La Voix De Rokugan

"Ça marche.." lui répondit Retsu avec un sourire.

"Mais tu n'as pas besoin de me montrer que tu es forte, je le sais déjà. Je dis juste que si tu as besoin d'aide, tu me le dis." fit-il en lui remplissant une nouvelle fois sa coupe.

"Ce n'est pas une question de fierté ou de quoique ce soit d'autre. Tu es blessée, Kei-chan..." dit-il en lui tendant la coupe.

Bien sûr que si c'est une question de fierté...

- D'accord, je sais que je peux te demander de l'aide maintenant.

Elle prit la coupe et la vida d'une traite également avant de la poser sur le bord.

Elle mangea de bon appétit, en laissant presque parfaitement la moitié à chaque fois. Elle fit tomber un ou deux morceau de viande dans l'eau du bain, qu'elle ramassa aussitôt mais globalement elle s'en sortit plutôt pas mal. Entre deux bouchées elle lui demanda :

- Quelqu'un t'a apporté des nouvelles de Takeshi?

Retsu sourit en la voyant se débrouiller manger. Elle se débrouillait bien.
Il s'assit à côté de l'eau et pris son dîner avec elle, ne manquant pas de la resservir dès que sa coupe était vide.

"Hé bien... Il est toujours KO... Je pense que c'est la dernière fois qu'il traite quelqu'un de grand-mère..."

- Ouais mais ce serait bien de le surveiller quand même... S'il s'est vraiment passé un truc mystique, qu'on sache si ça lui a fait quelque chose de spécial. Après je t'avoue que s'il souffre le martyr, ça me gêne pas non plus !

Après le repas et cinq ou six? coupes de sake, ça allait déjà un peu mieux.

- Tu peux... aller chercher les onguents? Je vais sortir.

Enfin essayer.

"Oui. Peut-être sera-t-il devenu sage ??" fit le jeune homme sans trop y croire.

"C'est un des plus insubordonné que j'ai sous mes ordres..." fit Retsu avant de sortir un pot d'onguent de sa manche.

"Je ne voulais pas te faire attendre..." expliqua-t-il.

Il vida sa coupe de sake d'un trait et s'approcha pour aider la jeune femme à sortir de l'eau.

Elle ne sut pas trop si elle était contente ou pas qu'il l'aide à sortir de son bouillon. Sa volonté lui disait qu'elle y serait bien arrivée toute seule, son corps non. Elle prit une grand inspiration, il crut qu'elle allait mettre la tête sous l'eau, mais elle s'appuya sur le bord du bassin et poussa sur ses bras pour sortir. Elle sentit comme mille petits sabots de cheval la piétiner. Elle serra la mâchoire à s'en faire grincer les dents.

- Ah... Ah... Ah articula-t-elle pour s'empêcher de crier.

Elle mit un genou sur le rebord et resta à moitié à genou avec encore une jambe qui pendait dans l'eau, dans un équilibre assez précaire. Bon, et bien c'est déjà pas mal comme ça...

Retsu s'approcha et lui passa les mains sous les épaules. Il la souleva lentement afin qu'elle puisse sortir de l'eau.

"Voilà... On y est, Kei-chan." lui dit-il une fois qu'elle fut complètement sortie.

"Ca va ?? Je te lâche ?" lui demanda-t-il.

Elle hocha de la tête pour lui répondre et le jeune homme attrapa alors une serviette afin de la sécher. Il allait doucement afin de ne pas lui faire trop mal, mais elle ne put s'empêcher de grimacer.

- Ça va quand même mieux avec le sake...

Elle avait l'impression d'avoir trois ans.

- Tu me déshabilles, tu me laves, tu me sèches, tu me portes, tu veux même me faire manger, t'es tant que ça en manque d'enfant à chouchouter dans ton entourage? sourit-elle tout de même, il faisait très attention : ça lui faisait mal mais ça allait.

"C'est vrai que je n'ai pas tellement d'enfants dans mon entourage..." fit Retsu en guise de réponse.

"Tu sais... Je me suis retrouvé dans un sale état après un combat... Et mes camarades, des bushi bourrus typiques du clan Hida se sont occupés de moi. Ils m'ont fait manger... Boire..."

"Ce n'est drôle ni pour les uns ni pour les autres, mais c'est ainsi que l'on fait quand un camarade est blessé..."

Il continuait à la sécher, prenant toujours un soin infini à ne pas lui faire mal.

Quand il eu terminé, il attrapa d'autres serviettes qu'il déplia sur le sol, afin de faire comme un tatami sur le sol de pierre.

"Allez... Installes-toi confortablement." lui dit-il en l'amenant sur les serviettes avant de l'aider à s'assoir.

Il attrapa alors le pot et l'ouvrit, libérant le parfum caractéristique du camphre et de la menthe...

- Oui, enfin je me suis pas faite attaquer par une horde de gobelin non plus, insista-t-elle, têtue.

Elle tomba sur les genoux, s'assit tant bien que mal et se pencha en arrière. Le choc lui coupa la respiration, mais elle était allongée.

Retsu ne répondit pas. Ce n'était pas les gobelins qui l'avaient mis dans cet état.
L'espace d'un instant, il revit la tête blafarde, aux long cheveux gras et noirs comme le charbon et qui n'avait pas de visage...

Il chassa ses mauvaises pensées et pris une bonne dose d'onguent.

"Je vais essayer de ne pas y aller comme un bourrin... Pas comme l'autre fois..." fit-il avec un sourire.

Il posa ses mains sur la douce peau de Kei-chan et commença à la masser.

Aussi doucement qu'il allait ça lui fit mal, elle se crispa et la secousse lui fit plus mal encore... Jusqu'à ce sur le baume fasse son effet et chauffe sa peau, en la brûlant presque. Ça changea toutes ses sensations et effectivement, apaisa la douleur lancinante qu'elle se trainait depuis la fin d'après-midi.

- Tu fais bien de ne pas faire "comme l'autre fois", je suis beaucoup plus amochée aujourd'hui... Tu ne m'imposerais pas la honte de glapir de douleur quand même?

"Non, rassures-toi... Je suis un gentil garçon..." dit-il en continuant à étaler le baume.

Après avoir enduit ses épaules et ses bras couverts de bleus, il continua avec ses flancs, sa poitrine, son ventre puis ses jambes.
Il agissait posément, sans vouloir aller trop vite, et sans pudeur. Elle était blessée et il fallait s'occuper d'elle...

"Tournes-toi Kei-chan. Il faut que je te masse le dos maintenant..."

Ce disant, il l'aida à se tourner sur le ventre et entreprit de lui masser les épaules et le dos.

Bon sang... songea-t-il en voyant les hématomes violacés que Kei-chan avait dans le dos.

Le plus dur fut de se retourner mais les minutes passaient et ça allaient de mieux en mieux. Elle se força à parler pour ne pas s'endormir.

- Alors ? On voit la couleur de mes os ou il me reste un peu de peau?

"Il te reste de la peau..."

"Ça donne plutôt l'impression que tu t'es fait faire un tatouage géant... Ma petite yakuza..." dit-il en souriant.