La Voix De Rokugan

"Tu ne savais pas?!" dit-elle en riant "Bien... visiblement ce n'était pas assez clair cette nuit alors..."

"Je suis un élève un peu lent, Kei-sensei... Il faut m'expliquer pendant des heures..."

Sur son invite, elle ne se fit pas prier plus que ça. Ils mirent en pratique une fois encore ce qu'ils avaient redécouvert hier... Certainement, cependant, en étant un peu moins bruyant...

Ce fut avec délice que les deux amants réitérèrent leurs exploits de la nuit.
Le plaisir de se retrouver après tant d'années magnifiait tout, exaltait tout.
Ils se retrouvaient, se redécouvraient, s'apprivoisaient, luttaient l'un contre l'autre avant de se réconcilier...

Quand Retsu roula sur le dos, son torse luisant de sueur, le thé était froid depuis longtemps...

Elle le regarda un peu et se leva précipitamment. Non... Non... Va falloir sortir de là à un moment...

"On devrait peut-être... y aller non?" dit-elle en farfouillant dans la pile de vêtements pour récupérer les siens.

Retsu se releva à moitié, en appui sur ses coudes, avant de répondre.

"Oui..."

Poussant un soupir, il se leva et ramassa les vêtements éparpillés sur le sol.

"On devrait peut être manger un peu, non ?? Faut que l'on refasse nos réserves d'énergie..." fit-il, avisant les bols de riz posés à côté du futon.

Kei avala vite le bol de riz froid, finit de s'habiller, s'assura que Retsu était présentable... le mieux possible en tous cas et ouvrit le shoji.

Elle fit un pas dans le couloir. Faire "comme si de rien n'était" était complètement délirant...

Retsu mangea tout aussi vite que Kei et pris une grande tasse de thé froid pour faire passer le tout.

Elle l'aida à remplacer le lacet de son hakama, avant de se diriger vers le shoji.

Quand elle sortit dans le couloir, il la suivi, avançant juste sur ses talons.

On va être bon pour une engueulade... Ou pour se faire foutre de notre gueule... songea Retsu avant de finalement hausser les épaules.

Il s'en fichait...

Un peu plus tard...

Personne en face de la porte de Retsu.
Personne dans le couloir où les gunso étaient logés.
Personne dans le jardin.

Le premier être vivant qu'ils croisèrent était sans doute un mille-pattes, enfoui dans l'herbe. Le deuxième un oiseau qui pépiait dans un arbre et qui, en les voyant passer, se précipita dans la chambre de Retsu, par l'odeur alléché, pour finir le riz.

- Ah, vous êtes là.

Kamodo se tenait appuyé à un poteau, devant la porte qui menait au couloir des invités de marque - et qui était tenue par trois de ses hommes.

- Avez-vous mangé votre riz ce matin ? Je crois bien que oui. Kei-san, je crois qu'il reste un grain collé sur votre lèvre.

Il lança un regard digne, neutre, inoffensif, à Retsu, ... et le soutint suffisamment pour que Retsu sache exactement ce qu'il pensait.
Ce n'est pas à moi de vous dire à quel point ce que vous avez fait est aventureux, imprévoyant, irresponsable... et va vous valoir des tas d'ennuis. Puis il sourit.

Ses hommes n'avaient pas sa retenue, et les mots qu'ils se murmuraient devaient être particulièrement drôles même si Kei et Retsu ne pouvaient pas les entendre, pour qu'ils pouffent de la sorte.

- Hirozaku m'a fait dire qu'il était allé saluer la Grande Déesse ce matin, et Shigeru a donné congé à ses hommes. Vouslez-vous voir nos protégés ? Je crois que Hideoshi-sama a fini ses kata.

Le général faisait ses entraînements dans sa chambre, à l'abri des regards. Les techniques Daidoji sans doute.

- Il a, euh... mal dormi cette nuit. Ne soyez pas trop arrogants avec lui, et je crois qu'il a eu une explication orageuse avec Yoshiko-sama ce matin.

"Merci Kamodo-kun", ça ne servait à rien de lui demander d'être de mauvaise humeur aujourd'hui...

Elle lança quand même un regard noir aux autres Gardes Gris...

- Bon... Je suppose qu'il faudra bien y aller à un moment...

Mal dormi ?? Tu m'étonnes... songea Retsu en soutenant le regard de Kamodo-kun.

Je sais que tu désapprouve, mon ami. Mais je ne regrette rien...

"Oui, allons-y, Kei-chan..."

Ils se dirigèrent vers la chambre de hideochi, entrèrent doucement et s'inclinèrent. Attendant... sûrement que le Daidoji dise quelque chose. Kei pensa qu'elle en avait complètement oublié de tout raconter à Retsu...

Retsu se prosterna... Attendant l'orage qui n'allait sans doute pas tarder à se déchainer...

Daidoji Hideoshi les regardait.

- Kei-san, Retsu-san, je renouvelle mes remerciements et ceux de ma fille. Vous lui avez probablement sauvé la vie hier.

Un temps.

- Je compte sur vous pour retrouver la trace des criminels qui ont enlevé ma fille et mon futur gendre. Vous comprendrez que dans cette ville hostile et où les gardes civiles ne sont pas sûrs, je ne puisse compter que sur vous.

Pas trace d'ironie dans le regard de Hideoshi. S'il pensait quelque chose de leur façon de dormir, il le cachait bien.

Retsu acquiesça d'un signe de tête, laissant Kei répondre à Daidoji-sama.