[Nouvelle] Un amour de Scorpion part 1/2

Ce Forum est dédié à être un recueil pour les histoires que les Forumistes rédigent dans le monde de L5R.

Modérateurs : Magistrats de Jade, Historiens de la Shinri

Soshi Yabu
Diplomate
Messages : 2452
Inscription : 19 juin 2004, 13:26

[Nouvelle] Un amour de Scorpion part 1/2

Message par Soshi Yabu » 24 août 2005, 13:10

1- L'appel du chrysanthème.

Un hiver, les terres du clan du scorpion. Fin de l'hiver, Kyuden Bayushi était encore recouvert par la neige. Un léger manteau blanc avait fait disparaître l'atmosphère inquiétante du lieu. Le silence, quant à lui, avait plutôt rajouté au mystère envoûtant de la capitale du Clan du Scorpion.
Au petit matin, alors que Dame Amaterasu ne dardait encore que ses premiers rayons, un groupe sortit des portes du kyuden. Un groupe de jeunes gens, tous en kimono léger. Au pas de course, ils traversaient la campagne entourant la ville. Un entraînement parmi tant d'autres pour les bushi du dojo de la Leçon d'Honneur.
Il était tôt. Les corps tremblaient légèrement dans le froid, puis l'effort réchauffa les muscles encore engourdis. Parmis les jeunes gens, tous adultes, une jeune fille. Elle tenait sa place. Même plus que certains autres garçons l'entourant.
Au bout d'une heure, le groupe retourna derrière les murailles protectrices du kyuden. L'entraînement n'en était qu'à son début. Tous en ligne, les jeunes samouraïs s'étant saisis de leur bokken, ils répétaient inlassablement des katas.
A la mi-journée, les guerriers déposèrent leurs armes, et rentrèrent aux dortoirs. Bayushi Yukie comme les autres.
La jeune samouraï revêtit son kimono de dessus, et suivit le reste du groupe jusqu'à l'intérieur de la caserne. Cette caserne était mieux décorée que la plupart des autres casernes. Le dojo de la Leçon d'Honneur formait l'élite des bushis de la famille Bayushi depuis des siècles. Yukie en était consciente. Son père avait été très fier d'elle lorsqu'elle avait réussit son gempukku. Yukie travaillait chaque jour très dur, afin d'honorer ses maîtres et sa famille. Alors qu'elle se rapprochait des chambres, Yukie entendit une rumeur enfler dans les couloirs. Soshi Noriko, une petite jeune fille, son amie, courrait vers elle un peu affolée...

"_ Yukie!! Yukie!!!"
Yukie s'arrêta et regarda Noriko d'un air rieur.
"_ Qu'y-a-t-il Noriko? Les rations du midi sont moins chargées que d'habitude?"
Noriko s'arrêta sur place, refroidie par la remarque de son amie. Yukie, elle, prenait plaisir à faire cela. Sa mère lui avait enseigné quelques techniques de courtisane, qu'elle aimait particulièrement utiliser au détour d'une conversation. Noriko regarda fixement Yukie, et devant l'éclat rieur de son oeil, se décontracta.

"_ Mais non, tu es impossible toi. Cela va être un grand jour, Yukie!
_ Si tu le dis, Noriko. Mais pourquoi?
_ Nous venons de l'apprendre. Dans une semaine nous partons sur les routes. A la bataille. La vraie!
_ Et où donc irons-nous, demanda Yukie d'un air nonchalant.
_ Mais sur le Mur, Yukie. Nous nous rendons sur la grande Muraille Kaiu !!"

Yukie accéléra le pas, afin de voir par elle-même la nouvelle. Sur un tableau de bambou, entourés par une dizaine de guerriers, un parchemin avait été cloué. Un parchemin avec en en-tête un chrysanthème. Un édit impérial. L'empereur lui-même, Hantei XVII ordonnait au Clan du Scorpion d'envoyer une unité sur le mur pour participer à sa défense contre l'Outremonde. Un deuxième parchemin, aux couleurs de la famille Bayushi, désignait entre autres le régiment de Yukie pour cette mission. Le départ était fixé à dans une semaine.
Yukie se tournait vers Noriko lorsqu'une voix forte retentit derrière elles.

"_ Samouraï ! Vous avez appris la nouvelle! Il est temps maintenant de vous rendre au réfectoire. L'entraînement n'est pas terminé aujourd'hui! Allez!"
La voix du taïsa ne souffrant aucune contradiction, chacun prit la direction du réfectoire. En chemin, comme dans la salle, les discussions allaient bon train, et toutes abordaient le même sujet. Le Mur. La seule protection qui empêchait les créatures abjectes et corrompues de l'Outremonde d'envahir Rokugan. Yukie n'avait pas une grande passion pour les crabes. Mais elle leur reconnaissait au moins l'importance de leur rôle. De toute façon, il était de bon ton de médire des Crabes à chaque fois qu'on trouvait un oni ou une autre créature se baladant dans Rokugan. Pour une fois, Yukie se dit qu'elle verrait quels seraient les dangers de ce fameux Mur.
Au milieu du repas, leur sensei fit son entrée dans le réfectoire. D'un seul bloc, les samouraïs s'inclinèrent.

"_ Relevez-vous, guerriers. Vous le savez donc, vous, comme d'autres, êtes désignés pour servir sur la Grande Muraille. C'est un honneur particulier que nous fait notre Daimyo, Bayushi Michisuna, en nous choisissant. Je sais que vous serez à la hauteur. Toute fois, j'ai quelques consignes pour vous, même si le départ n'est pas pour demain. Autant tout dire maintenant.
Pendant cette semaine, vous amènerez tous vos armes et vos armures à l'armurerie. Je sais que vous en prenez déjà grand soin, mais un tel honneur nous pousse, encore plus, à la perfection. Par ailleurs, chacun disposera d'une après-midi afin de visiter sa famille sur le kyuden. Si vous n'en avez pas, je vous encourage à leur écrire. Un bon samouraï doit toujours êtres prêt face à la mort."
Jusque là, la salle était particulièrement silencieuse. Mais les derniers mots du sensei créèrent une légère agitation.

"_ Oui, je vous parle de mort. Car il faut que vous sachiez toutes et tous, que la mort, sur le Mur, est toujours une voisine. Au sud, la mort est présente en chaque chose. Défendre le Mur est une chose difficile. Certains d'entre vous ne reviendront pas. Mais vous faites cela pour le Clan, et pour l'Empereur. Soyez prêts à mourir, soyez prêts à faire votre devoir."
Sur ces paroles, le sensei se retira. La salle s'inclina de nouveau sur ses pas. L'ambiance était maintenant tendue. Mais silencieuse. Chacun pensait aux mots du maître.

Une fois le repas vite ingurgité, chacun retourna à ses exercices. A la fin du jour, Yukie reçut sa date de permission. Le lendemain, de même que Noriko, elle serait libre. Mais Noriko, elle n'en profiterait pas. Ses parents vivaient sur les terres Soshi. Trop loin. Elle devrait rédiger une lettre à la place.
Yukie, elle, dont les parents avaient une maison dans la ville, pourrait les revoir une dernière fois avant le départ. Elle en était toute excitée. La dernière permission datait de plus d'un mois. Elle avait hâte de revoir ses parents.


Autant dire que l'entraînement du matin parut durer une éternité pour Yukie. Après son repas, elle prit un bain rapide, revêtit un kimono propre, et présenta son ordre de permission à la sortie de la caserne. Elle se sentait légère, lorsqu'elle mit le pied hors de la caserne. Malgré le froid piquant de l'hiver, un pâle soleil tentait avec peine de réchauffer les âmes et les corps. Yukie oubliait un peu ce qui l'attendait au bout de cette semaine. L'Outremonde, le mur, pour l'instant, cela ne lui importait que peu. Elle marchait d'un bon train. Au bout d'une demi-heure, elle arriva devant la maison de ses parents. Sa maison. Elle attendit un peu, laissant remonter ses souvenirs, avant de passer le portillon d'entrée du jardin. Un petit jardin, bien ordonné. Même la neige semblait avoir été déposée intentionnellement. Doucement, Yukie dépassa les 26 dalles que comptait le chemin d'entrée. Petite, elle s'amusait à les compter en sautant dessus. Elle arriva sur le perron, ouvrit doucement le shoji d'entrée. De la maison, s'échappait le souffle triste mais mélodieux d'un shakuhachi. Elle lança d'un air joyeux:

"_ Père, Mère, je suis là !!!!!"
Sur ces mots, le chuintement du shakuhachi cessa. De petits pas feutrés se dirigèrent vers Yukie. Souriante, sa mère arrivait, le visage rayonnant. Bayushi Mizuo était belle. Très belle. Si belle que dans sa jeunesse, plusieurs hommes perdirent la vie pour elle. Mais Mizuo était aussi innocente que désirable. Les années passées à l'Ecole des Courtisans Bayushi n'avaient pu en venir à bout. La mère et la fille se saluèrent respectueusement.

"_ Yukie-chan, je suis fort agréablement surprise de te voir. Nous n'attendions pas ta visite.
_ Mère, c'est en effet une visite surprise, je n'ai eu mon ordre de permission qu'hier au soir. Par ailleurs je devrais être retournée à la caserne pour l'entraînement du matin. Père n'est-il point là?"
Mère et fille s'enfonçaient dans la maison, jusqu'à rejoindre le salon, où elles s'installèrent.

"_ Ton père est au palais pour l'instant. Si tu nous avais annoncé ta visite, il aurait probablement fait autrement, mais là...
_ Je sais, répondit Yukie dans un soupir, je sais. Tant pis, nous l'attendrons."
Et pendant ces quelques heures, Mizuo démontra parfaitement qu'elle aussi avait su enseigner des choses à sa fille. Yukie avait toujours voulu suivre la voie du Bushido, mais malgré cela, Mizuo avait tout de même réussi à lui enseigner quelques rudiments d'arts courtisans.

"_ Un poème m'est venu, il y a peu, Mère, puis-je vous le réciter?
_ Je t'écoute ma fille.
_ Sentinelle droite/ Dans la neige se tient bien/ Renardeau a froid.
_ C'est un excellent choix. Les règles sont bien respectées. Je te félicite."

Les heures passèrent. Puis, peu avant le coucher de Dame Amaterasu, des bruits se firent entendre de l'entrée. Bayushi Kasuo était de retour. Entendant les voix, Kasuo se rendit directement au salon. A la vue de sa fille, il s'inclina. Elle, réfréna un irrésistible désir de lui sauter dans les bras. Son âge avançant n'avait pas éliminé tous ses réflexes d'enfants. Kasuo s'installa confortablement, et demanda :

"_ Eh bien, ma fille, si tu es ici, je présage que c'est pour nous annoncer quelque chose?
_ Père? Vous êtes déjà au courant?
_ Oui, je me doute que tu voulais nous faire la surprise, mais on m'a fait part de la nouvelle au palais. Je suis fier de toi.
_ Eh bien, mes chers guerriers, si vous daigniez éclairer la lanterne d'une simple femme d'intérieur?
_ Oui Mère. Pardonnes-moi. Dans moins d'une semaine, mon régiment part pour la Grande Muraille Kaiu.
_ La grande.... la Muraille des Crabes? Un brin de nervosité se faisait sentir dans la voix de Mizuo, signe d'un manque de pratique certain des talents de courtisan.
_ Oui, celle-là même, mère.
_ Le régiment de notre fille a été choisi par notre daimyo, sur ordre de l'empereur lui-même. Nous devons êtres doublement honorés. Pour notre Clan, et pour notre famille.
_ Je le suis, dis Mizuo en s'inclinant vers son époux. C'est pour cela, Yukie-chan, que tu as eu cette permission?
_ Oui Mère. Tous, nous avons reçu pour consigne de visiter nos familles... Pour partir en ordre avec nous-même.
_ Ma fille, permets-moi de te faire quelque conseil. Oublies les histoires racontées sur le clan du Crabe. Tu rencontreras des Crabes moins rustres que des Grues. Mais retiens une chose, que l'on dit, et qui n'est pas mensonge. Les Crabes nous considèrent comme inaptes à défendre et servir sur le Mur. Ils te mèneront la vie dure. A toi, comme à tes compagnons. Ils nous méprisent plus encore, nous, les Scorpions. Il faudra doublement faire tes preuves. N'attends aucune compassion. Ni sur, ni au pied de la muraille."
Yukie s'inclina et remercia son père pour ses conseils avisés. Mizuo, elle, proposa de ne pas sombrer dans la tristesse, et sortit un koto dont elle joua durant la soirée, pour le plaisir de sa fille et de son mari.
Avant le coucher, Mizuo rejoignit sa fille dans sa chambre.

"_ Mon enfant, il est à mon tour de te donner conseil. J'espère que là-bas, dans le sud, tu trouveras l'amour comme moi j'ai pu le trouver. C'est une des plus belles choses. Fais de ton mieux aussi pour ça et...
_ Mizuo-chan, nous avons été des privilégiés, tu le sais bien. (Mizuo se retourna pour retrouver son époux dans l'encadrement du shoji d'entrée.)
Tu sais que les mariages ne sont point le fait des époux, mais de leurs familles. Déjà, une partie de ma famille me presse, afin de marier Yukie. L'amour n'est point quelque chose à chercher ma fille. Si tu le trouves, il est fort probable qu'il ne t'apportera que tristesse et déception..."
Au petit matin, avant que l'aube ne pointe, Yukie traversa de nouveau les 26 dalles, referma silencieusement le portillon, et jeta un dernier regard vers sa maison. Elle pouvait partir, son esprit et son coeur étaient en paix.





2- La Grande Muraille Kaiu.


Pour tout un chacun, les entraînements avaient perdu de leur saveur. Tous ne pensaient plus qu'à une chose, le départ. Les armes avaient étés affûtées, les armures avaient été rapiécées, et les esprits préparés à une seule chose: partir affronter l'Ennemi.
La veille du départ, la tension se faisait encore plus forte. Les sensei avaient perdus espoir de faire quelque chose de ces soldats. L'entraînement termina plus tôt que d'habitude. Les paquetages étaient prêts, les montures reposées.
Cauchemars ou rêves de gloire, chaque samouraï du dojo, ce soir-là, rêva de la Muraille Kaiu.

Le réveil se fit à la même heure qu'habituellement. Mais cette fois, les bushi revêtirent leurs tenues de voyage, en lieu et place des kimono d'entraînement. La troupe alignée, un shugenja, Soshi Yoshio, vint placer le régiment sous l'attention des kami. Une fois la cérémonie terminée, l'élite de l'Ecole Bayushi se mit en marche. Plusieurs semaines seraient nécessaires pour arriver jusqu'à l'extrême sud de l'Empire. A la sortie de Kyuden Bayushi, le régiment de Yukie fut rejoint par un deuxième.
Le voyage fût sans histoires. Les gardes-frontière du Crabe ne paniquèrent pas à la vue de l'armée qui avançait vers eux. A leurs côtés, Yukie aperçut un samouraï en kimono vert émeraude. Visiblement, l'Empereur ne faisait pas complètement confiance aux Scorpions, idée qui amusa beaucoup Yukie. Ce samouraï accompagna d'ailleurs leur troupe jusqu'à leur arrivée à Kyuden Hida. L'imposante forteresse impressionna toute l'armée du Clan du Scorpion. Les mauvaises langues commencèrent à dire que les Crabes les avaient emmenés là dans ce but. Pour laisser aux Scorpions une envie de ne pas y revenir.
Mais le chemin des samouraïs scorpions ne s'arrêtait pas à Kyuden Hida. Ils devaient encore descendre au sud, jusqu'à la Muraille. Et la vue de la Muraille les impressionna encore plus que celle du château de la Famille Hida. Un gigantesque mur, parsemé de fortifications, de défenses, et parcouru par une foultitude de soldats. L'armée s'installa au pied. Là, une fois les paquetages déposés, un général Hida vint s'adresser aux bushi scorpions. Il leur souhaita la bienvenue, et les remercia d'avoir répondu à l'ordre de l'Empereur. Yukie, elle avait l'impression que le général souhaitait bien faire sentir qu'EUX n'avaient pas demandé la présence d'une armée non-Crabe.
Le général expliqua le rôle du jade, de l'huile qui recouvrait les lames. Il expliqua aussi légèrement les dangers du mur. Mais il termina en disant que chacun verrait de par lui-même tout cela. Il partit dans un rire hilare, comme s'il avait fait une mauvaise blague dont il était très fier.
La vie de bushi reprit ses droits. Entraînements, gardes, rondes, comme à Kyuden Bayushi. Sauf que là, les rondes se déroulaient sur la Muraille elle-même.
Yukie fit sa première garde de nuit. Ils étaient une quinzaine de bushi scorpions, encadrés par autant de bushi crabes.
Ils montèrent en silence les escaliers menant au chemin de ronde. Arrivés en haut, seul Onnotangu éclairait vraiment le rempart. Aucune lumière ne filtrait. Pour ne pas donner d'indication aux oni, murmura un bushi Crabe à qui Yukie avait posé la question. Les bushi furent déployés par deux le long du mur. Yukie faisait équipe avec Noriko. Elles posèrent enfin les yeux sur ces terres qui n'étaient plus l'Empire.

"_ Eh bien, murmura Noriko, c'est... calme....
Yukie étouffa un rire.
_ C'est bien vrai... On ne dirait pas, comme ça, que de tels dangers menacent l'Empire entier.
_ Et pourtant ils sont là, samouraï-san. Ils vous observent." Noriko et Yukie sursautèrent. C'était une voix masculine derrière elles. Elles se retournèrent. Un charmant jeune homme, de la taille caricaturale d'un Crabe, se tenait amusé près d'elles.
"_ Vous en êtes certain, samouraï..... san? demanda Noriko.
_ Je suis Kaiu Shuya. Je gère la défense de cette portion du Mur. Et oui, soyez certaine que les créatures vous observent en ce moment même. L'Outremonde ne se repose jamais. En permanence, en quelque point du Mur, ils mettent nos défenses à l'épreuve. Le calme n'est qu'un de leurs artifices pour nous mettre à l'épreuve.
_ Shuya-san ?? C'était une voix féminine qui s'approchait d'eux.
_ Venez donc, Mitsuko-san, je m'entretenais avec nos nouvelles recrues des dangers de l'Outremonde la nuit."
Noriko et Yukie virent une jeune samouraï-ko sortir de l'obscurité d'un escalier. Une jeune femme dont elles peinaient à distinguer les traits.
"_ Shuya-san, nos éclaireurs ont repéré une bande de gobelins en contrebas. Deux cents mètres devant nous.
_ Bien... Shuya semblait content. Nous allons pouvoir montrer aux nouveaux les dangers des nuits du sud.... Mitsuko-san. Faites prévenir la tour. Je veux une pluie de flèches enflammées sur ces raclures.
_ Hai, Shuya-san. Mitsuko s'inclina et s'écarta.
_ Et au fait, qui êtes vous, samouraï?
_ Je me nomme Soshi Noriko, et voici mon amie Bayushi Yukie. Nous venons du dojo de la Leçon d'Honneur.
_ Un grand dojo Bayushi, si je ne me trompe pas... Le meilleur, peut-être, même?"

Yukie le coupa.

"_ Pardonnez-moi, Shuya-sama...
_ Shuya-SAN....
_ ... Shuya-san, mais comment faites-vous pour repérer les gobelins, d'ici?
_ Mais nous ne les repérons pas d'ici. Nous avons des éclaireurs de l'autre côté.
_ Des éclaireurs? demanda Yukie. Vous voulez dire des rokugani, au sud du mur?
_ Eh bien.... entre autres, oui. Les éclaireurs de la famille Hiruma savent comment survivre en ce lieu. Du moins pour un certain temps. Il convient de ne jamais abuser du temps passé au sud du mur. Tiens, je vois les signaux de la tour. Regardez devant vous, nous n'avons pas d'Agasha, mais ça vaut le détour."

Noriko et Yukie scrutaient en vain l'étendue qui leur faisait face. Sans rien y voir. Puis, une pluie de flèches enflammées partie de la tour voisine, et vint s'abattre sur le sol. Cette nouvelle lumière permettait bien, dès lors, de distinguer une troupe d'une vingtaine de créature verdâtres, toutes petites vues d'en haut du mur. Les flèches volaient en séries. Toutes enflammées. Lorsqu'ils ne furent plus que trois ou quatre, les gobelins détalèrent. Puis le calme revint sur le mur et en contrebas. Les flèches mourraient doucement, consumant au passage les cadavres des créatures.

"_ Eh bien, que vous disais-je, Scorpions-san?
_ Vous aviez raison, oui, reconnu Yukie. C'est comme cela toutes les nuits?
_ Non. Là, c'est calme.
_ Calme? Noriko se sentit mal quelques secondes. Espérons que ça le demeure dans ce cas.
_ Espérons pour VOUS que ces nuits le demeurent, vous avez raison. Mais on m'attend ailleurs, Noriko-san, Yukie-san, veuillez m'excuser."

Shuya s'inclina, et partit en silence. Le reste de la nuit demeura calme. De temps à autre, Yukie apercevait au loin des éclairs de feu. Probablement une attaque, ailleurs... Au petit matin, Yukie et Noriko rentrèrent dormir. Leur première nuit sur la grande Muraille s'était bien déroulée. Puisse en être de même chaque nuit.
Noriko et Yukie faisaient partie de l'équipe de nuit. Pendant un mois, elles monteraient la garde de la tombée de la nuit jusqu'au lever du soleil.
A leur lever, Noriko et Yukie purent se rendre compte combien les crabes méprisaient les autres clans lorsqu'il s'agissait du Mur. Ils ne faisaient confiance qu'aux crabes, et à nul autre. Les scorpions étaient à peine mieux considérés que des enfants. Et Yukie pensait que les crabes traitaient mieux leurs propres enfants. CORRECTION
Les Crabes rechignaient toujours à confier une mission à un scorpion. Ils préféraient encore la confier à un Crabe visiblement peu compétent. Et des incompétents, Yukie jugeait qu'il y en avait beaucoup sur cette portion du Mur. Mis à part Kaiu Shuya et Hida Mitsuko, il semblait que les autres soldats n'étaient que des rebuts. Des caricatures de Crabe. Violents, rustres, à peine civilisés. Il n'en fallait guère plus pour motiver les caricatures des Scorpions. Un vent de mauvais esprit flottait autour du camp Scorpion. Les rixes menaçaient souvent. Les sanctions pleuvaient avec régularité.
Yukie et Noriko, elles, se tinrent. Et surtout, elles sympathisèrent avec Shuya et Mitsuko. De telle sorte qu'au bout de quelques semaines, les quatre samouraï faisaient équipe régulièrement la nuit. Les Scorpions apprenaient aux crabes à se déplacer discrètement, et les Crabes apprenaient aux Scorpions ce qu'ils savaient sur l'Outremonde.
Les nuits passaient, les attaques aussi.

"_ Ils ne sont pas bien costauds vos onis, Shuya-san, lança un soir Noriko après une nouvelle bataille victorieuse.
_ Je suis bien d'accord avec vous, Noriko-san. Ils sont étrangement mauvais. Qu'en pensez-vous Mitsuko-san?
_ Qu'ils cachent quelque chose. Il est étrange que Fu Leng ne nous envoie que les plus mauvais de ses séides." Un battement d'aile se fit entendre.

"_Ah!!!! C'est quoi?" hurla Yukie. Mitsuko et Shuya explosèrent de rire, évacuant ainsi la tension du combat. Shuya siffla d'un coup bref, et tendit le bras. Un magnifique faucon vint s'y poser. Avec douceur, Shuya le caressa.

"_ Voici Masayuki. C'est mon faucon depuis quelques années. Masayuki, voici Noriko-san et Yukie-san.
_ Quelle idiote je fais, dit Yukie d'un rire cristallin. Avoir peur d'un faucon. Il est magnifique. Vous avez appris à les dresser, Shuya-san?
_ En effet. Mais je débute. Masayuki a été en partie dressé par mon maître. Va Masayuki. Je te retrouverai ce soir. Masayuki survole parfois les dévastations kunis. Il fait partie de nos éclaireurs... D'une certaine façon..."

L'hiver passa lentement. Au froid piquant a succédé une lourde pluie de printemps. Yukie et Noriko pestaient plus encore qu'avant, ce qui avait le don de faire rire Shuya et Mitsuko. Le froid, on s'en protège facilement, mais la pluie, elle, vous atteint toujours jusqu'aux os.
Par ailleurs, la pluie rendait très difficile la tâche des éclaireurs. Le rideau de pluie gênait considérablement la vue, et effaçait les pistes. Passés trois jours de ce régime, Shuya était devenu fébrile. La plupart du temps, il aboyait sur ses hommes. Maudissant les Hiruma, la pluie et l'Outremonde en alternance. Sauf lorsqu'il était avec Yukie. C'étaient les rares moments où il s'adoucissait. Il était même très prévenant. Tellement, que Noriko se moquait de lui (lorsqu'il n'était pas là). Elle demandait souvent à Yukie si elle connaissait l'existence d'une école de courtisans Hida. Yukie affirmait à chaque fois qu'il n'y avait rien, à part dans son esprit à elle. Mais il en était tout autre. Yukie était impressionnée par cet imposant guerrier. Elle aimait son assurance, son calme. Elle aimait le voir, doux, avec son faucon. De plus en plus, Shuya et Yukie faisaient équipe à deux, laissant de côté Noriko et Mitsuko. Cette dernière paraissait d'ailleurs contrariée par cette situation. Et son regard ne laissait aucunement l'opportunité à Noriko de l'interroger sur ce thème. Mais Noriko sentait les choses. Elle, ne doutait pas.





3- La vague sur la falaise.


Pendant ce temps, les attaques de l'Outremonde avaient encore faibli.

_ "Ce n'est vraiment pas normal... murmura un soir Shuya.
_ Vous avez reçu des informations particulières, Shuya-san, l'interrogea Yukie.
_ D'une certaine façon. Le long du Mur, les attaques continuent. Malgré la pluie, ils attaquent toujours avec violence. Mais pas ici. Nous n'avons pas eu d'attaques massives depuis longtemps. A croire que les oni nous ont oublié.
_ Ou bien qu'ils se préparent, rajouta Mitsuko. Qu'ils se préparent à nous attaquer.
_ Les éclaireurs n'ont rien rapporté? Shuya-san, demanda Noriko. Ils devraient nous prévenir avant, non?
_ En théorie, Noriko-san, en théorie... répondit Shuya. Mais ils sont moins efficaces par ce temps. A croire que tout se coordonne au profit des oni. Une troupe Scorpion inexpérimentée, une garde Crabe de piètre qualité, et un mur d'eau pour nous aveugler. A mon sens, la question n'est pas de savoir SI une attaque se prépare, mais QUAND elle aura lieu...
_ Shuya-san, l'interrompit Mitsuko, où en sont vos demandes de renforts? Vous m'aviez dit que vous aviez envoyé des courriers?
_ Je n'ai pas eu de réponse. Enfin.... Je vais continuer mon inspection. Yukie-san, vous m'accompagnez?
_ Hai, Shuya-san.
_ Bien. Restez toutes attentives. Le calme dure rarement, avant la tempête."

Shuya et Yukie parcoururent le Mur, vérifiant à chaque instant que les défenses soient en place, vérifiant que chaque esprit était tout à sa tâche. Ils arrivèrent à la tour de garde principale de la division contrôlée par Shuya. Ils profitèrent un peu de ce moment de répit. Yukie était à une fenêtre. Le regard braqué vers le sud.

"_ Je n'arrive plus à m'en détacher. Dès que je suis à mon poste, c'est tout mon être qui scrute cette désolation. Et quand je n'y suis pas, mon esprit regarde le Mur sans que je ne m'en rende compte.
_ Oui... Vous commencez à comprendre ce que nous, Crabes, vivons et ressentons. Ce poids, sur nos épaules. Même lorsque nous quittons cet endroit, il nous poursuit et nous rattrape." Alors qu'il parlait, un éclair tomba dans la plaine. Cet éclair provoqua une lente sueur froide le long de l'échine de Yukie.
"_ Shu... Shuya-san...
_ Oui, Yukie-san?
_ La plaine...
_ Et bien?
_ Quelque chose grouille dans la plaine, Shuya-san....
_ Quoi???? Par tous les kami !!!!" Shuya sauta à la fenêtre, mais n'y voyant rien, il prit les escaliers vers le sommet de la tour.

"_ Montez, Yukie-san! Comment les avez-vous repéré?
_ L'éclair, Shuya-san. Il a brièvement éclairé la plaine, et j'ai vu des formes se déplacer. Ca bougeait beaucoup.
_ Au moins, Osano-wo est avec nous. C'est un bon présage. Cet éclair peut nous avoir sauvé."

Shuya montait les escaliers quatre à quatre, Yukie sur ses talons. Au poste d'observation, ils trouvèrent quelques bushis et shugenjas. Pas tous forcément très attentifs à leur devoir.
"_ Soldats! Au rapport! Un bushi se présenta.
_ Hai Shuya-sama!
_ De quand datent les derniers rapports reçus?
_ Quelques heures, sama, pourquoi?
_ Bayushi Yukie-san a aperçut une masse en contrebas, dans la plaine. Kuni Toshinori-san! Réveillez vous par tous les kami !!! Un vieux shugenja émergea d'un bond.
_ Hai Shuya-sama.
_ Concentrez-vous! Et vite! L'ennemi est peut-être au pied du Mur! Hida Yutaka ! Vous, faites mobiliser la troupe. En silence! L'ennemi ne doit pas savoir qu'on l'a repéré. Faites prévenir aussi les réservistes... Et le commandement!"

Pour la première fois, Yukie vit Shuya inquiet. Son être était maintenant entièrement tourné vers le shugenja entré en transe. De son intuition, découlerait leur réussite. Soudain, le shugenja hurla et s'effondra. Un bushi l'aida à se relever.
"_ Alors? Le pressa Shuya, alors?
_ Ils sont là ... sama. Et ils sont ... très nombreux..."
Yukie vit Shuya se tendre un instant. Et aussitôt reprendre ses esprits.

"_ Yutaka! Que les shugenjas préparent leurs sorts de masse. Il faut leur faire un maximum de dégâts tant qu'ils sont dans la plaine.
Il se tourna vers Yukie.
_ Yukie-san. Faites prévenir votre régiment. Qu'ils se présentent aux réserves de jade. Même ceux qui n'étaient pas de garde ce soir. Tout le monde doit se tenir prêt. En plus, cette maudite pluie va nettoyer les lames de l'huile au jade plus rapidement encore que le sang de ces immondes créatures. Ces saletés avaient bien prévu leur coup..."

Shuya, prit dans ses considérations, ne vit même pas Yukie le saluer et quitter la pièce. Elle couru à en tomber. Elle déboula à l'endroit où ils avaient laissé Mitsuko et Noriko peu avant.

"Et bien, Yukie, te voilà enfin", lança Noriko dans un sourire. Mitsuko, elle, ne souriait pas. Le visage de Yukie lui était familier. Elle regarda vers la plaine, et planta ses yeux dans ceux de Yukie.

"_ Une attaque?
_ Hai, Mitsuko-san.
_ Quelle dimension?
_ Massive. Shuya-san a lancé les préparatifs. Je dois prévenir notre Général.
_ Allez-y vite. Elle se tourna vers deux bushis. Kazushi, Hiroshi! Suivez-là. Préparez les Scorpions! Nous allons êtres attaqués!
Le ton de Mitsuko ne souffrait pas discussion. Elle se tourna vers Noriko.
_ Nous allons devoir défendre chèrement notre vie." Le visage de Noriko avait perdu toute trace de sourire.

Yukie n'avait jamais trouvé les escaliers aussi longs que ce soir là. Au bout de quelques minutes, elle arriva au pied de la muraille, et se rua au poste de garde Scorpion. Bien à l'abri, autour d'un brasero, un taïsa et quelques bushi patientaient entre deux rondes.

"_ Taïsa-sama! Hurla Yukie en se mettant au garde à vous.
_ Que se passe-t-il, samouraï? Pourquoi tant de précipitation?
_ Le Mur est attaqué, taïsa-sama! Kaiu Shuya-san réclame que tous les bushis se rendent aux réserves de jade et montent défendre le mur!
_ Et qu'est-ce qui me prouve que cet ordre vient de lui?
_ Bayushi Yukie à vos ordres, taïsa-sama. Dois-je m'ouvrir le ventre afin de prouver la véracité de mes dires?
_ N'allons pas jusque là. Seto-san? Il se tourna vers un bushi.
_ Hai, sama?
_ Faites réveiller le régiment. Tout le monde sur le pied de guerre. Allez! Vite! Et vous, Bayushi-san, vous pouvez retourner à votre poste!"

Yukie salua brièvement et repartit dans les escaliers. A peine arrivée en haut, elle sursauta. Un éclair venait de s'abattre avec fracas au pied du mur. Yukie se reprit. Les shugenjas étaient passés à l'offensive. Le sol grondait, tremblait, les rayons magiques pleuvaient. Yukie se risqua à jeter un oeil par une meurtrière. Et LA, elle sut ce qu'était la peur. Une mer sombre... Une mer menaçante... Gobelins, ogres et autres horreurs dont Yukie ne connaissait même pas le nom. Cette vague s'approchait lentement mais sans discontinuer du Mur. Yukie trouva un abri, sortit son katana, le recouvrit d'huile, puis de poudre de jade, et enfin replaça la lame dans son fourreau. Comme le lui avait appris Shuya. Puis elle reprit sa course. Elle espérait que Shuya se trouverait toujours à la tour. Dans le cas contraire, elle reviendrait épauler Noriko et Mitsuko.
Sur son chemin, Yukie apercevait les archers qui tiraient à faire exploser leurs arcs. Ils tiraient, sachant bien que chaque ennemi qu'ils touchaient n'essayerait plus de les tuer au sommet du Mur. Yukie s'engouffra dans la tour. Elle arriva au sommet, passablement essouflée. Shuya était appuyé à une table, avec des plans devant lui. Il releva la tête.

"_ Shu... Shuya-san... Notre armée se mobilise...
_ Merci Yukie-san. Restez là. Nous partirons sur le mur dès que j'aurai terminé cela.
_ Hai, Shuya-san.
_ Bien. Yutaka-san, à priori, une idée de leur nombre?
_ Non, sama. Il y a trop de gobelins. Mais nous dénombrons trois ou quatre ogres.
_ D'accord... Quels dégâts chez eux?
_ Importants sama. Mais leur nombre compense. Ils seront au sommet du Mur d'ici quelques minutes.
_ Bien. Je vais rejoindre mes hommes. Dès que le taïsa Bayushi arrivera ici, informez le des schémas tactiques.
_ Hai, sama.
_ Yukie-san... allons retrouver nos amies."

Shuya enfila son heaume, se saisit de quelques armes, et descendit.

"_ Shuya-san, cela se présente comment?
_ Cela ne va pas être facile. Les conditions ne nous sont pas favorables.
_ Les renforts que vous attendiez ?
_ Pas de nouvelles. Je ne sais même pas s'ils ont reçu mon message. Il va falloir compter sur nous-même, Yukie-san..."
Le sourire qu'adressa Shuya à Yukie était tout sauf convaincant. Mais Yukie savait gré à Shuya de ne pas complètement dramatiser la situation. Après tout, si lui était terrifié, dans quel état aurait du-t-elle, elle, se trouver? Lorsqu'ils sortirent de la tour, les premiers gobelins avaient pris pied. Shuya sortit son sabre, Yukie aussi, et ils sortirent sous la pluie battante faire leur devoir.
Shuya et Yukie combattaient côte à côte, lui, l'épaulant lorsqu'elle devait repoudrer sa lame. Elle, profitant de sa vitesse de frappe, le soulageait lorsque des nuées de gobelins essayaient de le submerger. Et lentement, il tentaient de progresser en direction de Mitsuko et Noriko.
La nuit avançait, et au fur et à mesure, Yukie ne percevait plus que deux choses. Les ennemis, et Shuya. Elle frappait, taillait, tuait. Elle ne sentait même plus la pluie mouillant son visage. Elle ne percevait plus le temps, elle ne faisait que compter les temps de ses katas. A un moment, elle distingua quelque chose. Devant elle, une lame blanche semblait avoir prit vie. Son regard fut comme happé par ce fol éclat qui dansait devant elle.

"YUKIE! YUKIE!" Yukie revint à la réalité. Devant elle, Shuya tendait le doigt vers quelque chose. Cet éclat dansant... C'était Noriko! Soshi Noriko, une des meilleures combattantes à la Naginata de tout leur dojo. Son arme à la main, elle tranchait à tout va. Yukie lança un regard rassuré à Shuya, puis elle reprit le combat.
Noriko ne pensait plus. Ses mouvements s'enchaînaient avec fluidité. Tranchants. Elle ne faisait plus qu'une avec sa Naginata. Elle était bien. Elle était à sa place. Mais dans cet état, elle n'entendit pas Mitsuko hurler. Par contre, elle sentit sa lame buter. Elle sortit de sa concentration, pour mieux distinguer une masse sombre devant elle.
Yukie leva la tête, à la recherche d'un adversaire. Et elle le vit. Elle vit l'Ogre briser la Naginata de Noriko. Elle le vit très bien arracher la tête de la jeune Soshi, d'un brusque coup de patte.
Yukie sentit la rage monter en elle. En hurlant, elle se jeta sur l'Ogre, commençant à le pilonner de coups. L'Ogre en parait beaucoup, voir tous. Puis elle toucha plus souvent. A chaque fois même. Et elle le vit. Elle vit Shuya combattre à ses côtés. Il tenait à deux mains un lourd tetsubo sur lequel elle distinguait des éclats verts. Sous les coups des deux samouraïs, l'ogre finit par tomber. Alors qu'ils s'apprêtaient à reprendre le combat, ils virent les créatures s'enfuir. Relevant la tête, ils virent une foule de guerriers débouler sur le chemin de ronde. De nouveaux shugenjas faisaient pleuvoir le jade.
Shuya et yukie se regardèrent. Sans qu'ils ne s'en soient rendu compte, la pluie avait cessée. Au loin, à l'est, les premiers rayons de Dame Amaterasu chassaient ceux du maléfique Onnotangu.
Yukie laissa son regard trainer sur les remparts. Les corps jonchaient le sol. Un samouraï s’approcha.

"_ Kaiu Shuya-san?
_ Hai. Vous êtes?
_ Hida Keita. Commandant des renforts. Félicitations, vous avez bien tenu.
_ Merci Hida Keita-sama. Nous avons fait de notre mieux.
_ Je sais. D'ailleurs, il semblerait que ce soient les Scorpions qui aient à déplorer le plus de pertes. Ils ont fait de leur... mieux. Ah ah ah!!!!
_ Que voulez-vous dire? L'interrompit Yukie.
_ Que vous faites partie des, disons... un cinquième de votre régiment restés debouts. Bravo!
_ Noriko! Noriko! Yukie se dirigea vers le corps de son amie.
_ Ah, ces Scorpions.... Shuya-san. Vous avez gagné quelques jours de repos en récompense de votre bravoure. Nous finirons le nettoyage.
_ Hai. Merci Hida Keita-sama."

Shuya s'inclina, le commandant passa son chemin. Mitsuko émergea d'un coulor, le bras en écharpe.

"_ Eh bien.... Nous avons survécu, dit-elle en riant.
_ Non, répondit Shuya tristement, pas tous."
Il désigna Yukie, penchée sur le corps de Noriko. Elle prit son sabre, d'un geste sec nettoya sa lame, et remit l'arme dans son fourreau. Shuya s'approcha d'elle, se mit à genoux, et posa la main sur l'épaule de Yukie. Son regard plongeait dans celui de la jeune samouraï-ko. Il était ému.
"_ Yukie-san... pourrais-je vous écrire chez vous?
_ Noriko se demandait s'il y avait une école de courtisans chez les Hida..."
Yukie tomba dans les bras de Shuya, et pleura. Lui, la calma, passant sa main dans ses cheveux.


FIN DE LA PREMIERE PARTIE!

Répondre