[Carnets] Lettres de chevet

Message par **Iuchi Mushu** » 21 mai 2005, 16:53

Travaillant sur le sujet des courtisanes, je mets ici les inspirations qui me viennent en texte libre, tous sujets confondus et que peut-être j'utiliserais. Des notes de vie, des instants saisis dans l'impermanence de la vie que je cherche à saisir dans le travail de style.

Pour les puristes, je signale que je n'ai pas tenu compte de règles de composition, ce sont des textes libres sans aucune prétention que celle de s'exerecer à un style

J'ai entendu ce matin
Les aboyements du chien
N'a-t-il plus de maître ?
Je me demande où vous êtes
Vous mon seigneur et je tremble
Non pas du vent qui tempête
Aux volets du pavillon ou nous étions
depuis toujours amants.
Je tremble de vous perdre,
de ne savoir où vous êtes,
ce que vous faites,
Vous posez-vous les mêmes questions ?

Anayake, journal d'une courtisane

Message par **Iuchi Mushu** » 21 mai 2005, 17:07

Par deux fois les neiges de la montagne ont fondu
Et je n'ai toujours pas de vos nouvelles
On dit l'armée victorieuse et les hommes marchant au pas
Moi, je n'attend que le votre sur le parquet
Mais chaque nuit il se tait, me brisant l'âme.
Alors j'attend le chant du rossignol et je brode
Les journées passent sous un temps immuable et cruel
Et mon esprit vogue sur les souvenirs
Ceux du temps où vous ramiez sur le lac
Me contant un à un tous vos exploits.
Quand en entendrais-je d'autres ?

Anayake, journal d'une courtisane

Message par **Iuchi Mushu** » 26 mai 2005, 15:00

J'ai froid, pourtant je sais maintenant que vous êtes vivant
Je n'ai fait que vous entrevoir lorsque vous êtes rentré boueux mais victorieux.
Auprès de vos guerriers ce matin, votre regard a cherché le mien.
Mais je me suis cachée . Comment aurais-je pu vous montrer
Un visage rougi par les pleurs, un coeur rongé par l'angoisse ?
Cette sourde peur de vous voir blessé ou pire mort s'insinue dans
mes veines chaque fois que vous me quittez.
Lentement elle m'emmène sur les rives d'un autre lac
d'où l'on ne revient pas.
J'ai froid mais je sais que vous êtes là quelque part dans ce château
Retenu par vos obligations auprès de notre seigneur
Je vous verrais demain, probablement. En attendant je cherche le sommeil
Il faut longtemps avant que je sombre mais lorsque l'instant vient,
J'entends au loin prononcer mon nom, un doux murmure,
celui de votre voix, mon amour.

Anayake, journal d'une courtisane

Message par **Iuchi Mushu** » 06 juin 2005, 11:30

L'attente est longue, insupportable, amère
Faire partie de vos plaisirs et non de vos obligations
Est un bien précieux me dit-on et que mon coeur doit chérir.
Pourtant je souffre de vous savoir ici en ces murs
Et de n'avoir pu encore vous serrer contre moi alors qu'il y a deux jours
j'apercevais vos traits derrière le store de roseau.
Mais votre épouse a sans doute exigé votre compagnie,
Celle-là même qui a ravi l'enfant que je vous ai donné, mon fils et le votre.
Tant de souffrances et tant de peines qui se réveillent à chaque fois que
Mon esprit y songe et qui s'effacent si curieusement quand vous apparaissez,
Quand dans la soie et avec passion vous m'étreignez sous la lune fade.

Anayake, journal d'une courtisane

Message par **Iuchi Mushu** » 06 juin 2005, 22:53

Bien désagréable visite ce matin, on cherche à m'éloigner de vous.
Votre plaisir vous éloigne de votre devoir me dit-on.
Je n'en crois rien, vous êtes au-dessus de cela mon seigneur
Mais l'on vous jalouse, on vous envie comme un complot qui s'ourdit
Et entre ces mains là, je ne suis qu'un instrument.
Alors je serais celui de votre force pas de votre perte.
Le palanquin s'éloigne dans la nature qui étire son hiver
Gouttes de givre, neige tassée, ciel gris et lourd
Rire d'un enfant dans le jardin, toujours il sera mien.
Une larme coule sur ma joue et tombe sur mon coeur
Puissiez-vous vous souvenir qu'à jamais il vous appartient.
De celle qui dans le silence vous a tout dit, tout dévoilé
Qui de vous a tout entendu en confidence sur l'oreiller
Ces vérités qui sont nôtres, qui n'appartiendront jamais aux autres.

Souvenez-vous d'Anayake car moi je vous ai aimé
Comme le roseau aime le vent, les nuages la pluie
Dans l'adversité, la difficulté et la félicité
Le coeur ouvert et l'âme claire
Conservez ce carnet, celui des vérités que l'on tait
Celui d'une petite fille devenue femme qui vous a aimé.

Anayake, Lettres de chevet, carnet I