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par Kocho » 10 janv. 2005, 01:53
En ce qui me concerne les choix à faire pour une campagne ou un scénario ne sont jamais forcé d'être les mêmes.
Pour L5R par exemple, je n'avais pas envie de narrer une initiation, thème que j'ai abordée jusqu'à épuisement par d'autres jeux et qui – c'est peut-être une question d'âge – ne me stimule pas pour l'instant. Par ailleurs, je voulais que les Pj ne soient pas seulement des samurai lambdas mais des héros – c'est à dire que non seulement, ils soient au centre de l'histoire, mais que leur concept ait toujours quelque chose de mythologique. En l'occurence, je voulais même des héros capables de prouesses extraordinaires (plus à la Sanjuro ou à la Musashi que dans le style manga) car si ce genre de chose est établie, cela facilite un grand nombre d'histoires et évite que les joueurs aient besoin de prouver la valeur de leur PJ puisque celle-ci est établie.
J'ai donc commencé avec des personnage Rang 3 "améliorés". Comme je prévoyais une longue campagne (nous avons joué déjà 18 scénarios de 20-30 h en moyenne et il en reste une trentaine à faire...) j'ai préféré un système évolutif (des points d'expérience mais aussi des dispositifs narratifs et de système pour faire régresser les PJ ou les changer en profondeur) parce que je trouve que cela correspond à un monde où la spiritualité et le combat ne font qu'un et peuvent mener à l'illumination ou à une voie sans issue.
Dans cette campagne les joueurs interprêteront les même PJ du début à la fin, sauf s'ils meurent (ce qui est possible, même si tout est fait pour que s'ils meurent, cela ait un sens – ce n'est pas forcé d'être une mort héroïque pour autant). Quoiqu'il en soit je n'ai pas prévu de règles de karma, n'en sentant pas le besoin vu que mes PJ sont par dessein "durs à tuer". (En plus ils ont de la chance au dé ce qui m'arrange bien puisque je ne veux pas les tuer à moins d'y être forcé par les hasards de l'histoire...)
J'adore les one shots, mais si j'ai masterisé un one-shot dans un jeu ou dans un style, il est très rare que je recommence avec le même univers fantastique (alors que ça ne me poserait pas problème dans un univers historique ou contemporain). Sauf quand je resens le besoin une "sequel", mais, auquel cas, les PJ resteront les mêmes... Je comprends la démarche de Matsuura là-dessus, mais après un excellent one shot, même en tant que joueur, il est peu probable que j'ai envie de faire une autre partie dans un monde de fantasy avec un autre PJ, à moins que la partie n'ait été complètement ratée.
Pour mon côté MJ, je respecte trop les PJ pour en faire des figurants : lorsque je fais un scénario ou une campagne, le monde doit sembler avoir été créé autour des PJ, et non le contraire. Rendre ces PJ sans importance dans un scénario à part me gênerait beaucoup et m'empècherait de masteriser convenablement (même si les PJ n'y apparaissent pas ou que je ne masterise pas les mêmes joueurs)... Ce serait pour moi comme nier ce qui a été vécu avant.
A une époque, j'aimais bien le principe de la trilogie. J'en ai préparé et masterisé quelques unes – Star Wars, mais aussi Castle Falkenstein, un monde Med-fan de ma composition, une histoire de voyages dans le temps ou une ambiance roman noir à Los Angeles dans les années 40. Les avantages du one shot et de la campagne s'y combinent et cela reste selon moi un véritable bonheur de trouver des sujets pour de telles aventures ambitieuse dans leur durée mais néanmoins limitée dans le temps, permettant de prendre le temps d'installer situations et personnages mais offrant une résolution satisfaisante... (C'est juste un peu frustrant quand pour différentes raisons on est obligé de les abandonner au milieu).
Je ne crois pas aux solutions universelles, en général. En tant que joueur, mes meilleurs souvenirs de jeu comportent des one shots. Un PJ au background et aux motivations intégrées à une histoire courte me marquera plus que certains PJ, pourtant interprétés sur six mois dans des campagnes menés par des MJ un peu paresseux...
Je ne vois pas ce qui m'empèche d'apprécier une nouvelle de Bradbury ET le Seigneur des Anneaux... Ce n'est pas le meme plaisir. Donc l'opposition one shot/campagne me semble artificielle.
En tant que MJ, le one shot m'a permis des expériences passionantes ainsi qu'une variété narrative illimitée, qui me permet à côté de masteriser de longues campagne sans me lasser. Cela dit un one-shot chez moi peut durer 50 heures (joué plusieurs jours à la suite) et fait rarement moins de vingt heures, à moins qu'il soit écrit dans le but d'être court – généralement par quelqu'un d'autre... Certains joueurs, peu habitués à mon format standard de one shots, considèrent parfois ces scénarios comme étant en soi des campagnes… sauf qu'on les joue d'un trait.
Dans l'autre campagne que je masterise actuellement et qui dure depuis treize ans (elle se situe dans les années 20 et doit s'achever en feu d'artifice au prochain scénario par la résolution de tout ce qui a été laissé en suspense depuis treize ans) les personnages sont, comme à L5R, des "héros" avec les moyens de leur politique, mais là je ne donne pas de points d'expérience (comme la plupart des héros d'aventure, il m'a semblé logique que les PJ n'évoluent pas de façon notable dans leurs capacités au fur et à mesure de leurs aventures, même s'ils changent d'état d'esprit et murissent de par leurs expériences)...
J'ai fait jouer des personnages moyens, des héros, et parfois même des personnages carrément pas aidés par la nature. La question "les Pj seront-ils évolutifs ou non ?" me semble devoir être posée à chaque campagne et non aller de soit dans un sens ou dans l'autre. Certaines histoires sont mieux rendues avec des XP, d'autres non. Les XP ne sont jamais une récompense pour moi à proprement parler, mais un moyen de faire ressentir l'évolution des PJ. Donc la question peut se poser.
Parfois l'évolution des caractéristiques des Pj n'a aucune importance pour l'histoire, et le simple fait que le Mj focalise, même partiellement, l'attention des joueurs sur ce point peut ruiner l'intérêt de sa campagne. Sans parler des difficulté que cela peut générer si les Pj deviennent trop puissants. Ainsi les héros de certaines séries de livres ou de télés n'ont que peu d'évolution d'"XP" (Arsène Lupin, Indiana Jones, n°6 – dans la série Le Prisonnier – etc.) alors que d'autres sont évolutifs dans leurs caractéristiques (Bilbo, Luke Skywalker, Buffy, etc.). On ne peut pas considérer qu'il y ait dans l'absolu une option qui soit meilleure que l'autre. Tout dépend de l'histoire qu'on veut raconter.
J'ai joué de nombreux scénarios qui étaient masterisées par des Mj talentueux et qui, par moment, semblaient mal goupillées et agaçantes parce que ce genre d'option n'avait pas été examinées au début, et que les Mj se contentaient de faire ce qu'ils avaient l'habitude de faire...
Je crois profondément que chaque scénario, chaque campagne doit être différente et que les habitudes ne sont pas bonnes si elles mènent à la rigidité et empèche de tenir compte de la spécificité de chaque thème ou sujet.
La seule solution pour laquelle j'ai développé une certaine allergie c'est le jeu en pure chronique, c'est à dire un jeu où les fils dramatiques peuvent être laissés irrésolus au nom du réalisme et ou rien ne peut jamais être vraiment achevé, sinon au second plan. J'ai vu trop de MJ qui utilisaient ces procédés comme excuse pour leur paresse.
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Kocho le 10 janv. 2005, 18:20, modifié 2 fois.