Soshi Noami a écrit :Ai vu John Carter hier soir.
Je m'attendais à pire alors qu'en fait c'est plutôt sympa sauf qu'ils ont eu beaucoup trop de moyens pour faire ce film ou c'est le scénario qui n'est pas à la hauteur et du coup, ce qui serait bien passé s'ils s'étaient contenté d'en faire une bonne série B passe beaucoup moins bien.
Mais j'espère quand même qu'ils feront les épisodes suivant de la trilogie.
Comme dit la Marmotte, c'est plutôt mal barré pour la trilogie.
Sinon, effectivement, je m'attendais moi aussi à bien pire. Ca casse pas des briques, mais c'est du bon divertissement. Après, autant ils ont été assez fidèles sur certains trucs (genre Thars Tarkhas et plus généralement les martiens verts) autant pour le reste, les revisitations sont plus ou moins pertinentes.
Par exemple, les Therns n'ont pas du tout le même rôle dans les bouquins, même si ce sont des vilains méchants aussi. Ce qui suit concerne ceusses qui veulent en savoir un peu plus sur l'oeuvre d'origine, donc, c'est dispensable, évidemment ...
La Barsoom des livres.
En fait, il existe plusieurs races martiennes originelles : les noirs, qui pensent être les plus anciens, les blancs et les jaunes. Ces races ont fini par dévoluer, voire quasiment disparaitre à peu près à l'époque ou les mers de Mars se sont asséchées, et les martiens rouges sont en fait le résultat de croisements entre ces races plus anciennes. Quand aux martiens verts, on ne sait pas trop d'où ils sortent.
Biologiquement parlant, les différentes races martiennes peuvent vivre au moins un millénaire, mais c'est rarement le cas car elles sont majoritairement en guerre (les tribus vertes sont adeptes du struggle for life et n'ont jamais émergé de la barbarie après des dizaines de milliers d'années, alors que les cités-états des rouges sont rivales pour la plupart) et que leur technologie regresse lentement mais surement.
Les therns des bouquins sont en fait le principal groupe de martiens blancs encore en vie. Ils ont monté de toutes pièces la religion que connaissent tous les peuples de Mars : Issus, déesse de la vie éternelle. Tous les peuples de Mars, à quelques rares exceptions, partagent cette croyance et considèrent les Therns comme de saints hommes. Contrairement au film, les martiens des bouquins n'ont jamais visité la Terre et Burroughs n'explique à aucun moment comment Carter se retrouve sur Mars, sauf qu'il respire d'étranges vapeurs dans une grotte... mais sur Mars, il bénéficie de la même longévité potentielle que les indigènes. Ce qui fait que durant la saga, il reste jeune et plein de vigueur, finissant même par croiser son propre fils adulte (vu qu'il retourne sur Terre malgré lui à plusieurs reprises en fait. Toute une partie de la saga est racontée par Burroughs comme s'il était un parent de Carter, qui le voit débouler de temps en temps, toujours jeune, et raconter ses derniers exploits).
Selon le dogme d'Issus, un martien quelle que soit sa race peut à un moment ou un autre décider de laisser sa vie derrière lui et partir à la recherche de la rivière sacrée, ce qui n'est pas sans dangers. S'il y parvient, il est censé en descendre le cours et atteindre le paradis d'Issus, ou il vivra éternellement dans la jouissance si la déesse l'en juge digne. Sinon, il mourra, simplement.
En réalité, la rivière mène à des monstres qui protègent les terres des Therns et se nourrissent des pélerins. Ceux qui en réchappent sont alors réduits en esclavage par les Therns.
Eux-mêmes sont également des pions à leur insu. Issus existe bel et bien, mais c'est la reine des martiens noirs, qui pour les autres peuples sont des pirates, des maraudeurs esclavagistes aériens venus d'une des deux lunes martiennes. En fait, les martiens noirs vivent dans une région isolée de Mars et manipulent les therns ainsi que les autres peuples par le biais de la religion d'Issus. Eux-mêmes voient effectivement en Issus une déesse et se considèrent tous comme les premiers martiens, directement issus de l'Arbre de Vie qui aurait permis l'apparition de la vie sur Mars. Ils se servent de cette religion pour maintenir les autres peuples dans la rivalité (puisque chacun pense qu'il peut toujours tenter d'accéder au paradis en descendant la rivière d'Issus, personne ne fait guère d'effort pour les autres. Les gens ont le sens du clan, de la tribu, de la cité, mais pas plus... si les martiens rouges entretiennent les usines par exemple, c'est une caste spéciale qui s'en charge et le reste de leur civilisation est ignare sur ce plan. Quant à s'unir contre les maraudeurs des tribus vertes ou les pirates noirs, ils n'y ont jamais songé).
En dehors des Therns, il existe quelques autres groupes de martiens blancs, isolés du reste du monde pour la plupart. Quand aux martiens jaunes, on pense qu'ils ont disparu mais ils se sont réfugiés dans les régions polaires. Ces groupes n'ont guère d'impact à l'échelle de la planète. Pour l'essentiel, elle est publiquement aux mains des cités-états rouges et des hordes vertes, plus ou moins directement contrôlées en douce par les therns, eux-mêmes manipulés à leur insu par les noirs.
La domination des trois races d'origine a pris fin environ 500.000 ans avant l'arrivée de Carter. A quelques exceptions près, la Mars qu'il découvre est essentiellement l'oeuvre des martiens rouges. Comme la planète dépérissait, certains membres des races d'origine (blancs, noirs, jaunes) au lieu de s'isoler ont tenté de s'allier pour préserver ce qui pouvait l'être. Ils n'y sont pas parvenus mais leurs descendants (les rouges donc) ont été les artisans des canaux d'irrigation qui traversent la planète ainsi que des usines atmosphériques qui maintiennent l'air respirable. En fait, les rouges ont largement de quoi devenir les maîtres absolus de leur monde, s'ils n'étaient pas aussi divisés. Militairement parlant, il n'y a que les grandes hordes vertes et les guerres intestines entre cités rouges à pouvoir les menacer. Les noirs ne sont pas assez nombreux pour être une vraie menace si les rouges étaient unis. Devinez qui va s'en charger...
Dans la saga d'origine, Carter finira évidemment par triompher des martiens noirs ainsi que des therns, révéler l'imposture de la religion d'Issus et devenir seigneur de guerre, fédérant la majeure partie des rouges et des verts. On est dans du pulp des années 1910, donc, les intrigues sont assez simples, l'action plutôt prédominante et les personnages féminins feraient hurler les féministes modernes (Dejah Thoris n'a rien d'une escrimeuse érudite comme dans le film par exemple). Ca se lit sans difficulté si on aime les auteurs de l'époque et on voit à quel point ça a contribué à fonder le genre du pulp, mais ça n'est pas de la "grande littérature", évidemment.
Deux sagas s'inspirent plus ou moins directement de celle de Carter : une écrite par Moorcock, que je n'ai pas encore lue et une par Leigh Brackett qui date des années 60 et n'est pas mal fichue.
