je pense qu'il faut reprendre ce que plusieurs personnes ont dites ici-même à savoir qu'à L5A plus que dans pas mal d'autres univers, la progression martiale du personnage s'accompagne généralement d'une progression sociale et que même s'il devient un gros monstre, ben il a trop de responsabilités pour aller se balader dehors et le prouver aussi souvent qu'avant
Evidemment, il peut devenir le clone de Kisada, c'est à dire un type qui passera l'essentiel de ses journées à combattre une horde d'adversaires plus faibles que lui dans une routine plus déprimante qu'autre chose, en espérant ne pas se faire piler d'un coup par une menace dont il n'aura saisi la nature que trop tard. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé à Kisada, tiens...
le problème, c'est de changer d'orientation de campagne d'un coup, genre pour reprendre un vieux truc de donjonneur de ma jeunesse, tu passes 12 niveaux à faire du porte-monstre-trésor et un matin, le mjeuh il te dit que maintenant tu vas devoir gérer ton chateau fort qu'il t'a collé dans les pattes au milieu d'un trou dont t'avais jamais entendu parler avant...
On me dira, c'est d&d, hein...
bé non, justement. J'ai aussi eu des mjeuh qui ont fait en sorte qu'on soit impliqué assez rapidement dans des évènements locaux, puis nationaux et internationaux et qu'au final, je me retrouve une fois encore avec un chateau fort mais qu'il se trouve qu'il fut construit autour d'un fortin qu'on avait purgé de ses orcs quinze niveaux plus tôt. Dans une province qu'on avait parcouru plusieurs fois, avec des pnjs figurants que je connaissais pour la plupart des notables... la transition s'est faite sans difficulté. Le perso, c'était un monstrasse et il sortait pas souvent de chez lui. Pourquoi ? ben il aimait bien pécher à la rivière en bas de ses douves, pis recevoir les potes le samedi, pis se chercher une femme en écumant les soirées mondaines. Ah, et siéger dans les conseils ça le fait aussi. Inviter des ploucs avec des noms commençant par Seigneur et aller chez eux. De temps en temps, il avait droit à un assassin de passage ou un vieil ennemi dont le cousin de la demi-soeur voulait absolument récupérer le cure-dent familial embarqué comme butin dix ans plus tôt...
alors, oui, on jouait aussi souvent qu'avant mais on tapait peut-être moins souvent qu'avant. Question de vraisemblance disais le mjeuh : tous les monstres balèzes du continent ont autre chose à fiche que de venir forcément pisser dans vos jardins les gars.
mais entre deux intrigues politiques, trois mondanités et quelques soucis politico-économico-militaires, ben fallait aussi se heurter aux séides du vrai gros grand méchant. Celui que le mjeuh il nous réservait pour la fin. Que après lui, on savait déjà que les survivants ils auraient droit au générique de fin et tout le tralala quoi.
Je pense que si on peut faire ça dans un univers de D&d typique ou à la base le pj est un aventurier sans liens ni obligations la majeure partie du temps, c'est encore plus facile dans un univers comme L5A. Mais pour ça, il faut savoir, dés le début d'une campagne, quel sera le temps fort final et ce qu'il y aura après.
Une fois que du point de vue du mj (que les joueurs le sachent ou pas dés le départ) le méga-problème aura été réglé, est ce qu'on se fait un générique hollywoodien typique de fin ? est ce qu'on brode sur une ou deux séances le temps que les pjs puissent dire quels sont leurs projets et commencer à les concrétiser un peu ? est ce qu'on prépare le terrain pour la campagne suivante qui impliquera leurs enfants, ou leurs disciples, ou les suivants de leurs ennemis en posant les premiers jalons ?
en fait, le mj ne doit pas tant se poser la question de "est ce que mes joueurs jouent des trucs trop puissants pour moi ?" mais plutôt "quoi qu'il arrive, est ce que je sais comment attaquer la dernière partie de la campagne et à quel rang ils seront grosso modo ?". Ainsi, le mj peut doser et réajuster en cours de route les challenges et les récompenses, pour amener ses personnages à peu près au niveau de puissance ou les choses culmineront vers le final. Un final qu'il peut d'ailleurs préparer bien à l'avance si la conclusion qui suit l'ultime accomplissement collectif des pjs a été un peu scénarisée au préalable.
c'est une astuce typique de scénariste en fait : je sais déjà ce que je vais montrer au générique de fin sur la destinée des survivants. Un ensemble de saynètes qui montreront vers quoi leurs vies s'orientent. Une bonne grosse conclusion à la RPG de console

ça marche nickel.
En cours de route, on voit comment les choses avancent, et à chaque fois on réajuste. Mes pjs héritent d'un super-nemuranai ? quelle est son histoire et en quoi peut-il leur compliquer la vie ? l'un d'entres eux vise à devenir le maitre suprème de son école, vais-je lui en donner l'opportunité avant la conclusion ou cela sera t'il abordé uniquement durant le générique de fin ? S'il parvient à son objectif, quel en sera le prix à payer.
ces idées n'ont pas besoin d'être fixées une fois pour toutes mais elles permettent d'accumuler possibilités et alternatives. D'avoir un matériau de base qu'on peut remodeler en cours de route selon les échanges avec les joueurs et surtout selon leurs décisions qui entrainent assez souvent les personnages dans des directions un peu plus acrobatiques que prévu. Au pire, on doit changer son générique de fin avant le moment ou il passe à l'écran, ce qui n'a rien de bien critique.
A ce moment là, chaque technique, chaque sort que gagne un pj représente à la fois un atout pour lui et un outil pour le mj afin de relancer son intéret, de trouver de nouveaux challenges. Et ne parlons pas des statuts sociaux. Rien que la routine peut s'avérer bien plus surprenante que prévu.
Que fais tu quand ta meilleure disciple, presque ta fille adoptive, se fait pincer alors qu'elle a une liaison avec un jeune homme très bien dont tu apprécies la famille au demeurant ?
que fais tu lorsque un tremblement de terre détruit le fronton du temple ou tu officies la veille de l'arrivée de l'empereur de passage dans la région et qui venait se recueillir ?
que fais tu, puissant seigneur local, quand le maitre sensei du dojo te dit que ton fils ainé est totalement inapte à manier un sabre ?
que fais tu lorsque ton meilleur élève, très doué mais manquant cruellement de véritable expérience, te dit qu'il doit te quitter pour aller venger son père dont il vient d'apprendre qu'il a été assassiné quelque part sur les terres du Scorpion ou pour aller tuer son oncle que l'on a vu chevaucher avec les Moto damnés dans l'outremonde ?
que fais tu lorsqu'on te dit que pour une affaire dont tu ne sais rien, un daimyo voisin vient tout à coup de franchir la frontière pour aller poutrer ton suzerain/frère/ami avec une armée qui fait trois fois la tienne ?
que fais tu lorsque un jeune élève d'une école rivale de la tienne arrive dans ton dojo et écrase sans difficulté tous tes élèves, sachant que si tu peux le vaincre lui, il y a fort à parier que son maitre te soit largement supérieur vu la qualité de son enseignement... et que tu n'avais jamais entendu parler de cet homme vu que pendant que tu jouais au héros sur le mur, lui il défendait l'empire en tant que magistrat d'émeraude... ou comme sentinelle dans les sables brulants... ou comme shinobi du clan du scorpion....
que fais tu lorsque la peste ravage la province et que tes anneaux exceptionnels sont réduits de 2 rangs complets, ce qui fait que tu reste quand même debout alors que la plupart de tes proches ou voisins sont cloués au lit, voire morts... et qu'en plus de la famine vu que plus personne de valide n'accepte de rester dans le coin, il faut compter avec les gobelins qui eux ne souffrent pas de l'épidémie...
que fais tu lorsque ton champion de clan te dis que c'est pas le moment de se la jouer Matsu Tsuko et qu'il te prie de bien vouloir fermer ta gueule au lieu de piétiner le courtisan minable du clan d'en face, qui vient d'avoir la seule répartie géniale de son existence et qui va probablement vous faire perdre une guerre... parce que sinon l'empereur il va pas aimer que tu sabordes la paix qu'il a voulu initier.
que fais tu lorsque ton fils cadet se révèle être un maho-tsukai, pas très conséquent certes, mais nourri par la rancoeur vu que tu lui as toujours préféré l'ainé qui lui sait tenir un sabre...
que fais tu lorsque ton souverain te dis qu'un général comme toi doit absolument protéger la capitale impériale et ne jamais la quitter.
c'est très facile d'occuper des pjs en fait. Et ca n'empèche pas une bonne baston à la fois difficile et vraisemblable. Mais il faut prévoir à l'avance non pas ces péripéties mais le rythme de ta campagne, question combats. Parce que s'ils ont l'habitude se battre trois fois par séance, t'as pas trop intéret à les parachuter dans autre chose sans leur donner un avant-gout qui leur donne envie de s'y frotter davantage
