Publié : 09 mars 2007, 15:44
En logique, on désigne une "action" A et "ne pas faire une action" -A.Kocho a écrit :Je ne vois pas très bien ce que ça change de changer X en A et Y en B.
Tu postules qu'une action (A) est symétriquement inverse à ne pas l'accomplir (-A). C'est ça que je ne peux pas appliquer. Un acte déshonorant (quitter son poste) n'est pas symétrique à l'acte contraire (rester à son poste). La seule justification à cette symétrie, qu'appremment tu n'applique pas dans d'autres cas, c'est le fait que le dilemme existe. Donc que tu te bases sur l'autre terme de l'alternative. Terme qui n'a pas été mis en application et n'est donc que spéculatif.
Sinon, pour en finir avec le "spéculatif" je te signale que quand tu fais perdre de l'honneur pour ne pas secourir le moine, tu ne te bases sur "un teme qui n'a pas été mis en application".
L'action est "secourir le moine" (A) et son contraire est "ne pas secourir le moine" (-A). Les "et si" n'interviendrait que pour une alternative qui se pose par la suite.Kocho a écrit :Il n'y a pas ici deux actions et leur action inverse, mais quatre actions indépendantes. Ce n'est pas parce que le personnage va quitter son poste qu'il va sauver le moine (en fait le moine est peut-être mort d'une crise foudroyante et le samurai croit le voir respirer parce qu'il a foiré son jet de perception, auquel cas le samurai quitte son poste pour rien). Aider le moine n'est pas une action symétrique à "le laisser mourir"...
Soit le samuraï bouge, soit le samuraï reste sur place.Kocho a écrit :En fait je crois que c'est sur ce point que nous achoppons.Doji Satori a écrit :Cet autre terme arrive puisque l'un est la conséquence de l'autre sauf effectivement à quitter son poste pour aller boire un verre.![]()
Si je vais au secours du moine, je quitte mon poste. L'honorable et le déshonorable se réalise dans la même action.
Pour moi l'un n'est pas la conséquence de l'autre. Le dilemme d'honneur ne se résout pas forcément selon les termes posés. Par conséquent je ne saurait limiter les pertes d'honneur sous prétexte qu'il n'y a que deux possibilités, puisque chaque possibilité est le fruit d'une spéculation.
Il y a antinomie claire entre les deux termes et non spéculation ...
Soit il sauve le moine, soit il reste à son poste, deux solutions que le samuraï perçoit comme honorables.Kocho a écrit :Lorsque le samurai est face à son dilemme les termes posés semblent clairs : il n'y a presque aucune chance que quelqu'un d'autre passe sauver le moine ou qu'on l'entende s'égosiller, s'il quitte son poste, il ne peut remplir son devoir. Deux solutions que le samurai perçoit (à juste titre selon moi) comme déshonorantes. Ce qui est important pour que le dilemme existe n'est pas que les solutions soient effectivement déshonorantes au final (nous verrons pourquoi tout à l'heure), mais bien perçues comme telles.
Du verre à moitié vide ou à moitié plein ...
L'important n'est pas la façon dont on pose le problème.
Que l'on dise si je fais -, je fais + ou que l'on dise si je fais + je fais -, c'est la même chose.
Ca c'est des spéculations ...Kocho a écrit :Lorsque le personnage fait son choix, le dilemme disparaît et seul compte les actes qu'il accomplit. S'il reste à son poste et que le moine s'avérait un imposteur, son acte change de nature (en terme d'honneur).
Autre exemple : si le samurai se décide à quitter son poste, la mort dans l'âme, considérant que sauver le moine est plus important, quelle que soit la perte d'honneur, il peut avoir la surprise de s'apercevoir que son geste lui permet d'éviter le dard empoisoné d'un ninja qui se préparait à l'assaillir, misant sur son immobilité... Et ce faisant, il fait face au ninja et l'empêche d'entrer dans la citadelle. En avançant vers le moine, le samurai s'est mis en situation de pouvoir résister à l'attaque du ninja et accompli mieux son devoir – garder la porte – qu'en restant immobile à son poste. (Le moine a pu lui-même être victime d'un dard empoisonné du ninja parce qu'il l'avait perçu grâce à ses "sens shinséistes" surdéveloppés).
On remercie la providence qui permet à la garde d'intervenir en 2 minutes (en retrouvant une flèche perdue et en lisant un message s'il vous plait) mais qui se trouve hors de portée de voix.Kocho a écrit :Les termes du dilemme apparent (quoique je fasse c'est déshonorant) peuvent donc l'un et l'autre être changés lorsque la réflexion fait place à l'action.
Il n'y a donc pas que deux termes (les termes apparents) mais une infinité de possibilité qui se résolvent à chaque action. De même qu'on ne peut prendre en compte la spéculation de départ, on ne peut prendre en compte toutes les possibilités qui ne sont pas advenues pour décider quelle est la perte ou le gain d'honneur. Tout ce qui compte au final c'est ce qui a été accompli.
Reprenons : après avoir apparemment épuisé toutes les solutions pour obtenir de l'aide, le samurai en arrive à la conclusion (basé sur sa connaissance de la médecine) que le moine va mourir si on ne le secourt pas.
Le garde n'a apparemment aucun moyen de sauver le moine.
Oui, mais… Le matin, en préparant son paquetage, il a fait sa méditation et après a décidé sur une intuition de prendre son arc et ses flêches. Il décide donc de lancer une boule sifflante vers la citadelle avec un message attaché. Deux minutes après les renforts arrivent et sauvent le moine.
Voilà un moyen de sauver physiquement le moine sans quitter son poste.
Changeons cette donnée : là le garde ne sait pas méditer, n'a pas d'arc, pas de boule sifflante.
Tant pis pour lui, il va probablement perdre de l'honneur (si la situation est bien ce qu'elle apparaît être). Ses possibilités se sont réduites à ce moment là de sa vie à deux cours d'actions déshonorants (quitter son poste pour aider un moine / laisser mourir un moine en restant à son poste). Ça ne veut pas dire que ces deux possibilités sont les seules qu'il y ait et qu'il y ait jamais eu... Elle sont en elle-même le résultat d'une restriction des possibilités d'action. On ne peut donc arguer de l'existence de ces deux seules possibilités finales de cours d'action pour dire sauver le moine IMPLIQUE de quitter son poste ou rester à son poste IMPLIQUE de laisser mourir le moine. C'est juste ce que cela implique pour ce samurai particulier à ce moment de sa vie (samurai qui aurait bien fait en l'occurence de travailler sa méditation et de prévoir ce genre de situation en mettant une boule sifflante dans son carquois).
Autrement dit, si un personnage se retouve face à un dilemme déshonneur/déshonneur ce n'est pas parce que ce dilemme est la seule alternative qu'il y ait jamais eu. C'est aussi le résultat de ses actions précédentes qui l'on mené là. En terme fictionnel, un dilemme déshonneur/déshonneur doit toujours être lié au "dharma" du personnage (donc on évitera en général les dilemmes de ce genre pour un problème mineur qui ne fait pas sens pour le personnage ou qui n'a pas d'implication profonde dans la suite des évènements).

Je ne vois pas en quoi cela gène dans ma logique d'avoir deux alternatives semblables.Kocho a écrit :La logique m'échappe. Si tu remplaces les termes d'un problème par des termes qui ne sont pas de meme nature (en l'occurence une alterative composée de deux termes différents remplacée par une alternative composée de deux termes semblables), ce ne peut plus être le même problème donc la solution sera forcément différente.
Dans ta logique, on a le choix entre deux alternatives aussi honorable l'une que l'autre, le choix ne pose pas de soucis. On a le choix entre deux alternatives l'une plus honorable que l'autre, si l'on choisit la plus honorable, on perd de l'honneur ...
Donc, quand on se trouve devant un choix d'action d'honorabilité équivalente, il n'y a pas de perte d'honneur ...Kocho a écrit :Les données du problème que tu posent montrent bien que le cours honorable à suivre est de faire ce qu'il peut pour sauver les moines. Il n'y a donc pas de dilemme d'honneur à sauver un moine plutot qu'un autre, et pas d'alternative apparente au cours d'action. Le dilemme "sauver le moine A" ou "sauver le moine B" est artificiel...
Rien ne prouve que si samuraï ne va pas secourir le moine qui se noie, il va se noyer tant que le moine n'est pas noyé non plus. On va peut être arrêter avec ces supputations Kocho ...Kocho a écrit :De plus ici, si le samurai ne sauve qu'un moine, il a une action positive pour justification de ce qu'il n'a pas accompli. Ce qui n'était pas le cas dans le dilemme précédent. Rien ne prouve, si le samurai quitte son poste et qu'il sauve le moine, que le moine serait mort s'il ne l'avait pas fait (si tant est qu'il le sauve, le coup de chaleur peut avoir tué le moine de toutes façon)... De meme, rien ne prouve, si le samurai reste à son poste, qu'il n'y avait pas de moyen d'aider le moine autrement (en fait on peut précisément reprocher au garde de n'avoir pas prévu un moyen de prévenir quelqu'un en cas d'attaque, à cet endroit où il ne peut manifestement pas etre entendu quand il crie).

Très exactement de la même façon que l'on attend pas du samuraï en garde qu'il secoure le moine et qu'il reste à son poste mais qu'il fasse une action juste, peu importe laquelle (si il y a équivalence d'honorabilité).Kocho a écrit :Dans le cas des moines qui se noient, on n'attend pas du samurai en pareille situation qu'il sauve le moine A ET le moine B de la noyade, mais qu'il sauve UN moine, peu importe lequel...
Sophisme, on parle là d'une situation où le samuraï est capable physiquement de sauver chaque moine.Kocho a écrit :Je répète que s'il était attendu par la société et l'honneur que les samurai sauvent tous les moines qui courrent un danger, meme quand c'est impossible physiquement, ils perdraient tous de l'honneur à chaque fois qu'un moine se fait égorger au coin d'un bois...
Si j'utilisais ta logique des flèches siffleuses, je dirai que le samuraï aurait du prévoir et donner des cours de natation aux moines ou de les équiper de gilets de sauvetage. Après c'est son karma.Kocho a écrit :Dans la situation que tu décris, il n'y a pas de dilemme d'honneur, pusique sauver un moine au mépris de sa propre vie est un cours d'action honorable en soit et qu'il n'y a pas d'alternative raisonnable (sauver un moine inconnu plutot qu'un autre n'est pas un dilemme d'honneur, c'est juste un cours d'action qui n'engage pas d'action déshonorante - il ne pouvait sauver plus d'un – ou deux – moines quoiqu'il fasse). On ne peut donc arguer que le samurai n'a pas fait le choix de sauver un moine puisque précisément, il l'a fait. Qu'il n'ait pas sauvé le moine B n'est pas le problème et cela n'engage pas son honneur.
Si il y a deux moines à sauver de la noyade et que l'on ne peut en sauver qu'un seul, pas de soucis à laisser mourir n'importe lequel ; si il y a un samuraï de son clan et un moine on perd de l'honneur à ne pas sauver le moine car il y a un dilemne d'honneur ?