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par Matsu Roro » 29 août 2010, 13:26
Son réveil fut brutal. Il se redressa sur son futon, son cœur battait la chamade. Il resta un instant immobile. Dans sa chambre, baigné par la douce lumière du matin, flottait un parfum fleuri dans lequel il distinguait une légère note musquée. Plusieurs vêtements se trouvaient en bouchon au pied de son lit. Il se rappela soudainement qu’il n’était pas seul.
Masashige se tourna et découvrit à son côté une frêle silhouette à la peau diaphane, une cascade de cheveux soyeux découvrait une épaule nue. Les yeux du Général pétillèrent soudain et le souvenir de sa nuit lui revint en mémoire.
Quelques instants plus tard, il fermait les shoji de sa chambre en faisant le moins de bruit possible. Il s’était habillé d’un simple kimono de coton et se dirigea vers son bureau.
Il demanda à son intendant de lui faire porter un thé et une légère collation.
Lorsqu’il pénétra dans son bureau il remarqua de suite les nombreux courriers qui s’empilaient sur sa table: des invitations, des cartes, des rapports, des missives et autres correspondances qu’il n’avait pas eu le temps de traiter depuis sa récente prise de fonction.
Il refusait l’aide d’un secrétaire car il se devait de traiter lui-même son courrier, il y mettait un point d’honneur. Il fallait cependant avouer que le temps se faisait rare. Le Matsu soupira, il allait encore perdre un peu plus de temps avec toute cette paperasse.
Il contourna son bureau pour prendre place et fit une découverte pour le moins surprenante. Sur un coussin était disposé ce qui à première vue ressemblait à un amas de poils noirs et blancs, représentation parfaite du Ying et du Yang. Masashige s’approcha et distingua deux formes se détachant nettement : deux chatons, l’un noir l’autre blanc, lovés l’un contre l’autre. Le chaton blanc leva sa minuscule tête en direction du Général de la Droite et bâilla en étirant ses pattes par dessus son congénère révélant un petit ventre rose. Matsu Masashige appela son intendant.
«Intendant, que font ces deux chats dans mon bureau ?! »
L’intendant s’approcha de l’endroit désigné par le doigt de son maître.
« Je ne sais pas, Monseigneur. Peut être est ce votre dame ? »
Masashige secoua la tête « Ne sais pas ? » « Peut être ? »…Voilà une réponse qui ne le satisfaisait pas du tout. L’épisode des grenouilles lui revint de suite en mémoire.
Le Général fulminait littéralement, son visage d’ordinaire si avenant si beau était déformé de colère, il ne pouvait pas s’agir de la même chose ! L’intendant devait avoir raison, cela devait être probablement Tsuyu. Il prit le coussin avec les deux animaux avec lui et les déposa délicatement dans sa chambre, aux pieds de son épouse.
Une tempête d’or et de soies ivoires déferla hors des quartiers du Général de la Garde de la Droite, suivie de son escorte en direction du Daidairi.
Masashige s’approchait des portes du palais et crut apercevoir un moment fugace une expression d’étonnement sur les visages des gardes impériaux à moins que cela ne soit de l’incrédulité ? Non , il devait avoir rêvé. Alors qu’il parcourait les derniers mètres jusqu’aux portes, une escouade lourdement armée vint se positionner devant les portes du palais et un Chui s'avançait levant une main tendue vers lui, paume en avant lui signifiant de...s’arrêter.
« Mais qu’est ce que s’est que ce bordel ?! » fut la première question qui prit forme dans son esprit à moins qu'il ne l'ait prononcée à voix haute car l'officier eut l'air mal à l'aise. L'officier s'inclina.
"Veuillez me suivre Matsu Masashige-sama, seul, s'il vous plait." A cette demande la tension monta d'un cran, l'escorte du Général de la Droite fut prise d'un frisson perceptible. Masashige sentait bien que quelque chose n'allait pas. Il fit signe à son escorte de l'attendre ici et s'engagea derrière l'officier. Les gardes impériaux suivaient du regard le Général Matsu comme si celui ci était une menace permanente lorsque l'officier lui indiqua une pièce qui devait être une antichambre.
"Je vous prie de bien vouloir patienter ici, Matsu-sama".
Masashige fit tout son possible pour garder contenance et s'avança dans la pièce.
"J'espère que je ne patienterai pas longtemps..." dit il en fusillant des yeux le samurai qui refermait honteusement le shoji.
"There is no loyalty but to the Emperor. There is no honor but to die in his name."Matsu Tsuko