La Voix De Rokugan

(Elève) - Vous n'avez rien compris au Bushido !
(Sensei) - Vous n'avez rien compris au Clan du Crabe !
(Elève) - ... VOUS N'AVEZ RIEN COMPRIS A L'HONNEUR !
(Sensei) - ... VOUS N'AVEZ RIEN COMPRIS AU DEVOIR !

Tous se retournèrent. Depuis le bout de la cour, traversant l'esplanade, la dispute arrêtait l'entraînement. Le sensei hurlait à présent aussi fort que le sempai et la dispute semblait ne pas pouvoir se régler calmement.

(Elève 2) - Pff, commença l'un. C'est encore ce petit crâne d'oeuf.
(Elève 3) - Ouais. Parce qu'il descend d'une lignée de truands, il croit avoir droit à des égards.
(Elève 4) - C'est rien qu'une grenouille qui a pas compris le conte du Taureau.
(Elève 5) - Un Crabe qui se prend pour un de ces fils de pute de... Kakita.

Le grand gaillard qui avait dit ça était connu pour sa piété : "pute" et "Doji" dans la même phrase, ça devait lui chatouiller la gorge. Un Crabe valeureux, mais un Crabe pieux. En tout cas, dans la salle d'entraînement, le petit échassier-de-coeur qui s'engueulait avec le sensei, on l'aimait pa trop. Toujours à parler d'honneur, de bushido, de valeurs héroïques.

(Elève 6) - Comme disait mon père, on n'est pas là pour être des héros. On est là pour fermer sa gueule avec une plaque d'acier et la gueule des oni avec une barre d'acier.
(Elève 7) - Et ton père, c'est un vrai bushi.
(Elève 8 ) - Ouais.
(Elève 9) - Ouais.

(Ryuzaki) - Hé, les gars, j'ai une idée.

Hida Ryuzaki était un beau gars. Belle gueule, épaules larges, jambes taillées pour la course et bras pour la bagarre. Toujours prêt à éviter au petit nouveau de se faire bizuter par les sempai. On l'aimait bien, Ryuzaki.

(Ryuzaki) - On pourrait se le faire, le petit Hei-chan. Un couillon comme lui avec un nom de ration militaire comme ça, ça devrait pas exister. Qui est avec moi ?

Toute la promotion est rassemblée dans la salle. Tous les personnages-joueurs sont là, parmi leurs condisciples.

Kei ne voulait pas se mêler à la "curée". Elle resta dans les parages, pour être sûre que ça ne dégénère pas trop.

"Sans moi..." fit Retsu en s'éloignant du groupe d'élève.

"Si l'on peut s'engueuler quant à savoir si le devoir est la vertu la plus importante du bushido ou pas, se mettre à quinze contre un des notres c'est tout simplement indigne. Même les bakemono ne font pas ça..."

Hirozaku était resté dans son coin. Il regardait la scène avec un certain amusement. Puis alors que Hida Ryuzaki fit sa proposition, Hirozaku le toisa.

" Je suis bien désolé de ne pas t'apporter mon aide ... Si punition il y a , je pense que nos sensei seront bien plus créatif que nous ... La vie ici doit déjà être une vrai plaie pour notre cher volatile"

Hirozaku jeta alors un coup d'oeil en direction Hei . Il se leva alors, et se dirigea en direction de son sensei .
Hirozaku s'agenouilla alors et prit la parole

"Hida-sensei, permettez moi de défier ce jeune insolent. Je ne peux supporter qu'un élève ose hausser le ton à votre égard"

Le front contre le sol, Hirozaku attendait le réponse de son sensei ...

Ryuzaki s'était détourné, outré, entraînant dans son sillage un petit groupe de séides.
Quant au sensei, il salua Hirozaku :
- On ne m'a pas menti sur vos qualités lorsque vous êtes arrivé ici, Yasuki-san. mais nul duel n'est ici utile. Votre sempai s'est engagé dans une discussion théorique qui ne sied pas encore à votre enseignement ; alors que lui est destiné à des obligations plus complexes. Du reste, vu le penchant qu'il manifeste pour les questions d'honneur, il se prépare de dures désillusions. Je pense que plus qu'une correction, il aura besoin d'amis fidèles. Accepteriez-vous de vous charger de cette dure mission ?

Kei suivit le petit groupe. Quand on était mauvais, on ne l'était pas seulement pour deux minutes. Elle s'approcha un peu...

Hirozaku aimait bien Ryazuki, mais à la demande du sensé il acquiesça de la tête.

" Je n'ai guère de chose à lui apprendre HIda-sensei, mais si c'est votre souhait, je partagerai mon savoir avec lui. A savoir si je serai son ami, seul le temps nous le dira... ".

Hirozaku jeta alors un oeil en direction de Kei-chan et de Retsu -kun, puis posa son front au sol attendant que son sensei ne le libère.

Le jeune sempai salua.
- Merci de vous montrer si charitable, Yasuki-san. Quel est votre nom ? Je suis Yasuki Heihachiro. Mais vous pouvez m'appeler Hachi.

*

Ryuzaki et trois de ses amis partirent dans les couloirs, entraînant Kei. Ils s'arrêtèrent dans une alcôve.
- Venez, Kei-san. N'hésitez pas à nous rejoindre. Nous allions commencer à parler d'un châtiment approprié pour Hei, qui lui apprendrait une bonne fois quel respect il doit à ses sensei et en quoi consiste la voie du Crabe. Mais on m'a vanté votre intelligence : auriez-vous des suggestions ?

- Les sensei vont certainement s'en charger... Je ne suis pas persuadée qu'il soit très judicieux de faire quelque chose.

Ryuzaki sourit. Il avait un beau sourire, celui d'un homme habitué à se faire aimer ou à ne pas être contredit quand il avait un argument définitif. Et là,son visage disait qu'il tenait un argument définitif.

- Oui mais ils vont s'en occuper avec des sanctions symboliques, et vous savez très bien q'il oubliera la punition et recommencera. Et puis les sensei, n'est-ce pas... Que pourrions-nous faire qu'il n'oubliera pas ?

- Le laisser seul dans son coin, tout le temps... Ça il s'en rappellera... Passer sa scolarité sans personne je présume que ça laisse des traces.

- Bonne idée. Simple et de bon goût pour quelqu'un qui parle trop haut. Et si quelqu'un essaie de briser sa solitude ?

- Et bien je présume que ce ne sera pas trop notre problème... Ou comment choisir son propre châtiment pensa-t-elle...

- Mais, mais, commença un autre, si nous laissons quelqu'un s'approcher de lui, après avoir proclamé de l'ignorer, qui nous respectera ? Nous devons nous prémunir ! Nous devons nous faire respecter !