La Voix De Rokugan

Les trois hommes étaient arrivés un peu en avance. Le rendez-vous l'était-il plus encore? ou verraient-ils arriver l'invité mystère?

Retsu relisait la lettre de Yasuki Minako.

"Retsu-san,
La personne qui me sollicite jouit d'une grande faveur a mes yeux. Si ce n'était pas le cas je ne me permettrais pas de vous déranger. Cette personne souhaite vous parler. Elle vous attendra a l'heure de Doji au Pavillon des Soucis Eternels, a une lieue a l'ouest de la ville.
Très sincèrement votre,
Minako"

Plus il y réfléchissait, plus ça sentait la tentative de manipulation...

Son regard erra un moment sur les pierres du jardin zen avant de se poser sur les deux gardes gris qu'il avait choisi pour l'accompagner...

Le pavillon était un temple, qu'ornaient deux suppliantes de l'Ordre de Benten. Nulle trace d'une amie de Minako, mais une brume dense serait levée, qui filtrait la lumière du soleil comme un paravent de paille, et de lourds nuages faisaient leur apparition dans le ciel.

Retsu leva les yeux, faisant la grimace en voyant les lourds nuages.

Ils allaient sans doute se prendre de la pluie...

... Qui commença a tomber, transformant les parterres en pataugeoires et son armure en présentoir pour la rouille. Les nonnes se mirent a l'abri sous un toit et commencèrent à papoter.

Retsu fit un signe à ses deux compagnons puis se dirigea vers le temple, s'inclinant avant de rentrer à l'intérieur.

Retsu regarda à droite et à gauche. Personne ne semblait venir à sa rencontre...

"Je vais en profiter pour prier à l'autel de Benten." expliqua-t-il à ses gardes du corps.

"Restez deux mètres derrière moi pendant ce temps."

Il se dirigea alors vers l'autel devant lequel il se prosterna.

Dans le temple, seules cinq personnes étaient visibles : les deux nonnes qui regardaient la pluie, Retsu qui priait, ses gardes qui regardaient Retsu. Et dehors le silence répondait au crépitement de l'eau sur les branches et le sol, tombant à travers la brume.

Une fois ses dévotions terminées, Retsu se releva. Il jeta un regard circulaire dans la pièce.

"Bien... Il semblerait que cette invitation n'avait d'autre but que de me faire perdre mon temps..." fit-il à l'attention de ses gorilles.

"Rentrons... J'espère qu'il ne s'est rien passé pendant ce temps là..." dit-il en se dirigeant vers la sortie.

Dehors la pluie tombait, froide et drue.

Les gardes gris commencèrent à maugréer contre le temps mais alors que Retsu traversa la cour du temple pour se diriger vers la sortie, ils furent bien obligés de le suivre.

"Allez les gars, pressons le pas, d'accord ?" fit Retsu à l'attention de ses deux camarades.

"Plus vite on ira, moins longtemps on restera sous cette flotte !"

Les trois hommes pressèrent le pas et rentrèrent au dojo des Nobunaga...

Tout en rentrant sur les chemins trempes, ils virent des lumières à travers la brume, dans le cimetière du sanctuaire.

Retsu jeta un regard curieux en direction des lueurs avant de poursuivre sa route en direction de Sunda Mizu Mura...

Ce fut alors qu'il aperçu une imposante forme blanche à travers la brume.
La chose avançait lentement sur eux et il fallut quelques temps pour que Retsu l'identifie comme un cavalier juché sur un gigantesque cheval blanc, qui pouvait faire passer ceux élevés par les heimins du fief des Matsudaira pour de simples poulains.

Le jeune homme se tourna et ordonna d'un geste de la main à ses gardes de quitter la route.

Il les imita avant de s'agenouiller dans l'herbe trempée, se prosternant devant le samurai qui était forcément d'un rang supérieur au leur, vu sa monture...

La pluie tombait drue, sans kabuto elle aurait déjà eu la tête trempée... Mais ça n'allait tout de même pas tarder. Elle avança sur le chemin, Shimokaze pataugeant gaiment dans la boue. "Tu vas perdre de ta superbe avec tes jolis pompons tout mouillés..." murmura-t-elle au cheval. Elle remarqua des lueurs un peu plus loin sur le bas côté et se dirigea vers elles. Elle ne voyait pas à deux mètres. Mais s'il y avait de la lumière, il y avait sûrement quelqu'un. Peut-être que Retsu était là bas... avec cette chienne de Yasuki.

Elle talonna un peu son cheval, qui partit au trot. Elle passa devant deux hommes accroupis dans l'herbe mais ne les vit même pas, Shimokaze en revanche oui. Une fois qu'elle les eut dépassés, ils se relevèrent, le cheval entendit le cliquetis d'armures et se cabra. Par la grâce des Fortunes, elle resta en selle, une main sur les brides et l'autre toujours sur son tetsubo. L'effort physique lui déchira les flancs. Elle cria de douleur, puis jura tout haut quand le destrier remit pattes à terre et continua tout droit, un peu trop vite. Il entra dans le sanctuaire et elle eut juste le temps de reprendre ses esprits et tirer fort sur les rênes qu'il stoppe. Il s'arrêta net.

Elle ne voyait rien pour le moment, à part la brume et des lumières tremblotantes.

"Saloperie de cheval... Qu'est ce qui te prend à la fin... T'es pas sensé être imperturbable ? C'est pas permis d'être si couard quand on est si lourd..." l'insulta-t-elle.