Ne pas oublier, quand même, que comme disait Ding On, il y a une histoire politique
la France est la seule démocratie d'europe occidentale qui ne soit pas ni une république fédérale, ni une confédération, ni une monarchie parlementarisée.
Si on compare à d'autres démocraties d'âge comparable, également la seule qui ait vu le jour dans une révolution qui s'est soldée entres autres choses par l'exécution d'une partie de la noblesse.
Le retour en arrière de l'empire napoléonien n'a fait qu'exacerber les deux polarités contraires de l'idéal populaire/révolutionnaire et de celui de l'état/nation centralisateur.
déjà, difficile d'imaginer un consensus social entre l'autoritarisme et le libéralisme (au sens premier du terme, pas économique). Si on ajoute ensuite l'héritage de la dialectique marxiste, on complique encore la chose sur à quoi sert la défense des libertés et à quoi sert un état centralisé.
ajoutons à ça l'Occupation, et cette situation assez unique de la France qui a été un pays opposé à l'axe, puis un de ses seconds couteaux, puis à nouveau un ennemi. On va pas explorer ce point précis, ça demanderait des semaines, mais il suffira de dire que ça a encore compliqué les choses puisqu'à la sortie de cette gymnastique, on avait un consensus de fait assez unique aussi, avec un pouvoir que se partageaient les communistes et les gaullistes. En pleine guerre froide, fallait le faire... et on a vu ce que ça a donné au final.
Les deux axes d'opposition entre autorité et liberté et entre socialisme et libéralisme continuent à marquer la politique française, car ils s'entrecroisent (et on se retrouve avec des libéraux économiques pratiquant l'autoritarisme à tout crin et des socio-démocrates humanistes mettant en oeuvre le dumping social).
la crainte sous-jacente des citoyens, c'est le statu-quo du bipartisme sauce américaine (un coup toi, un coup moi) mais en même temps, c'est une forme de stabilité de fond. Parce que de fait, depuis que la France a connu un président de la république socialiste, on a jamais assisté à autre chose qu'à des réformes visant à plus de libéralisme économique et plus de flicage des citoyens
rappelons quand même que malheureusement, des choses comme la CSG, les indemnités chômage dégressives, les diplomes d'université payants non reconnus nationalement par exemple n'ont pas été mis en place par des majorités de droite...
du coup, les politologues de comptoir ont tendance à dire tout haut une crainte plus ou moins consciente très répandue dans la population : ils sont tous d'accord pour nous la mettre profond
c'est d'ailleurs en son temps un des principaux axes de campagne d'un certain Le Pen, que de prétendre vouloir rompre avec ça, (le parti "mains propres et tête haute", qui s'opposait à "la bande des copains" comme disaient leurs affiches), c'est le même paradigme sur lequel Sarkozy a surfé en se présentant comme le candidat "de la rupture" comme Chirac qui en son temps prétendait dénoncer "la fracture sociale".
Et ça ne fait dans l'imaginaire populaire que renforcer l'idée que dans le fond, plus ou moins fort et plus ou moins vite, on va toujours dans la même direction. Au mieux, la gauche se présente comme une force de résistance, car elle est désunie entre social-démocratie, réformisme et utopisme, donc relativement peu crédible.
Les centristes quant à eux n'ont guère de crédibilité en tant que force de consensus malgré leur discours "point d'extrème, un juste milieu qui rassemble toute la nation".
Pendant presque 50 ans, ils ont quasiment
toujours voté en servant de force d'appoint à la droite. Pompidou, Giscard, Mitterand, Chirac n'ont rien vu d'autre que des assemblées nationales avec des centristes servant de seconds couteau au RPR, puis à l'UMP.
Dans le genre "consensus pour nous la mettre" ça se posait aussi et l'ami Bayrou qui s'est refait une certaine virginité politique depuis quelques années en tenant un discours gauchisant n'a pas du tout établi de consensus. Au contraire, il attire plus de sympathie chez les gens de gauche que dans son électorat traditionnel, qui a décidé de ne plus se voiler la face et d'assumer qu'en fait de centrisme, ils étaient des adeptes d'une droite autoritaire et ultra-libérale.
En résumé, un pays dont les origines républicaines et l'histoire sont marquées par l'essor du colonialisme, le sang, les conflits sociaux et les divergences de fond sur le rôle même que doit avoir un état, dont l'histoire a été meublée par un certain nombre de soulèvements populaires réprimés (la commune...) et d'un régime dictatorial sous la coupe d'une puissance étrangère (la résistance assimilée au terrorisme, la collaboration...).
non, je crois que vraiment, le consensus n'est pas notre tasse de thé
