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par Shiba Irotori » 11 déc. 2009, 07:41
J'ai tappé une review hier, pour le plaisir, donc je vais vous infliger ça:
Le 18e et tout dernier tome de l’excellente saga EDEN de Hiroki Endo est paru il y a 3 mois. Une bonne occasion pour moi de revenir sur ce manga, et de vous le faire découvrir. ^^ Je ne parlerais donc pas ici du tome final, car pour moi, la fin est rarement le plus intéressant dans une histoire.
Eden est un Seinen (donc bd adulte) post-apo très riche et très complexe, avec de multiples couches narratives. La phrase d’accroche étant « it’s an endless world », l’auteur traite de la fin du monde comme une continuité, une suite d’évènements tragiques et fatidiques, comme une lente agonie et non comme un phénomène ponctuel et cataclysmique. On ne peut s’empêcher de penser à du Akira, pour la structure de l’histoire, du Gunnm pour la technicité des combats et du Mamoru Oshii pour la technologie cyber. Certains passages m’ont carrément donné la sensation de revivre des scénarios ShadowRun. La narration emprunte des éléments du style réaliste, à savoir des cases rectangulaires, personnages proportionnés, souvent de face / profil, parfois abondance du texte.
Le plot : on suit d’abord l’histoire d’Enoa et de Mana, deux adolescents immunisées au Closer Virus, un virus qui calcifie les gens, et les rendent cassants comme de la porcelaine. Exilé sur une île (une parodie du Jardin d’Eden), le couple attend que les choses se tassent. Lorsque le monde réel reprend contact avec eux, les humains ont survécu au virus (entre autres grâce aux implants et prothèses cyber), les mentalités se sont extrémisé, et des organisations d’ordre mondial s’affrontent.
Ça, c’est le premier tome. On pourrait se contenter de ça, comme d’un one shot, mais on fait un saut dans le temps, Enoa est devenu un baron de la drogue, et lutte contre la suprématie du Propater, organisation militariste et religieuse extrémiste. L’histoire se reporte sur Elia, (le vrai personnage central de l’histoire), le fils d’Enoa et Hana, recherché de tous, car il représente un enjeu politique. Il est alors pris en otage par un groupe de mercenaires dont on ne connaît pas l’affiliation. Il est contraint à traverser la cordillère des Andes.
Au fur et à mesure de l’intrigue, de nouveaux personnages viennent se greffer, d’autres prennent de l’ampleur (il arrive qu’un tome soit consacré au passé d’un personnage, tout en continuant l’histoire au présent, à la manière d’un Lost), puis on se centre sur d’autres personnages à l’autre bout du globe ; Les personnages sont indiens, japonais, américains, mexicains, noirs, exécutent des métiers variés (médecins, militaires, hackers, guerrieros, trafiquants, prostituées, …) bref les points de vue ne manquent pas, et tout cela ajoute au chaos ambiant. Les flashbacks sont généralement un prétexte pour parler de sujets sérieux, comme la guerre en Afrique, les épidémies, la torture, le trafic etc …
Comme souvent chez les japonais, la violence y est traitée de manière assez cash, faut bien admettre que c’est gore, sans pour autant tomber dans une forme de perversité (ce qui est plutôt un tour de force). Les ennemis sont généralement des sadiques psychotiques, quand ils ne sont pas des sujets d’expériences sans âme, et ce n’est que grâce à la tactique que les héros s’en sortent. J’attire l’attention sur Kenji, un antihéros très proche de Serval dans sa mentalité, le côté sociopathe en plus. Traumatisé et émotionnellement inapte, il est par contre « ultra-doué » pour tuer, ce qui sauve les héros de bon nombre de situations. Ça en fait un personnage intéressant, mais loin d’être le plus attendrissant. ^^
On pourrait se contenter de ça s’il n’y avait pas en plus des dialogues de tout type: religion, philo, misère, guerre, géopolitique, terrorisme. Tout est assumé, traité avec sérieux, dépeint de manière réaliste, voire cynique. Des décors où la nature a repris ses droits côtoient une technologie grouillante. De temps en temps, une scène de fesse vient alléger la sauce, comme pour dire qu’après tout, lorsque la fin du monde est proche, l’une des solutions reste encore une forme d’évasion à court terme. C’est, là aussi cash, sans faire dans le hentai grossier. Adulte, somme toute.
A ceux qui n’aiment pas trop les univers chargés et les séries à rallonges, je conseillerais malgré tout les Short Stories du même auteur, un recueil de nouvelles comme leur nom l’indique, 2 tomes parus. Tout aussi mature, sans pudeur.
Voilà, j’ai essayé de rester un poil objectif, tout en vous mettant l’eau à la bouche. Je pourrais en faire des pages, mais c’est pas le bon plan ^^. Je suis curieux car je trouve plein de qualités à ce manga, mais jusqu’ici, j’ai trouvé assez peu de fans. Je me demandais s’il y en avait dans la communauté de la Voix.