[Nouvelle] BG "fin" de perso : Togashi Ikyoto
Publié : 29 mars 2004, 14:55
Je ne sais pas d'où venait cet homme. Je ne le connaissais même pas. C'était un moine tatoué, un membre de la famille Togashi. De ma vie, je n'ai jamais vu pareil homme.
Je me nomme Taka. Par le passé, j'avais un nom de famille. J'appartenais au clan du Dragon et à la famille Agasha et j'étais le meilleur shugenja guérisseur de mon seigneur. Et c'est ce qui causa ma perte.
J'avais une femme à cette époque là. Une merveilleuse épouse que j'aimais par-dessus-tout. Un soir funeste, alors que je revenais d'un pèlerinage dans les terres du clan du Lion, un homme courru à ma rencontre. Je le reconnu comme étant un serviteur de ma maisonnée. Haletant, il m'avertit avec gravité de la détresse dans la quelle se trouvait mon épouse, tombée gravement malade il y a de ça trois jours. On la disait très faible et aux portes du Meido. Je remonta alors prestement en selle dans l'espoir d'arriver à temps. C'est alors que la roue kharmique tourna encore un peu plus à mon désavantage. Un messager portant le mon de mon daimyo, Mirumoto Sanata, vint à mon encontre. Lui aussi était porteur de mauvaises nouvelles. La fille de mon seigneur avait été empoisonnée et j'étais sa seule chance de survie.
N'écoutant que mon devoir, j'étais suffisamment confiant en mes capacités pour pouvoir rentrer à temps chez moi après avoir sauvé la petite. L'affaire se compliqua et il fallut prier jusqu'à l'aube pour qu'enfin les kami de l'Eau parviennent à purifier le corps de la fillette. Je sortis alors brusquement et chevaucha jusqu'à chez moi au grand galop. Il était trop tard.
Ce jour là, j'arrachai le mon familial sur mon kimono et partit vivre dans la forêt proche, résolu à ne plus jamais soigner un homme.
Plusieurs années se passèrent. Je passais mes journées à méditer et à soigner les animaux de la forêt. J'avais pour seul bien une vieille cabane qui m'abritait tant bien que mal des intempéries. Mais je m'en moquais car la souffrance était trop profonde dans mon coeur. Un jour que je revenais avec un lapin à la patte cassée, un groupe de samurai hétéroclite m'attendait sur le pas de ma porte. L'un deux était un bushi du clan du Dragon. Un autre portait le mon du clan du Faucon. Le troisième, leur supérieur à n'en point douter, portait le livrée des shugenja du clan du Phénix. Une quatrième portait les couleurs du clan de la Grue. Enfin, le dernier était un moine couvert de tatoutages, un Ise-zumi. Je me doutais que mes anciens talents de guérisseur les avaient conduit ici. Mais je n'avais pas oublié mon ancien serment.
Je les ignorais en passant devant eux. Et rentra chez moi en fermant la porte shoji. Le Phénix se présenta alors comme étant Shiba Taku et m'expliqua qu'on avait empoisonné un dignitaire de la famille Doji sur les terres de mon ancien seigneur. Il me demanda alors de les aider, chose que je refusa catégoriquement. L'Ise-zumi tenta lui aussi une médiation, sans plus de succès. Je lui intimais l'ordre de sortir de chez moi, ce qu'il fit, tout en s'installant dans l'herbe pour méditer. Ils s'escrimèrent à tour de rôle, sans pour autant me faire fléchir.
Il sembla alors qu'il y eut une discussion car quelques instants plus tard, le samurai du clan du Faucon quitta les lieux dans l'espoir de trouver quelque chose qui me forcerait à les accompagner. Folie que tout cela, car là seule chose que je désirais était perdue à jamais depuis bien longtemps !
Le Togashi tenta alors une nouvelle médiation de l'autre côté de la porte shoji. Il me dit que la vie d'un homme était en jeu. Je lui répondit qu'il ne connaissait même pas cette homme qu'ils voulaient à tout prix sauver. Le Togashi me dit alors qu'il n'avait pas besoin de connaître un homme pour éprouver de la compassion pour lui et qu'il ne lui appartenait pas de juger du bien ou du mal. Ses compagnons insistèrent sur le fait que j'aurais sa mort sur ma conscience. Je leur rétorquais que j'avais déjà eu ce cas de conscience et que j'avais sauvé une vie au profit d'une autre par le passé. Satisfait de ma réplique, je m'attendais à ce qu'ils se résignent à rentrer chez eux. Le bref silence qui suivi me conforta, du moins pour un temps. D'une voix sans émotion, l'homme tatoué me questionna :
"Voulez-vous dire que pour vous, c'est une vie pour une vie ?"
Je lui répondis prestement par l'affirmative afin de lui faire comprendre que c'était peine perdue. Je ne changerais pas d'avis.
A travers le papier de riz, j'entendis sans trop y prêter attention le moine demander à Shiba Taku s'il daignait lui prêter son honneur, chose que Shiba Taku accepta après un blanc. Puis il se tourna vers Kitsuki Nomi, lui demandant si elle voulait bien l'assister.
J'étais plongé dans la lecture d'un passage du Tao quand le bruissement d'une lame qu'on tire me replongea dans la réalité. Cela faisait bien plusieurs minutes que je ne m'étais préoccupé de mes "hôtes"et voilà qu'ils comptaient m'attaquer pour exécuter leur mission de force ! Ils avaient dû profité de mon moment d'inattention pour préparer un plan d'action. Je me levais d'un bond à la recherche de ma sacoche de parchemins.
Mais mon élan fut brisé net. Dehors, j'entendis la voix sereine du Togashi prononcer trois vers à jamais gravé dans ma mémoire :
Homme ou samurai
Qui peut prétendre au destin
La compassion dicte
Je ne pouvais y croire. J'entendis un cri de souffrance retenu, suivi du bruit de l'acier qui tranche. Un objet roula sur le sol et en tremblant, j'ouvris la porte. Les larmes aux yeux, je vis le corps sans vie de l'homme tatoué. A ses côtés, Nomi nettoyait son katana ensanglanté à l'aide d'un papier de riz tandis que Shiba Taku murmurait une prière d'accompagnement pour l'âme du défunt. Je ne pus marmonner qu'un "pourquoi ?" en laissant tomber mes rouleaux de parchemins.
Quelques instants plus tard, j'étais sur la route de mon ancien château accompagné des compagnons de Togashi Ikyoto, car c'était son nom. Eux non plus ne le connaissaient pas. Il était venu un jour et les avait suivi, sans en ajouter plus. Et voilà qu'à cause de moi, il avait accompli le seppuku.
Je jure que si un jour, je suis réincarné en samurai, lors de mon gempukku je prendrais le nom de Ikyoto.
Je ne comprendrais jamais vraiment son acte. On dit les moines Togashi incompréhensibles et plein de compassion et Togashi Ikyoto ne faisait pas exception à la règle. On les dit également espiègles, car à vrai dire, Ikyoto a mentit ce jour là. Ce n'était pas "une vie pour une vie", mais "une vie pour deux". Car en même temps que le samurai empoisonné, c'est moi qu'il a sauvé.
Je me nomme Taka. Par le passé, j'avais un nom de famille. J'appartenais au clan du Dragon et à la famille Agasha et j'étais le meilleur shugenja guérisseur de mon seigneur. Et c'est ce qui causa ma perte.
J'avais une femme à cette époque là. Une merveilleuse épouse que j'aimais par-dessus-tout. Un soir funeste, alors que je revenais d'un pèlerinage dans les terres du clan du Lion, un homme courru à ma rencontre. Je le reconnu comme étant un serviteur de ma maisonnée. Haletant, il m'avertit avec gravité de la détresse dans la quelle se trouvait mon épouse, tombée gravement malade il y a de ça trois jours. On la disait très faible et aux portes du Meido. Je remonta alors prestement en selle dans l'espoir d'arriver à temps. C'est alors que la roue kharmique tourna encore un peu plus à mon désavantage. Un messager portant le mon de mon daimyo, Mirumoto Sanata, vint à mon encontre. Lui aussi était porteur de mauvaises nouvelles. La fille de mon seigneur avait été empoisonnée et j'étais sa seule chance de survie.
N'écoutant que mon devoir, j'étais suffisamment confiant en mes capacités pour pouvoir rentrer à temps chez moi après avoir sauvé la petite. L'affaire se compliqua et il fallut prier jusqu'à l'aube pour qu'enfin les kami de l'Eau parviennent à purifier le corps de la fillette. Je sortis alors brusquement et chevaucha jusqu'à chez moi au grand galop. Il était trop tard.
Ce jour là, j'arrachai le mon familial sur mon kimono et partit vivre dans la forêt proche, résolu à ne plus jamais soigner un homme.
Plusieurs années se passèrent. Je passais mes journées à méditer et à soigner les animaux de la forêt. J'avais pour seul bien une vieille cabane qui m'abritait tant bien que mal des intempéries. Mais je m'en moquais car la souffrance était trop profonde dans mon coeur. Un jour que je revenais avec un lapin à la patte cassée, un groupe de samurai hétéroclite m'attendait sur le pas de ma porte. L'un deux était un bushi du clan du Dragon. Un autre portait le mon du clan du Faucon. Le troisième, leur supérieur à n'en point douter, portait le livrée des shugenja du clan du Phénix. Une quatrième portait les couleurs du clan de la Grue. Enfin, le dernier était un moine couvert de tatoutages, un Ise-zumi. Je me doutais que mes anciens talents de guérisseur les avaient conduit ici. Mais je n'avais pas oublié mon ancien serment.
Je les ignorais en passant devant eux. Et rentra chez moi en fermant la porte shoji. Le Phénix se présenta alors comme étant Shiba Taku et m'expliqua qu'on avait empoisonné un dignitaire de la famille Doji sur les terres de mon ancien seigneur. Il me demanda alors de les aider, chose que je refusa catégoriquement. L'Ise-zumi tenta lui aussi une médiation, sans plus de succès. Je lui intimais l'ordre de sortir de chez moi, ce qu'il fit, tout en s'installant dans l'herbe pour méditer. Ils s'escrimèrent à tour de rôle, sans pour autant me faire fléchir.
Il sembla alors qu'il y eut une discussion car quelques instants plus tard, le samurai du clan du Faucon quitta les lieux dans l'espoir de trouver quelque chose qui me forcerait à les accompagner. Folie que tout cela, car là seule chose que je désirais était perdue à jamais depuis bien longtemps !
Le Togashi tenta alors une nouvelle médiation de l'autre côté de la porte shoji. Il me dit que la vie d'un homme était en jeu. Je lui répondit qu'il ne connaissait même pas cette homme qu'ils voulaient à tout prix sauver. Le Togashi me dit alors qu'il n'avait pas besoin de connaître un homme pour éprouver de la compassion pour lui et qu'il ne lui appartenait pas de juger du bien ou du mal. Ses compagnons insistèrent sur le fait que j'aurais sa mort sur ma conscience. Je leur rétorquais que j'avais déjà eu ce cas de conscience et que j'avais sauvé une vie au profit d'une autre par le passé. Satisfait de ma réplique, je m'attendais à ce qu'ils se résignent à rentrer chez eux. Le bref silence qui suivi me conforta, du moins pour un temps. D'une voix sans émotion, l'homme tatoué me questionna :
"Voulez-vous dire que pour vous, c'est une vie pour une vie ?"
Je lui répondis prestement par l'affirmative afin de lui faire comprendre que c'était peine perdue. Je ne changerais pas d'avis.
A travers le papier de riz, j'entendis sans trop y prêter attention le moine demander à Shiba Taku s'il daignait lui prêter son honneur, chose que Shiba Taku accepta après un blanc. Puis il se tourna vers Kitsuki Nomi, lui demandant si elle voulait bien l'assister.
J'étais plongé dans la lecture d'un passage du Tao quand le bruissement d'une lame qu'on tire me replongea dans la réalité. Cela faisait bien plusieurs minutes que je ne m'étais préoccupé de mes "hôtes"et voilà qu'ils comptaient m'attaquer pour exécuter leur mission de force ! Ils avaient dû profité de mon moment d'inattention pour préparer un plan d'action. Je me levais d'un bond à la recherche de ma sacoche de parchemins.
Mais mon élan fut brisé net. Dehors, j'entendis la voix sereine du Togashi prononcer trois vers à jamais gravé dans ma mémoire :
Homme ou samurai
Qui peut prétendre au destin
La compassion dicte
Je ne pouvais y croire. J'entendis un cri de souffrance retenu, suivi du bruit de l'acier qui tranche. Un objet roula sur le sol et en tremblant, j'ouvris la porte. Les larmes aux yeux, je vis le corps sans vie de l'homme tatoué. A ses côtés, Nomi nettoyait son katana ensanglanté à l'aide d'un papier de riz tandis que Shiba Taku murmurait une prière d'accompagnement pour l'âme du défunt. Je ne pus marmonner qu'un "pourquoi ?" en laissant tomber mes rouleaux de parchemins.
Quelques instants plus tard, j'étais sur la route de mon ancien château accompagné des compagnons de Togashi Ikyoto, car c'était son nom. Eux non plus ne le connaissaient pas. Il était venu un jour et les avait suivi, sans en ajouter plus. Et voilà qu'à cause de moi, il avait accompli le seppuku.
Je jure que si un jour, je suis réincarné en samurai, lors de mon gempukku je prendrais le nom de Ikyoto.
Je ne comprendrais jamais vraiment son acte. On dit les moines Togashi incompréhensibles et plein de compassion et Togashi Ikyoto ne faisait pas exception à la règle. On les dit également espiègles, car à vrai dire, Ikyoto a mentit ce jour là. Ce n'était pas "une vie pour une vie", mais "une vie pour deux". Car en même temps que le samurai empoisonné, c'est moi qu'il a sauvé.