La femme se prosterna, avec une vague de murmures polis, puis se redressa :
- Noble dame, je vais m'y consacrer de toutes mes forces. vous ne serez pas déçue. Kuma, prends leurs mesures.
Le colosse aux allures de sumotori gavé de boulettes de poisson tira un ruban de sa ceinture, regarda le bushi, le sabre, et commença par lui.
Etonnamment, il se mouvait avec une légèreté presque féline, comme porté par un courant d'air. Ses battoirs fusaient autour de Retsu, mais sans même effleurer ses vêtements. Comme un ballet de mouche, élégantes, raffinées. En un instant, il eut terminé.
Se tournant vers Kei, il procéda de même avec Kei. Pendant un bref instant, elle regarda ces...choses... l'entourer à une vitesse insensée, puis ce fut terminé.
Kuma repartit derrière, commentant ses mesures dans un patois local. Pendant ce temps, Meileki avait sorti d'un tiroir une étoffe - une étoffe... on aurait dit que le Soleil y venait courtiser la nuit, faisant des infidélités à Seigneur Lune dans les saules peints avec tellement de grâce qu'on sentait le vent les ployer vers le sol... des ors étincelants, des noirs profonds à se perdre, des mouvements subtils et évanescents.
Avisant l'air de Kei, elle ne lui présenta même pas l'etoffe et repartit. Elle revint avec un tissu bleu sombre, mat, dense, comme si la profondeur de la mer vue d'une colline coulait dans ses mains.
- Ceci vous conviendrait-il ? Et pour Shireikan-sama, ce tissu noir ?
Elle montrait une forme de... noir. Noir, c'était le mot. Noir, noir, noir. Noir comme la force, noir comme la sérénité, noir comme l'impatience. Comme un bloc d'obsidienne, aux reflets moirés.
Comme une ronde d'or dans un cercle de ténèbres. Comme un souffle ranimant à la vie les forces de la nuit.