Quelques petits textes d'ambiance sur le thème du clan de la Licorne
Etrange union
Depuis deux jours je tiens enfin en selle mais chacun de mes muscles me fait mal et à la nuit tombée quand j’ai enfin réussi à me débarrasser de cette odeur de cheval, je m’affale dans ma couche et sombre dans la nuit bercé par les vents de la plaine, aucun songe n’amine mon esprit. Hier nous avons essuyé un orage et malgré la rapidité de leurs coursiers je suis arrivé trempé et transit jusqu’aux os à la forteresse. Ma chevelure blanche comme la lune s’était réduite à un filament et j’ai subi les railleries de son oncle et la bourrade amicale de son père. Mon dos ne s’en est pas encore remis, enfin je ne sais pas qui de mon orgueil ou de mon corps a le plus souffert ici dans ces terres lointaines qui auraient pu m’être plus hostiles. Mon mariage aura lieu dans quelques jours, sans mes parents. Ma mère m’a fait ses adieux comme on se sépare d’un objet précieux, avec résignation.
Les yeux au plafond, je rêvasse quand elle entre. Je me relève et je n’ai pas le temps de la saluer quand elle plaque ses lèvres sur ma bouche et d’un coup sec, je sens le tissu de mon obi qui glisse. Ici ce sont les femmes qui choisissent leur amant. Je retiens mon kimono, dernier geste de pudeur mais sa main en balaye un pan. Je sens la peau de sa main qui me frôle lentement puis nous basculons. Dans un tourbillon, sa langue se mêle à la mienne et mes sens s’enflamment sous sa peau gorgée de soleil, je m’embrase à ses caresses osées et le désir m’envahit. Au milieu de la nuit il m’a consumé et je regarde le visage de celle qui sera la mère de mes enfants, je souris.
N’en déplaise à mes ancêtres je crois que je tombe amoureux d’une fille du vent.