Bonne idée, ça.
Reste à voir quelles contraintes fixer pour rester dans la logique "concours" et pas "proposez ce qui vous plait".
Après, si je peux me permettre de revenir sur certains points abordés, vu que j'ai été ces dernières années membre de la Voix, lauréat d'un concours et jury de l'édition actuelle, plusieurs choses :
- une proportion non négligeable de participants ne sont pas des "bêtes à concours", ce me semble.
- ça n'était pas mon cas pour le concours où j'ai été lauréat d'ailleurs (incidemment, c'était mon premier concours).
- écrire, c'est une chose. Ecrire bien aux yeux d'un public potentiellement favorable, déjà une deuxième. Ecrire dans la perspective d'être jugé de manière anonyme et en compétition avec d'autres écrits, une troisième. Il y a des gens qui écrivent très bien, mais dont le travail peut ne pas plaire. Et on peut très bien plaire une fois, pas la suivante. Ce genre de choses...
- il y a, à mon sens, trois types de choses qui font tomber une note lorsqu'on est un jury : les divergences de goûts avec l'auteur (la part la plus subjective et celle qu'il faut à la fois - en tant qu'auteur - considérer avec attention et en même temps un certain recul. En tant que jury aussi, d'ailleurs, mais les jury passent, l'auteur reste avec son travail..), les photeuh d'aurtograpphe ou les phrases sans tête ni queue et enfin, les défauts de construction logique et contresens (je dis un truc, trois pages plus loin le contraire, ou j'amorce une piste, je la laisse sans le vide, voire je me prends les pieds dans le système de règles). On pourrait ajouter les effets de style à la noix, mais c'est plutôt pour les concours de nouvelles que de scénarios (encore que... enfin, bref).
Les points 2 et 3 sont souvent récurrents quand on considère les écrits d'une autre personne. C'est le cas aussi bien dans un concours qu'un partiel, une thèse, un document de présentation à ses boss, bref, à peu près tout ce qu'on peut imaginer. C'est ce qui plombe le plus une note : soit on a l'impression que l'auteur ne sait pas de quoi il parle, soit qu'il ne sait pas comment le dire d'une manière lisible. Ca n'est pas le choix, la thématique, le parti-pris de l'auteur qui mobilise le plus l'attention du jury mais ces aspects là, qui tirent son ressenti vers le bas.
Ca n'a rien à voir avec les gens que j'ai pu lire cette année spécifiquement, mais c'est une constante qu'on peut trouver dés qu'il s'agit d'évaluer les écrits d'autrui.
Par ailleurs, je rejoins Ding On : un scénario de jdr, c'est pas si évident que ça à écrire et encore moins à écrire de manière intéressante et convaincante pour le lecteur. J'ai quelques dizaines d'années de lecture de scénarios amateurs, en magazine ou en suppléments pour m'en convaincre et dans ce domaine, la critique est aisée, mais j'attends toujours (et j'attendrais sans doute en vain) de tomber sur un auteur de scénarios qui soit très largement reconnu non pas sur une ou deux oeuvres mais sur des années de boulot. Lorsqu'on aura trouvé ce genre de space marine du jdr, on pourra s'envoyer dans la figure des amabilités diverses et s'entretuer comme d'autres le font en parlant de novellistes ou de romanciers. C'est un exercice risqué, mais il l'est aussi bien pour un néophyte que pour un "vétéran", simplement, les obstacles ne sont pas les mêmes : le néophyte manque souvent d'organisation et de méthode, le vétéran veut éviter de faire des resucées qui ne lui parlent qu'à moitié
(en simplifiant, c'est juste pour démythifier un peu le grand écart entre ces deux catégories de gens en fait).
Maintenant, franchement, écrire du jdr, c'est méritoire comme exercice et encore plus quand on s'essaie à un concours. On parle pas de participer à un concours de nouvelles par exemple (ou on a encore plein de mauvaises surprises alors qu'il existe des dizaines, des centaines, de blogs ou de forums sur lesquels on t'explique en long et en large les trucs à ne PAS faire, déjà...). On écrit pas dix pages d'aide de jeu comme on écrit dix pages de scénar, ou une nouvelle de dix pages. Ca n'est pas "plus difficile" mais ça demande bien plus de méthode que de style et surtout, ça ne fait pas appel aux mêmes compétences.
Tout ça pour dire quoi ?
Qu'un concours, c'est l'occasion d'apprendre et de se poser LA bonne question : si je veux continuer, que puis-je tirer comme enseignement de ce qui s'est passé ?(et on a des leçons à apprendre même quand on est lauréat, je suis bien placé pour le dire...).
Ca n'engage que moi, mais je suis convaincu que si on s'efforce de travailler sur les points 2 et surtout 3 que j'évoquais plus haut, on va déjà dans la bonne direction. A la fois pour un prochain concours, ou pour travailler dans son coin, ou même, plus largement, pour tout ce qui relève de la communication écrite. Bref, ça n'est pas du luxe, au contraire, c'est précieux et on ne cesse jamais, vraiment jamais, de revenir à cela.
Aucun des scénarios que j'ai lu dans ce concours ne m'a "déplu". Certains choix m'ont parlé plus que d'autres, mais aucun n'a été un "mauvais" choix, et c'est déjà une excellente chose. Après, la MANIERE dont les idées ont été mises en forme, les impasses logiques à certains endroits, les contresens, donc, non pas vos IDEES mais votre METHODE, c'est là où on a vu les plus grands écarts. Les consignes qu'on a reçu comme jury étaient claires : fournir des suggestions et des recommandations. Je pense que vous avez de quoi lire, à ce niveau là, on en a tous mis des tartines
Et si on a pris la peine de le faire et de ne pas bacler le boulot, c'est je pense parce qu'on a apprécié la balade que vous nous avez offert, aussi. On est comme vous, les gars et les filles, on fait ça sur notre temps libre et nos retours reflètent nos impressions. On ne vous a pas dit des choses "désagréables" mais on vous a dit ce qui nous a semblé utile. Même si au final, oui, il a fallu que cela se retranscrive sous forme de notes, et donc, que certains s'en tirent mieux que d'autres.
Mais vous remarquerez qu'aucun n'a eu une note qui laisse tout le monde très loin derrière lui. A mon sens, ça veut simplement dire - comme je l'évoquais précédemment - que c'est un art difficile et qu'il est méritoire de s'y essayer. Parce qu'il n'y a pas "les élus" et puis les autres... clairement
Il y a des gens qui font de leur mieux. Et qui n'ont pas tous les mêmes enseignements à tirer de leur travail. Mais aucun d'entre vous n'a de quoi avoir honte ou se sentir déçu, à mon sens.