La Voix De Rokugan

L'image s'imposa un court instant à l'esprit de Retsu.
Kei-chan avait-elle déjà fait ce genre de choses ? se demanda-t-il.

*en gros : y'a déjà eu l'attentat contre Sakamasu?

Retsu n'en avait aucune foutue idée d'ailleurs. À part la fois où Kei avait pété un plomb et tenter de lui lister par le menu tous les "hommes" avec lesquels elle avait couché. Un très agréable moment se souvint-il peu joyeux. Il n'avait rien écouté à l'époque. Il s'y était efforcé au moins. En tous cas aucun nom féminin n'avait passé la barrière de ses oreilles à ce moment là.

Il secoua la tête, comme pour se sortir ces pensées son esprit. Kei-chan et Shiranai-dono se toisaient un court instant.

Contrairement au fait de savoir que Kei-chan avait eu nombreuses conquêtes masculines, il n'était ni énervé, ni dépité.
Il ressentait au contraire une curieuse absence de sentiments. Un vide émotionnel.

Mais ça c'était pour le cerveau car la faible chaleur au niveau de son bas ventre indiquait une pointe d'excitation...

C'était vraiment une sensation très étrange... se dit-il alors qu'il focalisait son esprit sur une calligraphie accrochée au mur.
C'était un simple cercle tracé à l'encre d'un noir profond sur un papier d'une blancheur immaculée.



Le symbole du zen par excellence.

Retsu retint un sourire en coin. Avec les deux femmes qui s'affrontaient et lui avec son début d'érection, jamais un tel symbole n'avait semblé si déplacé...

- "J'imagine que cela doit être assez désagréable à entendre" c'était ma phrase polie. Mais vu votre ton je vais me dispenser de la politesse. J'ai des recherches magiques à faire alors decarrez de mon intérieur. Et faites quelque chose pour votre mari, il m'a l'air "ailleurs".

Retsu reporta son attention vers Shiranai.

"J'admirai simplement votre kakemono, Kuni-gozen."

"Mais j'ai réfléchi à votre hypothèse et elle est intéressante. Aussi si l'objectif de nos adversaires est de nous diviser, je vous propose de tous nous calmer..."

Il s'agenouilla et se prosterna devant la shugenja, face contre terre.

"Kuni-gozen, je vous prie très humblement de bien vouloir accepter nos excuses. Nous n'aurions pas dû vous manquer de respect sous votre toit."

- C'est ca. Souvenez-vous en la prochaine fois que votre femme me menacera. Et maintenant, dehors.

Roh, la put***, salo** de shugenja de mer**, tu vas voir ce que je vais te me****, prétentieuse et mal élevée et mal bai*** aussi sûrement, tu vas reg.. Etc. Etc.

Rouge mugissait sous son crâne comme une harpie.

- Bien, répondit-elle en hurlant presque sans regarder son mari se prosterner comme un rien du tout devant cette pétasse.

Elle s'inclina légèrement en se faisant violence, souffla fort et termina :

- Je souhaite vraiment que vos petits soucis familiaux s'arrangent rapidement et que les tractations de votre frère pour vous trouver un bon parti aboutisse. Je me languis déjà du jour où votre époux me sera présenté. Je ne manquerai pas de lui faire bon accueil et de lui faire découvrir tout ce que la ville peut receler comme trésors.

Elle tourna les talons en les laissant tous les deux là. Elle attendit Retsu à la porte.

Retsu se redressa, un peu raide.

"Je ne suis pas sûr que votre dernière réplique était du genre à faciliter le maintien de l'harmonie au sein du Conseil, Kuni-gozen." dit-il en lissant son kimono.

"Rappelez-vous les propos de Shinsei : "contrairement au chêne, le roseau plie mais ne rompt pas"." énonça-t-il.

"Un peu de souplesse ne fait jamais de mal, Kuni-gozen. Surtout quand la personne avec qui vous avez un différent s'avère être le karo de la cité... Notre supérieur à tous les deux."

"Il n'est pas sage d'aller contre l'Ordre Céleste..." conclut-il avant de sortir.

Ce fut là qu'il retrouva Kei-chan. Elle semblait littéralement bouillir...
Il déglutit lentement en s'approchant d'elle.

Finalement, il ne dit rien et vint la prendre dans ses bras.

Elle le repoussa rapidement, juste assez violemment pour que ça fonctionne pas assez pour avoir l'air, de l'extérieur, de l'envoyer valdinguer dans la porte.

- Pas maintenant.

Elle s'engagea dans l'allée, pour sortir dans la rue, d'un pas rapide. Elle était tellement énervée par le comportement de Shiranai et par le fait qu'il se soit encore écrasé... Elle se serait cru retournée au moment de leur adolescence, quand il s'excusait pour un oui ou un non, à tout va, sans raison, juste parce qu'il s'appelait Matsudaira.

- Le roseau plie, marmonnait Shiranai. Mais nous on préfère les chênes dans le Crabe : des hommes qui ne plient pas et qui portent des tetsubos. Et comme si j'allais présenter mon Akiji-kun à cette traînée.

Retsu suivi calmement Kei.
Il savait que ce n'était pas dans sa nature de chercher à arrondir les angles, contrairement à lui, et qu'elle était très très énervée...

Il haussa les épaules. Ca passerait tôt ou tard.

Mais si Kuni-gozen avait effectivement agit sous la contrainte, cela était très inquiétant...

Elle rentra au dojo aussi sec, hier l'attentat, aujourd'hui Heihachiro et Shiranai, c'était assez pour le moment. D'autant plus que personne ne lui avait encore fait de rapport concernant les activités nocturnes du charpentier-linguiste...

Elle gravit les escaliers du Roc, Retsu sur les talons. Elle ne l'avait pas regardé de tout le trajet refusant de faire un esclandre dans la rue. Tant mieux dans un sens, elle hurlerait sûrement moins fort.

Elle entra dans le hall, Hora arriva à sa rencontre. Elle ne lui laissa pas le temps d'en placer une. "Vous pouvez me trouver les adresses de la famille de Shiranai? Et est-ce qu'il y a eu des visites pour moi, rapports compris?" Elle continua à avancer, jusqu'au cagibi qui lui servait de bureau.

Retsu pris une longue inspiration avant d'entrer dans le bureau de Kei-chan.
Elle s'était mordu la langue pendant tout le trajet et le moment était venu pour lui d'en prendre plein les dents...

- Tu ne te prosternes pas en entrant dans le bureau du karo? Demanda-t-elle en levant les yeux d'une pile de papiers qu'elle ne regardait même pas.

Retsu retint un soupir et se prosterna devant elle.

"Veuillez m'excuser pour cet oubli, Hida-karo-sama." dit-il. Il resta ainsi prostré, face contre terre, attendant qu'elle lui permette de se redresser.