Petite précision, beaucoup de termes utilisés par la Charte sont d'origine japonaise authentique et leur fonction est inspiré de la fonction historique. Certains viennent du Bakufu d'Edo, comme le
Reju, ou du Bakufu de Kamakura, tels que le
Samurai Dokoro ou le Monchugo, qui si je me souviens bien, était chargé de régler les conflits d'héritages liés aux droits des femmes d'un seigneur ou propriétaire terrien à hériter (au détriment du fils aîné...).
La Charte de Ieyasu
En provenance de l'antre de senseï Bonaf
Dans la campagne que je maitrise, un de mes joueurs, Alexandre Sombardier, incarne un bushi dénommé Mirumoto Ieyasu. Or ce samurai est un homme épris de changement, dont les conceptions politiques et sociales ont été façonnées par quelques rencontres marquantes et de longues années de cohabitation avec des moines. Pour lui l'organisation socio-politique de Rokugan repose sur des injustices que même l'Ordre Céleste ne justifie pas. Il a alors imaginé un nouvel ordre dans lequel notamment certains principes qu'a pu enseigner Shinsei sont appliqués.
Cette utopie, Ieyasu l'a couchée sur papier en une charte comprenant essentiellement 16 articles.
Certaines personnes ont critiqué la vraisemblance de cette charte, arguant qu'un Rokugani ne pourrait avoir de telles idées. Alexandre leur a fait une longue réponse à ce lien.
Voici le contenu essentiel de la charte :
Répartition des pouvoirs au sein de l'Empire :
Pouvoir Sacerdotal : L'Empereur à Otosan-Uchi.
[selon moi, l'Empereur devrait aussi avoir la fonction de ratification des lois & décrets, un droit de véto et même un droit de regard sur la composition du
Conseil des Anciens... C'est plutôt soft, par ce que pour rappel, le Régime Meiji historique était une dictature entre les mains de l'Empereur et d'une administration corrompue]
Pouvoir civil et militaire : Champion d'Emeraude dans sa nouvelle capitale.
Au service du champion d'émeraude :
-Mankodoro [le terme correct est "Mandokoro"] : Bureau des affaires administratives. Contrôles des finances, taxes, impôts, commerce.
[au passage, il faudrait inclure aussi les "Bugyo", les bureaux de chargés de mission, comme on pourrait traduire grossièrement]
-Samurai Dokoro : Etat major général. Gestion et commandement de l'Armée d'Emeraude, et éventuellement de l'armée Rokugani unifiée.
-Monchugo : Haute cour de justice. Juridiction d'appel. Arbitre les conflits entre les clans, et les sanctionne.
-Les Magistrats d'Emeraude (Metsuke) : Appliquent les décisions du Mankodoro et du Monchugo. Contrôlent et censurent les Daimyos de clans.
Pouvoir Local : Daimyos et Clans.
Affaires étrangères, successions impériales et nomination du Champion d'Emeraude : Reju (ou "conseil des Anciens").
Se compose de tous les Daimyos chefs des clans, de l'Empereur et du Champion d'Emeraude.
Réformes souhaitables pour l'harmonie de l'Empire :
Etablir l'égalité "juridique" et "sociale" entre tous les Heimins ( les marchands sont donc reconnus).
Création de l'académie d'Emeraude : centre de formation des nouveaux magistrats d'Emeraude, recrutés par le biais d'un concours d'histoire, lettres et droit. Méthodes d'enseignement empruntées aux magistrats Licornes et Kitsuki.
Affirmation du principe juridique : une vie de Heimin = une vie de Samurai.
Redéfinition du statut des Eta et autres Hinins, plus conforme aux enseignements de Shinsei.
Création des Ningen-Ryu ("écoles des hommes") [je propose de remplacer ce terme de Ningen-ryu par celui plus vraissembable de "Gakkou", école au sens moderne du terme]
visant à instruire le peuple : alphabétisation, préparation au Budo (facultative pour les filles).
Création d'une force armée impériale importante (de taille supérieure aux Légions d'Emeraude) d'élite aux ordres du Champion d'Emeraude : l'Armée d'Emeraude, afin de régler les conflits entre clans lorsque le litige n'a pas été réglé par le Monchugo, ou afin de faire appliquer (en dernier recours) les décisions du Mankodoro ou du Monchugo.
Envoi de missions diplomatiques chez les Gaijins.
Contrôle des activités de chaque clan par des magistrats d'Emeraude au statut renforcé.
Rédaction d'Edits réglementant l'économie (de façon souple et indicative) par le Mankodoro.
En cas d'aggression extérieure, union des forces armées de tous les clans et de l'armée d'Emeraude sous la bannière du champion d'Emeraude (nommé alors le Shogun généralissime) avec pour état major le Samurai Dokoro.
Favoriser l'essor des échanges marchands.
Création d'une flotte marchande.
Abolir les distinctions de considération entre clans mineurs et majeurs.
Réautoriser l'emploi des armes à feu.
Création d'une
capitale administrative autour du chateau du Champion d'Emeraude.
Codification du Bushido selon les valeurs suivantes :
Loyauté d'abord envers l'Empereur ensuite vers son clan.
Respect de la vie humaine (Shintao).
Maitrise de soi.Refus des futilités.
Mépris de la mort.
Recherche de l'harmonie avec le monde.
Respect des lois.
Courtoisie.
Discipline.
Courage.
Afin de soutenir la mise en place de ses projets :
Création d'une ligue ou parti de la Restauration Lumineuse (
Meiji Ishinto), affirmant les valeurs du Ningen-Do (la voie de l'homme, philosophie sous-tendant toutes ses réformes, dérivée du Shintao), regroupant Bushis (et même Ronins), Heimins, Hinins, Shugenjas et moines.
Cette ligue pourrait être financée par quelques riches marchands, "protégée" par des clans mineurs et pourrait bénéficier de sa milice avec ses cadres Bushis. Enfin, la ligue pourrait se lier à la création de sectes monastiques populistes et proches de ses vues, ou faire ami avec quelques individus qui n'apprécient guère l'organisation du Rokugan actuel.
Voilà, la charte se termine sur ces mots. C'est assez particulier n'est-ce-pas ? Il semblerait que Ieyasu aie fait preuve d'une grande imprudence en couchant ses vues sur le papier...
Au passage, je précise que je ne suis pas d'accord avec certains points, tels que l'exclusion totale de l'Empereur des affaires d'état (dans la charte originale il n'y a rien pour lui mis à part le sacerdoce et la loyauté théorique du peuple) ou encore l'affirmation du principe juridique : vie d'un heimin = vie d'un buke. Pour la simple et bonne raison que les buke sont en général plus accomplis que les heimin, en tant qu'humain, en tant qu'artistes martiaux et en tant que lettré. Jamais les mouvements révolutionnaires ne sont débutés par des simples d'esprits et de pauvres gens, mais par des élites sociales et des penseurs. Dans l'absolu, même la noblesse française à de son propre chef renoncé aux privilèges. Mais au final, les privilèges sont ré-apparus sous une autre forme, peut être même plus injuste et plus perfide encore que la précédente, par ce qu'elle se base non-pas sur le caractère héréditaire de qualités et de traits nobles mais sur des avantages sociaux ou économiques.
Ce que je veux dire, ce n'est pas que la contribution sociale des heimin doit être méprisée, ou que les bushi doivent avoir le droit de tuer les roturiers sur un coup de tête, mais que le contre-pouvoir au sein de la caste buke suffit (si un bushi fait le mal, un autre bushi peut l'arrêter... ou alors, le roturier se défend en devenant un meilleur être humain, plus intelligent plus courageux, etc) par ce que c'est comme ça que naissent les héros, par ce que c'est une partie intégrante de la voie de la nature, et par ce qu'il n'y a pas de
Noblesse Oblige en démocratie, alors que dans le Bushidô, si.