Je viens de terminer celui de ce personnage dont vous n'aurait aucun mal à reconnaître le Clan, surtout si vous avez retenu mes préférences.
J'ai utilisé des termes japonais pris, soit dans le manuel de survie du maître, soit dans un dictionnaire japonais en ligne, certains ne sont peut-être pas appropriés, pour les puristes, veuillez m'en excuser.

Quant à celui du personnage du Clan de la Licorne esquissé précédemment, il sera terminé ultérieurement, l'intéressé ne jouant pas dans l'immédiat.
Pour vos avis et vos critiques constructives, Domo arigato.
SHOSURO TAKURA
La jeune femme ruisselait de sueur. Cela faisait plus de douze heures qu'elle effectuait ce travail exténuant, et la chaleur estivale ajoutait au supplice qui avait commencé avant que Dame Soleil ne se lève. Les serviteurs s'affairaient autour d'elle, amenant de l'eau et des linges propres. A part ses halètements, le silence régnait au sein des attroupés. Chacun savait ce qu'il avait à faire, accomplissant leur devoir envers leur maîtresse. La douleur avait effacé le passage du temps et celui qui restait à venir n'y échapperait pas.
La soirée était peu banale, Seigneur Lune avait rejoint sa Dame, tandis que les premières étoiles apparaissaient. Les fruits du labeur conjugué étaient enfin arrivés à terme. Enveloppés dans de petites couvertures soyeuses et parfumées, ils furent déposés dans de magnifiques couffins en bois d'acajou sculptés par les artisans de Ryoko Owari. C'est ce moment là que les deux petits êtres choisirent pour rompre le silence natal. Leurs cris affolèrent les serviteurs, mais leur mère ne réagit pas tellement la fatigue due à la lutte âpre qu'elle venait d'avoir avec eux la submergeait. Kime, une servante des plus âgées qui avait suivi Dame SHOSURO après son mariage, s'approcha de son oreille et l'interpella doucement.
- Dame BAYU... SHOSURO sama, vos enfants pleurent, vous sentez vous la force de les allaiter ?
N'ayant pas la force de parler, celle-ci entrouvrit les yeux et acquiesça de la tête. Les deux jeunes garçons lui furent amenés et elle leur offrit sa poitrine. La sérénité gagna leurs cœurs tandis qu'ils s'abreuvaient à leur source de vie. Après s'être rassasiés, Kime les remit dans leurs lits douillets, mais la sérénade repris de plus belle. Chacun fut confié à une jeune servante qui les berça dans ses bras, seulement rien n'y faisait. Le désespoir envahit les esprits des Heimin, qui imaginaient déjà avoir à faire à des enfants malades. De ses yeux mi-clos, SHOSURO Hiyuko observait la scène.
- Kime, couche les ensembles. Ordonna-t-elle.
- Hai, Dame SHOSURO !
Une fois réunis les pleurs cessèrent. On aurait pu croire que de légers sourires étaient apparus sur leurs minuscules visages. La vieille servante penchée au dessus des nourrissons, s'adressa à sa maîtresse sans les quitter des yeux.
- Ma Dame, on dirait le signe du Seigneur BAYUSHI.
- Je le crois. Furent les derniers mots que prononça dans un souffle une mère heureuse qui s'endormit avec le même sourire que ses nouveaux nés.
Le fusuma se referma alors, masquant les curieux petits yeux qui avaient observés toute la scène.
Le début du printemps était là, mais pas Dame Amaterasu qui se cachait derrière quelques nuages menaçant. Les neiges fondues de la chaîne du Toit du Monde alimentaient de nombreux cours d'eau qui se jetaient dans Kawa no Kin, donnant à son débit la force des Sept Tonnerres. La caravane en route pour la Cité des Mensonges fit une halte près d'un de ses ruisseaux en furie afin de faire boire les montures. Le détachement de Vierges de Bataille ayant pour tâche la protection de celle-ci était sur le qui vive. Jusque là les craintes du brigandage local n'avaient pas trouvés de fondement, mais le devoir impliquait une surveillance de tous les instants. Ishi était fière d'avoir pu accompagner sa mère, bien qu'elle regrettait de n'avoir pas pu voir ses futures sœurs au combat. Sa mère n'avait pas voulu la séparer de son poulain qui devait suivre sa jument dont il n'était pas encore sevré. Pendant tout le voyage, bientôt terminé, elle s'était familiarisée avec lui, et ils étaient devenus très complices, jouant ensembles pendant les longues haltes.
Dans le brouhaha des hennissements, des conversations et le tumulte des eaux, beaucoup n'entendirent pas les cris affolés d'une fillette terrorisée. Ishi courrait le long de la berge, les yeux emplis de larmes, trébuchant dans quelques ornières d'un terrain inégal. Par intermittence, la tête du poulain pie émergeait des flots qui l'emportaient vers un destin cruel. La rivière de l'or n'était plus qu'à quelques brasses, et dès lors plus rien ne pourrait le sauver. Mais les yeux embués de la jeune écuyère s'emplirent de joie. Il était parvenu à se raccrocher tant bien que mal à des racines sortant de la berge où deux jeunes garçons pêchaient paisiblement. Elle était du mauvais côté, mais ces fils de samouraï pouvaient l'aider.
- Samouraï san, aidez le à sortir de l'eau ! Je vous en prie. Sanglota-t-elle.
Les deux garçons se regardèrent et observèrent cette étrangère qui les suppliait à genoux. On aurait pu croire qu'il s'agissait d'une seule et même personne s'interrogeant du regard dans un miroir. Leurs regards se portèrent sur le pathétique spectacle de cette bête luttant pour la vie, mais ils n'esquissèrent aucun geste.
- Désolé, mais nous ne pêchons pas le cheval. S'exclama l'un d'eux. Et l'autre de renchérir.
- En plus votre animal fait fuir les poissons.
Un léger sourire aux coins des lèvres, ils entonnèrent en cœur.
- Il aurait du demander à une grenouille de le faire traverser.
L'effort étant au-delà de ses capacités, le jeune cheval de guerre lâcha prise et s'en fut, submergé par l'onde. Les larmes de la jeune fille s'étaient taries alors qu'elle aussi coulait, sous un flot de haine.
Sa mère ainsi qu'une majorité de membres de la caravane arrivèrent en courant. Devant le mutisme de la jeune fille et son regard haineux et fixe, ils invectivèrent les jumeaux. Une voix forte et froide sortit alors de sous les frondaisons du bois tout proche, ainsi que celle qui s'adressait à eux. Un masque couvrait le bas de son visage rendant sa voix beaucoup plus grave.
- Vous n'êtes pas capable de prendre soins de vos bêtes et comme seule excuse vous osez vous en prendre à deux enfants sans défense. Vous êtes sur nos terres, veillez à respecter ceux qui y résident.
Les deux garçons s'étaient mis à pleurer de concert, les mains entrouvertes devant leurs yeux pour ne rien perdre. Les échanges suivant furent brefs, et les membres du Clan de la Licorne firent demi-tour à l'exception de Ishi. Celle-ci s'était redressée et toisait les membres du Clan du Scorpion.
- Mes ancêtres en soient témoins, à notre prochaine rencontre ce n'est pas des larmes que vous verserez, c'est votre sang.
Ses paroles et son regard plein de haine coupèrent la pleurnicherie des deux garçons qui restèrent coi de stupeur. Jamais ils n'oublieraient.
- C'est entendu Ishi san, mais de vôtre côté évitez de polluer nos rivières à l'avenir.
Les paroles glacées de leur sœur, étrangement, réchauffèrent un peu leur orgueil.
- Bien dit ane chan. Gloussèrent-ils tout bas.
BAYUSHI Guhimi attendait dans le jardin du Palais. Il admirait les carpes qui nageaient nonchalamment dans les magnifiques bassins qui serpentaient au milieu des ouvrages Ikebana de la maîtresse des lieux. La lumière des lampions dansait sur le reflet de l'eau, faisant chatoyer les écailles multicolores des poissons.
Dame ASHIDAKA Naruko se faisait attendre comme à son habitude, mais il savait qu'elle viendrait. Il l'avait séduite et elle ne pouvait résister. Elle était belle comme une digne membre du Clan de la Grue, et sa beauté n'avait d'égal que son art de l'harmonisation florale. Il mit son attente à profit en songeant à son avenir. Il chassa les pensées sentimentales qui commençaient à l'habiter pour se concentrer sur son devoir. Il était temps d'obtenir d'elle ce pourquoi il avait tant œuvré. Elle ne pourrait plus rien lui refuser, n'avait-il pas fait ce qu'elle espérait de lui. Son prétendant avait été éconduit politiquement, son mariage n'aurait pas lieu. Demain à Otosan Uchi, le sacre du nouvel Empereur, HANTEI XVII, aura lieu, et dans ces lieux il en serait un autre, le sien.
Le bruissement des graviers que des pas légers effleuraient le sortit de ses pensées. La personne attendue et sa kogoto approchaient. Elle était vêtue d'un kimono vert mordoré représentant des rossignols perchés sur des azalées.
- ASHIDAKA Naruko san quel ravissement de vous voir enfin. Vos œuvres imprègnent déjà ce lieu majestueux de votre présence, mais lorsque vous le parcourez, vous êtes le point culminant de la grâce qu'elles esquissent.
- BAYUSHI Guhimi sama vos paroles sont toujours d'un miel délicat et sirupeux, mais mon Sensei est seul responsable de ce que vous voyez.
- En votre présence, je ne suis qu'une humble abeille butinant mes mots à la fleur modeste que vous êtes.
Les yeux pétillants de malice, la dame du Clan de la Grue repris d'un ton plus grave.
- Vous avez certainement appris ce qui est advenu de mon prétendant. Mon mariage avec OTOMO Daisuke sama est annulé.
- Cette nouvelle est des plus heureuse. Faut-il que sa disgrâce ait été orchestrée par une personne ayant beaucoup d'affection pour vous et connaissant vos sentiments à son égard pour avoir pris de tels risques.
- Vous voyez dans cette affaire la main d'un manipulateur ?
- Non pas, mais celle d'un homme de bien, à qui vous devriez songer comme à un habile politique qu'il est judicieux de conter parmi ses amis très cher.
- Seulement ce bienfaiteur ignorait un fait d'importance. Ce mariage devait sceller une erreur déshonorante pour moi. Je ne suis plus la seule qui ne portera pas le nom de OTOMO.
Son éventail vint cacher son visage tandis qu'elle commençait à sangloter. BAYUSHI Guhimi en restait sans voix. Quelque chose lui avait échappé.
- Que va penser la Cour lorsque cela se saura ? Susurra-t-elle.
L'homme savait. Il jeta un regard désappointé sur celle qui l'avait piégé.
Bien que ce ne fut pas ce qu'il avait commandé, le Seigneur BAYUSHI accueillit l'idée du mariage avec plaisir, ses jardins n'en seraient que plus appréciés lors de la venue du nouvel Empereur, et il en fit l'annonce à la Cour sur les conseils du marié. Seulement lorsque le jour vint de la visite de HANTEI XVII, le travail de BAYUSHI Naruko était de bien piètre nature.
- Le déshonneur éclaboussa notre ancêtre. Il avait voulu trop bien faire en rendant service à son épouse puis en voulant faire de même avec son Seigneur. La leçon de notre ancêtre est la devise de notre famille, "aucun risque inutile". Comme à la rivière, compris oto chan.
- Hai Takiko chan.
Les deux garçons entendirent leur père accueillir leur visiteur. Ensembles, ils se glissèrent hors de leur chambre, passèrent par le genkan et saluèrent humblement l'autel de leurs ancêtres sur lequel était déplié un magnifique éventail. Il représentait un sous-bois éclairé par Seigneur Lune où un hibou perché guettait le moindre bruit, œuvre de Meiwaku. Leurs regards s'attardèrent dessus sachant qu'après leurs gempukku, l'un d'eux en hériterait tel que leur avait promis leur mère. Ils traversèrent le zashiki et sortirent dans le jardin.
- C'est à mon tour. Affirma le premier.
- Bien, dépêche toi. Concéda le second.
Il se glissa alors dans un trou de souris sous le plancher de leur demeure, passant ainsi sous le zashiki. Les tatamis étoufferaient les bruits, mais ils avaient pris soins d'en écarter certains parmi les moins en évidence. Lorsque son frère fut en place, l'autre quitta prestement les lieux.
Les deux hommes rentrèrent dans la pièce où les tatamis avaient été disposés de manière très courtoise. Une série de noirs ceinturait celle-ci alors que la partie centrale était scindée en deux parties distinctes. L'ensemble était constitué pour l'essentiel de tatamis d'un rouge sombre, mais un rectangle de quatre tatamis bleus avait été placé d'un côté de la table basse, point central du zashiki. Le mon de la famille KAKITA ornait ces tatamis tandis que celui de la famille SHOSURO parait ceux situés de l'autre côté de la table. Après un temps d'arrêt du à une surprise admirative, ils prirent place. Le dignitaire du Clan de la Grue en profita également pour admirer le jardin par le shoji qui restait ouvert en raison des chaleurs d'été.
La discussion commença par les habituelles civilités, échanges d'informations banales sur les rumeurs de la Cour et les agissements des divers protagonistes de l'Empire. Le temps paraissait long, contrit dans un espace restreint d'où il ne fallait pas bouger, mais c'était le prix, leur avait appris leur sœur.
- KAKITA Nosuke san, vous connaissez déjà ma fille, n'est-ce pas ?
- Vous m'avez fait le plaisir de me la présenter l'année dernière à la Cour d'hiver SHOSURO Kemura san. Comment va-t-elle ? Bientôt mariée ?
- Elle suit l'enseignement de l'école d'acteur de notre famille et pour l'instant il n'est point question de l'unir à un quelconque prétendant.
- Quel dommage, elle paraissait réservée, mais fort jolie. Après son apprentissage elle fera chavirer plus d'un cœur.
- J'en suis certain, plus d'un s'arrêtera de battre pour elle.
Son visage masqué laissait apparaître un sourire qui laissa perplexe son interlocuteur compte tenu de ce qu'il venait de dire, mais il poursuivit coupant là la réflexion naissante de ce dernier.
- En revanche, je ne vous ai pas présenté mes fils.
Le maître des lieux fit appel à un serviteur pour mander ceux-ci. Le garçon entra sans rien dire.
- Approche et prend place à mes côtés. Où est ton frère ?
Le jeune garçon vint s'agenouiller à la droite de son père, face à leur invité.
- Murata ne tardera plus, vous savez qu'il aime à être bien mis en toute circonstance Chichi sama.
- KAKITA Nosuke san voici mon fils Takura.
- Je suis honoré de faire votre connaissance KAKITA Nosuke sama, puisse les fortunes vous sourire ainsi qu'aux vôtres. Le jeune homme mis la tête au sol.
- Si jeune et si bien éduqué, j'ai hâte de faire la connaissance de son frère, SHOSURO Kemura san.
- Chichi sama, permettez que j'aille le chercher.
- Hai. Fais vite.
Takura sortit rapidement. Un instant plus tard, le jeune homme entra dans le zashiki, salua son père de la tête et vint s'agenouiller à sa gauche.
- Pourquoi ton frère n'est-il pas avec toi ?
Le dignitaire était stupéfait de la ressemblance entre les deux jeunes gens. A leur âge il ne portait pas encore de masques, mais conformes à la tradition clanique un mèche de cheveux couvrait une partie de leur visage. Celle de celui qu'il avait en face aurait été du même côté que le précédent et il aurait juré qu'il s'agissait d'une seule et même personne.
- Il ignorait que vous aviez encore besoin de lui, mais si vous le désirez Chichi sama je peux aller le chercher.
- Ce sera inutile. KAKITA Nosuke san, voici mon autre fils, Murata.
- Je suis honoré de faire votre connaissance KAKITA Nosuke sama, puisse les fortunes vous sourire ainsi qu'aux vôtres. Il mit également la tête au sol.
- Surprenant, la même prestance, c'est à s'y méprendre.
D'un geste de la main, le père congédia le fils.
- Vous devez être fier d'avoir de tels enfants. Quel avenir avez-vous en tête pour eux.
- Ils sont robustes et particulièrement vifs, mon épouse a suggéré qu'ils entrent à l'école de bushi de la prestigieuse famille BAYUSHI, j'ai acquiescé à son désir légitime.
Durant toute la journée, la discussion entre les deux hommes se poursuivit sans qu'il semble qu'elle trouverait une fin. Quand elle finit par s'achever, les muscles endoloris du jeune espion lui permirent à peine de s'extraire un peu de sa cachette, et sans l'aide providentielle de son frère, il n'y serait parvenu.
- Alors qu'as-tu appris ?
- Beaucoup trop de choses pour tout retenir, mais une en particulier.
Un sourire ornait son visage grimaçant de douleur.
- Une ancienne romance entre nos deux familles a donné lieu à une intervention de notre part pour leur salut, maintenant …
- Ils nous doivent une grande faveur. Termina son comparse au sourire identique.
La ville de Tsuma était en effervescence à l'approche du Championnat de Topaze. Les rues étaient combles, il était difficile de circuler, mais tout le monde faisait attention aux Samouraï des divers Clans qui les arpentaient de crainte d'en offenser certains. Ainsi la femme, escortée de ses deux fils, n'éprouvait aucun souci pour traverser la foule. Cela leur rappelait les faubourgs marchands de Ryoko Owari. Toutes les jeunes filles en âge de se marier jetaient des regards avides aux deux jumeaux. Leur beauté était un atout.
- Regarde, se sont les SHOSURO dont les fortunes ont volé le cœur.
- Ceux qui ont laissé se noyer le cheval de guerre de Dame OTAKU Keiko sama ?
- Hai !
Mais s'enlaidir servait parfois aussi. C'était la leçon qu'ils tirèrent des paroles entendues en passant près de ces marchands du Clan de la Licorne. Ils se regardèrent, et comprirent que relever n'aurait servi à rien d'autre que d'attirer l'attention, or ce n'était pas le but de leur venue.
Ils arrivèrent enfin devant une grande bâtisse de plain-pied dont la bannière annonçait un salon de thé au mon de leur Clan. Ils y pénétrèrent et après les salutations d'usages envers les membres de leur famille éloignée, ils déposèrent leurs armes à l'entrée, après s'être déchaussés, puis ils louèrent un salon privé.
- Mes enfants nous allons patienter ici. L'homme que je veux vous présenter ne devrait plus tarder.
En effet, l'attente ne fut point longue. Quelques minutes après, un serviteur introduisit un homme d'une trentaine d'années vêtu d'un kimono marron orangé de bonne facture. Il s'agissait visiblement d'un Samouraï, mais certainement pas un bushi.
- Avez-vous mangez du riz aujourd'hui ?
- Suffisamment et vous ?
- SHOSURO Hiyuko sama, vous êtes toujours aussi ravissante, c'est toujours un plaisir de vous voir. Je vois que vos fils ont hérité de votre beauté. Méfiez vous, vous pourriez rendre jalouse d'autres grandes dames. - Suffisamment et vous ?
- Un parfais déjeuner.
- Mes fils, voici NASU Ochio san, honorable membre du Clan du Phénix. C'est à lui qu'il faudra vous adresser lorsque de passage sur les terres de son Clan vous aurez besoin de choses et d'autres. Notre collaboration avec NASU Ochio san est fructueuse. Tous les produits qui transitent entre nous font le bonheur de nos deux familles.
A l'abri des oreilles indiscrètes, la conversation se poursuivit, alors que les pensées de Takura s'étaient envolées vers d'autres cieux à la mention du Clan du Phénix.
Cet hiver il avait croisé la plus belle et la plus délicate des fleurs. Une jeune Shugenja ISAWA invitée à la cour. Il l'avait espionnée à de nombreuses reprises, même lorsqu'elle prenait son bain en compagnie de sa sœur. Celle-ci l'avait d'ailleurs repéré et l'avait fait fuir d'un regard aussi noir que la marque qu'il avait aperçue sur son sein. Il savait que ISAWA Shihime devait venir à Tsuma, elle le lui avait dit, alors qu'ils échangeaient les quelques mots qui ravirent son coeur.
La nuit était tombée lorsqu'ils quittèrent l'établissement pour rejoindre leur auberge. Demain commenceraient les épreuves pour Murata qui avait été choisi. Takura était encore souffrant et participerait peut-être l'année suivante. Sa récente rêverie lui faisait d'ailleurs oublier de tousser de temps en temps, et son frère ne manquait pas de le rappeler à l'ordre.
Des cris attirèrent leur attention. Une frêle voix féminine appelait au secours dans les rues sombres de la ville presque déserte. Ils s'arrêtèrent un moment pour écouter. Visiblement une lutte avait lieu non loin d'eux, mais l'idée que l'un ou l'autre se blesse avant les épreuves qui devraient être un jeu d'enfant, ou encore pour Takura d'être amoindri lors de sa future rencontre avec Shihime, les arrêta sans autre considération. Sous la houlette de leur mère ils poursuivirent leur chemin et croisèrent quelques doshin qui couraient en sens inverse.
Comme prévu ils parvinrent à remporter suffisamment d'épreuves pour arriver en phase finale du Championnat, mais l'annonce que leur fit leur mère empêcha Murata d'atteindre le sommet.
- Quelle drôle de coïncidence musuko san, la veille des épreuves, vous vous souvenez de l'agression dans les ruelles. Il s'agissait de membres de la famille ISAWA pris à parti par des détrousseurs sans vergogne. Plusieurs sont morts, dont la jeune fille dont vous aviez fait la connaissance cet hiver.
Et le Scorpion n'eut plus rien à dire.