Modérateurs : Magistrats de Jade, Historiens de la Shinri
SUPERMAN RETURNS
USA – 2006 – 154 minutes
Réalisé par Bryan Singer
Producteur : Warner Bros
Scénario : Michael Dougherty, Dan Harris, Bryan Singer
Photo : Newton Thomas Sigel
Musique : John Ottman (theme original de John Williams)
Avec : Brandon Routh, Kate Bosworth, Kevin Spacey, James Marsden
Critique du film par Rom1, le 15 / 07 / 2006
L’univers des comics DC est un inépuisable vivier de personnages à porter sur grand écran, auxquels la Warner décide enfin de s’intéresser à nouveau après quelques années de vaches maigres (dues sans aucun doute au double foirage de Joel Schumacher avec la franchise Batman). Après le relaunch du Dark Knight l’année dernière par Nolan et Goyer, et en attendant les prochains Wonder Woman de Whedon (yeah !) et Flash de Goyer (d’oh !), c’est au tour de Superman de revenir sur le devant de la scène après plus d’une décennie d’un development hell semblant ne jamais pouvoir trouver d’issue.
C’est finalement entre les mains de Bryan Singer que l’Homme d’Acier retrouve une nouvelle jeunesse, choix légitimé aux yeux des producteurs par les succès des deux premiers X-Men. Pas tout à fait une remise à zéro comme l’était Batman Begins, ce Superman Returns prend les allures d’une suite presque directe des deux premiers Superman de Donner / Lester, Singer voulant montrer par là sa déférence aux classiques qui ont forgé l’image moderne du héros à la cape rouge au cinéma.
Ne faisons pas durer le suspens : le résultat est mitigé.
Alors que durant tout le film, on sent clairement les bonnes intentions et la sincérité du projet, l’exécution pèche à la fois dans le script et dans la réalisation.
Ici, le reproche qui était parfois fait à Singer sur ses deux opus des X-Men (à savoir : oublier qu’il filme des super-héros bardés de pouvoirs spectaculaires, ne se préoccuper que des enjeux humains au détriment de la démesure attendue) peut être renouvelé et clairement amplifié. Superman le héros (peu icônisé comme il le mérite) intéresse peu le réalisateur et n’est pas au centre du scénario ; en lieu et place c’est à Superman l’être humain (et paradoxalement même pas Clark Kent) que la part du lion est donnée. Qu’on en juge : après cinq ans d’absence, Superman revient sur Terre et tente d’y retrouver sa place, à la fois comme héros (ce qu’il fera en une seule scène, celle – fort spectaculaire au demeurant – du sauvetage de l’avion) et dans le cœur de la femme qu’il aime et qui a refait sa vie avec un autre. Et c’est clairement ce côté soap, certes inhérent aux histoires de super-héros mais généralement équilibré par des exploits hauts en couleur, qui est privilégié par le film. Cette note d’intention nous est d’ailleurs dévoilée en une séquence : le fameux plan où Clark Kent devient Superman en ouvrant sa chemise, dévoilant le symbole de l’Homme d’Acier sur sa poitrine, est ici traité – volontairement ? – par-dessus la jambe. Alors même que les scènes romantiques bénéficient d’un soin particulier – à ce titre, la séance du vol avec Loïs est des plus réussies – le contexte super-héroïque passe quasiment à la trappe durant les deux tiers de la durée du film (à peine voit-on Superman s’occuper de quelques problèmes de façon indirecte, à la télé).
Quand enfin Singer doit revenir à ce qui fait l’essence même de Superman – un demi-dieu protecteur parmi les hommes – on sent bien qu’il le fait à contre-cœur. Le plan de Lex Luthor, dans sa démesure typique d’un comics, est malheureusement plombé par un manque d’enjeu total – jamais il ne nous est montré à quel point la folie du génie criminel met le monde en danger. L’émergence de son île de kryptonite ne s’accompagne de guère plus qu’une panne de courant et quelques plaques d’égouts enflammées à Métropolis – des détails que Superman règle en une poignée de scènes sans aucun potentiel dramatique. Et ce qui devrait être le climax du film, une scène sur le papier fabuleusement grandiose (Superman arrache l’île artificielle et la soulève jusque dans l’espace pour s’en débarrasser, mettant sa vie en danger au contact massif de la kryptonite), ne parvient jamais hélas à impliquer le spectateur car le travail en amont qui aurait pu rendre cette séquence inoubliable est totalement bâclé.
Pourtant, à côté de cela, Superman Returns regorge de très bonnes idées que l’on regrette de ne pas voir mieux traitées pour la plupart.
Ainsi l’idée de donner un fils à Superman est assez osée, et l’enfant n’est jamais le boulet que l’on pourrait craindre mais trouve parfaitement sa place dans le film. Dans le même ordre d’idée, avoir fait du rival en amour de Superman un reflet humain du Kryptonien est particulièrement bien pensé : Richard White est un homme bon, fidèle, courageux et sachant lui aussi voler. Il y a ainsi mise en parallèle des deux hommes tournant autour de Loïs Lane : l’un est le père de son enfant, l’autre l’a élevé pendant cinq ans, l’un est parti, l’autre est resté présent, et enfin l’un comme l’autre sont prêts à donner leur vie pour la femme qu’ils aiment. Cette symétrie renvoie directement Superman à son erreur, ne lui autorisant ainsi aucune excuse par rapport à sa décision d’abandonner la Terre – et Loïs.
L’hospitalisation de Superman, idée particulièrement casse-gueule, est pourtant parfaitement traitée et fait écho à la nature même du héros : un sauveur qui se donne en entier à l’humanité, laquelle ne peut hélas rien pour lui malgré son désir de l’aider par gratitude. Superman reste un dieu inaccessible que les humains ne peuvent appréhender.
Le casting s’en sort également plutôt bien. Alors que tous craignaient que Brandon Routh n’ait pas l’étoffe d’un Superman crédible, il campe l’Homme d’Acier avec une assurance certaine et dégage le charisme suffisant – particulièrement lors des trop rares scènes ou Singer se décide enfin à le filmer comme un super-héros (lorsqu’il se régénère au soleil, lorsqu’il soulève l’île de Luthor dans l’espace, lorsqu’il tombe sur Terre tel un dieu mourrant). Kevin Spacey interprète un Lex Luthor moins cabotin qu’on aurait pu le craindre et est parfaitement à l’aise dans ce rôle (hélas assez mal écrit : le super-héros n’intéressant pas Singer, sa Némésis ne le passionne guère plus). Kate Bosworth est hélas une Loïs Lane assez effacée et manquant de la pétulance auquel le personnage est habituée dans diverses autres adaptations.
Qu’on ne s’y trompe toutefois pas : malgré ses évidents défauts, Superman Returns ne rejoint pas Fantastic Four ou Daredevil dans les abysses des adaptations calamiteuses de nos héros préférés. Les qualités certaines du film finissent par équilibrer ses imperfections et le bilan reste plutôt positif grâce à une réalisation soignée, des effets spéciaux globalement impeccables et une interprétation solide. Si l’on regrette que Bryan Singer ne semble pas avoir les épaules pour porter efficacement à l’écran les exploits de Superman, on ne peut que se réjouir du retour du premier et plus emblématique des super-héros au cinéma, dans un film bancal mais finalement éminemment sympathique.
4 / 6
Tu tournes en boucle Toshi ou alors y a un bug dans la matriceToshi a écrit :ouais !! j'ai bien hâte de le voir celui-là !!
J'ai vu la bande annonce, j'ai pleuré du sang. J'ai même eu envie de tuer des canards déjà morts.Ben a écrit :Quelqu'un a t'il vu Prince of Persia ?
C'est pour ça que lorsque je suis allé au Japon en avril on voyait la tête de Ryôma à tous les croisements de rue alors ??Soshi Noami a écrit :Un ami japonais vient de ramener des enregistrements de drama et j'ai donc eu droit à un marathon "竜馬伝", Ryômaden, qui raconte pour la n-ième fois la vie de Sakamoto Ryôma à la fin du bakufu. C'est horrible de médiocrité ! Une caricature du drama ciblé ménagère japonais.
Étonnamment, malgré l'énorme popularité du personnage et le nombre conséquent de films et série TV, aucune œuvre de qualité n'a été créé.
Mais bon, ma femme est fan de l'acteur principale donc j'ai pris sur moi.
Je préférais quand elle se faisait l'intégrale Mizoguchi ou Baby cart
Exact. En plus, vu la popularité de l'acteur qui l'incarne et qui faite ses 20 ans de carrière cette année, ça a l'air d'être de la folie furieuse, savamment entretenue avec des petites scènes "fan service" genre il s'éponge torse nu après une dure séance de kendo. A la rigueur, quitte à regarder un drama avec cet acteur, Galileo est plus simpa (l'histoire d'une policière qui fait équipe avec un scientifique super balèze)Mugen a écrit : C'est pour ça que lorsque je suis allé au Japon en avril on voyait la tête de Ryôma à tous les croisements de rue alors ??