[Background - Gozoku] les débuts d'Akodo Kozuna
Publié : 24 mars 2004, 16:12
cette histoire est une adaptation personnelle de la création des bataillons de ronins dans les armées crabes, durant le Gozoku... accessoirement c'est aussi un résumé de partie, Akodo Kozuna (alias Bayushinseï) étant un de mes joueurs.
La bataille de la fierté du loup
Extrait des mémoires d’un dramaturge, de Shiba Atsume.
Cette cité sentait encore le crime. Décapiter la tête pensante du réseau n’avait pas suffit.
Akodo Kozuna et Hiruma Bakunen réfléchissaient à une façon expéditive de rendre sa pureté à la Cité du chemin de Jade. Mais les moyens leur manquaient, la guerre avec le clan de la Grue et la proximité de l’Outremonde avaient coûté beaucoup d’âmes à cette ville, trouver les hommes capables de dissoudre un tel réseau serait difficile.
Kozuna eut alors un moment d’absence, il me dit plus tard que l’ombre d’une bougie lui avait rappelé le ronin qui nous avaient aidés à sortir mon palanquin de la boue, et aussi le forgeron sans mons qui avait nettoyé nos lames à notre arrivée ici. Le lion proposa au daïmyo d’utiliser les fonds dégagés par le crime organisé pour embaucher les ronins locaux qui le combattraient, en tant que gardes de la cité. Ils seraient sans aucun doute plus efficaces que des ji-samuraïs, et il valait mieux les trouver avec nous qu’avec les marchands, de plus il fallait offrir à ces braves hommes un moyen de regagner leur honneur. Bakunenrefusa dans un premier temps, c’était Hanteï lui-même qui avait destitué ces hommes de leur place dans l’ordre céleste. Kozuna réussit à le convaincre qu’agir ainsi ne serait pas en contradiction avec la volonté du fils du ciel, les ronins ne récupéraient pas un nom de famille, ils auraient simplement l’honneur de servir de nouveau un clan.
Un tournoi fût organisé afin de choisir seulement les meilleurs. Il faut dire que les terres du clan du Crabe avaient accueilli une grande partie de ceux qui voulaient fuir leur vie. Le tournoi dura plusieurs jours, nous en furent d’ailleurs les juges et une vingtaine de samouraïs furent choisis. Nous avions décidé de quitter la cité le dernier jour du tournoi, mais un banquet fût organisé en notre honneur, pour avoir contribué à la chute du réseau criminel, aussi nous décidâmes de partir le lendemain à l’aube.
Je me souviendrai toujours de cette journée, le jour n’était pas encore levé que je quittais déjà mes quartiers pour aller rejoindre Kozuna dans la salle commune. Nous y prîmes un repas frugal, ce qui n’avait apparemment pas le même sens pour nous deux, il a dû manger quatre fois comme moi ce matin là. Nous sortîmes ensuite dans la cour ou nous attendaient nos moyens de transport. Kozuna monta sur son pauvre poney pendant que je m’installais confortablement dans mon palanquin. Il fit quelques pas, tournant en rond, pour montrer son empressement de rejoindre sa famille. Il m’en parlait déjà depuis plusieurs jours. Soudain son regard s’arrêta sur le sud, d’un coup sec il sortit son éventail pour se protéger des premières lueurs du soleil qui perçaient à l’est. Bakunen nous rejoint à cet instant, il venait probablement nous souhaiter bonne route. Kozuna n’avait pas bougé jusqu’à lors, mais il se détourna pour saluer le daïmyo qui arrivait : « Daïmyo sama » il fit un long salut comme à son habitude, puis repris sa position, face au sud « …c’est bien Kyuden Hida que j’aperçois au loin là bas ? » Bakunen Acquiesça « Pourquoi allument-ils des brasiers à cette heure-ci ? le jour se lève, il aurait mieux valut les allumer plus tôt, ils auraient servi à quelque chose. » il avait un petit air moqueur dans la voix. Bakunen répondit, en tournant son regard au sud, lui aussi « vous dîtes Akodo san ? » puis son visage se figea complètement, un instant même j’y décelais la peur. « Les brasiers sont allumés quand l’Outremonde approche samuraïs, Kyuden Hida demande du renfort ! » dit-il en nous quittant. Il couru jusqu’à son karo et lui cria plusieurs ordres avant de disparaître dans ses quartiers.
Le karo fut d’une efficacité implacable, toute la cité commença à s’agiter, les heïmins apportaient des herbes médicinales, des rations de nourriture et aidaient les samuraïs à s’équiper de leurs armures, les étas sortaient les montures, et les préparaient… Kozuna et moi restions bouche bée, il m’a semblé à cet instant observer une pièce de No, tellement chaque geste de chacun était calculé pour prendre le moins de temps possible, tellement personne ne gênait son voisin, une organisation monumentale, si bien qu’en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, la trentaine de samuraïs du clan qui vivaient là, étaient prêts à partir au combat. Bakunen réapparu, en armure lui aussi, et tout en avançant vers ses hommes d’un pas pressé il leur cria : « Allons, il est temps de partir ! ». Cette phrase pourtant assez anodine eu beaucoup d’effet auprès des bushis du clan du crabe, il faut dire qu’entendre un samuraï habituellement courtisan la dire peut paraître étrange. Kozuna s’approcha alors du daïmyo qui montait maintenant un magnifique poney, et ils échangèrent quelques mots sans que je puisse les entendre. Toujours est-il que Kozuna revint vers moi au petit galop juste après : « préparez vous mon ami, nous sommes là, nous allons aider ! », et il partit en direction de la place centrale.
Là bas, il fit un appel à tous les ronins de la cité, leur demandant de se joindre à l’armée du clan du crabe sous ses ordres, arguant comme à son habitude qu’aucune armée menée par un Akodo n’a jamais perdu une bataille. Ses mots eurent peu d’effet sur les gardes présents… Kozuna s’impatienta, faisant tourner son poney sur lui-même, il leur cria simplement ceci : « Hiruma Bakunen vous a permis de regagner un peu d’honneur hier, vous servez de nouveau un clan, seriez vous prêts à le perdre de nouveau aujourd’hui, en laissant vos frères mourir dans la bataille ? » Il fit de nouveau un tour sur lui-même, mais voyant que les ronins se regardaient bêtement sans bouger, il me rejoint prestement.
J’avais réussi à trouver un poney pendant ce temps, et les troupes de Bakunen avançaient depuis maintenant quelques minutes. Kozuna arriva à mes côtés et la déception se lisait sur son visage : « Allons-y » me dit-il, sans réelle conviction dans la voix. Je regardais alors derrière lui.
« Nous devrions les attendre… il semble que votre discours ait finalement porté ses fruits Kozuna san… vous voici gunso d’une escouade de ronins ! » lui dis-je, puis, en le regardant se retourner fièrement, j’ajoutais : « Je resterais moi aussi sous vos ordres si cela ne vous gène pas. C’est ma première bataille, et je dois dire que je me sentirais rassuré sous les ordres d’un Akodo ».
Il finit son demi-tour, et découvrit avec stupéfaction que tous les gardes, recrutés la veille, s’étaient mis en rang derrière lui, et même quelques-uns des ronins qui avaient perdu le tournoi. Il me souri un instant, puis parti au galop vers un des jardins avoisinants. Je m’occupai alors de mettre en route toute la compagnie.
Il nous rejoint plus tard, il apportait avec lui tout un matériel à étendre le linge, ainsi qu’un drap… nous le regardions amusés, tout en avançant, pendant qu’il manipulait son fatras dans tous les sens. Par moment, le vent rendait la scène assez comique, il s’engouffrait dans le drap et venait épouser les formes du cavalier. En tout cas, une demi heure, Kozuna réussit à se confectionner un étendard dorsal, dont il était tout fier, je dois avouer à ce sujet avoir été impressionné de la perfection de l’objet alors qu’il avait été construit du haut d’un poney en marche. Il garda plusieurs minutes son étendard à son côté, regardant autour de lui, il cherchait quelque chose. C’est alors qu’il me demanda ce qui représenterait au mieux notre unité, il refusa bien entendu qu’on y appose le symbole du Gozoku, cela ne m’étonna d’ailleurs pas, et je lui répondis alors que c’était son unité, que c’était donc à lui d’en choisir le mon, il réfléchit quelques instants de plus.
Nous traversâmes un petit bois, situé dans une vallée, puis le chemin remonta doucement.
Je regardais de nouveau vers le sud, un nuage noir était apparu derrière les brasiers du Kyuden, l’attaque était imminente, peut être aurait elle déjà commencé lorsque nous arriverions.
Kozuna vint trotter à mon côté : « - avez-vous vu ce loup sur notre gauche lorsque nous passions dans la vallée ? » je lui signifiais que non, et il poursuivit : « son pelage était trempé par la rosée, et ses pattes étaient boueuses, mais elle dégageait une aura de sérénité, comme si elle appréciait notre geste… une bête magnifique, qui mérite assurément que l’on se batte pour elle… » il resta silencieux quelques instants, puis il mit pied à terre, ramassa de la boue, et tout en continuant de marcher, il dessina un mon formant un loup sur son étendard. Il se le fixa ensuite dans le dos grâce à la corde à linge, et remonta sur son poney. « Voici qui fera l’affaire ! » cria-t-il, « Ce mon représentera notre unité samuraïs, car tels les loups vous n’arborez aucune couleur, pourtant, tout comme eux vous savez vous unir pour faire face à ce qui nous menace ! Hâtons le pas maintenant, nos frères auront besoin de notre soutient au plus tôt ! ».
Lorsque nous arrivâmes en vue de Kyuden Hida, la bataille avait déjà commencé, les bataillons du clan du crabe faisaient face aux gobelins et aux ogres qui tentaient d’avancer. Les flèches pleuvaient sur les masses noirâtres de monstres en 2eme ligne. Kozuna et Bakunen partirent au galop vers la forteresse, pour demander leurs ordres pendant que les hommes reprenaient leur souffle en les attendant. L’Outremonde était pour le moment dominé. Mais d’un coup il y eu un silence de mort… le calme avant la tempête pensais-je… et je ne me trompais pas… bientôt le sol se mit à trembler, de plus en plus fort, puis les gobelins recommencèrent à hurler, le sol tremblait toujours, et soudain, du nuage grisâtre qui surplombait l’armée des monstres, sortit un seigneur oni. La simple vue de la bête me glaça le sang, il mesurait bien 10 hommes de haut, il avait le corps d’un poney géant, et la gueule d’un monstre, un gueule qui faisait bien 4 hommes de haut à elle toute seule, avec plusieurs rangées de dents pointues et une langue crochue, par-dessus cela une centaine d’yeux me donnait l’impression qu’il aurait pu voir l’intérieur de mon âme. De chaque côté de cette gueule sortaient 2 bras difformes qui balayaient tout sur leur passage, et l’oni chargeait, il fonçait droit vers la forteresse. Cette véritable vision d’horreur avait emplit le cœur de la plupart des samuraïs qui étaient là.
Kozuna revint à ce moment là et nous ordonna la charge sur la bête, Bakunen partit avec son unité pour la contourner. Kozuna abandonna son poney, prétextant qu’il ne voulait pas être séparé de nous, et dégaina la lame de ses ancêtres dans un cri frénétique : « POUR ROKUGAN ! ». L’oni grandissait à chacun de nos pas, mais le lion avait su nous inculquer la force de le charger à ses côtés. Il sortit son éventail et, de la main gauche, nous demanda de former 3 colonnes à son signal… il le donna au dernier instant… Notre guntaï était passé sous la bête, et n’avait subit aucun dégât… je n’arrivais pas à y croire… nous avions réussi à infliger des dégâts aux sabots de ce monstre sans qu’il puisse nous atteindre… j’allais remercier mon ami après cela, mais il était déjà reparti, il courrait à la poursuite de la bête, elle se dirigeait toujours vers le Kyuden. Je reformai alors l’unité, et nous nous lançâmes également à la poursuite de l’oni. Ce dernier avançait encore beaucoup trop vite, notre attaque ne l’avait pas assez atteint. Nous vîmes alors Bakunen et son guntaï arriver de flanc, pour nous porter main forte. L’oni avait été trop rapide, leur première manœuvre n’avait pas abouti. Nous suivions le monstre lorsqu’il percuta une des tours de la forteresse… la tour de commandement sur laquelle était installé le rikugunshokan de l’armée Hida. Elle commença à s’ébranler, et l’oni tenta d’attraper le général avec sa griffe démesurée, mais celui-ci contre toute attente, sauta sur la tête du monstre dans un geste désespéré, lui occultant par la même quelques yeux du bout de son tetsubo. Il s’effondra ensuite par terre après une chute de plus de 10 mètres. L’oni hurla de plus belle et se vengea sur les gardes du général, les avalant tous d’une bouchée.
Le général était toujours par terre entre les jambes de l’oni, et incapable de se déplacer. Kozuna se rua dessous, nous demandant d’attirer l’attention du seigneur oni sur nous. D’un geste puissant il prit avec lui le Hida et l’emporta loin des attaques de la bête.
Bakunen perdit plusieurs hommes, et quelques ronins y passèrent aussi, mais le gros des troupes pu éviter les coups de griffes de la chose, désormais à moitié borgne.
Kozuna réapparu sur notre droite, il chargeait l’une des pattes du monstre, il prit une impulsion formidable, s’appuyant sur le sabot pour grimper, et souleva ses muscles et surtout sa graisse jusqu’au genou de celle-ci, et donna un coup majestueux, et d’une puissance incroyable, découpant nette la jambe qu’il avait attaqué… ce lion n’était pas uniquement un formidable tacticien Akodo, la rage de dame Matsu courrait assurément dans ses veines. Lorsqu’il mit pied à terre le seigneur oni s’effondra. Il nous ordonna alors de porter un dernier assaut. Et c’en fût fini.
L’armée crabe avait maintenu sans problèmes les hordes d’ogres et de gobelins, la bataille était terminée. Les Magiciens de la famille Kuni mirent le feu aux dépouilles. Pendant que les troupes prenaient un repos bien mérité. Bakunen vint nous saluer avant de rassembler ses hommes ainsi que les gardes de sa cité, non loin de nous.
« Comment avez-vous trouvé cette bataille ? » me dit Kozuna, en regardant calmement Amaterasu, « instructive assurément Kozuna Sama, instructive ! J’écrirais sûrement une pièce qui parlera de ceci. »
Le daïmyo de la famille Hida s’approcha de nous « samuraï san, je suis Hida Tadaka, je tenais à vous remercier personnellement de l’aide que vous avez apporté dans cette bataille, mon général n’aurait sans doute pas survécu sans vous et vos… ronins, aussi permettez moi de vous offrir ceci. »
Tadaka sorti alors un tetsubo d’un coffret qui avait été apporté, l’arme était parfaite… magnifiquement ouvragée, parfaitement symétrique, et ses pointes étaient en jade. » Kozuna refusa 2 fois comme le veut la coutume, et accepta, finalement l’honneur qu’on lui faisait.
Le daïmyo du clan du crabe et le lion eurent alors une discussion qui dura jusqu’au soir, et c’est depuis ce jour que les armées du clan acceptent parfois quelques guntaïs de ronins par mis leurs rangs.
- - -
j'attends vos critiques !
La bataille de la fierté du loup
Extrait des mémoires d’un dramaturge, de Shiba Atsume.
Cette cité sentait encore le crime. Décapiter la tête pensante du réseau n’avait pas suffit.
Akodo Kozuna et Hiruma Bakunen réfléchissaient à une façon expéditive de rendre sa pureté à la Cité du chemin de Jade. Mais les moyens leur manquaient, la guerre avec le clan de la Grue et la proximité de l’Outremonde avaient coûté beaucoup d’âmes à cette ville, trouver les hommes capables de dissoudre un tel réseau serait difficile.
Kozuna eut alors un moment d’absence, il me dit plus tard que l’ombre d’une bougie lui avait rappelé le ronin qui nous avaient aidés à sortir mon palanquin de la boue, et aussi le forgeron sans mons qui avait nettoyé nos lames à notre arrivée ici. Le lion proposa au daïmyo d’utiliser les fonds dégagés par le crime organisé pour embaucher les ronins locaux qui le combattraient, en tant que gardes de la cité. Ils seraient sans aucun doute plus efficaces que des ji-samuraïs, et il valait mieux les trouver avec nous qu’avec les marchands, de plus il fallait offrir à ces braves hommes un moyen de regagner leur honneur. Bakunenrefusa dans un premier temps, c’était Hanteï lui-même qui avait destitué ces hommes de leur place dans l’ordre céleste. Kozuna réussit à le convaincre qu’agir ainsi ne serait pas en contradiction avec la volonté du fils du ciel, les ronins ne récupéraient pas un nom de famille, ils auraient simplement l’honneur de servir de nouveau un clan.
Un tournoi fût organisé afin de choisir seulement les meilleurs. Il faut dire que les terres du clan du Crabe avaient accueilli une grande partie de ceux qui voulaient fuir leur vie. Le tournoi dura plusieurs jours, nous en furent d’ailleurs les juges et une vingtaine de samouraïs furent choisis. Nous avions décidé de quitter la cité le dernier jour du tournoi, mais un banquet fût organisé en notre honneur, pour avoir contribué à la chute du réseau criminel, aussi nous décidâmes de partir le lendemain à l’aube.
Je me souviendrai toujours de cette journée, le jour n’était pas encore levé que je quittais déjà mes quartiers pour aller rejoindre Kozuna dans la salle commune. Nous y prîmes un repas frugal, ce qui n’avait apparemment pas le même sens pour nous deux, il a dû manger quatre fois comme moi ce matin là. Nous sortîmes ensuite dans la cour ou nous attendaient nos moyens de transport. Kozuna monta sur son pauvre poney pendant que je m’installais confortablement dans mon palanquin. Il fit quelques pas, tournant en rond, pour montrer son empressement de rejoindre sa famille. Il m’en parlait déjà depuis plusieurs jours. Soudain son regard s’arrêta sur le sud, d’un coup sec il sortit son éventail pour se protéger des premières lueurs du soleil qui perçaient à l’est. Bakunen nous rejoint à cet instant, il venait probablement nous souhaiter bonne route. Kozuna n’avait pas bougé jusqu’à lors, mais il se détourna pour saluer le daïmyo qui arrivait : « Daïmyo sama » il fit un long salut comme à son habitude, puis repris sa position, face au sud « …c’est bien Kyuden Hida que j’aperçois au loin là bas ? » Bakunen Acquiesça « Pourquoi allument-ils des brasiers à cette heure-ci ? le jour se lève, il aurait mieux valut les allumer plus tôt, ils auraient servi à quelque chose. » il avait un petit air moqueur dans la voix. Bakunen répondit, en tournant son regard au sud, lui aussi « vous dîtes Akodo san ? » puis son visage se figea complètement, un instant même j’y décelais la peur. « Les brasiers sont allumés quand l’Outremonde approche samuraïs, Kyuden Hida demande du renfort ! » dit-il en nous quittant. Il couru jusqu’à son karo et lui cria plusieurs ordres avant de disparaître dans ses quartiers.
Le karo fut d’une efficacité implacable, toute la cité commença à s’agiter, les heïmins apportaient des herbes médicinales, des rations de nourriture et aidaient les samuraïs à s’équiper de leurs armures, les étas sortaient les montures, et les préparaient… Kozuna et moi restions bouche bée, il m’a semblé à cet instant observer une pièce de No, tellement chaque geste de chacun était calculé pour prendre le moins de temps possible, tellement personne ne gênait son voisin, une organisation monumentale, si bien qu’en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, la trentaine de samuraïs du clan qui vivaient là, étaient prêts à partir au combat. Bakunen réapparu, en armure lui aussi, et tout en avançant vers ses hommes d’un pas pressé il leur cria : « Allons, il est temps de partir ! ». Cette phrase pourtant assez anodine eu beaucoup d’effet auprès des bushis du clan du crabe, il faut dire qu’entendre un samuraï habituellement courtisan la dire peut paraître étrange. Kozuna s’approcha alors du daïmyo qui montait maintenant un magnifique poney, et ils échangèrent quelques mots sans que je puisse les entendre. Toujours est-il que Kozuna revint vers moi au petit galop juste après : « préparez vous mon ami, nous sommes là, nous allons aider ! », et il partit en direction de la place centrale.
Là bas, il fit un appel à tous les ronins de la cité, leur demandant de se joindre à l’armée du clan du crabe sous ses ordres, arguant comme à son habitude qu’aucune armée menée par un Akodo n’a jamais perdu une bataille. Ses mots eurent peu d’effet sur les gardes présents… Kozuna s’impatienta, faisant tourner son poney sur lui-même, il leur cria simplement ceci : « Hiruma Bakunen vous a permis de regagner un peu d’honneur hier, vous servez de nouveau un clan, seriez vous prêts à le perdre de nouveau aujourd’hui, en laissant vos frères mourir dans la bataille ? » Il fit de nouveau un tour sur lui-même, mais voyant que les ronins se regardaient bêtement sans bouger, il me rejoint prestement.
J’avais réussi à trouver un poney pendant ce temps, et les troupes de Bakunen avançaient depuis maintenant quelques minutes. Kozuna arriva à mes côtés et la déception se lisait sur son visage : « Allons-y » me dit-il, sans réelle conviction dans la voix. Je regardais alors derrière lui.
« Nous devrions les attendre… il semble que votre discours ait finalement porté ses fruits Kozuna san… vous voici gunso d’une escouade de ronins ! » lui dis-je, puis, en le regardant se retourner fièrement, j’ajoutais : « Je resterais moi aussi sous vos ordres si cela ne vous gène pas. C’est ma première bataille, et je dois dire que je me sentirais rassuré sous les ordres d’un Akodo ».
Il finit son demi-tour, et découvrit avec stupéfaction que tous les gardes, recrutés la veille, s’étaient mis en rang derrière lui, et même quelques-uns des ronins qui avaient perdu le tournoi. Il me souri un instant, puis parti au galop vers un des jardins avoisinants. Je m’occupai alors de mettre en route toute la compagnie.
Il nous rejoint plus tard, il apportait avec lui tout un matériel à étendre le linge, ainsi qu’un drap… nous le regardions amusés, tout en avançant, pendant qu’il manipulait son fatras dans tous les sens. Par moment, le vent rendait la scène assez comique, il s’engouffrait dans le drap et venait épouser les formes du cavalier. En tout cas, une demi heure, Kozuna réussit à se confectionner un étendard dorsal, dont il était tout fier, je dois avouer à ce sujet avoir été impressionné de la perfection de l’objet alors qu’il avait été construit du haut d’un poney en marche. Il garda plusieurs minutes son étendard à son côté, regardant autour de lui, il cherchait quelque chose. C’est alors qu’il me demanda ce qui représenterait au mieux notre unité, il refusa bien entendu qu’on y appose le symbole du Gozoku, cela ne m’étonna d’ailleurs pas, et je lui répondis alors que c’était son unité, que c’était donc à lui d’en choisir le mon, il réfléchit quelques instants de plus.
Nous traversâmes un petit bois, situé dans une vallée, puis le chemin remonta doucement.
Je regardais de nouveau vers le sud, un nuage noir était apparu derrière les brasiers du Kyuden, l’attaque était imminente, peut être aurait elle déjà commencé lorsque nous arriverions.
Kozuna vint trotter à mon côté : « - avez-vous vu ce loup sur notre gauche lorsque nous passions dans la vallée ? » je lui signifiais que non, et il poursuivit : « son pelage était trempé par la rosée, et ses pattes étaient boueuses, mais elle dégageait une aura de sérénité, comme si elle appréciait notre geste… une bête magnifique, qui mérite assurément que l’on se batte pour elle… » il resta silencieux quelques instants, puis il mit pied à terre, ramassa de la boue, et tout en continuant de marcher, il dessina un mon formant un loup sur son étendard. Il se le fixa ensuite dans le dos grâce à la corde à linge, et remonta sur son poney. « Voici qui fera l’affaire ! » cria-t-il, « Ce mon représentera notre unité samuraïs, car tels les loups vous n’arborez aucune couleur, pourtant, tout comme eux vous savez vous unir pour faire face à ce qui nous menace ! Hâtons le pas maintenant, nos frères auront besoin de notre soutient au plus tôt ! ».
Lorsque nous arrivâmes en vue de Kyuden Hida, la bataille avait déjà commencé, les bataillons du clan du crabe faisaient face aux gobelins et aux ogres qui tentaient d’avancer. Les flèches pleuvaient sur les masses noirâtres de monstres en 2eme ligne. Kozuna et Bakunen partirent au galop vers la forteresse, pour demander leurs ordres pendant que les hommes reprenaient leur souffle en les attendant. L’Outremonde était pour le moment dominé. Mais d’un coup il y eu un silence de mort… le calme avant la tempête pensais-je… et je ne me trompais pas… bientôt le sol se mit à trembler, de plus en plus fort, puis les gobelins recommencèrent à hurler, le sol tremblait toujours, et soudain, du nuage grisâtre qui surplombait l’armée des monstres, sortit un seigneur oni. La simple vue de la bête me glaça le sang, il mesurait bien 10 hommes de haut, il avait le corps d’un poney géant, et la gueule d’un monstre, un gueule qui faisait bien 4 hommes de haut à elle toute seule, avec plusieurs rangées de dents pointues et une langue crochue, par-dessus cela une centaine d’yeux me donnait l’impression qu’il aurait pu voir l’intérieur de mon âme. De chaque côté de cette gueule sortaient 2 bras difformes qui balayaient tout sur leur passage, et l’oni chargeait, il fonçait droit vers la forteresse. Cette véritable vision d’horreur avait emplit le cœur de la plupart des samuraïs qui étaient là.
Kozuna revint à ce moment là et nous ordonna la charge sur la bête, Bakunen partit avec son unité pour la contourner. Kozuna abandonna son poney, prétextant qu’il ne voulait pas être séparé de nous, et dégaina la lame de ses ancêtres dans un cri frénétique : « POUR ROKUGAN ! ». L’oni grandissait à chacun de nos pas, mais le lion avait su nous inculquer la force de le charger à ses côtés. Il sortit son éventail et, de la main gauche, nous demanda de former 3 colonnes à son signal… il le donna au dernier instant… Notre guntaï était passé sous la bête, et n’avait subit aucun dégât… je n’arrivais pas à y croire… nous avions réussi à infliger des dégâts aux sabots de ce monstre sans qu’il puisse nous atteindre… j’allais remercier mon ami après cela, mais il était déjà reparti, il courrait à la poursuite de la bête, elle se dirigeait toujours vers le Kyuden. Je reformai alors l’unité, et nous nous lançâmes également à la poursuite de l’oni. Ce dernier avançait encore beaucoup trop vite, notre attaque ne l’avait pas assez atteint. Nous vîmes alors Bakunen et son guntaï arriver de flanc, pour nous porter main forte. L’oni avait été trop rapide, leur première manœuvre n’avait pas abouti. Nous suivions le monstre lorsqu’il percuta une des tours de la forteresse… la tour de commandement sur laquelle était installé le rikugunshokan de l’armée Hida. Elle commença à s’ébranler, et l’oni tenta d’attraper le général avec sa griffe démesurée, mais celui-ci contre toute attente, sauta sur la tête du monstre dans un geste désespéré, lui occultant par la même quelques yeux du bout de son tetsubo. Il s’effondra ensuite par terre après une chute de plus de 10 mètres. L’oni hurla de plus belle et se vengea sur les gardes du général, les avalant tous d’une bouchée.
Le général était toujours par terre entre les jambes de l’oni, et incapable de se déplacer. Kozuna se rua dessous, nous demandant d’attirer l’attention du seigneur oni sur nous. D’un geste puissant il prit avec lui le Hida et l’emporta loin des attaques de la bête.
Bakunen perdit plusieurs hommes, et quelques ronins y passèrent aussi, mais le gros des troupes pu éviter les coups de griffes de la chose, désormais à moitié borgne.
Kozuna réapparu sur notre droite, il chargeait l’une des pattes du monstre, il prit une impulsion formidable, s’appuyant sur le sabot pour grimper, et souleva ses muscles et surtout sa graisse jusqu’au genou de celle-ci, et donna un coup majestueux, et d’une puissance incroyable, découpant nette la jambe qu’il avait attaqué… ce lion n’était pas uniquement un formidable tacticien Akodo, la rage de dame Matsu courrait assurément dans ses veines. Lorsqu’il mit pied à terre le seigneur oni s’effondra. Il nous ordonna alors de porter un dernier assaut. Et c’en fût fini.
L’armée crabe avait maintenu sans problèmes les hordes d’ogres et de gobelins, la bataille était terminée. Les Magiciens de la famille Kuni mirent le feu aux dépouilles. Pendant que les troupes prenaient un repos bien mérité. Bakunen vint nous saluer avant de rassembler ses hommes ainsi que les gardes de sa cité, non loin de nous.
« Comment avez-vous trouvé cette bataille ? » me dit Kozuna, en regardant calmement Amaterasu, « instructive assurément Kozuna Sama, instructive ! J’écrirais sûrement une pièce qui parlera de ceci. »
Le daïmyo de la famille Hida s’approcha de nous « samuraï san, je suis Hida Tadaka, je tenais à vous remercier personnellement de l’aide que vous avez apporté dans cette bataille, mon général n’aurait sans doute pas survécu sans vous et vos… ronins, aussi permettez moi de vous offrir ceci. »
Tadaka sorti alors un tetsubo d’un coffret qui avait été apporté, l’arme était parfaite… magnifiquement ouvragée, parfaitement symétrique, et ses pointes étaient en jade. » Kozuna refusa 2 fois comme le veut la coutume, et accepta, finalement l’honneur qu’on lui faisait.
Le daïmyo du clan du crabe et le lion eurent alors une discussion qui dura jusqu’au soir, et c’est depuis ce jour que les armées du clan acceptent parfois quelques guntaïs de ronins par mis leurs rangs.
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j'attends vos critiques !