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par Seppun Kurohito » 22 févr. 2005, 01:37
Dans les ondulations lascives de la flûte, Shosuro Kaede se redressa lentement, s'ouvrant comme une fleur s'épanouissant à la lumière de l'astre solaire.
D'abord les mains, puis les bras, placés en position complexe et sans symétrie, enfin le torse.
Avec la mélodie du koto et du samisen, la jeune courtisane se leva finalement, avec une grâce suggestive et étudiée.
Puis, deux larges éventails de papier s'ouvrirent dans ses mains, deux scorpions redressés, un noir, un rouge.
Avec fluidité, Kaede effectuait une danse aux mouvements larges, mais avec des pas peu nombreux, de faible amplitude.
Telle une colombe aux ailes déployées, elle effectua une de ces danses magiques, empreinte d'une fausse pudeur qui ne faisait que souligner sa sensualité cachée, que les femmes les mieux éduquées des quartiers réservés offraient à leur respectable clientèle, dans la nuit envoûtante.
Un véritable enchantement des sens...
A chaque figure, la jeune fille laissait tournoyer d'une main experte les éventails et croisait un bref instant le regard d'un spectateur ensorcelé.
Il n'y avait dans son attitude aucune humilité, seulement une franche assurance, l'ardeur d'une promesse non formulée, livrée à l'imaginaire de chacun.
Lorsque la musique s'éteignit, Kaede referma les éventails avec un bruit sec, avant de faire un salut bas et respectueux à l'assemblée, restant ainsi, dans une position alanguie, pendant quelques secondes.
Puis, alors que des murmures saluaient avec enthousiasme sa prestation, elle revint se placer sur le côté de la pièce, non loin de la concubine impériale...
De nombreux regards furent lancés aux juges, mais ni Asahina Miko, ni Kakita Morihime ne firent de commentaires. Doji Yasuyo et Bayushi Ryumi échangèrent quelques mots discrets, alors que les artistes suivants s'installaient.
Au centre de la pièce, Doji Michiko prit une position debout, portant de longs rubans azur à chaque bras. Deux jeunes Kakita vinrent se placer derrière elle, avec des rubans blancs et cendrés aux poignets.
Là, dans cette pose altière et délicate, il sembla un instant que Benten était venu visiter le monde des mortels en compagnie de dévouées servantes...