Hida Kekkai a écrit :
tu es trop réducteur dans ta définition de la sincérité, cette compétence n'a rien à voir avec le mensonge mais dans le fait que ton acte soit garant de ta pensée : c'est dire à quelqu'un qui vient de perdre un parent proche "je compatis à votre peine" avec juste ce qu'il faut de tristesse sur le visage pour que la personne sache que vous le pensez, c'est dire "je t'aime" en faisant passer une émotion, c'est dire "je suis désolé, je n'avais pas mesuré ma force, je devrais prendre garde à ne pas porter des coups aussi brusques pendant l'entrainement Kakita-san" à une tapette de la Grue sans que celui-çi puisse penser que vous vous foutez de sa sale gueule de tafiole, c'est dire "je suis honoré de faire votre connaissance Shosuro-sama" sans regarder le decolleté de la demoiselle et ne pas laisser voir qu'on ferait bien encore plus intiment sa connaissance.
Sincérité est la compétence nécessaire à une personne qui évolue dans une société asiatique où les rapports humains sont extrêmement codifiés.
Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis mais si on se place dans l'optique du bushido où un bushi ne dit que ce qu'il pense, les condoléances sont sincères, les excuses à la tafiolle aussi. Dans la mesure où le bushi est honorable, il n'y a pas lieu d'en douter et si lui n'était pas sincère dans son propos, il ne dirait rien. Quant à ce qui est d'avoir le regard dévié vers le décolleté, c'est une conséquence des lois de la gravité
et n'empèche nullement d'être honoré de rencontre la jeune personne. Par contre, il conviendra de renforcer les muscles optiques.
A la rigueur, un bushi ne devrait utiliser sincérité que lorsqu'il parle au nom de quelqu'un d'autre (de son daimyo par exemple) dans la mesure où ce qu'il dit ne sera pas forcément ce qu'il pense.
Sinon après avoir perdu le fils de ma pensée hier pour cause d'obligations professionnelles et de manœuvres Grue, je suis allé méditer « Commandement » d’Akodo et voici ce qui est dit de l’honneur (je cite en anglais car j’ai pas d’édition française sous la main) :
Honor (Meyo)
A true samourai has only one judge of his honor, and that is himself. Decisions you make and how those decisions are carried out are a reflection of who you truly are. You cannot hide from yourself.
Je vais juste traduire rapidement ces 3 petites phrases au cas où :
« Un véritable samourai n’a qu’un juge quant à son honneur, lui-même. Les décisions que l’on prend et la façon dont on les réalise sont une réflexion de qui nous sommes vraiment. On ne peut pas se cacher de soi-même. »
Il y est clairement indiqué que les décisions prises, et donc les raisons qui ont conduit à prendre ces décisions, sont mises sur un pieds d’égalité avec l’acte concret lui-même. Donc on ne peut dire que seul l’acte compte. Pour les spectateurs, seul celui-ci comptera et l’on en recevra donc plus ou moins de Gloire. Mais pour ce qui est de l’Honneur, c’est l’individu lui-même qui est son propre juge et sera donc le seul à savoir si son acte était vraiment honorable. On voit donc que, en théorie, ce n’est pas le MJ qui devrait dire aux joueurs s’ils gagnent ou perde de l’Honneur, mais les joueurs eux-mêmes qui devraient se récompenser ou se punir en toute objectivité. (Si les joueurs ne sont pas honnêtes, c'est encore un autre problème.)
Exemple avec un cas classique de JF en détresse :
- Samourai A : « Diantre, un appel au secours ! j’y vais. » Acte désintéressé accompli sans hésitation, il gagne de l’Honneur.
- Samourai B : « Damned, un appel au secours ! Hmm, ça a l’air dangereux, je devrais peut-être attendre les renforts....Non non, je suis un samourai, aider les faibles fait parti de mes devoirs. » Il tergiverse pas très honorablement mais passe à l’acte quand même au nom d’un idéal, il gagne un tout petit peu d’Honneur ou du moins n’en perd pas suite à son premier réflexe de couard. Après tout, il n’est qu’un homme avec des qualités et des faiblesses.
- Samourai C : « Qui ose me réveiller avec ses appels au secours ? Pff, encore un ronin éméché qui fait des siennes....Hmm, pas mal la petite... Il a pas l’air bien costaud l’autre idiot ... et elle devrait pas me refuser 100 balles et un mars si je la sors de là.» Acte complétement intéressé au mépris total des valeurs du bushido, perte d’Honneur.
Ceux assistant à la scène ne verront qu’un samourai allant au secours de la JF et le gain de Gloire sera identique dans les trois cas.
A cette citation, la 4e édition explicite un peu plus clairement le concept d’honneur (en tout cas bien plus que dans les 1ère et 3ème éditions, ce qui n’est pas dur). Je ne cite que le premier paragraphe car le second concerne surtout la position des Scorpion sur cette vertu (résumé : On lui pisse à la raie ! C’est juste bon à servir d’excuse aux traitres !).
Both the subtlest and the most basic of the virtues, Honor teaches that every samourai stands in judgment over himself at all time. Bushido is not merely enforced by social convention or superior authority, but by each samourai’s own heart and soul. A samourai without Honor cannot truly follow the other virtues of Bushido, for he is merely acting as others expect, not as his own sense of honor demands. Conversely, a samourai with true Honor will follow the way of Bushido even when the society around him becomes corrupt and his superiors expect him to behave dishonorably solely because they command it.
Traduction maison : “A la fois la plus subtile et la plus basique des vertus, l’Honneur enseigne que tout samourai est constamment soumis à son propre jugement. Bushido n’est pas tant imposé par des conventions sociales ou une autorités supérieure mais, par les propres coeur et âme de chaque samourai. Un samourai sans Honneur ne peut pas vraiment adhérer aux autres vertus du Bushido car il ne fait qu’agir en concordance avec ce que les autres attendent de lui, et non comme son propre sens de l’honneur l’exige. Réciproquement, un samourai avec un Honneur véritable suivra la voie du Bushido même quand la société autour de lui devient corrompue et que ses supérieurs attendront de lui qu’il agisse déshonorablement juste parce qu’il l’exige de lui. »
Et là, je crois que ça clarifie bien la situation. Un individu qui agit déshonorablement en ayant conscience de ne pas respecter le bushido est plus honorable que celui qui ne fait que se conformer aux normes de la société.
Enfin, la caractéristique Honneur, dont le sens n’a pas vraiment changé d’édition en édition, n’est toujours que l’opinion chiffrée d’un personnage sur lui-même et son adhésion aux principes du bushido (que l'on pourrait étendre à la voie qu’il suit, sinon tous les moines ont 0, par exemple.)
"Quand il n'est plus temps de combattre, il est temps encore de se venger et de mourir."