La Voix De Rokugan

"Pardon ??" ne put s'empêcher de lâcher Retsu.

Puis se reprenant : "Hida Kei-dono et moi sommes des amis de longue date."

"Des épreuves comme celles rencontrées lors de notre gempukku font que notre petit groupe a tissé des liens forts mais qui tendent parfois à dépasser le cadre du protocole..."

"Si mon comportement vous a choqué, Yasuki-sama, veuillez accepter mes plus humbles excuses..." fit-il en s'inclinant.

- Ne vous formalisez pas. Nous sommes entre gens de bonne compagnie, dans un déjeuner informel, foin de protocole. Et vous taquinerais-je sur vos amitiés après la part que vous avez prise dans la concrétisation de mon amour ? Je vous en prie, Retsu-san, reprenez du saké.

En revanche Kei avait entendu Retsu... Mais elle ne comprit rien à l'échange.

Retsu inclina légèrement la tête.

Il leva sa coupe à deux mains afin qu'on puisse le servir.

Bayuri regarda la petite bouteille de grès, la prit, la fit se balancer.

- Ah, je crois que votre bouteille est vide. Ne bougez pas.

Et, souplement, Bayuri se leva et partit vers les cuisines. En chemin, il fit signe à un serveur qui apportait les plats et qui les installa. Yoshiko en profita pour placer :

- Je ne saurais jamais vous remercier assez pour la gentillesse dont vous avez fait preuve à mon égard. Vous savez, mon père m'a fait le gros yeux, mais quand il a vu que j'étais heureuse, il a donné sa bénédiction. Et c'est grâce à vous cinq.

Les portions étaient copieuses : saumon de la rivière, riz blanc d'importation, avec ce petit filet d'huile aux épices du Clan de la Mante "des Trois Îles" qui rendait tout plat meilleur.

- Si cela s'est fait c'est que les Fortunes le désiraient.

Retsu se contenta de sourire à la jeune Daidoji.

Kei était tout de même contente pour la jeune fille, qui avait l'air vraiment heureuse... Maintenant avait-elle été négociée avec des caravanes marchandes elle ne le saurait jamais...

Bayuri revint sur ces entrefaites.

- Oui, notre amour est un don des Fortunes, dit Yoshiko, avec un regard béât vers Bayuri.
- En effet, commenta ce dernier avec un grand sourire. Les dieux nous sourient et nous encouragent sur cette voie.

Il servit Kei et Retsu, puis se versa un verre et un beaucoup plus petit pour Yoshiko.
- Vous savez bien que je ne tiens pas l'alcool...
- J'en tiens compte, mais tremper vos lèvres ne vous fera pas tituber. Kampaï !

"Merci Yasuki-sama" fit Retsu.

"Kampaï" répondit-il.

- A la votre, Yasuki-sama, Daidoji-hime.

Tous burent, Bayuri et Yoshiko peut-être avec plus de délicatesse dans le geste.

- On m'a raconté de curieux contes, hier soir, alors que je vaquais à mes affaires dans un pavillon qui donne sur le Sanctuaire de l'Esprit des Saules. Il paraîtrait que notre seigneur Toroboshi aurait été surpris en élégante compagnie par des gardes un peu trop curieux. Les a-t-on identifiés ? Sait-on qui ils sont ?

Dame Soleil commençait à approcher de sa position d'équilibre et la chaleur autour de la table, pourtant ombragée de quelques élégantes planches de bois, devenait lourde. Yoshiko balayait l'air de son éventail, comme une danse sophistiquée.

- Ça ne me dit rien*. Mais vous devriez en parler à Toroboshi-sama, il souhaitera sûrement se confier à vous, il est connu que vous vous entendez bien.

* je m'épargne un jet raté hein :p

Retsu fit la moue.

"Ce ne sont que des rumeurs, je pense, Yasuki-sama."

"Cela n'aurait pas manqué de faire le tour des casernes sinon..."

- Ah, oui, suis-je bête, je n'y avais pas pensé. 'aurais pu demander à Toroboshi. mais il avait une humeur massacrante quand je suis passé au palais et je n'ai pas osé. Je suis si faible parfois. Et ça ne peut pas s'être produit, évidement : tout le monde elle aurait à présent. Quelle idée avais-je de dire ça. Il me semble que je réfléchis moins vite lorsque notre déesse est toute-puissante
La conversation continua quelques temps encore, traitant de choses et d'autres, des salaires de la garde, du montant des impôts, du traitement des conseillers de la ville ("Oh, vous savez, nous n'avons pas vraiment besoin d'un traitement : nous sommes déjà si riches. Et puis pro ma part, ce sont mes associés qui traitent presque toutes les affaires soporifiques.")