La Voix De Rokugan

- Ah effectivement si ce sont des hinin, ce n'est pas trop grave... Et que nous nous fassions tués, Hida Retsu et moi-même, faisait aussi partie du programme ? demanda-t-elle la voix plus que tendue.

Yoshiko la regarda éberluée.

- Mais vous ne risquiez rien, voyons... Bayuri-kun et moi vous devons notre bonheur. Vous n'avez jamais été menacés par rien, si ce n'est par quelques figures rhétoriques de Toroboshi-sama... vous n'avez pas peur des figures rhétoriques quand même ?

Elle parlait un peu fort maintenant...

- Pour vous ce sont peut-être des figures rhétoriques! Il aurait pu être tué avant que j'arrive. Maintenant il est juste passé pour un samurai qui accuse ses seigneurs de trahison. Trois fois rien effectivement! Sans parler de passer pour des incompétents. Et vous faisiez quoi pendant ce temps là!?

Elle baissa la voix, dans un gros effort de contrôle "vous envoyez en l'air avec votre amoureux, tant et si bien qu'il a fallu que je vienne vous chercher par la peau du c... du cou pour vous ramener là où vous deviez être!"

Elle se leva et fit les cent pas "Je rêve bon sang..."

- Mais mais mais non... euh... Voyons, vous savez bien qu'on ne se lance pas dans des discours, dans des remontrances, devant ses supérieurs... et je ne dis pas cela parce que vous m'en faites à moi... mais tout de même, ce mariage avec Yashin ne se serait jamais fait, de toute façon... et épouser un membre du Conseil va juste éviter que je provoque une guerre entre nos Clans. Dix hinin, ou des milliers de samurai ?

- Et bien s'il ne s'était jamais fait ce put... ce mariage, ça servait à quoi de faire tout ce cirque?! Vous pouviez pas assumer un revirement de situation ? Malin comme vous êtes, y'avait bien une autre idée à trouver non?

Elle serra les dents très fort.

- Une guerre de quoi? Vous allez épouser un Yasuki... C'est une famille honnie chez vous. Ce sera pire encore !

Elle s'enfonça les ongles dans les paumes à s'en faire blanchir les poings.

- Bon... Je suppose que ce n'est pas de votre faute...

C'était quand même dur de dire ça, les mots lui arrachaient la gorge. Elle repensa au beau Daidoji... Bah il s'est bien foutu de ma gueule celui-là...

- Et bien maintenant c'est fini et ça va s'arranger. Vous allez faire un beau mariage et tout ira bien.

Elle souffla comme un dragon... Et réfléchit.

- Dites moi... Ce n'était pas prévu au programme ce qui s'est passé entre Bayuri et vous après le massacre des hinin je présume...

- Je ne vois pas du tout de quoi vous parlez. J'avais été très choquée par cette scène sanglante, j'avais besoin de réconfort. J'étais auprès d'un ami sincère qui a pris sur lui pour m'apporter sa chaleur.

Elle n'avait même pas rougi.

- Bien, c'est ce que je me disais... Je saurais me rappeler que rien ne s'est passé. Exactement comme ce soir donc, juste le réconfort d'une amie sincère. C'est très gentil de me considérer comme telle, Yoshiko-hime.

Après quelques instant d'incertitude, la jeune femme sourit. Un sourire doux et pur, qui rappela à Kei que c'était encore une enfant - comme la plupart de ces princesses mariées à quinze ans et qui ne connaissaient rien de la vie.

- En effet, et vous l'êtes, Kei-chan.

Elle devait se calmer.... Et il ne fallait surtout pas que Yoshiko dise à son père qu'elle avait tout raconté, c'était signer son arrêt de mort. Une nouvelle fois dans la journée...

- Bien... Encore besoin de parler de quelque chose? Même de ce qui n'est pas arrivé hein... sait-on jamais. Sinon, je pourrais tout à fait dormir, là, maintenant... Je pense que j'en suis à un peu plus de trente heures sans dormir... Enfin à part le somme de ce midi s'entend...

- Je... suis désolé de ce qui vous est arrivé. C'était un mal nécessaire, je crois.

- C'est oublié.

Sa déclaration lui vrilla les neurones.

- Vous souhaitez dormir ou discuter Yoshiko-hime. Je peux faire venir du thé si vous le souhaitez.

Je vais mourir de sommeil je crois... C'est possible?

- Oui, je veux bien du thé.

Et tandis que Kei donnait des ordres pour obtenir le précieux breuvage :

- Dîtes-moi, Kei-chan, vous connaissez bien... les hommes ?

La gunso se passa la main sur le visage... que sa grimace ne se voit pas trop.

- Je me débrouille... dit-elle très lentement.

- Vous savez comment... les retenir pour qu'ils passent une nuit inoubliable ?

- Euh... Oui... Enfin inoubliable... Euh ça dépend des goûts hein...

Elle choisit d'être honnête.

- Non mais globalement oui je sais... plus que vous en tous cas ça c'est sûr...