Doc sur le mariage :
Une dame d'honneur au costume et à la coiffure élaborés,..guida la jeune femme, par sa main poudrée de blanc, jusque dans une petite pièce, séparée par des paravents du lieu du banquet, où le marié attendait tout seul.
La mariée était vêtue, à la manière traditionnelle, d'un manteau à traîne, en soie d'un blanc éclatant, porté sur un kimono de crèpe blanc, et d'un voile blanc drapé sur sa tête et son visage : rien d'elle n'était visible, lorsqu'elle se mit à genoux et s'inclina profondément devant Motokiyo (son futur époux) et Tamana (sa future belle-mère), sinon ses doigts effilés comme des glaçons.
La dame d'honneur enleva soigneusement le voile de la tête de la mariée afin que celle-ci pût boire le vin de riz parfumé dans un bol de laque rouge, à petites gorgées, trois-trois-et-trois, avec son époux, moment crucial d'engagement de la cérémonie du mariage.
... Tandis que le couple échangeait le bol rouge de saké avec une détermination cérémonieuse, les yeux de Motokiyo croisèrent une fois ceux de Yukina...
Ayant quitté ses vêtements blancs rituels pour un ensemble de robes somptueusement colorées, la mariée fut conduite dans la salle de banquet...
Extrait de "Femmes et Samouraï" de Hidéko Fukumoto et Cathérine Pigeaire aux éditions "Des Femmes"
Chapitre "Le Japon et la douceur", à propos de poésie et de fiançailles :
"Ainsi, lorsque, selon la coutume, un père vient demander à un jeune homme de devenir son gendre, et que cette proposition est acceptée, le jeune homme doit se rendre chez sa future épouse, un soir, pour lui présenter sa demande officielle en mariage sous la forme d'un waka (court poème allusif est souvent utilisé dans la vie quotidienne pour transmettre des messages avec élégance) La jeune femme doit y répondre dans les mêmes règles : c'est ce que l'on appèle "la cérémonie d'échange des poèmes". De même le lendemain de la nuit de noces, le mari, rentré chez lui, envoie un messager chez sa jeune épouse, porteur d'un billet exprimant sa satisfaction, et lui faisant la promesse de revenir le soir même.
Voici un exemple d'un waka échangé entre un jeune époux de seize ans et sa jeune épouse de douze :
Rien n'est plus vite arrivé
que ce matin.
Il a fait jour trop tôt.
J'ai hâte que vienne le soir
et que tombe la nuit.
Les jours de printemps
si doux, avec le soleil vert
décroissent très lentement.
(D'interprétation, la jeune femme feint ici de résister à son époux).
Chapitre "Deux femmes de lettres"
"A cette époque, tout nouveau couple doit se conformer à un ensemble de rites destinés à intégrer les époux dans leurs belles-familles respectives. Ces démarches accomplies, la famille de la femme devient toute puissante, c'est elle qui veille au respect du rituel qui jalonnera la vie du couple, les premières années en particulier, tant que dure l'éducation des enfants.
La nuit de l'échange des waka, l'homme se rend chez sa fiancée accompagné d'un cortège conduit par un porteur de flambeau. A l'arrivée de l'escorte chez la jeune fille, un membre mâle de sa famille attend le fiancé, une bougie à la main. La fiancée paraît alors et elle enflamme la bougie au flambeau et en allume le four de la maison, qui brûlera pendant trois jours ininterrompus. Trois nuits de suite, l'un des parents de la mariée (sa mère en général) dort en serrant sur son sein les chaussures de son gendre, lui liant ainsi symboliquement les jambes pour l'empêcher de se rendre chez d'autres femmes.
Dans la chambre à coucher, lorsque le jeune époux à rejoint son épouse et qu'il est allongé à ses côtés, la mère vient les couvrir de l'édredon conjugal. Ce n'est que lorsque le mari s'est rendu, au vu et su de l'entourage, chez sa femme pendant trois nuits consécutives qu'il prend officiellement place dans sa belle-famille.
Il est alors présenté à tous les membres de la maisonnée. C'est d'ailleurs la famille de la femme qui subvient aux besoins du couple ce qui lui donne le droit d'exercer une influence constante et un pesant droit de regard.
En contrepartie, elle s'acquitte des obligations financières et offre au jeune époux une garde-robe complète.
Le comportement du gendre fait alors l'objet d'une étroite surveillance, son premier devoir étant "de rendre visite" à son épouse régulièrement. S'il manque à ce premier devoir, il peut être questionné, réprimandé, voire répudié.
En me basant sur le Japon ancien (periodes Kamakura), je suppose que le mariage Rokugani classique (sans amour et avec la femme qui rejoint la famille de son mari) se fait avec les voeux suivants :
le mari jure de :
- protéger, de nourrir épouse et enfants
l'épouse de :
- porter et éduquer les enfants de son mari (même s'ils ne sont pas d'elle)
- ne pas être jalouse
- respecter et honorer les ancêtres de sa nouvelle famille
- obeir à sa nouvelle belle-mère
pas de traces de virginité, de fidélite, ni d'un coté ni de l'autre
si c'est le mari qui rejoint une famille (cas des Matsu et Otaku) c'est lui qui devra respecter ses nouveaux ancêtres, le reste ne change pas.
La femme peut répudier l'homme pour plusieurs cas :
- Ce dernier est incapable de subvenir aux besoins de sa famille.
- Son comportement est indigne et/ou déshonorant
- Cas politique aussi (plus rare et dans des familles vraiment importantes)
hope that helps
