La Voix De Rokugan

- Je vous livrerai là-bas, répondit-elle. Et...

Elle regarda vers la tenture qui masquait l'autre pièce, puis continua :

- La sécurité, Karo-sama. Ne pas craindre de rencontrer un pillard quand on se déplace le soir, et ne pas devoir se protéger en prêtant allégeance à un seigneur de guerre, voila de quoi les habitants ont besoin.

Retsu adressa un regard en coin à Kei-chan.
Puis, il décida d'avancer en direction de la tenture.

Personne derrière la tenture. Plus loin, une échelle, et en haut, l'aide qui farfouillait dans des étoffes - du moins le bruit qui parvenait à Retsu suggérait de doux mouvements de soie contre soie.

Le jeune homme se tourna vers la commerçante, guettant un éventuel indice dans son expression...

Elle secoua la tête, murmurant :
- Pas ici. je vous en parlerai plus tard... quand je vous amènerai les kimono.

Son regard était suppliant, au bord des larmes.

- On va partir Ishido-san, dit Kei à Retsu, on a encore plein de choses à faire avant la nuit...

"Hai Hida-sama." répondit Retsu en venant rejoindre Kei.

Une fois sortis, et à bonne distance de la boutique, le jeune homme repris la parole.

"Malheureusement c'était à craindre... La garde ne peut plus assurer sa mission et les yakuza en profitent..."

- Oui il va falloir redéployer les gardes... Organiser des rondes dans les quartiers tout ça. Je pense que je ferais ça demain, passer dans les quartiers et peut-être essayer de trouver un représentant de la population pour chaque, qui sera chargé de rapporter à l'administration les doléances des habitants.

Kei réfléchit à une bonne technique pour faire ça mais pour le moment elle ne la trouvait pas.

- Il faudrait trouver Shigueru, Hirozaku et Kamodo. Je chercherais Shigeo plus tard, pensa-t-elle.

elle ne s'imaginait pas qu'ils puissent être mort, aucun d'eux.

Retsu hocha la tête.

"Mon premier travail va être de faire le point sur les hommes qui restent au sein de la garde... Je vais donc savoir ce qu'il en est pour eux..."

Le jeune homme se tut. Il espérait que ses amis étaient toujours vivants... Mais la visite chez les parents de Kei lui rappelait une triste réalité : il y avait eu beaucoup de morts dans cette attaque. Et parmi ces morts se trouvait des gens qu'ils connaissaient...

- Bon... Bien si tu veux on attend demain alors... On peut juste passer à l’hôpital alors ? On fait un détour avant de rentrer ?

"D'accord." répondit laconiquement Retsu.

Il se dirigèrent d'abord vers les docks ou ce qu'il en restait et interrogèrent les passant pour trouver "le bon endroit". La ville avait tellement été détruite qu'elle ne savait pas bien où aller pour trouver ce qui ressemblait le plus à un hospice.

Traditionnellement, le principal hopital d'une cité était le temple d'Amaterasu-omikami. À Sunda Mizu Mura, un autre avait été ouvert dans la magistrature d'émeraude par Hida Kisada - ou, plus exactement, par ses mauvaises relations avec la magistrature d'émeraude. Mais l'un et l'autre avaient été détruits : le temple, en brûlant lors de l'attaque, la magistrature, en s'effondrant avec le sol.

Si sur les ruines du temple avait été rebâti à la hâte un petit sanctuaire de bois, il ne demeurait à l'emplacement de la magistrature qu'un bras d'eau, au demeurant agréablement entouré d'herbes et de petits cognassiers en pleine repousse.

Par contre, les Grands Bains, rescapés du désastre, désormais perchés au bord de l'eau, avait été transformée en refuge pour tout ce que la ville comptait de miséreux ; là, ils trouvèrent une foule animée, pleine de rires et d'enfants, de commerçants et d'artisans qui avaient installé entre les poteaux, leurs outils.

Malgré leurs recherches, ils ne purent trouver de chef à la communauté ; les sans-toits semblaient s'être retrouvés là, certains guidés par les Kuni, d'autres par les prêtresses solaires incapables de les héberger, mais tous semblaient vivre en bonne intelligence, malgré l'exiguïté des lieux. Un ancien charpentier leur confia d'ailleurs lorgner vers les terrasses de roche écroulée qui descendaient doucement vers le fleuve, comme de longues marches prêtes à accueillir des habitations nouvelles, et où il ferait bon vivre au plus près de l'eau.

Retsu regarda autour de lui, l'air navré.
Le travail qui les attendait lui semblait de plus en plus insurmontable...

Il distribua quelques aumônes aux enfants qui venaient le voir avant de redresser la tête en direction des marches de pierre.

"Ça me parait une bonne idée, Hida-sama..." fit-il à l'attention de Kei-chan.

"Je pense qu'il faudra avant tout demander leur avis aux Kaiu. Qu'ils nous disent si la roche est assez stable pour envisager un tel développement..."

"On pourra également envisager de construire un débarcadère. Ce sera plus facile pour faire parvenir ici la nourriture et les matériaux de construction..."

- Oui on pourrait envisager ça...

Kei était complètement choquée par ce qu'elle voyait. Elle n'avait pas imaginé que la vile puisse être autant transformée.** Il allait falloir un relevé précis de la "nouvelle ville". Il lui fallait des géomètres... Enfin il lui fallait tout. Elle s'approcha du charpentier.

- Je suis Hida Kei, la nouvelle karo de la cité, dit-elle en s'inclinant. Vous avez d'autres collègues qui travaillent avec vous ?

**= tu peux faire une carte annotée, là franchement j'avoue que j'ai du mal à savoir ce qui reste ou pas, ce qui est sous l'eau ou pas etc.