La Voix De Rokugan

"Ah bon? J'espère au moins qu'il s'est assez appliqué pour que ça fasse un joli dessin."

"Mmm... Disons que l'on a l'impression de regarder le sol se trouvant sous un arbre à kaki à la fin de l'automne..."

"Tu sais, tous ces fruits trop mûrs qui sont tombés de l'arbre et qui ont éclaté par terre..."

Il rigola.

"C'est un style assez particulier..."

" Ah! Bon je présume que ça ne pouvait pas être parfait. Bishamon n'est pas Benten non plus. En tous cas merci. J'aurais dû le faire bien avant. Ça marche pas trop mal quand même ce vieux truc..."

"Benten ?? Je ne sais pas ce que ça aurait donné... Tu te serais retrouvé avec un biwa dans les mains ??"

Il descendait lentement le long du dos, massant sa peau afin de faire entrer le baume curatif.

"Je suis content en tout cas que ça face effet et que tu commences à te sentir mieux." fit-il en poursuivant son travail.

"Tu as un beau bleu sur une fesse, Kei-chan..." fit-il qu'elle ne soit par surprise de sentir ses mains la masser à cet endroit.

Quand ce fut fait, il attaqua l'arrière des cuisses.

"On aurait plus vite fait de te laisser tremper dans l'onguent..."

- Eh il m'a quand même pas fait des bleus sur tous le corps... si?

Elle ne bougea pas, la combinaison baume et sake fonctionnait bien.

- Et donc on s'est déjà occupé de toi exactement comme ça quand t'étais sur le Mur c'est ça que tu as dit toute à l'heure? Je ne voyais pas ça comme ça moi...T'as pas eu de petite amie tu as dit... C'est parce que ça te suffisait de te faire masser par tous ces hommes à la moindre blessure c'est ça? se ficha-t-elle de lui.

"J'en sais rien, moi. T'es tombée sur tes fesses, j'imagine..."

Il rigola à sa blague.

"Non, c'est pas vraiment ça... On a affronté une saloperie d'oni. Tous le monde est mort sauf moi..."

"Un de mes soldats, une femme nommée Reika, s'est interposée entre le monstre et moi... Les longs ongles noirs de l'oni l'ont traversée de part en part avant de se planter dans ma poitrine. Elle m'a sauvé la vie..." fit-il à mi-voix.

"Cette saloperie m'a quand même crevé un poumon... Et l'une de ses griffes est passée à quelques centimètres de mon cœur... Il m'a fallut des mois pour m'en remettre..."

"Il a fallut me nourrir... Me faire boire... Me torcher..."

- Je suis désolée...

"Il n'y a pas de mal, Kei-chan..."

- T'es un champion pour casser l'ambiance en tous cas...

Elle continua plus douce "Je suis heureuse que tu ne sois pas mort et je suis désolée pour ton amie... Et tu t'es un peu entrainer à être un vieux grabataire, ce n'est pas si mal ! Tu n'auras pas de surprise à la fin !"

"Ouais je sais... Je n'ai jamais été le gars idéal pour mettre l'ambiance..."

Il venait de finir de lui enduire les jambes.

"Bien... On dirait que j'ai terminé... Tu te sens mieux, Kei-chan ??"

"Oui. Un peu peur de bouger du coup mais je sens quand même que ça devrait aller beaucoup mieux."

Elle se mit à genoux sans trop de difficulté, en serrant les dents plus d'appréhension que de réelle douleur. Ça faisait clairement mal mais c'était sans commune mesure avec ce qu'elle avait enduré les dernières heures.

"Merci beaucoup."

"De rien..." lui dit-il avec un sourire.

"Je suis content si ça va mieux" fit-il en lui donnant un petit baiser.

Il la surprenait tout le temps avec ces attentions bizarres?... En fait elle n'avait jamais vraiment été avec quelqu'un, à part lui, mais ça remontait à dix ans. Elle avait eu beau coucher avec des dizaines d'hommes, ils n'avaient jamais été là constamment comme il l'était lui dorénavant. Et en général il n'y avait aucune ambiguïté sur leurs intentions.

Elle l'embrassa, doucement, un baiser d'une seconde à peine, comme s'embrassent les enfants; se racla la gorge, gênée, et se releva. Ça allait vraiment mieux.

- Je devrais profiter que je n'ai plus trop mal pour rentrer...

Ça ne l’enchantait tout de même pas.

"Je vais te chercher tes vêtements, Kei-chan." fit Retsu en se levant.

Il revint et l'aida à s'habiller.

Quand elle fut fin prête, il ramassa ses affaires et l'aida à sortir.

Elle semblait avoir moins mal quand elle marchait et cela le fit sourire.

"Demain matin, je te remettrai une couche d'onguent... Ta journée devrait se passer mieux, Kei-chan..." lui dit-il alors qu'ils reprenaient le chemin du dojo des Nobunaga.

"Au fait, l'apothicaire m'a donné des décoctions pour toi. Je te donnerai tout ça une fois qu'on sera arrivés..."

Elle eut un hoquet de surprise. Merde, merde, merde... Elle était perturbée ça faisait deux jours qu'elle ne prenait plus rien, ça lui était sorti de l'esprit. Ne pas dormir à la la caserne aussi c'était perturbant, ça changeait les habitudes. C'est pas le plus gros changement hein... Enfin il ne devrait pas y avoir de problème de toutes façons, elle ne pouvait pas cumuler les emmerdes comme ça. Elle essaya de compter sur ses doigts mais de toutes manières elle n'avait jamais compris, et n'avait de toutes façons jamais eu besoin de s'en soucier, elle n'oubliait jamais de boire ce truc dégueulasse. Elle se reprit.

- Merci pour "les courses" et je veux bien pour demain, surtout si on a des choses à faire... Ce sera mieux de ne pas avoir mal, dit-elle distraite.