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(Blog) En direct du front

Publié : 28 mai 2007, 20:42
par matsu aiko
Il y a des moments où la réalité dépasse la fiction..aussi je me permets de vous relater certains rebondissements de mes aventures non virtuelles, en les habillant à la sauce L5A :)

Tulip Inn Hotel, Amsterdam, dix heures du soir.
Par la fenêtre ouverte de la chambre où je viens d’arriver, arrive un air tiède complètement inhabituel pour l’endroit et la saison, mêlé de ces indéfinissables effluves que j’associe à la Hollande : humidité omniprésente et vaguement iodée, relents de friture, odeurs de carburants venant des installations portuaires.
Je pose ma valise, procède aux automatismes d’arrivée : brancher l’ordinateur et le blackberry, vérifier mon portable, la connexion Internet, suspendre les affaires pour le lendemain, mettre dans la salle de bain le sachet en plastique qui me tient lieu de trousse de toilette depuis le renforcement de la sécurité dans les aéroports.
Je prends une douche, m’allonge sur le lit. Un vertige me saisit, un mélange de faiblesse – la seule chose que j’ai dans le ventre depuis cinq heures du matin, c’est un plateau petit déjeuner d’Air France – d’exaltation et d’immense fatigue. Malgré la couette et la douceur de l’air, je tremble convulsivement, incapable de m’interrompre, le contrecoup de l’adrénaline qui est la seule chose qui me fait tenir depuis quinze jours.
Comment aurais-je pu deviner, quand j’ai quitté Ryoko Owari il y a six mois, que je me retrouverai en plein milieu d’une guerre plus féroce que toutes celles que j’ai pu vivre sur les Terres du Scorpion.

Pour expliquer comment j’en suis arrivée là, il me faut revenir un peu en arrière.

J’ai déjà relaté dans la Bibliothèque Céleste mon arrivée dans l’Empire Enchanté – comment, ambassadeur du clan du Lion, je me suis retrouvée six mois plus tard magistrat d’Emeraude à Ryoko Owari, avec des devoirs à rendre au gouverneur Hyobu, Avec en pratique trois tâches, deux offices, quatre seigneurs à satisfaire, et des objectifs contradictoires, dans une ville dont la réputation sulfureuse n’est nullement usurpée. Et, de façon complètement providentielle, le soutien occulte du Fils du Ciel.
J’ai aussi relaté comment, au départ de Hyobu, j’ai brigué le poste de gouverneur de la ville, et comment suite à diverses intrigues des Bayushi et des Shosuro, j’avais été évincée. Le Fils du Ciel avait finalement estimé, au regard des différentes pressions exercées, que même si j’étais tout à fait capable d’occuper le poste, c’était plus prudent de mettre un Scorpion plutôt qu’un Lion à la tête de la plus grande ville Scorpion de l’Empire.

Un Bayushi est donc arrivé comme gouverneur. Bayushi Eiki, visage tranchant comme une lame, traits acérés, sourire carnassier, grand corps anguleux et nerveux. Un tueur, qui dès son arrivée a établi un règne de terreur dans la ville.
Nous nous sommes immédiatement entendus.
L’un comme l’autre, nous étions des combattants. Et il faisait partie de cette catégorie de personnes qui n’estiment que ceux qui leur résistent. Je n’avais pas peur de lui, et n’hésitais pas à lui tenir tête publiquement en plusieurs occasions. Quand il entreprit de s’approprier mon travail des mois passés, je le confrontai, et lui prouvai que mon sabre valait largement le sien. A la suite de cela, il me proposa de devenir son bras droit.

Cette proposition m’intéressait. Mais cela n’était possible, à l’évidence, que si les Lions et le Champion d’Emeraude acceptaient de me relâcher de mes devoirs. Or cette situation, qui était supposée ne durer que trois mois, durait à présent depuis un an et demi, et ne donnait pas de signe de s’achever, et pour cause : je réussissais, au prix d’un grand écart permanent et d’une charge de travail écrasante, à donner satisfaction à tous, et à résoudre bon nombre des conflits larvés entre le clan du Lion et le clan du Scorpion.
A chaque fois que je lui en parlais, le Champion d’Emeraude m’écoutait et me promulguait des paroles lénifiantes : j’oeuvrais pour le bien de l’Empire, ma valeur était reconnue, il fallait que je prenne patience.
De son côté, Bayushi Eiki devait également faire approuver par son clan mon embauche à son service. Et les mois passaient.

Aussi, quand une ambassadrice des Terres Brûlées vint me trouver pour me dire qu’ils souhaitaient me proposer un poste important, je lui prêtais attention, en dépit des mots gaijin qui épiçaient sa conversation et la rendaient difficilement intelligible.
Elle organisa une rencontre avec le Khan du Royaume des Guetteurs – ainsi que s’appelait ce territoire, ainsi qu’avec deux autres de ses notables.
Kurûkiba Khan était un homme grand et massif, qui avait la carrure et les manières directes d’un bushi Hida, et de façon plus déconcertante des yeux d’un bleu très clair et un sens de l’humour à froid tout à fait inattendu.
Je rencontrai également Doji Kohin, une des principales daimyo, une femme aux manières exquises et d’une rare intelligence, avec laquelle j’eus une entente immédiate. Enfin, je rencontrais un Otomo, qui s’occupait des relations extérieures : un petit homme mince, d’allure timide mais à l’intelligence aigue, qui sous son allure modeste et effacée avait de vastes responsabilités.
Ces différents contacts se concrétisèrent par une offre : ils souhaitaient m’embaucher comme shokan – général - afin de procéder à une complète refonte de leur armée. Cela me demanderait de nombreux voyages dans les différents domaines, et de conseiller ceux-ci dans l’utilisation de leurs hommes et de leur matériel. Le statut et les émoluments proposés étaient largement supérieurs à ceux dont je bénéficiais à Ryoko Owari.
Dans la même semaine, Bayushi Eiki m’indiqua que malheureusement, il ne pouvait me nommer au poste proposé pour raisons budgétaires.

Je revins donc voir le Champion d’Emeraude, auquel j’expliquai que je ne voyais pas d’amélioration se présenter à l’horizon. Il commença à procéder comme à son habitude. Je l’interrompis et lui signalai que j’avais une offre. Sa réponse : « Oh shit » (enfin, l’équivalent rokugani).
Je sollicitais, et obtins, une entrevue avec le Fils du Ciel, auquel j’expliquai que j’avais une offre, et qu’à l’heure actuelle je ne voyais pas pourquoi je ne l’accepterais pas. Il m’observa de son air sagace, me demanda deux choses : quand je devais leur répondre, et si je pouvais rencontrer son frère cadet, qui venait de le rejoindre en qualité de shogun. « Je ne vous promets rien…mais rencontrez-le demain matin. »
Ce que je fis.
Après un bref entretien, le shogun me proposa de travailler directement pour lui – mais, en lisant entre les lignes, je compris qu’il voulait en fait me proposer le poste de kaishakunin – l’exécuteur officiel du shogun.
L’accepter, c’était devenir instantanément la personne la plus haïe de l’Empire, ce que je ne souhaitais pas. Malgré la réputation de brutalité des Matsu, je suis une bushi, pas un bourreau ; et je ne voulais pas m’exiler de façon définitive de l’Empire Enchanté. Je le remerciai avec toute la politesse nécessaire, et l’assurai que si je partais, c’était pour pouvoir mieux revenir. Des changements en profondeur étaient nécessaires, et je pourrai davantage les aider à l’étape suivante. Le shogun, bien que déçu, accepta ma décision, mais me dit que si jamais mon nouvel emploi ne me satisfaisait pas, de lui faire signe, ce qui était d’une générosité inattendue de la part de cet homme que je ne connaissais pas huit jours plus tôt.

C’est donc dans les meilleurs termes que je quittai l’Empire Enchanté pour ces terres inconnues.

Pour des raisons pratiques, j’allais être hébergée au sein du domaine gouverné par Doji Kohin, ce qui me convenait fort bien.

Néanmoins, mon arrivée ne se passa sans quelques menus désagréments de démarrage.
Tout d’abord, ils m’avisèrent à mon arrivée que j’étais attendue dès le lendemain pour une revue des armées Otaku, à de nombreuses lieues de là. Je n’eus donc pas le temps de défaire mes bagages et dus partir dans la foulée.
Ensuite, ils limitèrent « pour le moment » mon périmètre d’intervention à l’intérieur des terres – si l’armée intervenait à l’extérieur, cela ne me concernait pas. J’acceptais cette limitation de bonne grâce, il y avait suffisamment à faire avec les dix domaines. Quand j’en aurais terminé de réorganiser l’armée, il serait toujours temps de se pencher sur la défense des frontières.
Ils m’avaient prévu pour mes déplacements un lourd palanquin de cérémonie – alors qu’à l’évidence, un palanquin de taille plus restreinte, ou une bonne monture, étaient plus adaptés en raison des nombreux déplacements que requérait ma charge. Je réclamai à corps et à cri quelque chose de plus adapté et finis par l’obtenir après deux autres tentatives pour me fournir quelque chose qui assurément ne devait leur servir à rien, mais ne me convenait aucunement.
Le premier mois, ils omirent de me verser un tiers de mes émoluments (ce qui fut rattrapé le mois suivant).
Ils m’avaient alloué une luxueuse résidence de façon temporaire (en attendant qu’une ‘digne de moi’ soit disponible), mais quand je voulus me faire confectionner un sceau et un bâton de commandement tel qu’en usaient les shokan, je fus avisée par un message écrit du Khan que ce n’était pas quelque chose qui se faisait au royaume des Guetteurs, et que je devais me contenter d’un insigne d’aide de camp.
Il était évident qu’avec un grade d’aide de camp, je n’avais aucune chance de me faire respecter par les officiers en charge. Je ne pipai mot, et attendis de voir le Khan, que je priai courtoisement de bien vouloir définir ses attentes à mon égard, puis lui démontrai que pour les atteindre, il était nécessaire qu’il me donne le grade qu’il m’avait promis. Il tenta de m’expliquer les vertus de l’humilité, et autres manœuvres similaires, puis en fin de compte finit par accepter ma demande, en mettant l’emphase sur un certain nombre de résultats qu’il attendait à très court terme. C’était de bonne guerre.
Je compris plus tard à quoi rimait la manœuvre : en gros, il avait tenté – tenté de voir si je me laissais faire. J’en pris bonne note pour le futur. Sous ses apparences cordiales, ce n’était pas un homme auquel je pouvais me fier.

Les mois suivants se passèrent sur les routes. J’inspectais les différents corps d’armées. Deux domaines – les Licornes et les Grues – constituaient quatre vingt pour cent des troupes, et étaient raisonnablement bien organisés, même s’il y avait des lacunes ; les autres domaines comportaient des troupes hétéroclites, à l’équipement pitoyable, qui le plus souvent n’avaient pas la moindre idée de ce qu’était une armée efficace ou de la logistique impliquée.
Ce qu’il apparut également aussitôt, c’est qu’en la personne de Otaku Beika, l’officier commandant les forces Otaku, j’avais un problème.

Publié : 29 mai 2007, 22:29
par Kakita Inigin
... tiens tu as changé de boulot. Menacer de partir chez les scopions pour mieux filer avec les Licornes, c'est concept ...
Tu resteras longtemps en Hollande ?

Publié : 30 mai 2007, 10:03
par matsu aiko
Kakita Inigin a écrit :... tiens tu as changé de boulot. Menacer de partir chez les scopions pour mieux filer avec les Licornes, c'est concept ...
Tu resteras longtemps en Hollande ?
non non, c'est juste une partie de mon périple européen depuis 6 mois (un à deux pays par semaine, en moyenne)

Publié : 30 mai 2007, 10:18
par Mirumoto Ohmi
matsu aiko a écrit :
Kakita Inigin a écrit :... tiens tu as changé de boulot. Menacer de partir chez les scopions pour mieux filer avec les Licornes, c'est concept ...
Tu resteras longtemps en Hollande ?
non non, c'est juste une partie de mon périple européen depuis 6 mois (un à deux pays par semaine, en moyenne)
Tu parles d'une bonne mère! Quand les parents sont au loin, les enfants dansent!

Ohmi, qui n'est pas chez lui tant que Dame Matsu ne lui aura pas formellement pardonné son écart. :x

Publié : 02 juin 2007, 11:09
par matsu aiko
Otaku Beika. Un mètre soixante dix de bushi Otaku sculpturale, indépendante, ambitieuse, fière de son clan et de ses ancêtres. Sûre d’elle, indomptable, intraitable, combative, déterminée, directe, loin d’être bête mais particulièrement obstinée. Ajoutons à cela qu’elle avait – comme je l’appris plus tard - postulé à la position que j’occupais.

Un problème.

Qui se manifesta de façon répétée à diverses occasions.

J’avais réuni tous les officiers en charge dans les différents domaines, et je leur avais proposé un calendrier pour faire des manœuvres en commun. Otaku Beika insista que son armée à elle avait besoin d’un calendrier différent.

L’organisation de la logistique de l’armée du royaume relevait de ma responsabilité. Beika avait organisé les choses à sa façon, avec une mise en place à une date donnée, et m’en informa après coup, disant que la date pouvait être changée si cela ne me convenait pas. C’était le cas, et je l’en avisais. Après cela elle m’annonça qu’en fait il n’était pas possible de changer cette date, et je dus modifier mes arrangements et voyager jusqu’au domaine Otaku.

Elle me demanda, vu l’importance des armées Licornes dans la défense du royaume, d’être partie prenante des décisions, tout en me signalant que pour certains aspects, comme la cavalerie, ce serait mieux si elle gardait cela en charge pour toute l’armée comme c’était actuellement le cas, ajoutant que certains commerçants, de fait, ne parlaient qu’un patois incompréhensible pour tout non-Licorne.

Ce fut long et difficile de la convaincre de me montrer l’intégralité de son armée – et pas seulement ce qu’elle avait envie de me montrer.

A chaque revue d’armée, je préparais naturellement un rapport pour le khan. Par diplomatie je fis passer mon rapport à Otaku Beika pour recueillir ses commentaires avant de le diffuser plus avant. Elle s’offusqua de ce que j’ose faire un rapport sur ses activités, et me signifia qu’elle n’était pas à mes ordres mais à ceux de son clan.

Je comprenais bien son point de vue. Avant mon arrivée, les Licornes dirigeaient de fait l’armée, ce qui lui convenait parfaitement. Elle voulait continuer à être aux commandes, et supportait mal qu’on lui donne des ordres.
J’avais besoin d’elle, bien sûr ; mais elle avait besoin de moi, aussi, même si elle ne le réalisait pas. Je pouvais gagner son respect par mes compétences, mais ce n’était pas suffisant pour qu’elle accepte l’autorité d’une étrangère.

Je fis ce qu’il fallait faire – je m’en ouvrais au Khan.

A cette période, le daimyo Otaku venait de mourir sans héritier, et Kurûkiba Khan gouvernait de facto le domaine en attendant la nomination d’un nouveau daimyo, ce qui me facilitait la tâche.

Nous nous mîmes d’accord. Il parla à Otaku Beika, lui expliquant que c’était à elle de gagner ma confiance. Venant de son seigneur, elle ne pouvait que s’incliner.

Quelques mois plus tard, comme elle le méritait de par ses compétences, elle était devenue mon meilleur officier.

Publié : 02 juin 2007, 11:12
par matsu aiko
Mirumoto Ohmi a écrit : Tu parles d'une bonne mère! Quand les parents sont au loin, les enfants dansent!
eh oui, je sais depuis longtemps que je suis une mère indigne...:lol:

c'est pour cela que c'est important que le papa assure :)

Publié : 08 juin 2007, 13:27
par Hida Kekkai
matsu aiko a écrit :
Kakita Inigin a écrit :... tiens tu as changé de boulot. Menacer de partir chez les scopions pour mieux filer avec les Licornes, c'est concept ...
Tu resteras longtemps en Hollande ?
non non, c'est juste une partie de mon périple européen depuis 6 mois (un à deux pays par semaine, en moyenne)
tu comptes aller en Roumanie ? :)

Re: (Blog) En direct du front

Publié : 08 juin 2007, 16:17
par Hida Ichi
matsu aiko a écrit :Il y a des moments où la réalité dépasse la fiction..aussi je me permets de vous relater certains rebondissements de mes aventures non virtuelles, en les habillant à la sauce L5A :)
Ma foi, où va tu chercher tant d'imagination et de talents ???

Publié : 08 juin 2007, 16:22
par Mirumoto Ohmi
matsu aiko a écrit :
Mirumoto Ohmi a écrit : Tu parles d'une bonne mère! Quand les parents sont au loin, les enfants dansent!
eh oui, je sais depuis longtemps que je suis une mère indigne...:lol:

c'est pour cela que c'est important que le papa assure :)
Rentre discrètement chez lui...

Publié : 08 juin 2007, 16:24
par matsu aiko
Hida Kekkai a écrit : tu comptes aller en Roumanie ? :)
Non, pourquoi ? tu es basé là-bas en ce moment ?

@ Hida Ichi : arrêtez, Ichi-san, vous me faites rougir :benetton:

Publié : 08 juin 2007, 16:37
par Hida Kekkai
matsu aiko a écrit :
Hida Kekkai a écrit : tu comptes aller en Roumanie ? :)
Non, pourquoi ? tu es basé là-bas en ce moment ?

@ Ichi-san : arrêtez, Ichi-san, vous me faites rougir :benetton:
c'est la Roumanie qui est basée chez moi en ce moment :)

sinon d'accord avec mon cousin Hida, vous faites un récit trés agréable à lire Matsu-sama

Publié : 08 juin 2007, 18:43
par matsu aiko
merci :jap:

Publié : 16 juin 2007, 17:46
par matsu aiko
Le Royaume des Guetteurs faisait partie d’un Empire plus vaste, mais dont le plus grand territoire, gouverné par le Grand Khan, était très éloigné. A mon arrivée, j’avais respectueusement demandé à Kurûkiba Khan s’il m’était possible de rencontrer mes lointains homologues, afin de m’instruire à leur contact.
Trois mois plus tard, m’ayant déclaré qu’il était très satisfait de mes services – une appréciation de poids venant de cet homme avare de compliments – il m’annonça qu’une entrevue avait été arrangée, à laquelle participeraient aussi les shokan des autres Royaumes, ainsi que Doji Kohin, dont les qualités de stratège étaient reconnues. Je le remerciai et m’inclinai profondément.

La semaine suivante arriva une invitation du Shokan de l’Empire, ou plutôt une convocation : tous les participants étaient invités à préparer un état des lieux des différentes armées, et à présenter leur stratégie. C’était pour moi, qui venait d’arriver, une épreuve difficile – d’autant plus que ce faisant, j’engageai la réputation de Kurûkiba Khan, qui m’y envoyait. Je préparais donc cette présentation le mieux possible, et sollicitais l’avis du Khan quant à son contenu, qu’il estima satisfaisant. Puis je partis, bien décidée à dignement représenter le royaume des Guetteurs.


A mon arrivée, je me rendis compte que j’étais dans une cour aussi subtile que la Cour Impériale de Rokugan, mais avec le désavantage d’être la seule personne à ne pas complètement maîtriser la langue et les coutumes.

Malgré leur apparente cordialité, les rapports étaient dictés par un protocole tout à fait rigide, et dont je ne connaissais pas encore les règles. Je m’aperçus néanmoins rapidement que les propos ne devaient pas être pris au pied de la lettre, et que par exemple, une invitation à s’exprimer n’avait d’autre objet que de démontrer la largeur de vues de nos hôtes – on ne s’attendait pas à ce que j’exprime des remarques d’un quelconque intérêt.

Arriva le moment où chacun des shokan des différents royaumes présenta la situation militaire de sa contrée.

Mes collègues s’exprimèrent de façon abondante, et bien que claires et détaillées, leurs présentations pêchaient par plusieurs points stratégiques – j’étais confiante que ma partie serait à la hauteur. Tout à la fin, ils se tournèrent vers moi, comme s’ils avaient oublié mon existence, et m’invitèrent à m’exprimer, d’un ton condescendant indiquant clairement qu’ils ne s’attendaient pas à grand’chose de ma part.

C’est là où je fis ma première erreur.

Au lieu de bafouiller que je n’étais pas digne de parler après de si hauts personnages, et de me taire d’un air malheureux en implorant leur indulgence, je pris la parole hardiment, expliquant mon analyse de la situation et les mesures que je comptais mettre en place. J’expliquai les points faibles de la stratégie traditionnelle des Guetteurs, notamment l’approvisionnement en fourrage, pour une armée basée surtout sur la cavalerie et se déplaçant dans des régions désertiques. Je leur demandais comment ce problème avait été résolu de leur côté, et d’autres questions épineuses non mentionnées dans leurs propres présentations.
En voyant leurs visages figés, je compris mon erreur.
Ils avaient planifié toute cette séquence comme une leçon d’humilité à mon encontre – me demandant des comptes alors qu’ils savaient fort bien que je venais d’arriver, me plaçant délibérément dans une situation d’infériorité. Et au lieu de jouer le jeu, je venais de leur démontrer de façon flagrante leur propre incompétence.

Sur le chemin du retour, je m’entretins à mots couverts avec Doji Kohin – j’avais conscience d’avoir fait une bévue diplomatique de taille. Elle me répondit avec un peu d’humeur que mon seigneur était Kurûkiba Khan, et pas le shokan de l’Empire. En lisant entre les lignes, c’était à moi de me tirer d’affaire, elle ne bougerait pas le petit doigt pour aplanir les choses, bien que ses propres relations avec le shokan soit excellentes.

Quel fut l’impact exact de cet épisode, je l’ignore ; mais il ne contribua pas à me faire des amis ou des alliés, et je fus grandement soulagée quand six mois plus tard, le shokan auquel j’avais fait perdre la face décida de partir vers d’autres aventures.

Entre ces deux moments, un certain nombre de choses se passa sur le domaine de la Grue.

Publié : 16 juin 2007, 18:36
par Moto Shikizu
Certes ces dirigeants de contrees etranges et etrangeres auront sans doute peu apprecie d'etre pris en defaut, surtout par une toute fraiche bushi venant d'une contree connue pour ses veleites d'independances, et si la majorite se piquera d'une telle outre cuidance, nul doute que les plus intelligents comprendront avoir eu affaire avec une personne de valeur a respecter et qui merite d'etre leur alliee. Peut etrte l'un d'entre eux se fendra t il d'une misive pour reprende contact, et sous couvert d'echanges obscur voire presque vide au debut, il tachera de guider cette jeune pousse sur le bon chemin, sachant pertinemment que l'on ne deniche pas une perle rare pour la laisser echapper et retourner auix flots de l'ocean. :jap:

Publié : 16 juin 2007, 18:46
par matsu aiko
ben, pour le moment ça n'en prend pas le chemin ! :lol:

mais merci du soutien :x