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par Pénombre » 05 janv. 2006, 16:43
"Domo, Shiro-san. Ca fera l'affaire comme ça".
Mais Taizo ne proteste pas quand je l'aide à se relever. Ses nombreuses blessures n'ont rien de sérieux individuellement mais leur gravité cumulée quant à elle est suffisante pour rendre inapte au combat un homme, ou le tuer .
Je pense que c'est à son entrainement, aux secrets qui permettent à nos guerriers Daidoji de puiser une résistance extraordinaire dans leur volonté de fer, que mon ami doit d'être encore en vie.
Ses maitres qui l'ont décrié pendant des années seraient fiers de lui. Et de ses frères qui meurent autour de nous.
Taizo chancelle mais avec quelques expirations profondes, il parvient à canaliser à nouveau son esprit et son chi dans un but des plus simples : rejoindre la mélée.
Quand il hoche la tête sans me regarder, je sais que le moment est venu de le laisser poursuivre seul et je relàche mon étreinte.
Il ne dit pas un mot et je ne me retourne pas alors qu'il quitte notre abri de fortune et rejoint nos samurai qui tentent d'arréter la horde. Et moi, j'ai déjà bien à faire avec les autres blessés dont certains sont au delà de mes maigres talents.
Curieusement, alors que je m'approche des futons ensanglantés sur lesquels nos bushi tentent de retenir leurs gémissements, une partie de mon esprit demeure froide et critique. Comme si une autre personne voyait par mes yeux, entendait par mes oreilles et me transmettait en permanence ses observations avec une neutralité qui a d'autant plus de force que je sais bien qu'elle est purement artificielle.
Chacun, ceux qui combattent là dehors, ceux qui serrent les dents dans notre infirmerie de fortune et moi autant qu'un autre, chacun tente de contenir sa peur comme il le peut.
Je me penche vers le jeune lancier dont l'avant-bras n'est plus qu'une plaie sanglante. Les bandages de fortune ont contenu le sang mais le jeune garçon qui a du passer son gempukku au printemps dernier est encore conscient et ses lèvres sont si serrées par la douleur qu'on dirait une cicatrice supplémentaire.
Je suis là depuis… longtemps. Trop longtemps pour trouver encore les mots qu'il faut. Je me contente d'un signe de tête et les yeux emplis de douleur, de terreur, clignent pour me répondre alors qu'avec un linge qui n'est déjà plus qu'un torchon souillé, je prends doucement l'avant-bras blessé.
Un spasme douloureux et un gémissement à moitié étouffé mais le jeune bushi se retient de hurler alors que j'inspecte soigneusement la plaie.
Une odeur de bois brulé alors que le vieil eta qui sert au crématorium pose près de moi son chargement d'eau pure avant de poursuivre son chemin entre les futons. Le vieil homme rend quelques menus services avec ses assistants en attendant qu'on leur désigne ceux qu'il faudra préparer. Ceux qu'ils emmènent dans la petite pièce sans fenètre en attendant que l'ennemi soit repoussé et que nous puissions les incinérer comme il convient.
J'espère simplement que les oni ne trouveront pas le moyen d'utiliser la maho à travers les murs pour animer nos morts entassés dans la pièce sombre comme ils le font avec ceux qui tombent là dehors.
J'essore à plusieurs reprises le linge sâle dans le seau d'eau, le nettoyant autant que faire se peut avant de m'en servir doucement pour laver le sang sur le bras.
La plaie n'est en fait qu'une longue série d'entaille, une multitudes d'écorchures qui ont atteint les muscles par endroit et rendu le bras inutilisable mais n'ont provoqué aucune hémorragie.
Mais lorsque je vois les marques verdâtres et les marbrures noires, je sais qu'il est trop tard.
Mes yeux croisent ceux du jeune garçon frappé par la Souillure.
"Sensei…" un croassement rauque.
"Hai".
Ses yeux… ses yeux au regard terrible.
"Sensei… est ce que je dois mourir ?".
Que répondre à cela ?
"Je ne sais pas".
Les larmes affluent et il hoquête avant de se mettre à geindre.
Mon désarroi est tel que je ne sais pas quoi lui dire.
Mais je sais quoi faire.
Il lève ses yeux emplis de larmes et me regarde avec méfiance et crainte lorsque je lui tends le bol dans lequel clapote un fond de préparation soporifique. Un mélange d'herbes calmantes avec un peu d'opium liquide, juste assez pour que les risques soient réduits au minimum. J'espère…
Notre savoir dans certains domaines reste encore des plus ténus malgré les nombreux apports de siècles de recherches. Et cela fait déjà longtemps que je n'ai plus assez de forces pour invoquer encore une fois les kami de l'eau.
De toute manière, ils ne pourraient rien faire pour ce jeune homme. Et je dois garder le peu d'énergies qui me restent pour sauver quelqu'un qui n'a aucune chance de passer la nuit sans intervention magique.
"Qu'est ce que c'est, sensei ?"
Je lui souris. Enfin, j'espère que pour lui ça ressemble assez à un sourire.
"Juste un peu d'aide pour dormir. Demain, il sera temps de réfléchir à ton avenir, samurai".
Il retient à grand-peine une nouvelle bouffée de larmes et tends la main vers le bol comme si l'oubli y sommeillait.
Un oubli des plus temporaires… mais c'est bien tout ce que je peux lui offrir en ce moment.
Le jeune bushi boit avidement la gorgée de potion et je l'aide à s'installer pour dormir. Mais je ne peux m'attarder à le veiller le temps qu'il trouve son sommeil de drogué car d'autres ont besoin de moi.
C'est au tour de l'homme dont la machoire a été arrachée. Puis, il y a le vieux guerrier agonisant qui me demande simplement de prier pour son départ et se cramponne à la vie le temps que j'achève la brève prière sur les ailes de laquelle s'envole son dernier souffle. Ensuite, il y a la femme qui a eu les deux pieds tranchés. Et l'ashigaru borgne. Le pécheur, la fillette au visage calciné par des flammes magiques, le moine, le gunso, le…
Un grand hurlement et le craquement d'une masse qui frappe les portes de bois me sort de cette torpeur mécanique dans laquelle je me suis réfugié il y a longtemps.
Je crois bien que nous sommes les derniers et qu'une fois qu'ils auront brisé cette porte…
Quelques uns des blessés encore conscients tentent de se redresser, cherchent leurs armes. Le gunso incapable de marcher lance un ordre que je n'entends pas mais moi aussi, je me tourne vers la dernière barrière qui nous protège encore des monstres et des morts-vivants. De la horde qui a accostée il y a trois jours, à bord des koutetsukan qu'ils ont volé au clan du Crabe il y a des années, lorsque Kisada a frappé la capitale avec ses bateaux blindés et que ses "alliés" l'ont trahi.
Ton échec, ta trahison, nous tuent encore aujourd'hui, Hida Kisada. Et depuis ton lit d'agonie dans ta forteresse de l'autre côté du Pont des Marées, quelles sont tes pensées alors que tu peux voir dans la nuit les flammes de notre petit château assiégé ?
C'est toi, toi, qui leur a donné les moyens de revenir.
Un des clous de fer dans la porte éclate et le bois se tord. Dans quelques minutes, nous serons tous morts.
Ils sont arrivés juste après l'aube, au moment précis ou la lumière sur la mer est telle que nos gardes n'ont pu les apercevoir au loin. Deux des koutetsukan ont abordé de notre côté du Pont, le troisième s'est simplement mis en attente pour frapper nos voisins de Kyuden Hida s'ils s'avisaient de tenter de nous rejoindre à gué et la dernière des "tortues de fer" s'est contentée d'aller débarquer ses troupes un peu plus loin dans la baie.
Lorsqu'ils auront brisé notre château et la petite garnison de Shinden Asahina, mes parents auront déjà toutes les peines du monde à remporter une bataille qui s'avérera aussi sanglante que celle qu'ils livrèrent contre le double maudit d'Hoturi. La péninsule pourra servir de tête de pont et l'essentiel des forces navales du Crabe étant cantonné dans la Baie des Poissons Morts, il suffira à nos ennemis d'en bloquer l'accès pour pouvoir débarquer de nouvelles troupes sur nos terres.
Le temps que les Hida et nos cousins Daidoji brisent le blocus ou rassemblent assez de forces pour anéantir les armées ennemies, Shinden Asahina, Jukami Mura et peut-être même Yasuki Yashiki et Sunda Mizu Mura risquent fort de n'être plus que cendres. Quelle que soit l'issue de cette campagne, l'Empire et le Crabe en particulier en sortira considérablement affaibli.
Il leur a fallu douze siècles pour mettre au point une stratégie tellement simple que personne de notre côté du Mur ne l'avait sérieusement envisagée.
Sacrifier délibérément une armée en frappant au cœur des défenses adverses. Anéantir ma famille, incendier Sunda Mizu Mura et détruire ainsi le principal port du sud. Décimer la famille Yasuki, corrompre nos terres…
Et dans dix ans, dans vingt ans, quand nous serons encore à panser nos plaies, frapper à nouveau au Mur ou ailleurs, profitant des séquelles de ce nouveau coup porté au clan de Hida. Affaibli par les conflits passés, appauvri par la perte de ses principaux bailleurs de fonds, aux prises avec les maraudeurs qui se seront dispersés sur nos terres…
De nouveaux coups sur la porte, massifs. Le bois craque et gémit en rythme alors que les premiers copeaux volent.
Nous nous regardons, tout au moins ceux qui sont encore conscients. Même leur peur, notre peur, ne me fait plus rien. Comme si ça n'était pas nous mais d'autres hommes qui éprouvaient cette émotion et que nos visages se contentent de retranscrire des réactions que nous ne ressentons qu'à un niveau diffus, étranger, autre.
La part de mon esprit qui joue les observateurs impartiaux me fait sèchement remarquer que tout ça n'est qu'illusion, que même son existence n'est qu'un fantasme, une vaine tentative de gérer l'ingérable, de se protéger de quelque chose que l'on ne peut éviter.
Mais d'un autre côté, je n'ai rien d'autre à ma disposition. Absolument rien.
L'ashigaru qui a perdu un œil aide le gunso au torse bandé à se lever. La jeune bushi qui n'a plus de pieds rampe péniblement jusqu'à la lance abandonnée dans un coin et tente de se caler au mieux pour faire face à la porte. Quelques hommes plus ou moins valides tentent de les imiter, avec des résultats divers.
Sans un mot, nous nous empressons d'écarte de la porte qui vibre sous les impacts les blessés qui ne peuvent bouger, pour placer derrière nous ceux qui sont inconscients ou ne peuvent tenter quelque chose afin de retarder l'inévitable. Une des planches se fend et un hurlement triomphal retentit de l'autre côté du panneau de bois qui menace à chaque instant d'exploser.
Nous nous rassemblons aussi loin que possible de cet ultime obstacle et mes yeux restent fixés sur les planches qui craquent et se brisent petit à petit. Certain que quelles que soient les horreurs qui se trouvent de l'autre côté, elles seront désormais moins terribles à regarder que les yeux de mes compagnons.
Etrange situation, me souffle mon autre moi-même, alors que deux planches cèdent finalement et que le faciès inhumain de l'oni apparaît dans la brèche.
Je manque tourner les talons mais pour aller où, de toute manière ? Il n'y a nul endroit ou fuir, nous sommes tous coincés ici et il va bien falloir faire Face. Fasciné, je contemple la gueule avide, les crocs sâles, les yeux qui trahissent quelque chose qui doit bien ressembler à une âme sans en être une.
Les gobelins l'aident à abattre les derniers morceaux de bois qui ont tenu bien plus longtemps face à eux que certains de nos hommes, malgré tout leur courage. Leurs cris se joignent aux siens alors que derrière eux les cadavres de nos guerriers défunts les rejoignent en silence pour la curée.
Et ensuite…
Ensuite…
Le shugenja Kuni m'a dit que j'étais le seul survivant du combat dans l'infirmerie. Il m'a regardé avec un air étrange. Puis, j'ai tenté de dormir. Mais la sarabande des visages de ceux qui sont morts à mes côtés n'a pas cessé un instant de danser, se mélant dans mes cauchemars avec les souvenirs distordus de notre affrontement.
Je suis resté trois jours sous la tente qui rassemble les quatorze survivants du Jardin Sous la Cité des Ombres. Contre toute attente, nos voisins du Crabe ont forcé le passage et mes frères de Shinden Asahina ont victorieusement repoussé les agresseurs. Les renforts sont arrivés plus tôt qu'eux même ne l'espéraient et ils ont pris nos assaillants à revers, les décimant et les forçant à passer du rôle d'assiégeants à celui d'assiégés.
L'odeur des buchers est encore puissante car il faudra des jours afin d'incinérer toutes les dépouilles, souillées ou non.
Nous étions des centaines et nous ne sommes plus que quatorze.
Taizo a survécu, presque intact si l'on excepte la blessure que j'ai soigné. Emi-dono et la fille adoptive de mon ami aussi, retranchées dans la tour de guet orientale. Sakura-sama, notre commandant, est indemne et l'on raconte que son exemple a permis à nos hommes d'accomplir l'impossible jusqu'à ce qu'ils tombent, les uns après les autres.
C'est ce matin que j'ai pu pour la première fois quitter notre refuge de toile et m'éloigner un moment en boitant. Pour passer quelques instants loin des râles et du bruit des hommes qui s'affairent parmi les ruines.
De la petite butte ou je me tiens, je peux voir notre fort, tout au moins les quelques pans de murs noircis et la tour à moitié en ruine qui en sont les derniers vestiges. Les couleurs de nos guerriers se mèlent à celles du Crabe tandis que les ouvriers s'affairent parmi les décombres.
J'ai entendu dire que tout n'était pas encore terminé. Il y avait deux koutetsukan de plus et ils ont foncé tout droit sur les arsenaux Kaiu de Sunda Mizu Mura. Il paraît que l'ont traque encore les derniers survivants de cette audacieuse attaque qui se cachent dans les ruelles de la ville.
Les Tsukai-sagasu ne sont pas tous allés au Village de l'Eau Pure cependant. Parce que d'autres rumeurs circulent aussi sur notre forteresse détruite. Des rumeurs qui parlent de complices parmi nos soldats, qui attendaient leurs amis de l'Outremonde et ne donnèrent pas l'alerte alors qu'ils l'auraient pu. Des rumeurs de sabotage, de trahison.
Les eta qui sont venus avec les Kuni ont été autorisés à inspecter le corps de chaque samurai qui sera retrouvé dans les décombres. Et interdiction nous a été faite de parler de cette inspection à qui que ce soit. En particulier à d'éventuels parents des morts qui enverraient un serviteur ou un cousin récupérer les effets du défunt.
Je m'assieds douloureusement sur la petite roche qui affleure près du vieux pécher. Il ne m'a fallu que quelques jours une fois installé au Jardin pour apprécier cet endroit ou m'avaient conduits mes pas lors d'une promenade en solitaire mais aujourd'hui, je me sens tellement… vide.
Les hommes s'affairent en contrebas tandis que dans les cieux inaccessibles des nuages persistants passent et se déploient en formes étranges. Illusions ? Avertissements ? Présages ? Diversions ?
Je pourrais interroger les kami mais je n'en ai pas la force. Ni l'envie en fin de compte. Et puis, qu'auraient-ils à me dire que je ne souhaite pas entendre ?
Oui, admettons le, j'aimerai me fondre à jamais dans les éléments, partir très loin d'ici avec le vent et ne jamais, jamais regarder en arrière. Chevaucher les nuages et aller bien au delà de tous les manques, de toutes les insuffisances de l'espèce humaine. Au delà de la mort, de la peur, de la douleur. Au delà de l'oubli même.
Mais les désirs d'un homme ne sont pas ceux des kami du vent. Et je sais que malgré toute la douleur qu'ils me causeront à l'avenir, il est nécessaire que je garde jusqu'à mon dernier jour bien vivants dans ma mémoire les visages de tous ceux qui sont morts ce jour là.
Je le dois à leurs âmes. Et à la mienne.
Ce matin, en quittant la tente, j'ai vu le regard de la petite Yuki. Et j'ai compris que tout cela, elle le savait déjà.
Contrairement à ce que l'on raconte, ça n'est pas dans la gloire et dans la légende que réside l'honneur du samurai.
C'est dans la souffrance, dans la mort, dans le devoir au delà de tout espoir. Voilà la seule leçon que nos voisins du Crabe pourront jamais nous apprendre, et nous ne l'avons jamais comprise. D'ailleurs, ils ont failli eux-mêmes l'oublier.
La vie d'un samurai se juge à l'aune de la manière dont il la mène. Et dont il la quitte.
Il paraît que nous sommes plus grands que les autres hommes. Que nous sommes destinés à accomplir ce qu'ils ne peuvent même imaginer. Et nos contes nous le rappellent, nous en persuadent, nous incitent à l'espérer pour nous-même.
Il a tort, celui qui pense que ces choses que seuls les samurai peuvent réaliser sont belles, grandes, glorieuses.
En fin de compte, c'est notre capacité à nous tenir debout envers et contre tout qui fait bel et bien de nous des hommes qui surpassent les autres. A tenir debout envers et contre tout puis à tomber enfin à terre le plus dignement possible. C'est bien la seule liberté dont nous jouissons.
Parfois.
Au delà de la douleur, de la mort, du mensonge, de l'orgueil. Pour rien. Parce que c'est nécessaire. Parce que quelqu'un doit bien le faire.
Malgré ce que peuvent en penser certaines personnes de ma connaissance, quelles que soient les couleurs que nous portons, les noms dont nous héritons, les traditions que nous faisons notres… quoi qu'en disent nos poèmes, nos louanges, nos peintures et nos chants, notre voie n'est pas, ne sera jamais, ne pourra jamais être celle de la gloire, de l'orgueil satisfait, de la victoire, du pouvoir.
Non, la victoire, la gloire, l'orgueil, le pouvoir ne sont que des illusions que nous faisons nôtres pour nous rendre la vérité plus supportable.
La vérité, c'est que notre voie est celle du sacrifice.
Et que parce que nous pensons être plus grands que les autres hommes, alors nos sacrifices doivent aussi être plus grands que les leurs.
Toujours.
Je regarde les ruines du Jardin sous la Cité des Ombres. Deux fois détruit mais qui sera rebati une fois encore. Et encore, encore, encore… défi de la Grue à l'Outremonde. Un défi qui a été et sera à nouveau relevé. J'en suis intimement persuadé alors que je me tiens tremblant sur la petite roche.
La voie du sacrifice.
Ce qui rend le samurai supérieur aux autres hommes réside là dedans. Il sait qu'il peut tout risquer, parce que si l'on souvient de lui, d'autres hommes feront la même chose plus tard si cette chose est encore nécessaire.
Echouer n'est pas important.
Etre vaincu n'est pas important.
Mourir n'est pas important.
La seule chose vraiment importante, c'est de faire ce qu'il faut. Sans s'occuper de ce qui se passera après.
Fait ce que tu dois faire et meurs serein.
Vis en sachant que tu es condamné à mourir mais que c'est dans cette condamnation même que réside notre seul espoir. Car c'est en donnant un sens à sa vie que l'on peut espérer donner un sens à sa conclusion.
Peut-être.
Chers amis disparus, ceux dont je connaissais les noms et ceux dont je n'ai fait la connaissance que pour les voir mourir.
Je ne vous oublierai pas. Tant qu'un souffle m'habitera, je n'oublierai pas qui vous étiez et qui je suis.
Jusqu'à mon dernier jour, vous serez là et ensemble, nous ménerons encore et encore cette bataille durant laquelle je vous ai vus tomber.
Ensemble. Pour l'avenir et quoi qu'il nous arrive.
Cela, Dame Doji elle-même nous l'avait enseigné.
On ne juge pas un homme par ses actes mais bien par la vie dans laquelle ils se sont inscrits.