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[Droit] mauvaise nouvelle pour les téléchargeurs fous !!!

Publié : 24 mai 2005, 18:16
par Hida Kekkai
C'est un arrêt inédit. La cour a estimé que le prévenu, poursuivi pour avoir téléchargé et copié 500 films, a respecté le droit de la propriété intellectuelle, puisqu'il n'en a fait qu'un usage privé. Les éditeurs vidéo se pourvoient en cassation.

Quelles pratiques relèvent de la copie privée, quelles pratiques peuvent être considérées comme du piratage? L'arrêt rendu par la cour d'appel de Montpellier le 10 mars apporte une réponse inédite, dans un débat où s'opposent l'industrie du disque et du cinéma aux internautes et consommateurs.

La cour a confirmé la relaxe, prononcée en première instance par le tribunal de Rodez, à l'encontre d'un internaute poursuivi pour avoir téléchargé ou copié à partir de DVD prêtés, environ 500 films. Du côté des plaignants déboutés, figurent le Syndicat national de l'édition vidéo (SEV), la Fédération nationale des distributeurs de films (FNDF) et le studio Twentieth Century Fox.

Dans son arrêt, le juge s'appuie sur les articles L.122-3, L.122-4 et L.122-5 du code de propriété intellectuelle, qui disposent que «lorsqu'une oeuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective».

Peu importe le caractère licite des fichiers d'origine...

La cour rappelle que «tout au plus, le prévenu a admis avoir regardé une de ces copies en présence d'un ou deux copains et avoir prêté des CR gravés à quelques copains». Elle estime qu'«on ne peut déduire de ces seuls faits que les copies réalisées ne l'ont pas été en vue de l'usage privé visé par le texte». La relaxe de première instance est donc justifiée.

«C'est le premier arrêt qui existe en France en la matière», explique à ZDNet Lionel Thoumyre, juriste au Forum des droits pour l"internet (FDI) et responsable, en son nom propre, du site Juriscom.net (qui publie une copie du présent arrêt). «Le juge n'a même pas regardé si la source [des fichiers] est licite ou pas, car d'un point de vue juridique, la loi ne distingue pas la source.»

Sa décision réduit à néant l'idée reçue selon laquelle il faut absolument avoir l'original d'un CD ou d'un DVD pour être autorisé à en faire une copie à usage privé. «Certains ayants droit voudraient que ce soit le cas mais ce n'est pas écrit dans la loi elle-même», poursuit le juriste.

Mais il note que la cour semble plus encline à faire bénéficier un prévenu d'une relaxe lorsque la copie privée est compensée par l'achat de CD-R ou DVD-R, dont le prix comprend une redevance pour copie privée.

Le SEV se pourvoit en cassation

Quoi qu'il en soit, l'arrêt va à contre-sens du verdict, en première instance, rendu le 2 février dernier à l'encontre d'Alexis poursuivi par les maisons de disque, pour téléchargement illégal sur les réseaux peer-to-peer. «Mais dans cette affaire, il y a l'élément d'acte de partage, de mise à disposition [de fichiers] sur les réseaux, qui sont clairement constitutifs d'une infraction», précise Lionel Thoumyre.

La cour d'appel de Montpellier contredit également une décision du tribunal de grande instance de Paris datant du 4 mai 2004, déjà saisi par le SEV et qui estimait que la copie «d'une œuvre éditée sur support numérique» peut «porter atteinte à [son] exploitation normale».

Les plaignants, en particulier le SEV, ne sont pas satisfaits. Dans un communiqué, le syndicat rappelle que «le litige concerne des copies de films effectuées sur CD, dont une partie provenait de téléchargements préalablement effectués et qu'il considère que la copie, à partir d'une source illicite comme peut l'être un site d'échanges (ou de peer-to-peer) est toujours illégale».

Il a donc décidé de se pourvoir en cassation, car il «ne trouve pas, dans la motivation de la cour d'appel, une réponse à cette question».

Si la Cour de cassation le déboute, «il y a de fortes chances que toute l'industrie, aussi bien du disque que du cinéma, ait à se réorganiser», souligne Lionel Thoumyre.

pour les juristes, extrait de l'arrêt :


COUR D'APPEL DE MONTPELLIER

3ème chambre correctionnelle, le 10 mars 2005,

Ministère Public, FNDF, SEV, Twientieth Century Fox et a. c/ Aurélien D.

Mots clés : films - reproduction (oui) - contrefaçon (non) - copie privée (oui) - téléchargement - peer-to-peer

Extraits :

"(...) Attendu qu'aux termes des articles L122-3, L122-4 et L122-5 du [code de la propriété intellectuelle] lorsqu'une oeuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire les copies ou reproduction strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective ;

Attendu que le prévenu a déclaré avoir effectué les copiés uniquement pour un usage privé; qu'il n'est démontré aucun usage à titre collectif ;

Que tout au plus le prévenu a admis avoir toutefois regardé une de ces copies en présence d'un ou 2 copains et avoir prêté des CR gravés à quelques copains ;

Attendu qu'on ne peut déduire de ces seuls faits que les copies réalisées ne l'ont pas été en vue de l'usage privé visé par le texte ;

Que c'est par suite à bon droit que le premier juge est entré en voie de relaxe (...)"

commentaires de Kekkai : victoire !!!! :biere:

Publié : 24 mai 2005, 18:29
par Soshi Yabu
C'est énorme! Et ça se tient visiblement, encore que je ne sois pas juriste (Akio, là, ton avis serait utile).

Encore que j'attends surtout l'avis de la cour de Cassation. La guerre n'est pas terminée.

Publié : 24 mai 2005, 19:00
par Pénombre
la cassation ne juge pas sur le fond mais sur le respect des procédures et des textes qui encadrent le système juridique.

Quand on y a recourt, c'est que c'est la seule manière qui reste pour annuler un jugement qui a mème été confirmé en appel

Publié : 24 mai 2005, 19:52
par Goju Kaze
Et be, ça c'est une bonne nouvelle! Il va leur falloir faire de la qualité pour vendre maintenant, avec des bonus dignent de ce nom!

:kaze:

Publié : 24 mai 2005, 20:15
par Hida Kekkai
ce qui est marrant quand on voti le texte original de l'arrêt, c'est que la liste des plaignants de l'industrie du disque demande deux pages completes et ils étaient représentés par des dizaines d'avocats tandis que l'accusé était tout seul avec deux avocats... :lol:

Publié : 24 mai 2005, 20:16
par Bayushi Hiryu
Espérons juste qu'aucun autre jugement ne viendra casser après coup cette jurisprudence...

Publié : 24 mai 2005, 20:57
par Hida Kekkai
Bayushi Hiryu a écrit :Espérons juste qu'aucun autre jugement ne viendra casser après coup cette jurisprudence...
un jugement ne peut pas casser un arrêt de cour d'appel

Publié : 24 mai 2005, 21:57
par Soshi Yabu
Alors c'est vraiment de la balle.

Publié : 24 mai 2005, 22:00
par Irazetsu
Oui, enfin les utilisateurs d'emule et autres bittorrent ne sont pas dans ce cas là puisqu'ils partagent (plus ou moins selon le cas) les fichiers téléchargés.

Publié : 24 mai 2005, 22:15
par Soshi Yabu
Oui, mais tu as le droit d'emprunter à tes amis des DVD pour les graver pour toi ensuite. Du moment que tu ne les refourgue pas ensuite.

Publié : 24 mai 2005, 23:17
par Banshee
c trop bien ça!

Publié : 25 mai 2005, 06:46
par Ide Akio
Soshi Yabu a écrit :(Akio, là, ton avis serait utile).
Qu'est-ce tu me parles, toi ? :grr:

Publié : 25 mai 2005, 06:49
par Moto Shikizu
enfin des gens intelligents !!! :clap:

Publié : 25 mai 2005, 07:19
par Irazetsu
Soshi Yabu a écrit :Oui, mais tu as le droit d'emprunter à tes amis des DVD pour les graver pour toi ensuite. Du moment que tu ne les refourgue pas ensuite.
Légalement, tu n'as pas le droit.
Il est bien écrit au lancement de la majorité des DVD que tu pourra acheter dans le commerce :

Ce vidéogramme est exclusivement réservé à l'usage privé et gratuit dans le cercle de la famille.
Sauf autorisation contractuelle, la projection de ce vidéogramme en scéance publique, avec ou sans perception de droit d'entrée est interdite.


Le prêt des DVD est toléré parce que de toutes façons peu contrôlable (a moins d'obliger les gens à garder toutes leurs factures), mais il reste néanmoins illégal dès qu'il sort de la famille.

C'est pas pour faire mon chieur que je dis ça, mais les amis du mec dont on parle plus haut étaient en tort, et auraient pu être poursuivis si l'on en croit le droit français.

:prof: Il ne faut pas confondre "droit" et "tolérance".

Publié : 25 mai 2005, 07:25
par Hida Kekkai
Irazetsu a écrit : Légalement, tu n'as pas le droit.
ben si puisque la cour d'appel a jugé que c'est un "usage privé" et que ça ne viole pas la loi :) :fete: