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Publié : 28 janv. 2009, 15:49
par Kõjiro
Une histoire qui finit bien. Merci Mme la Présidente...

Sans papiers: quand une enfant de 5 ans "refuse de signer" un procès-verbal…
Récit d’un dimanche de janvier au Tribunal de grande instance de Bobigny, cadre champêtre s’il en est, déglingué, glauque et sale.

Ayant vu à la télé que le RESF avait fait libérer Williana (12 ans) de la zone d’attente d’Orly trois jours auparavant, la tante de Djessy nous prévient par téléphone le jeudi 22 janvier que sa nièce a été arrêtée à sa descente d’avion pour une affaire de passeport bricolé. La mère de l’enfant et une amie sont en garde à vue. On apprend ensuite qu’une seconde fillette est enfermée.

Djessy a 12 ans, Gudelcia 5 ans. Vous avez bien lu. Sous Sarkozy et avec Rama Yade aux Droits de l’Homme, on met sous écrou des enfants de 5 et 12 ans. Elles ne se connaissaient pas. Le hasard de leurs courtes vies chaotiques et compliquées a fait qu’elles se sont retrouvées ce 22 janvier sur un même vol en provenance de Cotonou avec de faux passeports, ville à partir de laquelle des parents ou des amis les avaient mis dans l’avion.

Elles ont pourtant des histoires proches, d’une banalité qui fait honte. Des mères très jeunes, des pères parfois défaillants… ou tués dans la guerre civile congolaise. Fuyant la guerre ou la misère, les jeunes mères émigrent, confiant l’enfant à une parente ou une amie. En France, elles refont leur vie, ont d’autres enfants. Mais n’oublient pas celui resté au pays. Elles envoient de l’argent, reçoivent des photos, passent des coups de fil. Et, dès que possible, demandent le regroupement familial. Une fois, deux fois, trois fois. Des mois de démarches, d’espoir parfois, à chaque fois déçus. La lutte contre l’immigration familiale chère à M. Sarkozy dévaste bien des vies. Les enfants attendent, rêvent, grandissent, les parents se désespèrent puis, peut-être, font en sorte que les enfants aient des papiers, vrais ou faux. Ou ceux qui sont au pays, fatigués, ou trop vieux, ou malades ou morts, qui ne peuvent plus s’occuper des enfants, et ces derniers se retrouvent dans un avion avec un passeport de contrebande. Qu’à l’arrivée, la police française a tôt fait de détecter.

Les adultes qui attendent les enfants sont interpellés. Les enfants enfermés en zone d’attente, une sorte de centre de rétention considéré comme étant en zone internationale. C’est en France, évidemment, les lois ordinaires françaises s’y appliquent (une agression commise en zone internationale serait jugée par qui ? Le Pape ?), la police française y fait régner son ordre. Seules les lois sur la protection des étrangers et des mineurs y sont suspendues. Et donc, on y enferme des enfants, parfois des tout petits. Vive la France ! Vive la République ! C’est ce qui est arrivé à Djessy et à Gudelcia. Prises en charge par la police, elles sont enfermées dans un hôtel, surveillées par des policiers en uniforme et en armes et gardées par une nurse-policière, en uniforme. C’est un sort meilleur que celui de Williana qui à Orly, quatre jours auparavant dormait à l’hôtel mais était enfermée avec les adultes, de 6 heures ou 7 heures du matin jusqu’à 21 heures, dans la salle d’attente qui tient lieu de zone d’attente.

Les mères n’avaient pas vu leur enfant depuis neuf ans pour la grande, trois ans pour la petite. Elles croyaient pouvoir enfin l’embrasser. Elles se sont retrouvées menottées, fouillées au corps, placées en garde à vue. La mère de Gudelcia, enceinte de huit mois et demi est libérée au bout de quelques heures sur intervention d’un médecin. Celle de Djessy est venue avec une amie. 36 heures de garde à vue, leurs domiciles sont perquisitionnés avant leur libération sans poursuites.

Quand on découvre l’affaire le 22 janvier vers 13 heures, le souci immédiat est d’empêcher que les enfants soient remis dans un avion à destination de leur point de départ en quelques heures comme cela se produit parfois, y compris quand cette ville est très éloignée du domicile de ceux qui élevaient l’enfant.
Un communiqué sort, rédigé à la hâte, expédié à la presse et aux 30 000 abonnés de la liste resf.info. Ils sont invités à téléphoner, à faxer et à mailer aux ministres et aux préfets pour leur dire le bien qu’ils pensent de leurs décisions. Quand il arrive qu’un employé de préfecture lâche un chiffre, on constate que les mails et fax reçus se comptent par centaines. Pas tous très gentils. Daniel Goldberg, député de la circonscription intervient, l’AFP sort une dépêche. La situation est verrouillée. Quand bien même elle en aurait eu l’intention, le ministère ne peut pas expulser publiquement des enfants isolés.

Dimanche 25 donc, les deux enfants sont traduites devant le Juge des libertés et de la détention, en audience publique, comme des grandes. A 10 heures du matin, on est quelques uns devant le TGI fermé de Bobigny. Il ouvre vers midi, non sans qu’on ait vu passer, derrière les baies vitrés, encadrés par des policiers en tenue de combat, l’air hagard de ceux qui sortent d’un long voyage et d’un mauvais cauchemar, tirant leur valise de leur main libre, la cohorte menottée par deux des hommes, de quelques femmes aussi, souvent jeunes, très jeunes, de la misère du monde qu’on ne veut pas laisser entrer. Et parmi eux, petites et frêles, à craquer et l’air terrifié, deux petites filles tirant elles aussi leur petite valise. Elles ne sont pas menottées, elles se donnent la main.

Encore deux longues heures d’attente, on voit passer des bacs plastique de sandwich et de bouteilles d’eau pour les prisonniers. Dans la salle du JLD, des rangs de chaises plastique pour le public, certaines cassées. Des fauteuils, simili cuir, tous aussi crasseux d’ailleurs, pour les policiers au fond de la salle. Ils sont six, parfois huit, CRS, PAF (Police aux frontières) et civils qui garnissent le mur du fond. Les civils, brassard rouge «Police» à la ceinture, sont vautrés sur leur fauteuil, les jambes gênant le passage, le regard arrogant, sûrs d’eux, sans état d’âme apparent.

Les prisonniers entrent, les cinq en provenance d’un Centre de rétention d’un côté, une petite vingtaine sortis de la zone d’attente de Roissy de l’autre. Les deux fillettes ne sont pas là. Une greffière, une présidente, une demi-douzaine d’avocats et de traducteurs, une vingtaine de parents et amis, quatre RESF, la salle est pleine. La Présidente commence par les mineurs. Gudelcia est si petite qu’on ne l’a pas vue entrer. Une explosion de colère de la Présidente qui réclame le silence et un peu de décence tourne tous les regards vers elle.
Assise au banc des accusés, terrifiée, elle est minuscule entre son avocat et l’administrateur ad hoc nommé pour la représenter, deux gaillards. La présidente est indignée du gibier de potence qu’on lui présente. Elle se tourne vers l’avocate de la préfecture, tempêtant «5 ans ! Cette enfant n’a rien à faire ici !». Puis, s’adressant à l’enfant sur un ton aussi affectueux que sa colère le permet : «Comment t’appelles-tu ?», «Tu es trop mignonne, toi», «C’est toi qui t’es coiffée ?».
Lisant la peur dans les yeux de l’enfant, elle devine que les deux grands corbeaux en robe noire que sont la greffière et elle-même l’effraient. Toutes deux retirent leurs robes de magistrates. On se retient d’applaudir. «Cette enfant est seule ? Pas de famille dans la salle ?» La mère se lève : «Venez, Madame, asseyez-vous, prenez-la sur vos genoux, on ne va pas la laisser comme ça !». La tante s’est levée aussi : «Qui êtes-vous ? La tante ? Venez vous asseoir aussi, qu’elle soit entourée.»

La Présidente parcourt le procès-verbal d’interpellation établi par la PAF, elle écarquille les yeux puis éclate à nouveau : «Ils ont coché la case "refuse de signer !" Elle a cinq ans, on veut qu’elle signe quoi ? On est où ?»

La décision est prise, très vite, évidente : libération de la zone d’attente puis, quelques minutes plus tard, même décision pour Djessy. L’une comme l’autre sont rendues à leur mère après un passage devant le juge des enfants. Dans cette histoire, l’Identité nationale chère à M. Hortefeux est dignement représentée…

• Richard Moyon •

Publié : 29 janv. 2009, 15:15
par Soshi Yabu
60000 personnes à grenoble selon la CGT. Pas totalement idiot, à mon avis, et en tous cas, pas moins de 40000. Près de 1/5e de la population locale dans la rue, ça le fait.
Avec des professions auxquelles je ne m'attendais pas: pompiers, onf, et même aides à domiciles pour les personnes âgées. La CGT avait bien préparé sa journée.

Et une manif où l'éduc nat représente moins de la moitié du cortège, en interpro, c'est une belle réussite.

Yabu, en grève.

Publié : 29 janv. 2009, 15:53
par Hida Uruku
A paris, les flics ont fait sonner leur sirène en criant " du fric pour les flics !" . c'est pas énorme ça !

boujou

Hida uruku en grève too

Publié : 29 janv. 2009, 16:19
par Soshi Yabu
Tu vois, Inigin, que les flics ne font pas que tapper sur les gens... lol

Petite provoc amicale. :france:

Publié : 29 janv. 2009, 16:23
par Hida Uruku
Si ça interesse, voilà ma source et ça a beau être Le Monde pour l'instant ça me parait objectif.

http://www.lemonde.fr/societe/actu-minu ... _3224.html

Boujou

Publié : 29 janv. 2009, 16:34
par Toshi
Hida Uruku a écrit :A paris, les flics ont fait sonner leur sirène en criant " du fric pour les flics !" . c'est pas énorme ça !

boujou

Hida uruku en grève too
beau geste :)

j'imagine les sirènes qui retentissent .... tout le monde se raidit en se disant mer.e ça part en live ... et non ... :lol:

Publié : 29 janv. 2009, 16:37
par Hida Uruku
Quand les forces de l'ordre commencent à soutenir les opposants, il faut commencer à réflechir.

Mais bon, là, c'est pas acquis :france:

Boujou

Publié : 29 janv. 2009, 19:16
par Kõjiro
Je confirme pour le flics, j'étais à coté d'eux pdt un moment.

Bon par contre désolé mais leur sirène ça le fait 5 minutes après c'est stressant ;)

Publié : 29 janv. 2009, 22:36
par Banshee
Kõjiro a écrit :Je confirme pour le flics, j'étais à coté d'eux pdt un moment.

Bon par contre désolé mais leur sirène ça le fait 5 minutes après c'est stressant ;)
un peu comme les cornes debrumes et les cris des manifestants? :mal:

non non, ne me remercie pas, c'est cadeau, ça me fait plaisir :lol:


a savoir certains syndicats de police prevoit de manifester en fevrier/mars contre la réduction des effectifs qui à lieu.

j'ai eu mon concours et il est possible que je sois un des derniers avant un moment

Publié : 04 févr. 2009, 11:34
par JBeuh
:grr: Pécresse :help: décret :chepa: étudiants :fesse: les étudiants en L1 :akuro: le JBeuh :evil: grève, manifestation, etc.

JBeuh, ça se passe de mots...

Publié : 04 févr. 2009, 12:14
par Mirumoto Hijiko
Bienvenue en France :biere:

Publié : 04 févr. 2009, 12:32
par Goju Kaze
JBeuh a écrit ::grr: Pécresse :help: décret :chepa: étudiants :fesse: les étudiants en L1 :akuro: le JBeuh :evil: grève, manifestation, etc.

JBeuh, ça se passe de mots...
Ah, tu as su...

:kaze:

Publié : 04 févr. 2009, 13:04
par Kakita Inigin

Publié : 04 févr. 2009, 13:33
par JBeuh
Pour faire moins imagé, je suis au courant depuis la mi-décembre environ, parce que les profs de droit conteste ce décret depuis l'idée d'avant-conception d'un éventuel projet... La ministre a décidé d'aller au combat, parce que l'opinion publique, globalement s'en moque. De nombreux excellents profs et chercheurs comptent partir de France si ça passe - et ce ne sont pas des mots en l'air... surtout ceux qui ont déjà enseigné hors de France et qui en ont assez du mépris et de l'insuffisance. Bref, la situation, si elle n'est pas rose en ce moment, va empirer sous prétexte de la sauver... afin, ensuite, de pouvoir transformer tout le statut en contrat précaire de droit privé. Le gouvernement n'a aucunement conscience de ce qu'est la recherche (pour eux, c'est proportionnel à l'argent engagé et les résultats sont immédiats), ont un mépris pour l'enseignement (c'est conçu comme une sanction pour les mauvais chercheurs. Bref, les étudiants n'auront que les "mauvais" et pas les "bons", chouette alors) et la non compréhension du lien entre ces deux fonctions (la recherche est préalable à l'enseignement, qui lui-même clarifie la pensée de recherche, laquelle permet des enseignements plus en pointe et plus pertinents, qui favorise une recherche intelligente et des groupes de recherches, etc.)... j'en passe et des meilleures. Quand je vois les conditions à Oslo et le respect des profs, ça donne réellement envie de partir. Si ça passe, je termine mon doctorat en continuant à être plus à l'étranger en France et je pars me chercher un poste dans un pays voisin, mais je n'accepterais pas, avec un Bac+8, d'être considéré comme un chien en France.
Les étudiants ne comprennent pas et les L1 se bourrent le mou en relayant les plus connes rumeurs (et ne viennent pas aux réunions d'information...). Ca énerve de les entendre.
Et y'a de forte chance que mardi prochain, je sois sur Paris pour protester contre cette aberration : on a un pompier pyromane, et j'ai l'impression qu'ils ne se rendent pas compte de ce qu'ils font.
Nota bene : les profs de droit, traditionnellement campés dans leurs facs, type tour d'ivoire, sont à l'initiative du mouvement, et même Paris II Assas est en grève, avec un de ses meilleurs profs et chercheurs (reconnus à l'international) en figure de proue du mouvement. C'est plus qu'une révolte, dans le milieu universitaire, c'est une révolution sans précédent (même mai 68, chez les profs de droit, c'était pas suivi).

Bref, gros coup de gueule, surtout après mes premiers TDs et les interventions de Pécresse hier soir.

Et les asso de droite comme de gauche, à l'université, sont contre. (Sauf l'Uni, mais les étudiants - pour la majorité - sont dans une optique perso et individualiste et obnubilé par leur note...)

Je m'arrête là, mais bien remonté...

JBeuh, qui regrette énormément de ne pas avoir eu de cotutelle et donc un diplôme étranger en plus...

Publié : 04 févr. 2009, 13:38
par Toshi
mouais .... je vais finir chercheur-associé au Vietnam et pis voilà ... :cut:

vu qu'il n'y a plus de post-doc .... ça laissera du temps pour partir ...