[2.2-MR-HK] Le dignitaire pas très digne

[Hida Koan]

Kuni Hayesu les avait convoqué pour leur donner les noms des quatre Grue à qui ils tiendraient compagnie pendant les quelques jours de leur présence en ville. Ils étaient tous arrivés à l'heure, même Kei. Hirozaku s'était chargé de faire la conversation au magistrat et avait récupéré leurs accréditations, celles qui signifiaient qu'ils étaient en mission pour Kuni Hayesu, responsables de la sécurité des dignitaires. Kei et Retsu ne s'était pas revus depuis qu'ils s'étaient "croisés" sur la place des Forges, elle l'avait évité de toutes façons... Peut-être avait-il fait de même. Elle lui dit bonjour d'un simple hochement de tête.

[Vlad]

Retsu lui répondit silencieusement d'un hochement de la tête.
Leur dernière rencontre l'avait un peu refroidi...

[Hida Koan]

"Ils vous attendent en bas" finit le magistrat. Les cinq rescapés de la promo de l'oni sortirent de la pièce et se rendirent au rez-de-chaussée. Dans le petit salon qui donnait sur le jardin du palais du Conseil, dans lequel Hayesu les avait reçu.

Un homme d'une quarantaine d'années, d'une grande prestance, les attendait, en position seisa parfaite. Derrière lui, deux hommes entre la vingtaine et la trentaine, visiblement des courtisans, relevèrent la tête à leur entrée. Dans le fond de la pièce, près de la fenêtre, une jeune fille à la beauté éclatante semblait songeuse et regardait le jardin, un air mélancolique sur le visage.

[Hida Koan]

Ils les avaient accompagnés, tous les quatre, au dojo Nobunaga, tout près de la Capitainerie et de la Garnison Nord de la Garde Grise.
Pendant le trajet Hirozaku avait pu apprendre que Daidoji Rasori était venu en ville accompagné de Doji Kurohito et Doji Eiji afin d'y négocier quelques contrats au nom de son clan. Il était tout désigné pour le faire... Il avait passé X ans à servir sur le Mur avec leurs compatriotes du Clan du Crabe, il était parfaitement à l'aise dans cette ville, entourés de samurai qu'il estimait au plus haut point.
Kei réussit à tirer les vers du nez de la jeune fille, qui paraissait s'ennuyer sévèrement : elle était ici car elle était promise à Hida Yashin... Quelle plaie se dit Kei. Elle lui proposa une journée dans le quartier marchand pour le lendemain, cela sembla plaire à la jeune fille.
Shigueru dut se coltiner les deux Doji. L'un était particulièrement motivé pour se rendre dès le premier soir dans le quartier des plaisirs... Et visiblement pas celui du Roc.
Kamodo et Retsu restèrent un peu en retrait jusqu'à arriver au dojo.

Là-bas Kamodo pris les rênes afin de sécuriser l'endroit. Les dignitaires furent installés et tous se retrouvèrent près du pavillon de thé, Kamodo et Shigueru montèrent la garde à l'extérieur et surveillèrent la jeune fille tandis que les trois autres accompagnait les dignitaires Grue dans une cérémonie du thé.

Elle se passa très bien. Retsu fit montre d'une extrême courtoisie et d'une dextérité émérite dans cet art consommé. Hirozaku se débrouilla plutôt bien. Et Kei se contenta de boire du thé, comme elle pouvait.

"Alors donc mes amis, que va-t-il maintenant se passer?" dit Daidoji Rasori.

Le plus jeune des Doji, auquel Kei faisait de l'oeil depuis une bonne demi-heure, prit la parole "J'aimerais sortir ce soir" dit-il sous le regard désapprobateur de son supérieur temporaire.

Kei afficha un sourire jusqu'au oreilles et prit bien garde de ne pas croiser le regard de Retsu en répondant un peu vite "Je vais vous accompagner!"

[Vlad]

"Si vous le permettez, Daidoji-sama, je seconderai Hida-dono dans la protection de Doji-sama" fit Retsu en s'inclinant respectueusement devant les dignitaires.

Même si la dernière rencontre avec Kei-chan l'avait refroidi, Retsu se disait que cette soirée lui permettrait peut être de discuter avec elle et de "normaliser" ses relations avec la jeune femme...

[Hida Koan]

Kei fit un peu la moue... Elle avait tellement honte qu'il l'ait vu la dernière fois avec Shigeo, que supporter sa présence et son regard désapprobateur toute une soirée allait être compliqué.

"Bien, en ce cas, Kurohito-san vous me paraissez être en de bonnes mains." dit le daidoji

[...]

L'après-midi avança a grands pas et le soir, arrivé bien vite, leur présenta à tous deux aux portes du dojo, un Doji tout pomponné, des geta aussi hautes qu'une théière sous les pieds. Kei regarda Retsu interloquée, comme lui demandant si ça lui paraissait normal. Il avait passé deux ans chez les Grues après tout. Elle, croyait que ces "chaussures" n'étaient réservées qu'à des situations extrêmement précises... enfin en tous cas pas pour aller dans la Sinueuse. Le courtisan était toujours très appréciable mais tout de même avec cet accoutrement il avait pris du plomb dans l'aile.

[Vlad]

Retsu avait remarqué le regard étonné de sa partenaire.

Il lui fit un petit sourire et profita du trajet pour lui expliquer qu'il s'agissait de "tengu geta", un modèle à la mode à la cour impériale...

Personnellement il trouvait ce genre de geta ridicule et casse-gueule...

[Hida Koan]

Finalement il lui parlait à peu près normalement, ce devait donc aller. Elle avait du mal interpréter son regard il y a quelques jours... Il faut dire qu'elle n'était pas vraiment dans son état normal, il était logique qu'elle ait eu des soucis d'appréciation. Elle lui sourit donc de bonne volonté.
Pourtant les minutes passant elle se sentait de moins en moins bien, elle suivait toujours le courtisan mais vérifiait de moins en moins les alentours. Elle n'avait toujours pas touché du doigt pourquoi le parfum de Retsu la mettait dans cet état là. Il sentait pourtant une odeur "normale" de musc et d'elle ne savait trop quoi qui ressemblait un peu à de l'encens... En tous cas ça la faisait tout de suite avoir des idées très peu chastes et vu la situation actuelle ("C'est compliqué" aurait-elle mis sur Facebook ), vu que rien n'était possible, ça la faisait beaucoup ruminer.
Elle écouta pourtant ses explications sur ces étranges chaussures. Elle ne les trouvait pas moins ridicules après.

Ils arrivèrent à la Sinueuse et elle se permit de passer devant pour ouvrir le chemin. Curieusement, le Doji savait où il voulait aller : Le Havre de Momoru. Elle n'y était pas allée très souvent. Elle préférait les endroits un peu moins fréquentés, cependant elle savait où c'était. Elle les y conduisit donc.

Le gérant se déplaça lui-même pour placer ce prestigieux, et curieux invité. La maison était très sympathique, mais c'était clairement un bordel et pas une maison de geisha. Le Doji n'y paraissait pas trop à sa place. Il s'installèrent tous les trois à une table et le Doji commença, malpoli :

"Alors? Qu'est ce qui vous plait à vous?" dit-il en regardant ses deux accompagnateurs. Il commanda de l'umeshu à une serveuse d'un petit geste et continua "Les hommes? Les femmes?"
Kei rougit jusqu'à la racine des cheveux. Elle aurait peut-être répondu en temps normal mais là... "Les deux peut-être? ... Vous n'aviez pas l'air si coincé toute à l'heure... Surtout vous d'ailleurs." dit-il en regardant la jeune femme.

[Vlad]

"Les femmes... Mais c'est compliqué, disons..." répondit Retsu laconiquement...

Il avait pris grand soin de répondre de façon détachée et sans regarder sa camarade.

Doji-sama n'avait pas besoin de connaître ses tourments sentimentaux...

[test de courtisan en opposition quoi !]

[Hida Koan]

Le Doji regarda le Hida, puis fit glisser son regard vers Kei.

- Les hommes, fit-elle, plus perturbée que Retsu.

- Et ?

- Et c'est tout, conclut-elle gênée.

- Bien... Je vous pensais plus hardie, Mademoiselle. Plus à l'aise... Plus débauchée.

Elle remua un peu, oscillant entre énervement en contrôle de soi. Elle ne put s'empêcher de regarder son camarade, une seconde seulement.

- Je ne suis pas si sûr que ça de m'être trompé, ajouta-t-il après réflexion.

- C'est compliqué disiez-vous Retsu-san. Ce ne doit pas être si compliqué que cela tout de même. Vous êtes plutôt bel homme. Et la cité regorge de filles faciles, je crois savoir, déclara-t-il innocemment.

[Vlad]

- En effet. Mais cela ne m'intéresse pas, Doji-sama... fit-il tout aussi peu loquace.

Leur protégé avait sans doute envie de jouer un peu et s'amuser à leur tirer leurs petits secrets. Mais Retsu n'avait pas envie de rentrer dans les détails... Pas devant Kei-chan.

- Ça ne vous intéresse pas ?? Voilà une réponse à laquelle je ne m'attendais pas de la part de quelqu'un vivant dans cette ville... fit remarquer le seigneur Doji avec un sourire.

[Hida Koan]

Kei prit mal les réflexions des deux hommes...

- Et alors c'est quoi pour vous une fille facile?

Elle regarda Kurohito et quasiment aussi longuement Retsu.

[Vlad]

Retsu pris une inspiration avant de répondre à la jeune femme. Il sentait le regard de Kei-chan peser sur lui. Et vu ce qu'il avait entraperçu de sa vie amoureuse, il convenait de ne pas répondre n'importe quoi.

- C'est une fille qui vit sa sexualité comme elle l'entends je dirais... Quand je dis que ça ne m'intéresse pas, c'est juste que je ne vois pas l'intérêt de coucher avec quelqu'un pour qui je ne ressent rien... expliqua-t-il.

[Hida Koan]

- Ah et donc ça c'est une fille facile? Une fille qui fait ce qu'elle veut c'est une fille facile?

Elle était d'un coup beaucoup moins timorée.

Le Doji se resservit un verre d'umeshu et regarda le petit spectacle qu'il avait lancé.

[Vlad]

- Je pense que c'est effectivement ce que les hommes entendent quand ils emploient le terme "fille facile"... Il est d'ailleurs amusant de constater qu'il n'y a pas de masculin à cette expression...

Il haussa les épaules.

- Je pense personnellement que chacun peut faire ce qu'il veut, qu'il soit homme ou femme. Mais je pense que notre société n'a pas la même vision des choses...