[Récit de partie] Les faits de l'Aikokudantai
Publié : 21 avr. 2008, 14:38
Voici, retranscrit subjectivement, le récit de nos parties de L5A. Ce n'est pas forcément très complet, ni facile à suivre, mais je trouvais dommage de ne pas partager le boulot accompli.
La discussion sur la campagne, qui est SPOILER pour les personnes impliquées, se trouve ici : viewtopic.php?t=5750
Tout d'abord, laissons le narrateur parler un peu de lui-même :
La discussion sur la campagne, qui est SPOILER pour les personnes impliquées, se trouve ici : viewtopic.php?t=5750
Tout d'abord, laissons le narrateur parler un peu de lui-même :
Asahina Ishihara a écrit :“L’arbre qui donne toutes ses fleurs au premier venu ne portera jamais de fruits.”
Ce sont par ces mots que mes vénérés parents, puissent-ils reposer en paix, m’invitaient à méditer votre honorable exemple, Taehime-sama.
Si cet enseignement est des plus sages, il est aussi bien plus lourd à porter que la seule vertu, si pure soit-elle. Mais c’est encore votre infinie sagesse qui m’indique la voie qui ramènera ce fardeau à dimension humaine : s’il s’agit d’être constamment attentif à ne jamais se livrer sans retenue aux hommes, les ancêtres savent tenir leur langue.
Je nourris l’espoir qu’im mon tour, à l’heure de ma mort, il me sera possible comme il l’a été pour vous de livrer à la terre, muette, les ultimes trésors que ma bouche aura su taire. C’est à vous qu’avant cette heure je livrerai le fond de mon âme : c’est à vous que je confie les secrets qui font son unité, la trace du chemin qu’elle parcourt, garantie de son intégrité.
Aujourd’hui j’entame une voie nouvelle, qui, j’en suis sûr, permettra à mon âme de retrouver la sérénité : j’entre au service d’un maître calligraphe. Maître d’écriture, mais aussi maître de papier : son nom est celui de tous les vénérables maîtres du passé, dont ceux du présent voudront bien me montrer la voie.
J’appréhende l’avenir : la base m’est encore elle-même totalement étrangère. Je ne parviens même pas encore à saisir le sens du premier enseignement du premier de mes maîtres : “chaque trait est un souffle”. Mais j’y travaille, j’y travaillerai le temps qu’il faudra, je méditerai jour et nuit s’il le faut. Je crains de ne jamais y parvenir, je crains que mon art ne reste à jamais médiocre, mais je m’appliquerai avec la volonté de celui qui sait que ses efforts seront, finalement, récompensés...
Voilà, ceci est précisé, et voici maintenant le temps de vous livrer mon histoire.
Mes nobles parents, Doji Sanojuro et Asahina Hisayo, dirigeaient pour le service de l’Empereur un modeste mais respectable domaine dans la campagne Asahina. Ils n’étaient pas des gens d’armes, et avaient dédié leur vie à suivre scrupuleusement les enseignements de Dame Doji.
C’est ainsi que j’eus la chance d’être élevé dans la paix propice au développement des arts. Je ne saurai jamais assez les remercier de m’avoirs appris qu’aucun conflit ne nécessite le sang pour être résolu.
C’est tout naturellement que je me destinais à la prêtrise, ayant toujours voué aux prêtres de la famille Asahina un respect et une admiration sans bornes.
Mais les kamis en avaient décidé autrement, et ils se manifestèrent en la personne de Doji Ayame. Lors d’une réception donnée en l’honneur d’un artisan de passage, nos regards se croisèrent, et le signe du destin nous apparut distinctement. Notre rencontre était, et je le crois encore aujourd’hui, inscrite dans les étoiles : tout concourait à le confirmer. La perspective du mariage arrangeait nos deux familles... tout comme elle les ravissait.
En quelques mois, tout était en place. Des mois cruels, car interminables, mais chargés de magnifiques promesses pour l’avenir...
C’est là que soudain tout a basculé. Un samourai du clan du Lion s’est présenté chez nous, alors qu’Ayame était en visite. Il était en armes et sous l’emprise d’une rage indicible. Peu habitués à la violence et à la rudesse des membres du clan du Lion, nous n’avons pas su réagir à temps : sans prendre le temps de s’introduire, il a massacré Ayame sous mes yeux, et dans la même geste mes deux parents qui mar malheur se trouvaient par hasard sur son chemin. Son forfait accompli, il est reparti aussi vite qu’il était entré, me laissant seul, face aux corps sans vie de ceux qui m’étaient les plus chers, et en proie à la rage de mon impuissance. Défait, au comble de la honte et du chagrin, je m’en voulais de n’avoir pu réagir, ce dont je n’aurais de toute façon jamais eu le temps. A moins d’avoir été un bushi, bien formé et aguerri.
Je fis ce que je devais, et pouvais, encore faire : je me rendis chez les parents d’Ayame-san, devenus pour moi aussi proches que l’était ma propre famille, pour leur jurer mon voeu de vengeance. Honorés par mon geste, auquel ils tenaient évidemment à se joindre, ils me confièrent pour accomplir notre dessein commun le katana ancestral de leur maison.
C’est ainsi que, la rage au coeur, j’entrai comme élève dans l’école de Daidoji Chikafusa, et appris le maniement de l’acier de guerre. Je passai trois ans à apprendre l’art du guerrier, si tant est qu’on puisse appeler art le fait d’ôter la vie...
A peine eus-je aperçu les premiers signes de satisfaction sur le visage de mon maître, j’estimai sottement que j’en savais assez, et partis défier Matsu Gohahiro (pour la petite histoire, j’avais appris entretemps qu’il convoitait Ayame depuis de longues années, mais que les parents de celle-ci avaient toujours refusé de la lui accorder).
Ma maîtrise du sabre était largement insuffisante pour accomplir ma vengeance. Mais fort heureusement, ce n’est pas de technique dont il s’agit lors d’un duel pour l’honneur : ce sont les kamis, à qui l’ont s’en remet par ce rituel, qui expriment ce que doivent être la justice et la vérité. C’est très probablement à leur intervention que je dois d’avoir pu venger les morts qui le réclamaient.
Et c’est aussi à eux que je dois d’avoir réalisé ma folie : certes les morts sont vengés, mais s’il faut verser le sang pour venger le sang versé, à quoi bon?
Je n’oublierai jamais l’odeur chaude et écoeurante du sang poisseux qui s’échappait du corps sans vie. Trop choqué quand la mort m’avait ravi mes proches, je n’avais pas réalisé toute l’horreur d’une vie humaine qui s’échappe de la sorte, arrachée par l’acier.
Ou peut-être m’en rendis-je compte parce que cette fois c’était moi qui l’avait prise? Ou encore parce qu’adossé à la “noblesse” de mon acte, je m’attendais à en ressentir du soulagement ou de la fierté, alors que seul l’écoeurement et la vanité étaient au rendez-vous?
Toujours est-il que toute l’absurdité du métier de guerrier m’est apparue dans toute son horreur, que tout l’enseignement de mes parents m’est alors apparu dans toute sa clarté : ce qu’il faut protéger, c’est la vie, mais pas à son propre prix.
Je vois à nouveau la volonté des kamis dans le fait que le tsuba et la soie de mon katana se soient brisés durant l’affrontement : ce signe fut pour moi l’occasion de réenvisager le sens de cet héritage. Puisqu’il me fallait repasser par chez le forgeron, je pris la décision de transformer cette arme faite pour donner la mort en une autre faite pour protéger la vie.
Le katana devait devenir un naginata.
De retour chez Doji Nobuo, je pus annoncer, sans fierté, l’accomplissement de ma tâche, et leur manifestai mon désir de leur rendre leur lame ancestrale, maintenant dédiée à la protection des vivants. Touchés par la compassion qu’ils voyaient dans la transformation de la lame, ils tinrent à m’en confier la garde. Je ne pouvais refuser, quoi que mon coeur m’en dise, et ne pus que les remercier face à l’importance du présent.
Néanmoins, je ne pense pas être celui qui en fera le meilleur usage : je l’ai déjà moi-même souillée de mort. Puissent les kamis mettre sur mon chemin le protecteur auquel je pourrai à mon tour l’offrir sans remords, assuré qu’il sauvera grâce à elle plus de vies que je ne pourrai le faire moi-même.
Pour ma part, je prends sur moi de dédier ma vie à suivre vitre voie, Taehime-sama, comme mes parents l’ont fait avant moi, et oeuvrer à empêcher par la force des mots que de nouvelles vies soient prises par la force des lames. Je fais le voeu de ne plus jamais prendre de vie humaine, et ferai tout ce qui est en mon pouvoir en ce sens.
Afin de ne jamais m’égarer parmi les chemins de traverse que doit emprunter l’esprit qui veut réaliser ses fins, si droites soient-elles, j’espère parvenir toujours à maintenir mon âme droite et juste en la polissant par une pratique consciencieuse de l’art, en l’occurence celui du pinceau qui se fait souffle pour coucher les idées sur le papier. Mais je sais que tant que je marcherai à la lueur de votre exemple, Taehime-sama, je ne serai jamais loin de la juste voie.