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par Kakita Inigin » 12 nov. 2010, 20:04
Saionji contemplait son thé. Il était vert clair ; la tasse blanche lui conférait une couleur intense, comme de l'herbe humide au matin.
- Si la terre a été transformée en marécage, les écrits des anciens nous enseignent qu'il faut draîner : creuser des tranchées, étayer avec des palissades de jonc tressé, puis faire converger les écoulements vers un canal. Si lecanal est large et le cours puissant, le relier à des fleuves et le rendre navigable ; s'il est petit, prévoir un entretien annuel. Dans tous les cas, il faut donner le terrain à surveiller par un samurai déterminé, afin qu'il en fasse une terre arable.
Dans une situation comparable survenue dans la province de Kosaten Shiro, où le fleuve ensevellissait fréquemment les rizières dans sa fureur, le seigneur des lieux institua que le combat contre l'inondation était le premier devoir de ses vassaux. Lutter contre les inondations est un travail harassant : si l'eau monte trop haut, la pression fait entrer l'eau dans le sol de force, passant sous les digues les mieux construites et la faisant à terme éclater. Les samurai du lieu, disent les rapports de cette époque, ont coutume d'observer que peu avant la rupture des digues, des geysers d'eau et de boue émergent sur la partie sèche. Il faut alors des hommes décidés, prompts à tirer le sabre, pour forcer les paysans à travailler à la digue alors même que parfois ils meurent de faim.
Face à cette érosion que vous me décrivez, il faut des hommes emplis de fureur et de loyauté, des hommes aussi honorables que possible, et décidés à ne pas faire honte à leurs ancêtres en laissant l'eau s'infiltrer. Des hommes prêts à pourfendre de leur sabre les paysans qui rechigneraient à la tâche. Connaissez-vous un tel homme ?