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par Hida Koan » 25 sept. 2014, 14:53
Je suis arrivée "Aux Mains habiles" un peu paniquée. Turakamu m'a accompagnée. Il a dit qu'il était content pour moi mais qu'on ne savait jamais. Elle va venir aujourd'hui. Et je vais savoir qui je suis. J'ai passé le petit auvent de la boutique avec apréhension. Le vendeur s'est jeté sur moi "Nous vous avons fait une sélection exceptionnelle Shosuro Kitoku-sama ! Exceptionnelle!". Il sautille dans tous les sens et ça m'agace. Magda n'est pas là. Turakamu voit mon agitation et fait un signe de la main au vendeur. Il montre une petite bourse à ce dernier. Il saura ainsi ce que je compte dépenser. Des jeunes filles me font assoir sur un petit tabouret et elles défilent tenant en mains de somptueux kimonos. Je n'y connais rien. Je les regarde à peine, j'attends Magda. Turakamu me pousse discrètement du coude pour que je choisisse. "Celui-là... Et je prends celui d'avant aussi" dis-je, laconique. Elle veulent absolument m'en faire essayer au moins un. Il est orangé, et marron, avec des rossignols et des feuilles d'érable. Celui là ou un autre, quelle importance en vrai ? Toutes, elles me poussent vers l'arrière de la boutique et s'affairent à me déshabiller.
J'entends le vendeur qui parle. Le livreur de masque à dû arriver. C'est la voix de Turakamu que je perçois maintenant. Il doit être en train de payer. Il s'approche avec le paquet. Les demoiselles crient et le repoussent en lui arrachant le paquet des mains. C'est bête, il m'a vue nue une paire de fois déjà. Elles finissent de me passer le kimono. Il me va bien. Je le sens tomber sur moi, je sais qu'elles en mentent pas. Il a l'air pratique. J'ai demandé que chacun le soit. "Je vais le prendre, je vous l'avais dit. Et le vert aussi." L'une d'elle me tend le masque, encore enveloppé dans du papier de soie. Je déchire l'emballage. Il est très beau ce masque, je l'aime bien. Je le passe, et cache les attaches dans mes cheveux. Je m'avance dans le magasin et en fait le tour du regard. Elle n'est toujours pas là. Turakamu siffle, malpoli. Le vendeur lui fait de gros yeux.
Un cri retentit. Plusieurs juste après. Je me précipite dehors. Des femmes hurlent, tout le monde s'écarte du centre de la rue. Elle est arrivée maintenant... Elle baigne dans son sang. Une tache rouge carmin, s'étend autour de son corps, depuis son poitrail ouvert. Je cours, vite, plus vite que tous ceux qui veulent s'approcher. Je tombe à genoux à côté d'elle et pose sa tête sur mes cuisses. "Petite fleur..." me dit-elle dans un souffle. Ma gorge se sert. Je manque d'air. Je secoue la tête. Mes yeux s'emplissent de larmes. "Ils vont ... te tuer" dit-elle avec effort, des bulles de sang aux coins des lèvres. "Je t'aime." Elle va mourir. Je vois la vie qui s'en va. Petites pulsations de liquide sur le sol sec. "Va voir ton frère... Il te protègera..." Aucun mot ne passera ma bouche. Je touche ses cheveux blonds, son front luisant de sueur. J'essaie d'absorber son angoisse. "Je t'aime" répète-t-elle. Ses yeux papillonnent. Elle va partir. "Va le voir...." Elle tousse, crache, s'étrangle et devient rouge. "Va voir Jot..." Sa tête s'affaisse sur le côté. Derrière mon masque, mon visage est inondé de larmes.
Je me suis levée, souillée de sang. Les yeux noirs et glacés. Tous se sont reculés. Tous sauf un. Avec sa lame. La lame qui l'avait tuée, elle. Je me suis approchée. Il a reculé. Je me suis approchée encore. Il a hurlé "C'était une gaijin. J'avais des ordres." J'ai continué d'avancer. Il m'a chargé, sabre au clair, devant tous ces témoins, il m'a attaqué, moi, désarmée. J'ai fait un pas de côté, ai frappé sa main. Il a lâché son katana. Je lui ai brisé la nuque. Ils ont tous chuchoté "... si vite... Shosuro...légitime défense... bien fait... qui?... Otado." J'ai entendu tout ça. La Garde aussi je l'ai entendu, alors je suis tombée sur les genoux et j'ai levé les mains. Ils m'ont emmenés. Turakamu a pleuré, je l'ai vu de loin. Mes larmes ont séché maintenant et j'attends. De mourir. Ou de sortir d'ici. La geôle est petite. Trop petite pour toutes mes questions.
Si je sors je vous trouverai tous les deux. Mon frère. Mon père.
Et toi Otado, je te trouverai aussi.
Flood Thunder - Koan jin'rai
Mille ans pour régner
L'éternité pour briller
Ma vie pour servir