La Voix De Rokugan

"Ce n'est rien" répondit-elle laconique. Puis elle ajouta plus aimablement "C'est surtout l'odeur qui me gênait. Puis c'est bien d'avoir vu Shinichi, et de lui avoir parlé du dojo. Je présume qu'il se présentera demain."

Elle se tourna pour se rendormir, il était déjà bien tard, il était même sûrement tôt. LEs journées en ce moment étaient déjà assez longues et harassantes sans s'adjoindre de nuits blanches.

G+8

Le lendemain, les gardes firent semblant de n'avoir rien vu la veille des frasques de leur capitaine. Le souvenir de la nuit sembla se dissiper comme les brumes d'un rêve... mais déjà des rumeurs agitaient la cité.

La principale d'entre elles, la plus virulente, celle qui déjà emplissait le bureau de Kei de demandes d'exécutions sommaires, et d'ailleurs le bureau de Retsu qui trouva sa gueule de bois occupée à éplucher une correspondance volumineuse, celle qui commençait à diriger des groupes revendicatifs vers la prison ou ce qui en tenait lieu, surprit tout le monde au dojo : Yasuki Bayuri aurait donné son nom à un oni !

Un pêcheur aurait aperçu le monstre roder sur les friches des éboulis, le long des quais est, le visage couvert de sang arborant le visage du conseiller.

Un co-détenu aurait aperçu des traces de sang dans sa cellule.

Un garde lui aurait vu les avant-bras tailladés de coups de couteau.

Et déjà les prêches des moines crieurs des rues appelaient à sa mort.

Retsu se massa les tempes en regardant la pile de documents.
Il se rappelait avoir vu dans son reve un homme au visage taillade. Etais-ce un reve ou un souvenir reel ? Il fallait en parler a Kei-chan des maintenant. Et peut-etre aussi a d'autres personnes...

Kei fourra tous les papiers dans ses manches, laissa le reste en plan sur son bureau et se dirigea vers les geôles, avant tout le reste.

Les geôles étaient sombres et humides. Sans compter l'odeur de moisi.

La seule lueur dans ce monde glauque : Bayuri souriait en la voyant approcher.

- Vous reconnaissez m'avoir arrête à tort ? Ou vous êtes en quete d'un homme viril ?

- En quête d'un homme viril évidemment, je ne fais que passer d'ailleurs.

Kei s'approcha de la porte de la geôle pour mieux voir. Elle fit un signe de la main afin qu'il approche. Était-il vraiment scarifié? Qu'allait-il bien dire?

- Rester ici deviendrait le moindre de vos soucis vu ce qui se dit en ville...

Elle attendit de le voir plus clairement. Des blessures? Du sans quelque part? Un air d'avoir joué un sale coup? Ça ne changerait pas trop de d'habitude.

Ses doigts.
Ses doigts manquaient.
Tout le reste, de son air de salaud arrogant à cette de nuance de "on l'a fait du mal" qui séduisait tant de femmes, tout était comme dans le souvenir de Kei. À part la barbe longue et soyeuse, faute de barbier, et la corpulence plus athlétique (les privations ?).

- Votre détention est elle convenable? Demanda Kei en connaissant la réponse...

Ce serait peut-être bien qu'il soit enfermé plutôt qu'il croupisse purement et simplement quelque part. Aussi connard soit-il, pour peu qu'on en arrive à ce qu'il soit innocent, on sera assez mal...

- On pourrait sûrement envisagé que vous soyez déplacé ailleurs.

- Très convenable, je vous remercie. Je ne dois disputer ma nourriture qu'à trois douzaines de rats. Qu'est-ce que vous pouvez bien avoir besoin que je fasse pour que vous envisagiez de me déplacer ailleurs ?

Ça fait combien de temps qu'il est en tôle?

- Je pense qu'on peut peut-être arranger vos conditions de détentions des maintenant.

Kei fait appeler deux gardes.

T'es folle? Tu le déplaces? Et t'as rien demandé à personne?... Oui mais vraiment s'il est innocent? Et puis c'est une technique qu'on n'a jamais encore tenté avec Bayuri.

- Faites préparer la cellule au fond du second couloir. Bayuri-san devra y être déplacé dans l'heure. Faite venir un baquet d'eau chaude, de nouveaux vêtements, un barbier et un repas décent.

Elle cru mourir quand le garde principal la fusilla du regard. S'il avait pu lui faire ravaler ses mots à coups de tetsubo, il l'aurait sûrement fait. Il s'éclipsa tout de fureur vêtu.

- Vous devriez garder un semblant de barbe malgré tout, vous la portez bien.*


* Oui ce n'est plus Jason mais il a de la barbe, partons du principe que c'est mieux qu'avant ^^

Les gardes rechignèrent mais exécutèrent ses ordres.

Quand Bayuri sortit de sa cellule, un instant le mouvement gonfla ses vêtements élimés et il sembla plus grand, plus large, comme s'il allait repousser les murs de la prison de ses épaules et attirer à lui la foudre et le feu... et puis il passa devant Kei et l'impression s'estompa.
Installé dans ses nouveaux quartiers - une cellule, quand même, mais propre et parée de meubles - il se retourna vers Kei et redemanda :

- Alors, qu'est-ce qui vous amène réellement ?

Elle le détailla sous toutes les coutures pendant le trajet et même à l'entrée en cellule : avait-il des marques ? Des scarifications comme disait certains ? Et cette horrible impression qu'elle avait eu, comme s'il allait tripler de volume. C'est dans ta tête ma cocotte. S'il est innocent, il l'est. S'il n'est pas innocent, il est coupable de complot. Pourquoi s'être lié à un oni ? Enfin plutôt pourquoi s'être emmerdé avec un complot pour but d'éradiquer le conseil si on s'est lié à un oni ?

Elle aurait du venir avec Shiranai, elle l'aurait sondé. D'ailleurs peut-être l'avait-elle déjà fait ? Elle avait peut-être agi un peu vite. Comme d'habitude. Et elle aurait du prévenir Heihachiro aussi... Le garde dans son dos s'agita. Ils étaient trois dans la cellule et un autre garde était juste devant la porte. Des bruits de pas s'ajoutèrent aux bruits ambiants, sûrement le repas, ou les vêtements. Elle commença à parler malgré tout.

- Il semblerait que vous ayez été aperçu en ville... Un frère jumeau caché ?

Elle guetta sa réaction.

- Je n'ai pas de frère, et la plupart de mes cousins sont loin... ou morts. Bene sais pas de quel "frère jumeau" vous parlez.

Il fit quelques pas dans sa nouvelle cellule plus large que la précédente, estimant la taille de sa nouvelle aisance.

- Les gardes ne m'ont pas laissé sortir. Je le précise au cas où votre prochaine question serait "est-ce que vous vous promenez la nuit pour effrayer les pêcheurs ?" Ce n'est pas ma généalogie qui vous intéresse. Qu'est-ce que vous cherchez réellement ?

Il semblait rire, même son arrogance avait été mise de côté, comme s'il se rendait compte qu'il n'était plus protégé par des barreaux.

- On a soit disant vu une créature "portant" votre visage sur les quais, réponse dit-elle tout à trac.

- Une idée? Ou on ajoutera ça a la longues listes de vos exactions... Potentielles, finit-elle, même si ça lui arrachait un peu la bouche.

- Une créature ? Quelle sorte de créature ? Une sorcière des marais avec mes traits ?