[Films] Cinéma, dvd, diffusion télé cuvée 2010

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Soshi Noami
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Re: [Films] Cinéma, dvd, diffusion télé cuvée 2010

Message par Soshi Noami » 07 mai 2010, 12:49

D'après les infos que j'ai trouvé sur ce Superman reboot, ce serait Nolan & Co qui superviserait tout ça, c.à.d., la même équipe que les Batman. Le réalisateur n'a pas encore désigné mais il sera superviser par l'équipe Nolan.
Et là, ça commence à me gêner car j'ai l'impression qu'on va se retrouver avec un copier/coller qui dénaturera complétement Superman.
A la rigueur, s'ils voulaient tant que ça rentabiliser leur licence, ils auraient pu se contenter de passer le projet à Roberto Rodriguez qui aurait fait un film pas cher et respectueux du personnage. :chepa:
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Ding On
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Re: [Films] Cinéma, dvd, diffusion télé cuvée 2010

Message par Ding On » 07 mai 2010, 16:06

Argh non pas Rodriguez !

J'ai retrouvé mon texte de l'époque :
SUPERMAN RETURNS
USA – 2006 – 154 minutes
Réalisé par Bryan Singer
Producteur : Warner Bros
Scénario : Michael Dougherty, Dan Harris, Bryan Singer
Photo : Newton Thomas Sigel
Musique : John Ottman (theme original de John Williams)
Avec : Brandon Routh, Kate Bosworth, Kevin Spacey, James Marsden

Critique du film par Rom1, le 15 / 07 / 2006

L’univers des comics DC est un inépuisable vivier de personnages à porter sur grand écran, auxquels la Warner décide enfin de s’intéresser à nouveau après quelques années de vaches maigres (dues sans aucun doute au double foirage de Joel Schumacher avec la franchise Batman). Après le relaunch du Dark Knight l’année dernière par Nolan et Goyer, et en attendant les prochains Wonder Woman de Whedon (yeah !) et Flash de Goyer (d’oh !), c’est au tour de Superman de revenir sur le devant de la scène après plus d’une décennie d’un development hell semblant ne jamais pouvoir trouver d’issue.
C’est finalement entre les mains de Bryan Singer que l’Homme d’Acier retrouve une nouvelle jeunesse, choix légitimé aux yeux des producteurs par les succès des deux premiers X-Men. Pas tout à fait une remise à zéro comme l’était Batman Begins, ce Superman Returns prend les allures d’une suite presque directe des deux premiers Superman de Donner / Lester, Singer voulant montrer par là sa déférence aux classiques qui ont forgé l’image moderne du héros à la cape rouge au cinéma.

Ne faisons pas durer le suspens : le résultat est mitigé.
Alors que durant tout le film, on sent clairement les bonnes intentions et la sincérité du projet, l’exécution pèche à la fois dans le script et dans la réalisation.
Ici, le reproche qui était parfois fait à Singer sur ses deux opus des X-Men (à savoir : oublier qu’il filme des super-héros bardés de pouvoirs spectaculaires, ne se préoccuper que des enjeux humains au détriment de la démesure attendue) peut être renouvelé et clairement amplifié. Superman le héros (peu icônisé comme il le mérite) intéresse peu le réalisateur et n’est pas au centre du scénario ; en lieu et place c’est à Superman l’être humain (et paradoxalement même pas Clark Kent) que la part du lion est donnée. Qu’on en juge : après cinq ans d’absence, Superman revient sur Terre et tente d’y retrouver sa place, à la fois comme héros (ce qu’il fera en une seule scène, celle – fort spectaculaire au demeurant – du sauvetage de l’avion) et dans le cœur de la femme qu’il aime et qui a refait sa vie avec un autre. Et c’est clairement ce côté soap, certes inhérent aux histoires de super-héros mais généralement équilibré par des exploits hauts en couleur, qui est privilégié par le film. Cette note d’intention nous est d’ailleurs dévoilée en une séquence : le fameux plan où Clark Kent devient Superman en ouvrant sa chemise, dévoilant le symbole de l’Homme d’Acier sur sa poitrine, est ici traité – volontairement ? – par-dessus la jambe. Alors même que les scènes romantiques bénéficient d’un soin particulier – à ce titre, la séance du vol avec Loïs est des plus réussies – le contexte super-héroïque passe quasiment à la trappe durant les deux tiers de la durée du film (à peine voit-on Superman s’occuper de quelques problèmes de façon indirecte, à la télé).
Quand enfin Singer doit revenir à ce qui fait l’essence même de Superman – un demi-dieu protecteur parmi les hommes – on sent bien qu’il le fait à contre-cœur. Le plan de Lex Luthor, dans sa démesure typique d’un comics, est malheureusement plombé par un manque d’enjeu total – jamais il ne nous est montré à quel point la folie du génie criminel met le monde en danger. L’émergence de son île de kryptonite ne s’accompagne de guère plus qu’une panne de courant et quelques plaques d’égouts enflammées à Métropolis – des détails que Superman règle en une poignée de scènes sans aucun potentiel dramatique. Et ce qui devrait être le climax du film, une scène sur le papier fabuleusement grandiose (Superman arrache l’île artificielle et la soulève jusque dans l’espace pour s’en débarrasser, mettant sa vie en danger au contact massif de la kryptonite), ne parvient jamais hélas à impliquer le spectateur car le travail en amont qui aurait pu rendre cette séquence inoubliable est totalement bâclé.

Pourtant, à côté de cela, Superman Returns regorge de très bonnes idées que l’on regrette de ne pas voir mieux traitées pour la plupart.
Ainsi l’idée de donner un fils à Superman est assez osée, et l’enfant n’est jamais le boulet que l’on pourrait craindre mais trouve parfaitement sa place dans le film. Dans le même ordre d’idée, avoir fait du rival en amour de Superman un reflet humain du Kryptonien est particulièrement bien pensé : Richard White est un homme bon, fidèle, courageux et sachant lui aussi voler. Il y a ainsi mise en parallèle des deux hommes tournant autour de Loïs Lane : l’un est le père de son enfant, l’autre l’a élevé pendant cinq ans, l’un est parti, l’autre est resté présent, et enfin l’un comme l’autre sont prêts à donner leur vie pour la femme qu’ils aiment. Cette symétrie renvoie directement Superman à son erreur, ne lui autorisant ainsi aucune excuse par rapport à sa décision d’abandonner la Terre – et Loïs.
L’hospitalisation de Superman, idée particulièrement casse-gueule, est pourtant parfaitement traitée et fait écho à la nature même du héros : un sauveur qui se donne en entier à l’humanité, laquelle ne peut hélas rien pour lui malgré son désir de l’aider par gratitude. Superman reste un dieu inaccessible que les humains ne peuvent appréhender.
Le casting s’en sort également plutôt bien. Alors que tous craignaient que Brandon Routh n’ait pas l’étoffe d’un Superman crédible, il campe l’Homme d’Acier avec une assurance certaine et dégage le charisme suffisant – particulièrement lors des trop rares scènes ou Singer se décide enfin à le filmer comme un super-héros (lorsqu’il se régénère au soleil, lorsqu’il soulève l’île de Luthor dans l’espace, lorsqu’il tombe sur Terre tel un dieu mourrant). Kevin Spacey interprète un Lex Luthor moins cabotin qu’on aurait pu le craindre et est parfaitement à l’aise dans ce rôle (hélas assez mal écrit : le super-héros n’intéressant pas Singer, sa Némésis ne le passionne guère plus). Kate Bosworth est hélas une Loïs Lane assez effacée et manquant de la pétulance auquel le personnage est habituée dans diverses autres adaptations.

Qu’on ne s’y trompe toutefois pas : malgré ses évidents défauts, Superman Returns ne rejoint pas Fantastic Four ou Daredevil dans les abysses des adaptations calamiteuses de nos héros préférés. Les qualités certaines du film finissent par équilibrer ses imperfections et le bilan reste plutôt positif grâce à une réalisation soignée, des effets spéciaux globalement impeccables et une interprétation solide. Si l’on regrette que Bryan Singer ne semble pas avoir les épaules pour porter efficacement à l’écran les exploits de Superman, on ne peut que se réjouir du retour du premier et plus emblématique des super-héros au cinéma, dans un film bancal mais finalement éminemment sympathique.

4 / 6
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Re: [Films] Cinéma, dvd, diffusion télé cuvée 2010

Message par Kzo » 14 mai 2010, 15:06

Toshi a écrit :ouais !! j'ai bien hâte de le voir celui-là !! :)
Tu tournes en boucle Toshi ou alors y a un bug dans la matrice :lol: :x
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Re: [Films] Cinéma, dvd, diffusion télé cuvée 2010

Message par Toshi » 14 mai 2010, 15:37

ça s'appelle une piqure de rappel :)

mais il peu aussi fortement y avoir un bug dans la matrice c'est pas incompatible :lol:

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Re: [Films] Cinéma, dvd, diffusion télé cuvée 2010

Message par Mugen » 21 mai 2010, 10:02

Tiens... J'avais pas vu ce film-là venir :

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_g ... 25433.html

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Re: [Films] Cinéma, dvd, diffusion télé cuvée 2010

Message par Ben » 23 mai 2010, 10:27

Quelqu'un a t'il vu Prince of Persia ?
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Re: [Films] Cinéma, dvd, diffusion télé cuvée 2010

Message par Ding On » 23 mai 2010, 11:43

Ben il sort que mercredi prochain en fait.

Moi je me fais Street Dance 3D aujourd'hui !
Hitler, qui était beaucoup plus petit que Mannerheim (Mannerheim mesurait plus de 1,90 m), portait des talonnettes et avait demandé à ses photographes de trouver un angle favorable pour la photo officielle.

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Re: [Films] Cinéma, dvd, diffusion télé cuvée 2010

Message par Ben » 23 mai 2010, 13:07

je croyais qu'il était déjà sorti ... sorry daddy

ahhh Street Dance en 3D ça s'est cool. N'oublie pas de prendre des notes pour en faire une version jdr
Un esprit aiguisé est la plus puissante de toutes les armes

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Re: [Films] Cinéma, dvd, diffusion télé cuvée 2010

Message par Ding On » 23 mai 2010, 13:25

Oué, un cross-over avec Un, Dos, Très !
Hitler, qui était beaucoup plus petit que Mannerheim (Mannerheim mesurait plus de 1,90 m), portait des talonnettes et avait demandé à ses photographes de trouver un angle favorable pour la photo officielle.

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Re: [Films] Cinéma, dvd, diffusion télé cuvée 2010

Message par Bayushi Otojiro » 23 mai 2010, 13:26

Ben a écrit :Quelqu'un a t'il vu Prince of Persia ?
J'ai vu la bande annonce, j'ai pleuré du sang. J'ai même eu envie de tuer des canards déjà morts.

inon j'ai été voir L'Amour c'est mieux à deux (ou un titre du genre quoi) et c'est une petite comédie française agréable ... bon le fait que j'y ai été avec une charmante demoiselle a peut-être joué, mais j'ai bien aimé.
Il n'y a nul honneur en dehors de celui-ci : servir l'Empereur.

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Re: [Films] Cinéma, dvd, diffusion télé cuvée 2010

Message par Soshi Noami » 24 mai 2010, 08:09

Un ami japonais vient de ramener des enregistrements de drama et j'ai donc eu droit à un marathon "竜馬伝", Ryômaden, qui raconte pour la n-ième fois la vie de Sakamoto Ryôma à la fin du bakufu. C'est horrible de médiocrité ! Une caricature du drama ciblé ménagère japonais. :cut:
Étonnamment, malgré l'énorme popularité du personnage et le nombre conséquent de films et série TV, aucune œuvre de qualité n'a été créé. :hmm:

Mais bon, ma femme est fan de l'acteur principale donc j'ai pris sur moi.
Je préférais quand elle se faisait l'intégrale Mizoguchi ou Baby cart :(
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Re: [Films] Cinéma, dvd, diffusion télé cuvée 2010

Message par Mugen » 24 mai 2010, 15:48

Soshi Noami a écrit :Un ami japonais vient de ramener des enregistrements de drama et j'ai donc eu droit à un marathon "竜馬伝", Ryômaden, qui raconte pour la n-ième fois la vie de Sakamoto Ryôma à la fin du bakufu. C'est horrible de médiocrité ! Une caricature du drama ciblé ménagère japonais. :cut:
Étonnamment, malgré l'énorme popularité du personnage et le nombre conséquent de films et série TV, aucune œuvre de qualité n'a été créé. :hmm:

Mais bon, ma femme est fan de l'acteur principale donc j'ai pris sur moi.
Je préférais quand elle se faisait l'intégrale Mizoguchi ou Baby cart :(
C'est pour ça que lorsque je suis allé au Japon en avril on voyait la tête de Ryôma à tous les croisements de rue alors ??

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Re: [Films] Cinéma, dvd, diffusion télé cuvée 2010

Message par Soshi Noami » 25 mai 2010, 09:25

Mugen a écrit : C'est pour ça que lorsque je suis allé au Japon en avril on voyait la tête de Ryôma à tous les croisements de rue alors ??
Exact. En plus, vu la popularité de l'acteur qui l'incarne et qui faite ses 20 ans de carrière cette année, ça a l'air d'être de la folie furieuse, savamment entretenue avec des petites scènes "fan service" genre il s'éponge torse nu après une dure séance de kendo. A la rigueur, quitte à regarder un drama avec cet acteur, Galileo est plus simpa (l'histoire d'une policière qui fait équipe avec un scientifique super balèze)

Hier soir, j'ai eu droit à un autre drama néfaste inspiré de la vie de la femme de Mizugi Shigeru. A éviter également.
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Re: [Films] Cinéma, dvd, diffusion télé cuvée 2010

Message par Kõjiro » 25 mai 2010, 11:02

Je me suis regardé Invictus ce we.

C'est beau. C'est un film sur la fin de l'apartheid en fait. Ou plutôt un film sur la manière dont Mandela a pu essayer de gérer la transition entre le régime de l'apartheid et un régime nouveau. La question centrale du film est celle posée par Matt Damon la veille du match contre les All Blacks après la visite de Robben Island : "comment un type qui a été enfermé dans une cellule de 2 m2 pendant 30 ans peut il pardonner à ses geôliers en sortant" ? Et d'une manière générale comment est ce que les noirs d'Afrique du Sud peuvent pardonner aux blancs ? Comment faire un pays de ce "truc" immonde que fut l'Afrique du Sud ?

Le film aborde un peu l'aspect real-politik de ce choix de Mandela : tout "raser" serait mettre à genoux le pays, le renvoyer aux limbes (sont donc évoquées les contraintes, principalement d'ordre économique). Mais il insiste surtout sur le choix moral de Mandela. Choix quasi incompréhensible d'ailleurs. Quand on a ne serait-ce qu'une petite idée, même fragmentaire, de ce qu'est un régime comme celui de l'apartheid il est difficile sinon impossible d'envisager qu'un type comme Mandela puisse seulement exister. Une telle capacité de pardon (même assortie des éléments de real-politik précédemment cités) est juste inconcevable. Dans un scénario de fiction cela ne semble d'ailleurs généralement guère crédible et fait souvent hausser un sourcil dubitatif sur le choix scénaristique. Mais bon là c'est la vraie vie (certes romancée dans le film mais au delà de ça certains faits sont là) alors...

Donc ce film raconte cette aberration historique qu'est Mandela et offre à Morgan Freeman le rôle de sa vie. Au plan symbolique du moins, pas en terme d'offre de jeu d'acteur. Outre le fait d'avoir été un compagnon habituel d'Eastwood (Impitoyable ou Millions Dollar Baby) Freeman fait partie de ces acteurs qui incarnent la question noire dans le ciné US : il a été Malcom X, il a joué dans Amistad, et son premier film en tant que réalisateur était déjà consacré à l'apartheid. Jouer Mandela donc, what else... Luther King ? (même genre d'énigme humaine que Mandela, la foi en plus pour la caractérisation du personnage).

Bref, donc Mandela veut créer un pays et le film nous raconte comment il essaie de s'y prendre via l'exemple de l'équipe de rugby nationale. Equipe de rugby qui fait partie de ces symboles forts de l'oppression et de la dichotomie raciale de l'Afrique du Sud et dont il va s'acharner à en fait l'objet d'une réconciliation nationale.

Formellement le film est strictement organisé autour de cette idée. Déjà par le rôle principal de Mandela qui finalement est une sorte de voix off animée qui nous explique, parfois de manière un peu trop explicite même, ces choix, ces objectifs et qui donne du sens à tout cela. Ensuite par le rôle de Damon qui sert d'identifiant au public (blanc principalement j'imagine mais je n'en suis pas sûr). Le personnage de Francois Pienaar n'est pas particulièrement défini. Il n'a pas de trait saillant, on ne sait pas trop comment il vivait la question de l'apartheid ou comment la fin de ce régime l'a affecté. C'est une sorte d'ardoise quasi vierge, un paysage. Il n'est défini que par son acceptation du rôle que Mandela veut lui donner dans son projet et la prise de conscience progressive qui l'accompagne. Le jeu de rôle entre les gardes du corps de Madiba et ceux du Président sert de fil pour mesurer l'évolution de l'impact de la méthode Mandela. Au passage la scène du début où le chef des gardes du corps noirs va voir Mandela à propos des gardes du corps blancs qui se sont présentés et que ce dernier lui demande "qu'est ce que vous avez fait ?" ou un truc du genre est juste hilarante et extrèmement profonde. Le rôle de la fille de Mandela ne sert qu'à montrer ce qui devrait être, ce qu'aurait été la réaction de tout individu noir normalement constitué (et c'est aussi un bref rappel que les braises couveront longtemps et que le feu pourrait bien prendre de manière terrifiante si la stratégie de Mandela s'avérait un échec). Le père, ou le beau-père j'ai pas bien compris, de Pineaar et la "relation" à la bonne montrent le chemin parcouru par certains blancs, leur peur dissimulée sous la colère et la haine notamment. Et comment ne pas avoir peur quand on est un blanc, minoritaires, dans un pays qui a pratiqué la barbarie à l'égard des noirs, majoritaires. Cet usage des personnages comme purs éléments de la narration du "plan" de Mandela est même parfois un poil empesée comme dans les scènettes finales pdt le dernier match entre les flics blancs et le gosse noir. Mais c'est quand même beau.

Il n'y a pas tant de scènes de rugby que cela par ailleurs. Mais, globalement, les matchs ont une sacrée intensité, alors qu'on en connait le résultat, qui leur est conférée par la charge symbolique de l'espoir de réconciliation. J'ai surtout apprécié qu'ils soient filmés sans effets ostentatoires, sans volonté de magnifier les actes par une mise en scène superlative. C'est simple et ça convient parfaitement. De même pas de pathos, de retournements de situation "héroïque", bref pas de dramatisation de l'objet match.

On pourra qualifier certaines séquences de "faciles" comme celle où les joueurs vont dans un township jouer avec des gosses noirs. Mais c'est juste la simple description d'une réalité simple elle aussi : l'apartheid c'était avant toute chose, avant même l'oppression brutale et systémique, la séparation. Simplement évoqué par la découverte du township par les joueurs dans leur bus. Passage dans un monde inconnu. C'est simple mais pas simpliste. C'est épuré, ça va à l'essentiel. Eastwood ne s'embarrasse pas de questionnements compliqués, son cinéma va de plus en plus à l'essentiel et, sérieux, il le fait très bien.

On pourra dire que le film a un petit côté bisounours et joue sur la corde sensible ; c'est ne rien comprendre. Avec un tel sujet il y avait moyen d'obliger n'importe quel spectateur à bouffer à lui seul une boîte complète de kleenex... Et pourtant le film ne suscite que rarement cet effet. J'ai vu des docu bien plus lacrymaux. Le film a un côté presque didactique voire méthodique dans sa narration. Eastwood nous prend par la main et nous dit : "regarde, ça c'est important et voilà pourquoi".

Ce film fait aussi un peu écho à Gran Torino : quelle que soit l'échelle, micro comme avec Walt Kowalski ou macro avec Nelson Mandela, les individus sont confrontés à ce choix de la réaction face à la haine, la colère, le sentiment de vengeance. Les actes ont des répercussions. Simple mais pas simpliste encore une fois.

Après Eastwood ne prend pas parti sur les conséquences : il montre un chemin et des premiers résultats encourageants, le début d'un changement. Il met en avant le choix moral de Mandela et le qualifie d'un point de vue moral également. Il n'en conclu par pour autant que ça "marchera".

D'ailleurs c'est toute la question de ce symbole qu'est devenue l'Afrique du Sud. Que va-t-il se passer ? L'observateur, même lointain, devrait surtout avoir peur que tout ceci ne soit qu'un échec retentissant. C'est ce que l'histoire nous racontera et c'est peut être ça le message qu'Eastwood veut essayer de transmettre au travers de ses derniers films : que tout ceci ne soit pas vain. Parce que si cela s'avérait vain que resterait il ? Qu'espérer voire éclore après Mandela ?

Plus qu'une sorte d'optimisme béat, ces derniers films d'Eastwood sont peut être un appel à la concrétisation de ce qu'il doit considérer comme une sorte de "last hope". A l'aube du dernier voyage il veut peut être se persuader que ça peut encore marcher...

Edit : syntaxe.
Image
"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.

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