Langage des éventails de cour

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Hida Matsuura

Langage des éventails de cour

Message par Hida Matsuura » 30 juin 2008, 00:10

Tout est dans le titre. Je sais qu'il existe un langage précis grâce au maniement de l'éventail de cour, un langage de courtisans discret et efficace permettant de se comprendre sans prononcer une seule parole. L'un d'entre vous aurait-il ce type d'infos à disposition ? Merci à tous zet toutes !


Matsuura, bushi à éventail (si)

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Ide Akio
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Message par Ide Akio » 30 juin 2008, 07:32

Il y avait ça dans dans "Kyuden Kakita" :

Les éventails :
Symbole de la cour, ils ont plusieurs fonctions, dont celle de ce ventiler est la plus simple. Il en existe plusieurs sortes, dont l’utilité varie : les uchiwa ne se ferment pas, les sunsu si, et les tessens sont en acier. L’une des fonctions les plus utilisées consistent à se cacher le visage avec, mais on peut aussi communiquer. Le fait d’avoir tel ou tel dessin ou phrase sur l’éventail est déjà un signe, et les mouvements que l’on fait avec sont des signes : ouvrir et fermé rapidement veut dire de s’en aller, et l’ouvrir presque suffisamment pour le faire craquer est une insulte.

Et quelques réactions des forumistes compilées, il y a longtemps par Doji Satori :

Si je me souviens bien, le nombre de plis de l'éventail indique le rang hiérarchique du porteur. Je me souviens plus par contre des correspondances. Ca doit se trouver dans un des palais d'hiver.
Par contre je ne sais rien sur d'éventuels codes gestuels. A rapprocher du langage "chiffre" du clan de la Grue éventuellement ?
Doji Heïshiro Kõjiro

Les éventails et leurs mouvements forment effectivement un langage très complexe pour les différents courtisans. Et ce entre courtisan et pour chaque clan/faction/groupe politique. A ma connaissance ce langage n'est expliqué nulle part pour Rokugan donc libre à toi d'en faire ce que tu veux. Peut être que le prochain Way of the Courtier nous en apprendra plus.
Goju Kaze

Un samurai-ko du scorpion me souffle que l'éventail sert aussi à cacher les mouvements de la bouche évitant "l'interception" des bruits de cour
Il sert aussi, doublé de métal (tessen) à bloquer un shuriken ou divers "projectiles de cour"
Hiruma Kiwi

Je pense que c'est aussi un objet de séduction entre les mains de courtisanes habiles, le but étant de séduire les hommes en jouant à cache-cache derrière son éventail.

Et puis, comme l'avait dit l'honorable Doji Karl Lagerfeld, grand maître du eventail-do, ça sert aussi à écarter les mauvaises odeurs des gens qui puent de la gueule et qui parlent trop prés de vous.
Taka

Il y a qques codes simples.
- Déployer son éventail en face de la personne et l'agiter doucement : invite la personne à parler, signifie qu'on l'écoutera avec attention.
- Déployer son éventail afin de cacher son profil à la personne : signifie que l'on souhaite l'écarter d'une discussion, éviter qu'il "entende" les propos du courtisan.
- Déployer son éventail en face de la personne et le lever de façon à cacher tt le visage sauf les yeux : généralement, une courtisane fait ça afin de séduire, montrant au samurai qu'il l'a fait "rougir" (métaphoriquement bien sûr) et donc qu'il l'intéresse...
- Refermer son éventail brusquement : sert à clore la discussion de manière ferme.
- Déployer son éventail au niveau de la taille avant de le remonter lentement : indique que le courtisan "dégaine" son arme et est prêt à une joute oratoire. Malheur à son adversaire !
- Descendre l'éventail au niveau de la taille avant de le refermer doucement : sert à terminer une discussion de manière ouverte, indiquant que le courtisan a apprécié la conversation de son vis-à-vis.
Hantei Romain

deux choses
au japon médiéval :
les personnes de rang inférieur devaient faire attention a ne pas souiller de leur haleine leurs supérieurs. l'éventail servait surtout a cela. pour éviter de souiller un objet d'un supérieur (lettre ou sabre), les samurai utilisaient un morceau de papier qu'ils glissaient dans leur bouche.
de même, le nombre de plis d'un éventail étaient fonction du rang :
les trois rangs les plus hauts (RG 10, 9 et 8 ) avaient ainsi 24 plis a leur éventail, tandis que ceux de rang immédiatement inférieur (RG 7 ) n'avaient que 23 plis. Enfin les autres (RG 6 a RG 1 ) n'ont droit qu'a 12 plis. (trouvé sur un ouvrage parlant de coutumes au japon)
HIDA Kekkai

Pour ceux qui psychotent sur le nombre de plis, ben ils n'ont qu'à faire des écarts plus importants entre rangs. Mais peut être pas trop non plus, cela deviendrait trop simple (ou alors variable selon les clans )
il y a un bref passage sur le sujet page 53 de kyuden kakita, finalement beaucoup moins instructif que ce qui est dit ici !
Si juste, une distinction éventail plat (uchiwa) qui ne se replie pas et éventail pliant (sunsu) et bien sûr l'évocation du tessen.
Doji Satori

pour moi l'éventuel symbolisme des éventails doit tenir compte surtout d'une chose :
l'espace vital est important et il est interdit d'indisposer un supérieur avec son haleine (même si elle est fraîche comme une rose)
c'est pourquoi, un inférieur devra toujours tenir son éventail devant sa bouche lorsqu'il s'adresse a un supérieur
de même, mettre l'éventail de coté pourra être considéré comme une provocation sauf si l'interlocuteur est très inférieur en rang.
HIDA Kekkai
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Message par Kakita Inigin » 30 juin 2008, 08:13

J'ai fait une adj pour les éventails (compétence Optionnelle : eventail de cour).
En gros, plus tu es fort dedans, plus ce que tu peux transmettre est précis et complexe avec des effet de seuil.
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Hida Matsuura

Message par Hida Matsuura » 30 juin 2008, 08:24

Merci pour ton aide, Akio-kun !

Inigin-kun, si jamais tu veux bien m'envoyer ça, je suis intéressé ! :)


Matsuura, bushi multicommunicatif

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Message par Kakita Sojiro » 30 juin 2008, 08:38

Same to me ;)
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Message par Kakita Yoshino » 30 juin 2008, 09:20

Je prends aussi évidemment!

Merci Inigin-kun
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L'homme qui murmure à l'oreille des tetsubos...

Hida Matsuura

Message par Hida Matsuura » 30 juin 2008, 09:35

Bah si c'est si prisé, pourquoi ne pas en faire une aide de jeu téléchargeable sur la Voix ?


Matsuura, bushi communiste

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Message par Kakita Inigin » 30 juin 2008, 09:39

En fait c'erts marrant ... je pensais l'avoir déjà mise sur la Forge ... mais en fait, non. :fou:
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Message par Bayushi Setsuko » 30 juin 2008, 10:12

Si vous voulez créer un langage, il existe un code de l'éventail sévillan qui peut être une bonne inspiration.

Langage de l'éventail

L'éventail, en plus d'être un élément indispensable du costume de l'époque, fut un instrument de communication idéal lorsque les femmes ne disposaient pas d'une liberté d'expression totale.

Quand les demoiselles du XIXème siècle et début du XXème se rendaient aux bals, elles étaient accompagnées de leur mère ou d'une dame de compagnie, afin que ces dernières veillent à leur bon comportement. Et comme les dames de compagnie remplissaient leur fonction au mieux, les jeunes filles ont dû inventer un moyen pour pouvoir communiquer avec leurs prétendants sans qu'on s'en aperçoive.

Il existait alors différents langages de l'éventail mais tous utilisaient comme règle commune la place de l'objet suivant quatre sens avec cinq positions différentes pour chaque sens utilisé. Grâce à ce système on représentait les lettres de l'alphabet.
Mais en plus de cette règle générale, il y avait certains gestes significatifs, comme les suivants :

- Agiter l'éventail avec la main gauche : ils nous observent.
- A moitié fermé dans la main droite et reposant sur la main gauche : je ne peux pas.
- Donnant des petits coups, éventail fermé, sur la main gauche : écris-moi.
- Laisser l'éventail glisser sur le front : tu as changé.
- Maintenir l'éventail sur l'oreille gauche : laisse-moi tranquille.
- Ouvrir l'éventail avec la main gauche : viens et parle moi.
- Toucher le bord de l'éventail avec le doigt : je veux parler avec toi.
- Soutenir l'éventail de la main gauche devant le visage : je cherche à te connaître.
- Passer l'éventail de la main gauche à la main droite : quelle audace !
- Laisser pendre l'éventail de la main : nous serons toujours amis.
- Passer l'éventail devant les yeux : vas-t-en s'il te plaît.
- Soutenir l'éventail avec la main droite devant le visage : suis-moi.
- L'ouvrir impétueusement de la main droite : je te hais.
- L'ouvrir et le fermer: tu es cruel.
- Le laisser glisser sur la joue : je t'aime.
- Le présenter fermer : M'aimes-tu ?
- L'agiter de la main droite : j'en aime un autre.
- Agiter lentement l'éventail ouvert : je suis mariée
- Agiter rapidement l'éventail ouvert : je suis fiancée
- Appuyer les lèvres sur l'éventail : embrasse-moi
- L'ouvrir lentement : attends-moi
- Ouvert, couvrant la bouche : je suis seule
- L'appuyer sur la joue droite : oui
- L'appuyer sur la joue gauche : non.

Sinon ce site peut aussi inspirer : http://www.decofinder.com/_daz/_OBJETS_ ... angage.htm
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La pitié n'est pas une vertu. Arrêter son geste quand on peut affaiblir son ennemi est une preuve de faiblesse.

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Message par Evinrude » 30 juin 2008, 10:18

Histoire de compléter un peu sur ce qui a été évoqué précédemment, voici un petit topo historique sur les femmes et les éventails au Japon Médiéval :

Au Japon de l’époque Heian [794-1192], la pudeur voulait que l’on cache son visage à tous les hommes. C’est pourquoi les femmes de l’aristocratie de l’époque multipliaient (et superposaient) les façons de se cacher : la pénombre de leur chambre, le treillis des fenêtres, les manches de leur kimono, leur éventail, leur maquillage, les « paravents »…

L’éventail était donc, pour ces femmes, un moyen de séparer leur face publique (tatemae = figure extérieure) de leur face privée (honne = réalité interne).
Le honne était censuré, notamment par de nombreux écrits qui rappelaient qu’une « femme de qualité » est une femme qui n’extériorise pas ses sentiments (rien d’autre ne définit mieux une « femme de qualité » selon les japonais de l’époque).

La vertu suprême de la femme était donc liée à la notion de honte, et être surprise visage nu était ce qu’il y avait de plus humiliant (il faut rajouter à cela que le visage est très lié à la sexualité pour les japonais). Aussi, un petit jeu courtois, le Kaimami (épier à travers des obstacles), consistait pour les hommes à surprendre le visage des femmes.

Par exemple, dans le roman « Notes de l’oreiller » de Sei Shonagon, cette dame de cour raconte son entretien avec le premier sous-sécrétaire. Au cours de cet entretien, celui-ci parvient à dérober l’éventail de la dame qui perd tous ces moyens, jugeant que le « paravent » entre eux est bien trop mince. Tétanisée par la honte, la jeune femme refuse de répondre aux questions du galant. Sa peur d’être vue dans l’embarras l’oblige à presser fortement sa manche contre elle, défaisant ainsi son maquillage (je rappelle que pourtant entre eux, il y a toujours le paravent et le maquillage). Ce moment a été l’un des plus désagréables qu’elle a eu à vivre à la cour.

Rappelons qu’à cette époque, seule les courtisanes avaient le droit de se présenter visage nu. C’était un de leurs privilèges. Par contre, les femmes de noblesse se devaient de respecter les mœurs : elles attendaient patiemment dans leurs chambres billets doux et visites galantes.

On peut alors comprendre pourquoi l’éventail est si important dans les jeux de séduction de la cour.

J’ai tiré toutes ces informations de L’imaginaire érotique au Japon de Agnès Giard. J’espère qu’elles vous seront utiles.

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Kakita Yoshino
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Message par Kakita Yoshino » 30 juin 2008, 13:29

La condition féminine de l'époque était au top!
Et malheureusement cela n'a pas changé dans certains pays!
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L'homme qui murmure à l'oreille des tetsubos...

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