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par Hida Koan » 06 nov. 2014, 15:42
Me suis tellement galérée à l'exercice que je mets quand même ça là, fruit de mes efforts sur l'allitération (R puis M) et l'assonance (double UI / EN) pour les nuls
Les réminiscences de ton agréable parfum caressent mes narines alors que la fragrance écœurante de ma chair brûlée les agresse. Vois ces obscures cendres graviter sur ma poitrine là où ta chevelure sombre reposait encore hier. Cet entrepôt me tuera. Noir comme le trépas, noir comme ton regard, il m'engloutira. Et cette poutre brulante m'écrase tout le bras, reflet de la lourdeur rassurante de ton corps se pressant sur moi. Elle mord ma chair qui se craquèle, se tord et roussit. Et je crie si fort que mon cœur carbonise comme lorsque je m'embrasais de la petite mort dont tu me gratifiais. J'aspire mon dernier souffle. Je respire en esprit ton odeur, percevant dans le brouhaha grave du brasier, l'écho de ton prénom, clair comme un murmure. Retsu.
[...]
Mes moments de sommeil mangent mon discernement. Innocemment j’imagine que tu maintiens mes humeurs, muselant mes chimères et commandant mes phantasmes de me laisser au calme. J’admets que mon jugement s’émiette et que dans les brumes du tourment je gémis le nom de ta maison. Les gardes-malades murmurent que je m’oublie. Mon âme amoureuse, maniaque, mauvaise, morbide, les incommode. Je m’époumone, mugis et fulmine. Mes mots se meuvent sur mes meurtrissures en les magnifiant de leur mélancolique morgue. La flamme de l’attachement est le sel de mes plaies. La morsure du feu m’a endommagé les sentiments plus sûrement que le membre. « Mieux vaudrait un moignon » marmonnent-elles « que ce maussade amour pour un homme. » Mille maux m’assomment mais immuablement je marche vers toi, Matsudaira.
[...]
La pluie tombe doucement sur les tuiles et j’entends le vent derrière l’huis. La convalescence m’épuise. Mon bras cuit toujours, ma peau neuve est luisante comme du cuivre poli. L’ennui me ramène à toi. Le bruit de tes pas au temple. Ta jambe appuyée contre ma cuisse. Ta langue, ruine du repos de mes nuits. « Elle a de la suite dans les idées… Son entêtement est un puits sans fond » bruissent les déguisements des aides-soignantes. Elles m’enduisent d’huile, noire comme la suie. Par elle coule mes pensées, fluidifiées. « Te fuir » s’amenuise depuis l’encolure jusque l’avant-bras. « Te séduire » s’accidente dans les méandres de mon cuir, glissant comme du suif. Mon acuité, détruite, fuit lentement sur le sol d’autrui.
Flood Thunder - Koan jin'rai
Mille ans pour régner
L'éternité pour briller
Ma vie pour servir