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par Kakita Inigin » 02 oct. 2016, 14:07
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La journée de Hida Kozan avait mal commencé. Le thé était froid quand il l'avait bu, l'encre de seiche était sèche dans son encrier, et il pleuvait. Lorsqu'il reçut le message de Hida Kei, il le prit comme une éclaircie. Mais son trajet vers le dojo avait eu une épaisseur, une lourdeur, qui lui faisait craindre une éclaircie de courte durée - il ets vrai que les lourdes gouttes qui tombaient du ciel n'aidaient pas à envisager les choses de façon optimiste.
Qu'il était long cet escalier ! Comme il semblait oublié, le temps où la magistrature était le long du fleuve, les rives riantes, les arbres fleuris, les femmes de son âge jeunes et délurées.
Quand Hida Kozan entra dans le dojo, il sentait comme une nuée de cendres dans sa gorge. Il avait le souffle court ; quand il entra dans le bureau de Kei, la nuée se transforma en vague et, par pur réflexe, il invoqua un kami de Terre pour se protéger.
Et le kami ne vint pas.
Kozan regarda sans comprendre Kei qui l'attendait derrière son bureau, les rideaux baissés, les bougies basses ; il contempla les serviteurs agenouillés, les mains posées légèrement, comme avec un mélange d'insouciance et de concentration - les secrétaires faisaient parfois cet effet-là, les deux yojimbo - la nouvelle organisation des gardes du corps avait fait le tour de la ville - entassés (il n'y avait pas d'autre mot) dans une alcove, et il pria les kami de l'Air de le doter de leur vision magique.
Ce qu'il vit le fit reculer - non, bondir d'un mètre en arrière.
- SORTEZ ! Sortez, pauvres fous ! Quittez cette pièce immédiatement ! Il en va de votre vie !
Kozan finit sa tirade à genoux, chuchotant, agrippé à son bâton de marche, le souffle l'abandonnant par saccades qui lui lacéraient les poumons.