Je vais vite hein désolée mais c'est parce que les petits bouts qui concernent les autres, je les écris un peu avant... et puis surtout je me suis rendue compte qu'ils ne t'avaient parlé que de leur vie "pro" alors qu'ils ont sûrement envie de dire le reste (au moins Hirozaku avec ses enfants parfaits )
"Faudra nous raconter ça un jour" lança-t-elle poliment.
La jeune femme arrivait enfin à se détendre un peu, l'alcool devait commencer à faire effet. Finalement c'était agréable qu'il soit revenu, même s'il lui agitait sous le nez ses yeux tristes qui lui fendaient le cœur. Il avait vraiment du voir des horreurs sur le Mur. Elle l'avait écouté un peu distraitement, entendre sa voix lui suffisait pour l'instant. Elle l'avait aimé comme jamais.
"Avait ?" Elle fit taire sa conscience. Mais il avait aussi été son ami. Ce serait sûrement difficilement supportable de le voir plus souvent, horriblement compliqué de ne pas le toucher. Elle soupçonnait qu'en ce cas tout serait perdu... et qu'elle lui balancerait tout à la figure, ce qui serait un peu violent après dix ans de silence. Il se rendrait bien vite compte des travers qu'elle avait développé et supporterait encore moins de l'avoir aimé un jour. Et pis encore qu'elle ait porté son enfant, ne serait-ce que quelques semaines. Elle se dégoutait bien assez elle-même, pour arriver à imaginer à quel point, lui, pourrait la trouver immonde. Sans compter la faiblesse qui l'avait poussé à rompre avec lui de si sale manière, alors qu'elle aurait très bien pu s'élever contre sa mère, si elle avait été assez courageuse.
Mais il était quand même là. Ça ne redeviendrait sûrement jamais comme avant que ce soit leur amitié ou le reste mais elle finit par se rendre compte que ça faisait dix ans qu'elle n'attendait que son retour. Au moins pouvait-elle faire un effort pour qu'ils entretiennent un semblant de relation d'amitié normal.
Hirozaku coupa le fil de ses pensées et meubla le silence qui commençait à s'installer.
- Sinon je me suis marié figure-toi et j'ai deux enfants extraordinaires. Kenjiro apprend au Sunda Mizu Ryu et Kamihime est dans ma famille. Je t'inviterai à la maison sous peu, tu connaitras tout le monde, lança Hirozaku ravi.
Kamodo ronchonna un peu et avoua:
- Je préfère quant à moi me dédier complètement à mes fonctions. Un guerrier ne doit pas se laisser distraire... Mais la foi peut aider, je vais souvent au temple.
- Et bien moi, c'est tout nouveau mais les tractations ont l'air de bien se passer ! clama Shigueru, J'espère bien être marié d'ici la fin de l'année, une gentille et jolie fille, une Yasuki. Ses parents vendent des fleurs... Enfin de l'art... De l'ikebana quoi.
C'était étrange d'imaginer le grand bushi lié à une petite fleuriste, mais bon... Ce seraient les clients qui seraient surpris si, quand le grand âge viendrait, ils se retrouvaient face à une montagne de muscles en train de faire de l'ikebana avec ses grandes mains calleuses. Shigueru se tourna vers Kei, la mine réjouie. C'est celui que les exploits de la jeune gunso avait le moins dérangé de toute la bande. Il la voyait tellement comme un homme que le fait qu'elle multiplie les conquêtes ne lui posait strictement pas le moindre souci. Il aurait presque été fier d'elle, comme quand on se félicite, adolescent, de toutes les filles qu'on a réussi à trainer dans son lit. Il faut dire aussi que tout le monde connaissait les membres de la promo de l'Oni, et savait qu'ils étaient amis. Il ne traversait l'esprit de personne de persifler sur Kei quand Shigueru était dans les parages, on ne savait pas ce qui pouvait se passer. Une mandale perdue et on se faisait décrocher la machoire ou broyer le crâne à coups de marteau de guerre... Ca ne servait à rien de prendre autant de risques. Kei remua un peu, semblant mal à l'aise. La tournure de la conversation prenait un angle qui ne lui plaisait pas vraiment.
- Moi, rien.
Shigueru pouffa mais arrêta de suite, levant les mains en signe de rédition, sous le regard noir de la jeune femme.
- Si. J'ai deux neveux. Mes parents ont déménagé et mon frère... Enfin Utagawa, tu te rappelles? Il habite à la forge avec sa femme et ses deux fils. Je passe souvent les voir. Ils sont mignons.
Elle s'arrêta là, ça suffisait bien. Elle n'allait pas lui lister les noms de ceux avec qui elle avait eu une aventure. Elle n'en avait aucune envie.
Et tu n'aurais pas le temps, on ne couche pas là cette nuit se blessa-t-elle elle-même.
- Et toi? ajouta-t-elle un peu plus contrariée qu'elle n'aurait du.