Ben en fait, je ne vois pas très bien où, mais il faudrait relire tous nos échanges, quelqu'un a dit un truc du genre "Marx, c'est bon, on peut le faire avec de bonnes chances d'y arriver".
Je crois qu'il ne faut pas mélanger le fait d'avoir une idéologie et le fait de croire qu'elle soit applicable comme ça, parce que les gens le voudraient bien. Ca revient à ce que je disais précédemment : ça impliquerait que la grande majorité des gens dans la société soient assez bien éduqués et s'impliquent suffisamment pour qu'ils aient collectivement un vrai contrôle et une vraie connaissance des conséquences de leurs décisions.
Ca n'est pas pour rien, quelque part, que l'opposition gauche/droite se caractérise entres autres par le fait de considérer la "culture" comme vitale pour le plus grand nombre, ou comme un luxe dont la majorité des gens n'ont pas forcément besoin. Ca se retrouve dans la manière dont on décline l'éducation dans un pays. Et je ne parle pas d'amener X % d'une classe d'âge au diplôme Y mais bien du contenu des dits diplômes. Parce que des idiots-savants à bac+5, on sait depuis longtemps en fabriquer...
Sauf que l'Education ne vise plus à produire des
citoyens mais à produire des
salariés dans l'inconscient collectif et dans les attentes des familles. En clair, le système public doit être réaménagé pour produire une main d'oeuvre destiné majoritairement au privé, qui par la suite pourra la lourder quand elle l'estimera nécessaire (autant pour le respect du produit de l'effort collectif consenti afin de former les dits salariés...).
Mais pour en revenir au sujet, oui, il est clair que concrétiser une idéologie révolutionnaire est du domaine de l'utopie. Et que ça n'est pas Chavez qui l'incarnera, cette utopie.
Mais dans le même temps, effectivement, faut voir aussi d'où ils sortent. Il n'y a pas si longtemps, comme disait un ami venu de là-bas, quel que soit ton pays en amérique du sud, si tu voulais mourir sâlement, il suffisait de défiler avec une pancarte "la terre aux paysans, pas aux multinationales et aux grands propriétaires".
Et que ça n'est pas à coups de mesurettes, ou de social-démocratie, qu'ils on pu sortir de là. Il ne faut pas non plus oublier que les idéologies révolutionnaires sont bien plus présentes dans le débat politique au sein des pays menés par des régimes forts et tyranniques, tant qu'ils n'ont pas réussi à éradiquer les mouvements d'opposition radicaux.
Des gens comme Chavez ne surgissent pas comme ça, par hasard, parce qu'on voulait "faire une politique sociale" mais bien parce qu'il y a une totale exploitation de la population et que la majeure partie de la classe politique y participe ou est baillonnée.
Franchement, je suis bien plus inquiet par le fait que dans des pays riches, des démocraties pas très loin de nous, on se retrouve avec des gens qui se réclament ouvertement du fascisme ou du nazisme à des postes très importants, auxquels ils sont élus par les populations.
Quand on voit à quel point avec leurs discours populistes chez gens sont en même temps les premiers à organiser avec le grand patronat le saccage d'économies entières qu'ils prétendent dénoncer ensuite afin de pousser leurs petits copains des partis modérés sur le bas-côté de la route, je me dis que si autant de gens votent pour eux, en croyant qu'ils les défendront, alors on a un problème autrement plus important sur les bras... vous croyez pas ?
Clairement, la majeure partie des gens qui votent encore ne sont pas forcément en mesure de le faire en toute lucidité. Et ils représentent une proportion en diminution de la population globale de leurs pays. Ca en dit long sur l'implication et l'information de la plupart de nos concitoyens et de nos amis des pays voisins.
Le problème du réformisme, puisque c'est ça le changement qui n'est pas révolutionnaire, c'est justement qu'il est plus accessible et progressif que l'hypothètique "grand soir". Mais aussi, vu nos systèmes démocratiques, qu'il n'est pas nécessaire d'avoir l'adhésion du peuple pour se retrouver au pouvoir. Seulement l'adhésion d'une majorité de gens qui votent encore...
et qu'une fois au pouvoir, qu'on ait de bonnes intentions et pas de moyens, ou qu'on ait simplement blousé l'électeur, ben il n'a qu'à faire avec. Ou à en revenir à une démarche contestataire massive, qui s'apparente plus au versant révolutionnaire qu'à la démocratie électorale.
c'est un peu la situation que nous connaissons, non ? un président qui s'est fait élire sur de grands discours de changement, et qui a fait la preuve de son populisme depuis.
Le problème du réformisme, c'est qu'il est mieux accepté par le système démocratique, car moins volatile et dangereux que les radicaux, extrémistes, révolutionnaires de tous poils.
L'enjeu, c'est de ne pas oublier que si par exemple nous assistons depuis quelques années à un essor de l'extrème-gauche, ça n'est pas tant que plus de gens y adhèrent qu'une proportion croissante de gens qui votent encore... et qui attendent encore de la démocratie qu'elle leur permette de peser sur de grandes orientations.
la question finale, qui est héritée des années qui suivirent un certain mois de mai des années 80, c'est de savoir comment des gens avec des idées plutôt bonnes et sans discours révolutionnaire une fois au pouvoir auront les moyens de la politique qu'ils annoncent, et comment nous ferons en sorte qu'ils ne sortent pas des clous...
Parce que, pour mémoire, c'est au nom du "réalisme social" que des gouvernements de gauche ont institué les contrats précaires et les allocations dégressives, entres autres. Je me rappelle pas que quelqu'un les ait élu pour ça, ou alors on m'avait pas filé les bons programmes ?
Je crois pour conclure que la forme idéologique importe moins que le contrôle que les citoyens ont sur les gens qui agissent en leur nom. A tout prendre, je préfère largement une démocratie réformiste social-démocrate pas trop nulle plutôt qu'une révolution hypothétique qui a toutes les chances de se terminer en carnage ou en "bureaucratie populaire"
mais le gag, c'est que les sociaux-démocrates que je connais, en Europe (et notamment en France, en Allemagne, en Angleterre), ben ce sont souvent eux qui ont mis en place les premières mesures qui permettent maintenant à leurs successeurs de droite - ou de "gauche" chez les granbretons - de nous la mettre très très très très très profond....
On est pas sortis de l'auberge
