globalement de catégories d'individus mises à mal par le pouvoir ces derniers temps) :

Université: les fainéants et les mauvais chercheurs, au travail !
Par Pierre Jourde (Écrivain)

Une poignée de mandarins nantis qui ne fichent rien de leurs journées et refusent d'être évalués sur leur travail, manifeste contre la réforme Pécresse pour défendre des privilèges corporatistes et une conception rétrograde de l'université. Au travail, fainéants!

logo-France-info.jpg

L'ignorance et les préjugés sont tels que c'est à peu près l'image que certains journalistes donnent du mouvement des chercheurs, des universitaires et des étudiants qui se développe dans toute la France. Au Monde, Catherine Rollot se contente de faire du décalque de la communication ministérielle, en toute méconnaissance de cause. Le lundi 9 février, Sylvie Pierre-Brossolette, sur l'antenne de France Info, défendait l'idée brillante selon laquelle, comme un chercheur ne produit plus grand-chose d'intéressant après quarante ans («c'est génétique»!), on pourrait lui coller beaucoup plus d'heures d'enseignement, histoire qu'il se rende utile.

Il aurait fallu mettre Pasteur un peu plus souvent devant les étudiants, ça lui aurait évité de nous casser les pieds, à 63 ans, avec sa découverte du virus de la rage. Planck, les quantas à 41 ans, un peu juste, mon garçon! Darwin a publié L'Evolution des espèces à 50 ans, et Foucault La Volonté de savoir au même âge. Ce sont des livres génétiquement nuls. Aujourd'hui, on enverrait leurs auteurs alphabétiser les étudiants de première année, avec de grosses potées d'heures de cours, pour cause de rythme de publication insuffisant. Au charbon, papy Einstein! Et puis comme ça, on économise sur les heures supplémentaires, il n'y a pas de petits profits.

Mais que Sylvie Pierre-Brossolette se rassure: le déluge de réformes et de tâches administratives est tel que son vœu est déjà presque réalisé. On fait tout ce qu'il faut pour étouffer la recherche. Les chercheurs et les enseignants-chercheurs passent plus de temps dans la paperasse que dans la recherche et l'enseignement. Ils rédigent les projets de recherche qu'ils auraient le temps de réaliser s'ils n'étaient pas si occupés à rédiger leurs projets de recherche. La réforme Pécresse ne fera qu'accroître cela.

Les journalistes sont-ils suffisamment évalués au regard de leurs compétences et de leur sérieux? Est-ce que c'est génétique, de dire des bêtises sur les antennes du service public?

On enrage de cette ignorance persistante que l'on entretient sciemment, dans le public, sur ce que sont réellement la vie et le travail d'un universitaire. Rien de plus facile que de dénoncer les intellectuels comme des privilégiés et de les livrer à la vindicte des braves travailleurs, indignés qu'on puisse n'enseigner que 7 heures par semaine. Finissons-en avec ce ramassis de légendes populistes. Un pays qui méprise et maltraite à ce point ses intellectuels est mal parti.

La réforme Pécresse est fondée là-dessus: il y a des universitaires qui ne travaillent pas assez, il faut trouver le moyen de les rendre plus performants, par exemple en augmentant leurs heures d'enseignement s'ils ne publient pas assez. Il est temps de mettre les choses au point, l'entassement de stupidités finit par ne plus être tolérable.

a) l'universitaire ne travaille pas assez

En fait, un universitaire moyen travaille beaucoup trop. Il exerce trois métiers, enseignant, administrateur et chercheur. Autant dire qu'il n'est pas aux 35 heures, ni aux 40, ni aux 50. Donnons une idée rapide de la variété de ses tâches: cours. Préparation des cours. Examens. Correction des copies (par centaines). Direction de mémoires ou de thèses. Lectures de ces mémoires (en sciences humaines, une thèse, c'est entre 300 et 1000 pages). Rapports. Soutenances. Jurys d'examens. Réception et suivi des étudiants. Elaboration des maquettes d'enseignement. Cooptation et évaluation des collègues (dossiers, rapports, réunions). Direction d'année, de département, d'UFR le cas échéant. Réunions de toutes ces instances. Conseils d'UFR, conseils scientifiques, réunions de CEVU, rapports et réunions du CNU et du CNRS, animations et réunions de centres et de laboratoires de recherche, et d'une quantité de conseils, d'instituts et de machins divers.

Et puis, la recherche. Pendant les loisirs, s'il en reste. Là, c'est virtuellement infini: lectures innombrables, rédaction d'articles, de livres, de comptes rendus, direction de revues, de collections, conférences, colloques en France et à l'étranger. Quelle bande de fainéants, en effet. Certains cherchent un peu moins que les autres, et on s'étonne? Contrôlons mieux ces tire-au-flanc, c'est une excellente idée. Il y a une autre hypothèse: et si, pour changer, on fichait la paix aux chercheurs, est-ce qu'ils ne chercheraient pas plus? Depuis des lustres, la cadence infernale des réformes multiplie leurs tâches. Après quoi, on les accuse de ne pas chercher assez. C'est plutôt le fait qu'ils continuent à le faire, malgré les ministres successifs et leurs bonnes idées, malgré les humiliations et les obstacles en tous genres, qui devrait nous paraître étonnant.

Nicolas Sarkozy, dans son discours du 22 janvier, parle de recherche «médiocre» en France. Elle est tellement médiocre que les publications scientifiques françaises sont classées au 5e rang mondial, alors que la France se situe au 18e rang pour le financement de la recherche. Dans ces conditions, les chercheurs français sont des héros. Les voilà évalués, merci. Accessoirement, condamnons le président de la république à vingt ans de travaux forcés dans des campus pisseux, des locaux répugnants et sous-équipés, des facs, comme la Sorbonne, sans bureaux pour les professeurs, même pas équipées de toilettes dignes de ce nom.

b) l'universitaire n'est pas évalué

Pour mieux comprendre à quel point un universitaire n'est pas évalué, prenons le cas exemplaire (quoique fictif) de Mme B. Elle représente le parcours courant d'un professeur des universités aujourd'hui. L'auteur de cet article sait de quoi il parle. Elle est née en 1960. Elle habite Montpellier. Après plusieurs années d'études, mettons d'histoire, elle passe l'agrégation. Travail énorme, pour un très faible pourcentage d'admis. Elle s'y reprend à deux fois, elle est enfin reçue, elle a 25 ans. Elle est nommée dans un collège «sensible» du Havre. Comme elle est mariée à J, informaticien à Montpellier, elle fait le chemin toutes les semaines. Elle prépare sa thèse. Gros travail, elle s'y consacre la nuit et les week-ends. J. trouve enfin un poste au Havre, ils déménagent.

A 32 ans, elle soutient sa thèse. Il lui faut la mention maximale pour espérer entrer à l'université. Elle l'obtient. Elle doit ensuite se faire qualifier par le Conseil National des Universités. Une fois cette évaluation effectuée, elle présente son dossier dans les universités où un poste est disponible dans sa spécialité. Soit il n'y en a pas (les facs ne recrutent presque plus), soit il y a quarante candidats par poste. Quatre années de suite, rien. Elle doit se faire requalifier. Enfin, à 37 ans, sur son dossier et ses publications, elle est élue maître de conférences à l'université de Clermont-Ferrand, contre 34 candidats. C'est une évaluation, et terrible, 33 restent sur le carreau, avec leur agrégation et leur thèse sur les bras. Elle est heureuse, même si elle gagne un peu moins qu'avant. Environ 2000 Euros. Elle reprend le train toutes les semaines, ce qui est peu pratique pour l'éducation de ses enfants, et engloutit une partie de son salaire. Son mari trouve enfin un poste à Clermont, ils peuvent s'y installer et acheter un appartement. Mme B développe ses recherches sur l'histoire de la paysannerie française au XIXe siècle. Elle publie, donne des conférences, tout en assumant diverses responsabilités administratives qui l'occupent beaucoup.

Enfin, elle se décide, pour devenir professeur, à soutenir une habilitation à diriger des recherches, c'est-à-dire une deuxième thèse, plus une présentation générale de ses travaux de recherche. Elle y consacre ses loisirs, pendant des années. Heureusement, elle obtient six mois de congé pour recherches (sur évaluation, là encore). A 44 ans (génétiquement has been, donc) elle soutient son habilitation. Elle est à nouveau évaluée, et qualifiée, par le CNU. Elle se remet à chercher des postes, de professeur cette fois. N'en trouve pas. Est finalement élue (évaluation sur dossier), à 47 ans, à l'université de Créteil. A ce stade de sa carrière, elle gagne 3500 euros par mois.

Accaparée par les cours d'agrégation, l'élaboration des plans quadriennaux et la direction de thèses, et, il faut le dire, un peu épuisée, elle publie moins d'articles. Elle écrit, tout doucement, un gros ouvrage qu'il lui faudra des années pour achever. Mais ça n'est pas de la recherche visible. Pour obtenir une promotion, elle devra se soumettre à une nouvelle évaluation, qui risque d'être négative, surtout si le président de son université, à qui la réforme donne tous pouvoirs sur elle, veut favoriser d'autres chercheurs, pour des raisons de politique interne. Sa carrière va stagner.

Dans la réforme Pécresse, elle n'est plus une bonne chercheuse, il faut encore augmenter sa dose de cours, alors que son mari et ses enfants la voient à peine. (Par comparaison, un professeur italien donne deux fois moins d'heures de cours). Ou alors, il faudrait qu'elle publie à tour de bras des articles vides. Dans les repas de famille, son beau-frère, cadre commercial, qui gagne deux fois plus qu'elle avec dix fois moins d'études, se moque de ses sept heures d'enseignement hebdomadaires. Les profs, quels fainéants.

***

Personnellement, j'aurais une suggestion à l'adresse de Mme Pécresse, de M. Sarkozy et accessoirement des journalistes qui parlent si légèrement de la recherche. Et si on fichait la paix à Mme B? Elle a énormément travaillé, et elle travaille encore. Elle forme des instituteurs, des professeurs, des journalistes, des fonctionnaires. Son travail de recherche permet de mieux comprendre l'évolution de la société française. Elle assure une certaine continuité intellectuelle et culturelle dans ce pays. Elle a été sans cesse évaluée. Elle gagne un salaire qui n'a aucun rapport avec ses hautes qualifications. Elle travaille dans des lieux sordides. Quand elle va faire une conférence, on met six mois à lui rembourser 100 euros de train. Et elle doit en outre subir les insultes du président de la république et le mépris d'une certaine presse. En bien, ça suffit. Voilà pourquoi les enseignants-chercheurs manifestent aujourd'hui.

P.J.
Image
"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.

Soshi Yabu
Diplomate
Messages : 2452
Inscription : 19 juin 2004, 13:26

Message par Soshi Yabu » 10 févr. 2009, 19:23

A propos de l'évêque négationniste réintégré par Benoît 16, voici le point de vue de Maester, le créateur de soeur-marie thérèse:

http://maester.over-blog.com/article-27694826.html

Je le mets ici, tellement il pointe un argument fondamental face à ce genre d'hommes. Et c'est carrément politique.

Avatar de l’utilisateur
Kakita Inigin
Bureau
Bureau
Messages : 19644
Inscription : 30 sept. 2004, 15:09
Localisation : Entre rivière et mine
Contact :

Message par Kakita Inigin » 11 févr. 2009, 08:11

Très bel article, ô combien vrai (mon père a soutenu sa thèse en 2001, une de ses étudiantes vient de soutenir la sienne fin janvier).
ImageImageImageImageImageImage

Avatar de l’utilisateur
Moto Shikizu
Gouverneur de cité
Messages : 8098
Inscription : 08 sept. 2003, 07:45

Message par Moto Shikizu » 11 févr. 2009, 08:52

Moto Shikizu
White Guard - Emerald Magistrate
--------------
Hito wa ichidai, na wa matsudai
---------------------------------------
Nagareru namida wa mou karehate
chi ni ueta kodoku
shi wa tenshi no nikoge no
nioi wo sasete mau

Avatar de l’utilisateur
Kakita Inigin
Bureau
Bureau
Messages : 19644
Inscription : 30 sept. 2004, 15:09
Localisation : Entre rivière et mine
Contact :

Message par Kakita Inigin » 11 févr. 2009, 12:50

ImageImageImageImageImageImage

Avatar de l’utilisateur
Kõjiro
Gouverneur de province
Messages : 10092
Inscription : 12 mai 2002, 23:00
Localisation : District Hojize
Contact :

Message par Kõjiro » 11 févr. 2009, 20:26

Des fois les journalistes ont sous le nez le scoop du siècle et le laissent passer. Et là c'est du lourd, puisqu'il y a potentiellement moyen de sauver la France en résorbant son déficit de manière durable. Il suffisait de faire attention.

En page 2 du direct soir d'aujourd'hui, je tombe sur le "chiffre du jour" (c'est à la mode cette expression, tous les journaux ont les leurs) qui dit :
Le fabuleux journal du formidable pourvoyeur en yacht de l'hôte de l'Elysée a écrit :73 euros sont dépensés par jour et par habitant pour les sapeurs pompiers.
Selon une enquête réalisée dans les 95 services départementaux d'incendie et de secours de métropole et d'outre-mer. C'est dire si c'est sérieux.

Et donc là, plein de bonne volonté et pas du tout intrigué par ce chiffre je prend ma calculette (en l'occurrence mon cerveau lent vu que j'étais dans le métro - mais vu que maintenant j'ai un ordi sous la main je refais les calculs sans approximations) :

76 euros

X

365 jours

X

65 073 482 habitants

=

1 805 138 390 680 euros.

Le problème avec les grands nombres c'est qu'ils deviennent difficiles à lire, là on est donc un peu au dessus de 1 805 milliards (mille huit cent cinq milliards).

(et en année bissextile on prend 5 milliards de plus dans les dents...)

Le budget de l'Etat français est de 355,2 milliards d'euros en 2008. Le déficit tourne autour de 40 milliards et accessoirement le PIB de la France est de l'ordre de 1 600 milliards d'euros soit moins que le coût des pompiers (et donc la dette l'est aussi puisqu'elle fait un peu plus de 60% du PIB).

Comme dans l'article ils disent aussi que 71% des dépenses sont consacrées au personnel il suffit donc de virer tous les pompiers et on aura résolu tous les problèmes de la France. Et Obama il fera moins le malin avec ses plans à 1 000 milliards de dollars...

Bon bien sûr si on suppose que le chiffre de 76 euros par habitant est "par an" et non "par jour" les pompiers ne "coutent" plus que 4,9 milliards d'euros par an... Et là envolées les super solutions à la crise...

:8p

Edit : histoire de préciser je suppose (suis sûr même) que c'est le "journaliste" qui a lu ces chiffres dans le rapport et qui en a déduit tout seul que c'était par jour et non par an. 76 euros par an ça devait pas lui sembler bcp...
Image
"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.

Avatar de l’utilisateur
Kakita Inigin
Bureau
Bureau
Messages : 19644
Inscription : 30 sept. 2004, 15:09
Localisation : Entre rivière et mine
Contact :

Message par Kakita Inigin » 12 févr. 2009, 08:12

Soit le type qui a tapé le rapport est nul, soit ça confirme ce que je craignais: le canard est le journal le mieux informé de France parce qu'il est le seul à employer des journalistes.

edit : pour préciser ma pensée : cet article, avant d'être publié, a été relu par un comité de rédaction. Le journaliste ne travaille pas tout seul ...
ImageImageImageImageImageImage

Avatar de l’utilisateur
Kõjiro
Gouverneur de province
Messages : 10092
Inscription : 12 mai 2002, 23:00
Localisation : District Hojize
Contact :

Message par Kõjiro » 12 févr. 2009, 11:14

Je suis content d'apprendre que Total a dégagé en 2008 le plus gros profit jamais réalisé par un groupe français, à 13,9 milliards d’euros. Alors qu'en même temps sort une note qui accable les compagnies pétrolières les accusant de s'enrichir "sans cause" sur le dos des consommateurs et mettant également en cause "le dispositif actuel de fixation des prix par les préfets". Et en fait de compagnies pétrolières il s'agit surtout d'une compagnie pétrolière puisque les trois départements sont approvisionnés en carburants par la Société anonyme de raffinerie des Antilles (SARA), filiale de Total qui exerce un monopole de fait. Depuis sa fusion avec Fina et Elf, le groupe pétrolier exploite également près de la moitié des stations-services des trois DOM. Accessoirement Hutchinson, filiale du groupe Total, va supprimer 216 emplois en France.

Dans le même état d'esprit : Distribution de bonus à gogo avant la faillite, ça se passait comme ça chez Merrill Lynch...
Juste pour s'indigner, cette information révélée tout à l'heure par le procureur américain de l'Etat de New York, Andrew Cuomo, dans une lettre adressée au président de la commission des Services financiers de la Chambre des représentants, Barney Frank: quelques jours avant de se faire racheter par Bank of America, opération destinée à lui éviter la faillite, et alors que le gouvernement américain distribuait des centaines de milliards de dollars d'aide, la direction de Merrill Lynch a versé 3,6 milliards de dollars de bonus à ses cadres et s'est octroyée une très grosse part.

Selon Cuomo, les quatre principaux dirigeants se sont versés 121 millions de dollars et ont décidé de récompenser certains de leurs affidés. Les bonus ont été distribués "à un nombre limité d'individus": Merrill a "choisi de rendre millionnaires un groupe choisi de 700 personnes" et un groupe encore plus restreint a reçu "des bonus gigantesques".

Dans le détail,

* les quatre premiers bonus ont reçu 121 millions de dollars

* les quatre suivant 62 millions,

* Les six suivant 66 millions,

* 14 personnes ont reçu des bonus de plus de 10 millions, totalisant 250 millions

* 20 personnes ont reçu des bonus de plus de 8 millions

* 53 personnes des bonus de plus de 5 millions

* 149 personnes des bonus de plus de 3 millions

Au total, les 149 plus gros bonus représentent 858 millions. Et 696 personnes ont reçu des bonus d'un million ou plus.

Le nombre total d'employés à Merrill Lynch était de 40 000.

Ce témoignage a été révélé quelques heures avant l'audition des principaux dirigeants des banques américaines au Congrès. De quoi réhausser le prestige de la profession...

Jusqu'à présent, on savait que Merrill Lynch avait distribué ses bonus en décembre, c'est-à-dire plus tôt que d'habitude, alors que Bank of America n'avait pas encore pris le contrôle de la société et que Merrill n'avait pas fait état d'une perte de 15,3 milliards de dollars au quatrième trimestre (et de 27 milliards pour l'année). On savait aussi que l'ex-patron de Merrill Lynch, John Thain (photo), avait aussi refait la décoration de son bureau (pour 1,2 millions de dollars), ce qui lui avait valu d'être limogé. Mais on ne connaissait pas le détail du versement des bonus.

Cuomo s'interroge enfin sur la complicité de Bank of America. "Une question dérangeante qui doit être poser est de savoir si Merrill Lynch et Bank of America ont planifié les bonus de telle façon à forcer les contribuables à payer pour eux." Peu après la publication de la perte de Merrill Lynch (le 16 janvier), le gouvernement avait annoncé qu'il investirait 20 milliards de dollars dans le deal et offrait une garantie de 188 milliards contre les pertes futures du portefeuille de Merrill.

Je ne sais pas vous mais, moi, je pense que oui...
Et histoire d'en mettre une dernière couche : L'épouse de Madoff a retiré 15,5 millions de dollars avant l'arrestation.
C'est toujours ça de pris pour faire quelques courses ! La femme de l'investisseur américain Bernard Madoff, accusé d'une gigantesque fraude, a retiré 15,5 millions de dollars peu avant l'arrestation de son mari le 11 décembre.

Ruth Madoff a retiré 5,5 millions de dollars le 25 novembre et 10 millions de dollars le 10 décembre d'une société de courtage dont Bernard Madoff était co-actionnaire, a affirmé ce mercredi un haut-fonctionnaire de l'Etat du Massachusetts dans des documents publiés par le parquet.

Bernard Madoff, seul accusé à ce jour dans l'affaire, est assigné à résidence dans son luxueux appartement de Manhattan.

Le parquet vient de repousser jusqu'au 13 mars la décision d'inculper ou non le financier, âgé de 70 ans.
Affaire qui intervient après ça : Madoff a essayé de cacher des bijoux, dont des montres en diamants.

Bon pendant ce temps là : Les riches aussi se font des soucis pour leurs vacances mais pas vraiment comme on le pense puisque leur préoccupation est "l'affirmation d'une forte tendance à vouloir donner du sens à leurs voyages". Tandis que chez les pauvres on se préoccupe plutôt de ça : Les pâtes et le riz de plus en plus chers.

Chacun son truc, bonus en dizaines de millions de dollars pour ceux qui ont mis par terre leurs boîtes, petites manœuvres pour garder ses millions de dollars pour le mec qui a escroqué pour 50 milliards, souci de voyage responsables pour les csp+ et interrogation sur la capacité à bouffer pour ceux qui ont permis à tout ce petit monde d'exister (faudrait pas l'oublier quand même).

Sur un autre sujet : y'a pas, c'était une recrue de choix de Besson : Eric Besson prêt à remettre les tests ADN à l'ordre du jour. Il va réussir à faire mieux qu'Hortefeux (qui va être jaloux).

Le "comique" là aussi c'est que Besson fait la promotion d'un truc que même Pasqua a rejeté en bloc et sans nuances : «Le choix des tests ADN n'est pas acceptable, assène l’ancien ministre de l’Intérieur dans «Le Parisien-Aujourd'hui en France». Cela rappelle de mauvais souvenirs, à nous gaullistes. On sait l'usage qu'ont fait les nazis de la génétique.».

Il ajoute que «notre droit de la famille et, en particulier celui de la filiation, ne repose pas sur la biologie». «Sans même parler de l'adoption, il est possible en France d'élever un enfant qui n'est pas le sien».

Doubler Pasqua sur sa droite pour un ex-socialiste c'est assez... En fait j'ai pas de mot...

Voilà bonne journée à tous dans notre beau pays des droits de l'homme (enfin du moins s'il a ses papiers).
Dernière modification par Kõjiro le 12 févr. 2009, 11:19, modifié 1 fois.
Image
"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.

Verrouillé