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[Background] Mirumoto Yoshino

Publié : 06 juil. 2005, 10:04
par Pénombre
(Il s'agit d'un personnage créé pour une campagne à venir durant les dernières années du Gozoku, animée par Shosuro Akae. Une fois n'est pas coutume j'ai préféré dépeindre le personnage et les dernières années de sa vie par ailleurs plutôt banale par l'intermédiaire de son épouse.)

Lettres de Mirumoto Aika à sa soeur Miya Miyako

Onee-chan,
Une semaine déjà que je vis avec cet homme et je n'ai jamais autant pleuré de ma vie. Ca n'est pas qu'il me maltraite ou se montre hautain avec moi mais, disons le crument, nous n'avons rien à partager. Absolument rien.
C'est un paysan descendu de sa montagne, qui ne comprend rien à rien. Tu l'as vu le jour du mariage et si son costume pouvait donner à ce grand échalas tanné par le soleil un semblant de prestance, je peux t'assurer qu'au quotidien, il ne fait même pas illusion. Il est propre, prend soin de sa personne, se montre poli mais... il est tout simplement idiot.
Aucune finesse, aucune subtilité. Il ne connait que les enseignements de ses maitres, n'a lu que le Niten ou quelques bribes du Tao et est absolument incapable d'avoir une conversation un tantinet intéressante sur quelque sujet que ce soit. Pas de poésie, pas la moindre notion d'esthétique. Tu pourrais lui parler des nuances du cerisier en fleur toute la journée qu'il ne comprendrait pas plus qu'un enfant. Il sait lire, au moins, mais n'attend pas de lui une calligraphie d'adulte et encore moins quelque chose qui ait un tant soit peu de beauté.
En dehors de nos nuits qui ne se passent pas trop mal, il faut le reconnaitre, il me laisse tranquille et souvent, je le vois me regarder d'un air stupide, comme si mes goùts, mes lectures, même ma manière de parler lui étaient totalement incompréhensibles. Penses tu, un samurai qui chasse pour se nourrir, qui répare lui-même le toit de notre demeure malgré le regard horrifié de notre domestique... un homme grand et gauche, un peu benèt et qui bégaie quand il essaye de m'adresser la parole... il est pitoyable.

Tu sais, chère soeur, je pense que la réputation du Dragon est très exagérée. J'imagine qu'en fait, il n'est pas très différent d'un Hida et parfois, je me demande si sa famille ne s'est tout simplement pas débarrassé de lui.
Nous faisons la paire, en quelque sorte. Je ne sais pas ce qu'on lui reproche mais toi et moi savons pourquoi j'ai été mariée en vitesse à un paysan encore puceau qui n'a donc pas compris quelle était cette faute, ce manquement qui est le mien.
Alors que j'écris ces mots, je me demande encore si jigai n'aurait pas été préférable au calvaire qui m'attend dans les années à venir.


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Miyako onee-chan,
C'est une fille et elle est bien portante. Je l'ai appelée Miki et Yoshino-san s'est montré très attentionné envers elle. C'est même étonnant. J'aurai juré que comme tous ces hommes qui ne pensent qu'à l'épée il aurait préféré un garçon mais... il n'a rien dit. Il a souri de toutes ses dents, m'a demandé comment j'allais et il est resté un long moment à regarder la petite sans oser la toucher, avec son sourire idiot sur la figure.
D'une certaine manière, il m'a fait de la peine. Je m'attendais à ce que comme ton époux il aille féter ça dans un de ces établissements ou l'on jette tant d'argent par les fenètres pour écouter des "artistes" fredonner des chansons idiotes, tenir des propos audacieux et montrer leurs jambes pendant que l'on engloutit sans vergogne des litres de couteux alcools.
Et il est resté là. Le soir, il a simplement été faire un tour se promener et il est revenu, tout aussi attentionné que lorsqu'il nous a vu Miki et moi juste après la naissance.
J'ai appris qu' Isawa Mitsukane allait se marier avec une fille de la maison Kakita et je souhaite bien du plaisir à la pauvrette. Mitsukane... il est clair désormais que nos étreintes n'étaient pour lui qu'un moyen de se rapprocher un peu des Miya sans en avoir l'air. Depuis ce courrier ou tu m'as expliqué certaines choses, je vois clair dans son jeu et j'en suis à la fois horrifiée et offensée.
Ses promesses d'amour, ses poèmes, ses cadeaux, nos nuits de passion... tout cela n'avait donc pour but que de se servir de moi ?
De moi qui ne savais rien, ce qui explique certainement pourquoi il m'a rejeté et à laissé courir les bruits que tu sais à notre sujet dés qu'il en a été certain.
Mais les regrets ne servent à rien et puisque la mort ne m'a pas été permise, il me faut penser à servir notre famille et à racheter mes erreurs par la loyauté. Je n'ai pas saisi toutes tes allusions mais si j'ai bien compris, la situation est vraiment préocuppante et le fait que certains parmi nous se sentent concernés est en soi des plus alarmants. Nous sommes les Miya après tout...
Mais le suis-je encore, moi qui porte désormais le nom d'un guerrier que l'histoire n'a jamais considéré autrement que comme un sabreur émérite mais dépourvu de réelle noblesse ?
Dis moi, cher soeur, dis moi que je peux encore servir les notres, que ma punition même si elle ne connaitra pas de fin peut encore donner quelques fruits qui permettront à mes épaules d'être allégées de ce poids si lourd...

Ta cadette qui t'aime,
Aika

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Grande soeur,
Il sait. Et nous avons bien failli nous retrouver avec une catastrophe sur les bras. Yoshino sait ce que j'ai fait et pourquoi on m'a donné à lui. C'est cet idiot de la famille Akodo, Katsu, qui lui a tout expliqué.
L'oncle de Katsu semble avoir assez de relations dans certains cercles pour savoir certaines choses. Lui et son neveu ont certainement fait des gorges chaudes de la pauvre petite Miya mariée à un montagnard parce qu'elle a elle aussi succombé au poison d'un séducteur.
Ils se sont battus. Yoshino a soulevé Katsu-san et l'a projeté à travers la porte de la maison. Dans la rue, devant tout le monde.
J'étais là. J'ai vu mon époux marcher sur le samurai de la famille Akodo à terre. Il l'a tiré du sol par le col de son kimono et il s'est penché vers lui. Je me souviendrai toute ma vie des mots qu'il a prononcé alors.
Les voici
"Katsu-san. Soit tu ne me parles plus jamais de ce que tu viens de dire et nous resterons amis. Soit tu insistes pour répandre tes histoires et je te tue. Dans un cas comme dans l'autre, rien ne peux changer la vérité mais c'est à toi de voir quel prix tu accordes à notre amitié".
Le samurai Akodo s'est relevé et pendant un long moment alors qu'il dévisageait mon mari, j'ai cru qu'un duel allait avoir lieu. Là, sur le champ, dans la rue et devant tous nos voisins. Tu imagines ?
Puis, Akodo Katsu s'est incliné et il s'est excusé. Disant que Yoshino avait raison et que certaines choses ne gagneraient rien à servir de sujet de conversation. Que cela n'amuserait que des gens de peu d'honneur. Yoshino lui a proposé de rentrer chez nous et de reprendre un peu de saké, mais bien que les deux hommes aient été assez éméchés, Katsu a fait assaut de politesse et s'est retiré sous les regards curieux.
Je ne pense pas qu'ils s'adressent un jour à nouveau la parole mais au moins, une rencontre de leurs sabres ne semble pas de mise.
Mon mari est revenu à la maison sans rien dire. Il m'a longuement dévisagé et il a simplement dit
"Je suis un idiot" avant de demander à prendre un bain.
Il y est resté pendant des heures et il ne m'a pas rejointe cette nuit. Ni depuis d'ailleurs. Cela fait déjà cinq jours que cet incident a eu lieu.
Ca n'est pas tant que je regrette de dormir seule. Il n'a rien d'un amant exceptionnel bien qu'il soit satisfaisant. Non, ce qui me désole est tout autre. Cela fait presque deux ans que nous sommes mariés et nous n'avons jamais vraiment communiqué. Je sais que j'ai trahi sa confiance mais qu'il a été stupide de croire les pieux mensonges que l'intermédiaire avait débité sur mon compte. Il n'a pas voulu comprendre et maintenant, il est trop tard.
Et pourtant, je me sens coupable.
Il n'aurait pas pu me répudier sans ajouter au scandale. Quand nos regards se croisent, il me dévisage avec son air exaspérant, comme s'il ne comprenait rien, ne pouvait pas comprendre. Et je n'ose rien dire. Rien.
Il dort sur le parquet même du salon. L'automne est bien avancé, il n'a aucune couverture et il pourrait prendre froid mais ni moi, ni le vieux serviteur n'osons lui adresser la parole ou faire intrusion dans cette bulle de silence qui l'entoure.
Je pensais être punie pour mes fautes mais là, c'est encore pire.
Il fait comme si de rien n'était avec Miki mais je vois bien qu'il se force.
Pourquoi mais pourquoi ne suis-je capable que de souffrir ou de faire souffrir ?

Aika

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Chère soeur,
Ce sont des jumeaux !! Un garçon et une fille. Tu m'excuseras d'avoir attendu près d'un mois avant de t'écrire mais j'étais comme tu l'imagines tellement fatiguée après l'accouchement. Les dernières semaines de grossesse ont été extrèmement pénibles mais c'est enfin fini. Tous deux sont bien portants et la nourrice les trouve absolument charmants. Miki qui aura trois ans au nouvel an passe tout son temps près d'eux et les regarde avec un air emerveillé. Quand son père ne l'emmène pas battre la campagne ou pécher. Heureusement que je peux intervenir dans l'éducation de notre fille car sinon, elle ferait un garçon manqué effroyable. Bénies soient les Fortunes, Miki est de nature curieuse et il n'est guère difficile de l'intéresser à quelque chose, quand bien même cela serait de la calligraphie, de la poésie ou l'un de ces nombreux autres domaines qui échappent toujours à Yoshino.
Je t'ai promis dans mon précédent courrier de te dire comment les choses en étaient arrivées là alors...

Il nous aura fallu un long moment pour reprendre une vie de couple a peu près normale. Il y a eu les semaines de silence lourd, les larmes, les prières. Et il n'a rien dit. Pendant un temps, j'aurai presque souhaité qu'il sorte et se rende dans les quartiers réservés ou nous ramène quelque fille d'origine indéterminée dont il aurait voulu faire sa concubine. Pour m'humilier davantage.
Mais rien. Comme s'il ne me voyait pas. J'étais là, remplissant mes devoirs en silence, le servant, me tenant près de lui. Rien.
Jusqu'à ce soir d'automne ou l'orage menaçait. Le vent venait du nord et soufflait autour de notre maison. Ce genre de vent qui vous glace jusqu'à l'os mais que les gens originaires des montagnes septentrionales considèrent comme une simple brise rafraichissante.
Comme à l'accoutumée, j'attendais en silence qu'il ait fini son repas et quitte la pièce. Sans un mot, comme chaque soir depuis le jour ou Akodo Katsu lui a appris la vérité.
A un moment, j'ai senti son regard se poser sur moi mais je n'ai pas osé lever les yeux. Comme le vent ne le dérangeait pas, la porte du jardin était restée ouverte.Avec l'air froid et lourd des nuages gorgés de pluie, je me sentais si oppressée... et mes frissons n'étaient pas tous dus au froid, je peux te l'assurer.
Il s'est levé en silence et est allé jusqu'à la porte pour la refermer. Il est revenu s'asseoir et j'ai senti qu'il continuait à me scruter.
J'étais tellement génée par son regard que je n'ai même pas remarqué le moment ou il a pris la flasque de saké pour en verser un peu dans sa coupe.
Une coupe qu'il a posée devant moi en disant "peut-être que cela vous réchauffera en attendant que l'air frais disparaisse".
Je t'avouerais que j'ai du rester plantée là un bon moment, trop étonnée et surprise pour lui répondre. D'ailleurs, c'est lui qui a repris la parole en premier.
"Si vous êtes souffrante, il serait sage que vous alliez vous reposer mon épouse".
Enfin, nous nous sommes regardés. Il a avancé la coupe vers moi avec insistance et j'ai bu, sans le quitter des yeux.
A ce moment là, je peux jurer que j'ai eu la conviction d'avoir affaire à un autre homme.
Le reste de la soirée s'est passée dans un silence à peine moins lourd que l'air. Lorsque nous nous sommes séparés, je n'ai pu trouver le sommeil de toute la nuit et comme notre maison n'est pas aussi grande que la tienne, je l'entendais se tourner et se retourner dans son sommeil.
Le lendemain, il m'a proposé de descendre avec lui en ville, pour l'accompagner faire une course. Je te l'ai déjà dit, il est féru du travail du bois mais comme le serait un charpentier, un heimin. Je m'attendais à quelque chose de ce genre mais je n'ai pas osé prétexter un malaise causé par le froid de l'air nocturne.
Bien m'en a pris puisqu'il m'a amené jusqu'au petit théatre et a payé pour que nous assistions tous deux au spectacle.
La pièce était une oeuvre mineure d'un poète de la Grue dont je n'avais jamais entendu parler et le jeu des acteurs n'avait rien à voir avec celui des samurai Shosuro ou Kakita. Yoshino-san n'a rien dit durant toute la représentation mais sur le chemin du retour, il m'a interrogée sur certains points qui lui semblaient obscurs.
Une chose en amenant une autre, j'ai fini par lui donner un grand nombre d'explications sur les arts en général. J'ai bien vu a ses yeux et à ses questions qu'il n'en comprenait pas la moitié et en retiendrait encore moins mais il semblait tellement désireux de comprendre...
Même durant le repas, nous n'avons pas cessé de parler de théatre et de poésie. Il m'a dit qu'on lui avait raconté que les épouses de samurai aimaient à composer des vers durant leur temps libre et m'a demandé si je me livrais à cette activité. Plus étonnant encore, il m'a même demandé de lui lire des extraits choisis de mes écrits !! Je me suis précipitée jusqu'à mon petit bureau et à mon retour, je lui ai proposé quelques uns des poèmes que je trouvais les moins médiocres. Il m'a posé de nombreuses questions là encore sur ma manière de faire, ce que je voulais dire et ainsi de suite.
Je me suis couchée fort tard et là encore, je n'ai guère dormi. Lui non plus, d'ailleurs.
Le lendemain, il a insisté pour que nous parlions du cha-no-yu et de la musique. Il m'a avoué qu'il m'avait déjà entendue jouer du samisen et qu'il souhaitait si je n'y voyait pas d'inconvénient que je lui parle de cet instrument.
Nous ne sommes pas sortis de la journée et le temps a filé à la vitesse du vent. Comme toujours, il semblait incapable d'appréhender la moitié de ce que je lui expliquais ou d'apprécier certaines nuances mais il s'est montré patient et courtois. Presque plus courtois qu'il ne l'avait jamais été depuis notre première rencontre.
Le soir venu, il a ordonné à notre cuisinier de me servir en même temps que lui !! Si de telles manifestations d'estime publique sont concevables devant des invités, je ne crois pas avoir jamais entendu parler d'un samurai qui dans l'intimité de sa demeure demanderait à ce que son épouse mange en sa compagnie.
Et tout en mangeant, nous avons continué à parler. Il a tenté quelques vers maladroits sur la beauté de ses montagnes natales et il n'est arrivé qu'à nous faire rire tous les deux aux éclats.
Là encore, aucun de nous deux n'a fermé l'oeil de la nuit mais cette fois, nous étions dans la même chambre.
Et les fruits de notre réconciliation sont nés il y a un mois maintenant.
Après l'accouchement, une curieuse langueur s'est emparée de moi et elle commence tout juste à me quitter. Mon mari me traite presque comme si j'étais faite de ce papier fin avec lequel on réalise les délicats cerf-volants.
Mais il me faut aborder certains sujets plus délicats encore avec toi, grande soeur. Je n'aime pas du tout ce qu'implique tes lettres et même si je n'ai jamais eu l'occasion de servir l'Empereur directement, tout dans ma formation de shisha me pousse à considérer avec répugnance ce que tu impliques. Cela signifierait tourner le dos à nos traditions et comme tu le dis toi-même, il est indéniable que notre souverain a de toute manière les mains liées. Ni toi, ni moi ne sommes en mesure d'en savoir plus sur les gens à la cour qui pourraient être de notre avis mais il est un conseil que je peux te donner et il ne te plaira guère de le lire je pense.
Je crois au vu de ma propre répugnance que même au sein de notre famille tu trouveras des gens qui préféreront la situation actuelle. Je te promets de réfléchir à ce que tu demandes mais si je t'apportes bien volontiers mon aide, comprends qu'il est des choses dont je pense que nous devrions nous tenir à l'écart car il est des familles au sein de l'empire qui sont bien plus versées dans cela que nous et malheureusement elles soutiennent pour bonne part ceux que tu dénonces.

Sois assurée cependant que je garderai le silence à ce sujet et que je ne laisserai pas tes questions sans réponse longtemps.

Ta soeur qui t'aimes.

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Grande soeur,

Je l'ai échappé belle et c'est pourquoi tu n'as pas eu de mes nouvelles ces derniers temps. L'an dernier, notre vieux serviteur a senti l'âge l'accabler et nous a demandé la permission de quitter notre service. Il était déjà un vieillard vouté lorsque j'ai emmenagé dans cette maison et il faut reconnaitre que ces dernières années n'ont pas été des plus tendres avec lui.
Il m'a fallu un moment pour trouver quelqu'un qui puisse le remplacer et ne soit pas engagé ailleurs. Finalement, j'ai pris un autre vieil homme qui a longtemps été ébéniste et sa belle-fille a accepté de venir l'aider à faire la cuisine.
Dés que j'ai compris que le jeune commis qui venait apporter les provisions était son amant, j'ai eu un doute... un doute qui m'a taraudé pendant un bon moment et finalement, j'ai compris lorsque j'ai surpris l'homme près du pigeonnier.
Je crois que j'ai pu donner le change car il n'a pas semblé inquiet le moins du monde mais j'ai évité de t'adresser la moindre lettre pendant plusieurs semaines. Mes craintes n'ont cependant fait que grandir et j'en suis arrivé à penser que l'homme intercepterait sans peine toute missive que tu essayerais de me faire parvenir et parviendrait peut-être à remettre ton courrier à quelqu'un qui soit en mesure d'en déchiffrer le code. C'est pourquoi j'ai du recourir à mon mari.
Je te rassure tout de suite, il ne sait rien. Plus exactement, j'ai expliqué que je soupçonnais ce garçon non seulement de passer bien trop de temps avec notre cuisinière mais aussi d'espionner mon courrier afin d'en voler quelques lettres. J'ai expliqué à mon époux que le parchemin de qualité et ta calligraphie élégante pourraient même impressionner de jeunes paysans illetrés et que notre homme se ferait sans doute une gloire factice en racontant des mensonges sur la teneur d'un message qui lui aurait été destiné.
Oui, je sais bien que c'est un peu... léger, comme explication. Mais Yoshino a avalé le poisson et l'hameçon avec sans hésiter. Il a présenté l'affaire à Miki comme s'il s'agissait d'un jeu et c'est elle qui a pris notre espion en flagrant délit alors qu'il tentait de récupérer ton dernier courrier. Le fait qu'il ait été surpris par une enfant a certainement évité que certaines personnes se posent les mauvaises questions et Yoshino l'a jeté dehors avant d'aller sermonner la cuisinière avec autant de virulence que de sincérité. Comme malheureusement (ou heureusement en l'occurence ?) sa réputation d'homme plutôt naif et confiant est connue depuis longtemps du voisinage, tout cela a vraiment pris l'allure d'une découverte fortuite et je doute sérieusement que quelqu'un soupçonne quoi que ce soit. La colère de Yoshino est bien réelle et à plus d'une reprise, j'ai été sur le point de lui révéler la vérité mais je n'ai rien dit.
Il est si naif... je sais que l'on pourrait me reprocher de vouloir le protéger mais c'est mon époux après tout, n'est ce pas ? Et puis, moins il en sait, moins il risque d'en révéler aux mauvaises personnes sans s'en apercevoir.
Je sais que tôt ou tard, il va falloir qu'il apprenne la vérité mais j'aimerai tant que tout cela lui soit épargné. Moins égoistement, j'aimerais tant que tout cela nous soit à tous épargné mais il semble que les choses ne pourront changer que si quelqu'un s'en mèle.
J'ai changé le pigeonnier de place et l'ai mis un peu plus à l'abri d'un éventuel intrus. Je pense cependant qu'à l'avenir il faudra trouver une autre manière de communiquer car si la moitié des rumeurs que j'ai entendues sont vraies, ils disposent de gens qui sont tout à fait en mesure de pénétrer chez nous très discrètement. Je vais redoubler de prudence pour éviter de leur donner un prétexte officiel pour agir et je t'engage fermement à faire de même.
Je ne sais pas s'ils nous soupçonnent ou s'il s'agissait juste d'un contrôle de principe mais dans le doute, mieux vaut jouer la prudence.

Ta petite soeur,

Aika

(Le concept du personnage naif mené par son épouse m'a été inspiré par les légendes sur le couple Okami/Riko dans la boite Ryoko Owari. Je suis impatient de jouer ce personnage qui est à la fois Obtus et Crédule. Qu'on ne s'y trompe pas, c'est son épouse, un pnj, qui pense pour deux...)